jeudi 11 septembre 2014

Syrie/Irak : Vers des frappes américaines en Syrie ?

Barack Obama, qui s'exprimera cette nuit depuis la Maison Blanche, semblait prêt mercredi à autoriser des frappes aériennes en Syrie contre l'Etat islamique. A la veille du 13e anniversaire des attentats du 11-septembre, le président américain a réuni son Conseil de sécurité nationale en présence des plus hauts responsables de l'armée et du renseignement. Peu avant, il avait appelé le roi Abdallah d'Arabie saoudite depuis le Bureau ovale au moment où Washington tente de mobiliser ses alliés contre les jihadistes sunnites qui veulent établir un "califat" à cheval entre l'Irak et la Syrie et ont revendiqué la décapitation de deux journalistes américains.
"Ce soir, le président expliquera comment les États-Unis mettront en place une stratégie globale pour affaiblir et, à terme, détruire l'EI", a indiqué un responsable américain sous couvert d'anonymat, évoquant, au-delà du rôle de l'armée américaine, le soutien aux forces combattant l'EI sur le terrain, "à la fois l'opposition en Syrie et le nouveau gouvernement irakien". Selon le New York Times, Obama s'apprêterait à autoriser des frappes aériennes contre les combattants de l'EI en Syrie, comme les Etats-Unis le font déjà en Irak avec plus de 150 frappes depuis le début du mois d'août.
L'administration Obama se trouve cependant dans une position beaucoup plus délicate en Syrie, où elle a désormais un ennemi commun avec le président Bashar al-Assad. Lors de leur conversation téléphonique, Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite sont tombés d'accord sur la nécessité d'augmenter l'entraînement et l'équipement de l'opposition syrienne modérée. Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont jugé qu'une opposition syrienne plus forte était "essentielle pour faire face aux extrémistes tels que l'EI ainsi qu'au régime Assad qui a perdu toute légitimité".
Les Etats-Unis ont reçu l'appui de nombreux pays, comme la France. François Hollande se rendra vendredi à Bagdad avant d'organiser lundi à Paris une conférence sur l'Irak, à laquelle participera John Kerry. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a précisé mercredi que que la France, participerait "si nécessaire" à une action militaire aérienne en Irak.
A Bagdad, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a entamé une tournée destinée à mettre en place une coalition internationale contre les jihadistes, a affirmé que l'armée irakienne, mise en déroute par l'EI au cours de ces derniers mois, serait "reconstituée et entraînée" avec l'aide des États-Unis et d'autres pays. "Notre coalition internationale réussira à éliminer la menace en Irak, dans la région et dans le monde", a-t-il lancé. La visite du secrétaire d'État américain a été marquée par un double attentat à Bagdad qui a fait au moins 19 morts.
Sur le terrain, les Etats-Unis mènent depuis le 8 août des frappes dans le nord irakien qui se sont révélées déterminantes dans la reprise par l'armée et les forces kurdes de certains secteurs. Mais Washington n'envisage pas de déployer de troupes au sol.
La perception de la menace a changé aux Etats-Unis depuis la décapitation de deux journalistes, James Foley et Steven Sotloff. Selon un sondage réalisé pour le Washington Post et ABC News, plus de deux tiers des Américains soutiennent désormais des frappes aériennes américaines en Irak.
En Syrie, un important groupe rebelle islamiste, Ahrar al-Cham, a nommé mercredi une nouvelle direction au lendemain d'un attentat non revendiqué ayant tué au moins 47 de ses chefs politiques et militaires à Idleb. Cet attentat, provoqué par une bombe placée dans le couloir menant à la salle où se tenait la réunion, a notamment tué le chef charismatique du groupe, Hassan Abboud, connu sous le nom d'Abou Abdallah al-Hamawi. L'élimination de la direction de ce mouvement devrait entraîner une recomposition de la rébellion car le Front islamique, dont Ahrar al-Cham était la principale composante, combat non seulement les forces du régime mais aussi l'EI. "L'EI est le principal bénéficiaire de ces meurtres car Ahrar al-Cham est la plus importante composante des forces rebelles à lui être hostiles dans le nord" de la Syrie, a estimé Noah Bonsey, un analyste d'International Crisis Group.

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