Le président iranien Hassan Rohani a soufflé le chaud et le froid jeudi à
la tribune de l'ONU critiquant "la stratégie erronée" de l'Occident au
Moyen-Orient tout en promettant de négocier "de bonne foi" un accord sur
le nucléaire.
Le président iranien, qui était l'orateur vedette ce jeudi à la tribune
de l'Assemblée générale, est resté fidèle à son image de modéré face à
l'extrémisme incarné par les jihadistes en Syrie et en Irak.
Mais il n'a pas répondu clairement aux sollicitations du président
français François Hollande et du Premier ministre britannique David
Cameron qui l'avaient pressé mercredi de contribuer à régler les
conflits en Syrie et en Irak. La rencontre avec M. Cameron était la
première à ce niveau entre les deux pays depuis la révolution iranienne
de 1979.
"Les extrémistes du monde entier s'unissent mais sommes-nous unis contre
les extrémistes?", a-t-il lancé, sans apporter de réponse concrète
au-delà des appels à "contrer l'extrémisme et la violence".
Pour le président iranien, les Occidentaux se sont discrédités au
Moyen-Orient en menant une "stratégie erronée" et il faut désormais
"laisser faire le travail aux gens de la région qui peuvent réussir",
c'est-à-dire "les politiciens et les élites modérés".
"Les agressions militaires contre l'Afghanistan et l'Irak et les
ingérences inappropriées en Syrie sont de clairs exemples de cette
approche stratégique erronée au Moyen-Orient", a déclaré M. Rohani, dont
le pays soutient les régimes irakien et syrien. "Nous avons toujours
pensé que la démocratie ne pouvait pas être transplantée" de l'étranger.
M. Rohani s'est toutefois gardé de commenter directement les frappes
menées par Washington, Paris et leurs alliés arabes contre le groupe
Etat islamique (EI).
Mais
il a fustigé "ceux qui ont joué un rôle dans la création et le soutien à
ces groupes terroristes" --une allusion apparente aux pays du Golfe--
exigeant qu'ils "reconnaissent leurs erreurs" et s'excusent.
Hassan Rohani était aussi très attendu sur le dossier nucléaire, au
moment où des tractations sont en cours à New York entre l'Iran et la
groupe dit des 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et
Allemagne).
Il a affirmé que son pays était "déterminé à poursuivre ces négociations
(..) honnêtement et de bonne foi", avec l'espoir de les conclure avant
la date limite du 24 novembre.
Mais il n'a pas cédé un pouce de terrain sur l'enrichissement, l'un des
points clés des négociations et il a mis en garde contre la tentation de
présenter à l'Iran des "exigences excessives".
Les grandes puissances et Israël soupçonnent Téhéran de vouloir se doter
de l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que l'Iran a
toujours démenti. L'uranium faiblement enrichi alimente des centrales
électriques, mais enrichi à un niveau élevé il peut servir à fabriquer
une bombe.
M. Rohani a aussi dénoncé les sanctions internationales "oppressantes"
qui pèsent sur son pays et qui pourraient être levées si un accord était
trouvé sur le nucléaire.
Les négociateurs se sont donné jusqu'au 24 novembre pour conclure un
accord définitif qui garantirait le caractère exclusivement pacifique du
programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.
Ces négociations n'ont pas fait de "progrès notables" depuis près de dix
jours, a déclaré jeudi l'un des principaux négociateurs iraniens.
Poursuivant une offensive de charme lancée l'an dernier lors de la
précédente session de l'Assemblée générale, M. Rohani doit rencontrer
jeudi le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter
Steinmeier.
Vendredi, il donnera une conférence de presse et se rendra dans une
église de Manhattan pour s'adresser à un rassemblement oecuménique.
Aucune rencontre n'est prévue avec le président américain Barack Obama,
avec qui M. Rohani avait eu une conversation téléphonique historique
l'an dernier.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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