Un accord de paix, parrainé par l'ONU, a été signé dimanche soir au
Yémen après une journée marquée par des avancées spectaculaires de la
rébellion chiite qui s'est emparée de sites gouvernementaux et
militaires avec le soutien apparent d'une partie de l'appareil d'Etat.
"L'accord pour la paix et un partenariat national" a été signé en
présence de l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar, du président Abd Rabbo
Mansour Hadi et de représentants des factions politiques, dont la
rébellion chiite d'Ansaruallah, a annoncé l'agence officielle Saba.
Cet accord est fondé "sur les résultats de la conférence du dialogue
national" qui, au terme de ses travaux en janvier, avait retenu le
principe d'un Etat fédéral pour le Yémen, a ajouté Saba.
Un peu plus tard, l'agence a indiqué que la police militaire avait pris
dimanche soir des mesures pour "reprendre tous les bâtiments
gouvernementaux dont les rebelles d'Ansaruallah avaient pris le
contrôle", et cela "à la demande d'Ansaruallah".
La radio d'Etat, le commandement général des forces armées, le QG de la
6e région militaire, le siège de la 4e brigade, le département de la
propagande du ministère de la Défense, mais aussi le Parlement, la
Banque centrale et l'Aviation civile étaient auparavant tombés aux mains
des rebelles qui avaient fait des avancées spectaculaires vers le
centre de Sanaa, selon des responsables.
Bizarrement, les services de sécurité avaient été invités à "ne pas
affronter" les miliciens d'Ansaruallah, appelés houthis, dans une
déclaration attribuée au ministre de l'Intérieur.
L'agence Saba avait également annoncé la démission du Premier ministre
Mohamed Basindawa pour protester, selon de hauts responsables, contre le
président Hadi qu'il a accusé de "monopoliser le pouvoir".
Mais,
signe de la confusion ambiante, la présidence avait affirmé peu après
que M. Hadi n'avait pas reçu de lettre de démission. Vendredi, le
président avait qualifié l'offensive rebelle chiite de "tentative de
coup d'Etat".
Depuis jeudi, les combats entre les rebelles chiites d'Ansaruallah et
les miliciens islamistes sunnites du parti Al-Islah ont fait des
dizaines de morts.
Les développements sur le terrain dimanche ont donné un net avantage
militaire à la rébellion dans la capitale. Ils sont intervenus au
lendemain de l'annonce par l'émissaire de l'ONU de l'imminence d'un
accord pour une sortie de crise au Yémen, au terme d'une médiation
auprès du chef d'Ansaruallah Abdel Malek al-Houthi dans son fief à Saada
(nord).
L'enjeu pour les rebelles est d'arracher une part du pouvoir, a expliqué
à l'AFP April Longley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis
Group.
"Les Houthis veulent être de puissants décideurs à l'échelle nationale
avec une part (de pouvoir) égale, voire supérieure, à celle de leurs
principaux rivaux politiques d'Al-Islah. Le plafond de ce qu'ils pensent
pouvoir obtenir augmente en fonction de ce qu'ils gagnent sur le
terrain", a-t-elle déclaré.
De fortes explosions ont secoué dimanche le nord de Sanaa, alors que les
échos des bombardements et des tirs en provenance de ce secteur étaient
clairement audibles dans le reste de la capitale.
En dépit d'un couvre-feu nocturne décrété samedi par les autorités dans
quatre quartiers du nord de Sanaa, les affrontements n'ont pas cessé
durant la nuit.
Ils se sont concentrés d'abord autour du campus de l'université Al-Iman,
un bastion des salafistes membres d'Al-Islah, avant de s'étendre à
d'autres quartiers.
Après avoir campé début août aux entrées de la capitale et organisé des
manifestations pour demander l'éviction du gouvernement "corrompu", les
rebelles ont durci leur mouvement en lançant un premier assaut le 9
septembre contre le siège du gouvernement. Cette manifestation a été
réprimée dans le sang par la police.
Malgré des concessions du pouvoir qui a accepté la formation d'un
nouveau gouvernement et la baisse des prix du carburant, les rebelles
chiites n'ont pas cessé leur offensive, ignorant même une injonction du
Conseil de sécurité de l'ONU.
Ils
ont au contraire revu à la hausse leurs demandes, exigeant un droit de
regard sur le choix des ministres et un accès de leur région à la mer.
Depuis quatre jours, les combats ont provoqué la suspension des vols des
compagnies étrangères, l'aéroport étant situé dans la zone des
affrontements.
L'université de Sanaa, les écoles et les marchés ont été fermés, et les commerçants ont baissé leurs rideaux.
Les habitants des quartiers nord ont commencé à fuir en masse la zone
des combats, tandis que le reste de la capitale commence à ressembler à
une ville morte.
Majoritaires dans le nord du Yémen, les chiites sont minoritaires au
niveau national. Les Houthis sont issus du zaïdisme, une branche du
chiisme qui représente plus de 30% de la population yéménite.
(21-09-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire