Les frappes aériennes françaises contre les positions du groupe État
islamique en Irak ont débuté vendredi matin, avec une première mission
d'avions Rafale contre un "dépôt logistique" qui a été "entièrement
détruit". "Ce matin, à 9 h 40, nos avions Rafale ont mené une première
frappe contre un dépôt logistique des terroristes de l'organisation
Daech (acronyme arabe de l'État islamique) dans le nord-est de l'Irak", a
annoncé le chef de l'État lui-même dans un communiqué. L'objectif a été
"entièrement détruit" et "d'autres opérations se poursuivront dans les
prochains jours", précise-t-il.
Selon la défense, l'opération s'est déroulée dans la région de Mossoul.
Le dispositif était constitué de deux avions Rafale "équipés de bombes
air-sol guidées laser GBU 12", d'un avion de ravitaillement en vol C-135
FR et d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2, chargé notamment
de la première évaluation des frappes, précise-t-on de même source. Lors
d'un conseil de défense jeudi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le
Drian, avait exposé, selon l'Élysée, "de possibles manoeuvres tactiques
pour détruire les cibles". À l'issue d'une nouvelle réunion vendredi
matin avec son chef d'état-major particulier, le général Benoît Puga, le
chef de l'État a donné son feu vert.
"La France doit savoir qu'elle est protégée, la France doit savoir
qu'elle est en sécurité", a affirmé le président de la République dans
une allocution à l'Élysée vendredi midi, félicitant les soldats, "en
l'occurrence nos aviateurs", et saluant les actions des armées
françaises "sur beaucoup de fronts en ce moment, ce sont les
circonstances qui l'ont exigé". "Il y a toujours des risques à prendre
des responsabilités, je les ai réduits au minimum, ces risques", s'est
justifié François Hollande. "En revanche, il y a toujours de la grandeur
à pouvoir atteindre le terrorisme, car ce terrorisme-là n'est pas
propre au Moyen-Orient, il nous menace", a-t-il ajouté, rappelant que
des discussions auront lieu mercredi au "Conseil de sécurité des Nations
unies pour lutter contre" les "filières terroristes" qui affluent de
l'étranger en Irak et en Syrie.
Lors de sa conférence de presse, François Hollande avait affirmé jeudi
la détermination de la France à agir rapidement, une fois les cibles
identifiées, "c'est-à-dire dans un délai assez court". Depuis le début
de la semaine, les appareils français basés à Al-Dhafra, aux Émirats
arabes unis (EAU), avaient conduit en moyenne une mission de
reconnaissance par jour au-dessus de l'Irak pour identifier les cibles
potentielles : dépôts logistiques, véhicules ou camps d'entraînement.
Six Rafale, plusieurs avions de transport ou de ravitaillement et
environ sept cent cinquante militaires français sont habituellement
stationnés sur cette base, qui constitue la tête de pont du dispositif
militaire français dans la région.
La décision de la France de mener des frappes en Irak a aussitôt été
saluée par le président américain Barack Obama, qui a qualifié Paris de
"partenaire solide" dans sa lutte "contre le terrorisme". Du côté
français, on soulignait en revanche la volonté de préserver une
autonomie d'appréciation de la situation dans le nord de l'Irak pour
peser sur les choix opérationnels. "Nous sommes à ce stade dans une
logique qui consiste à renforcer nos capacités d'appréciation autonome
de la situation", a souligné jeudi l'état-major des armées. Il
s'agissait en fait depuis lundi d'affiner les renseignements dont les
armées disposent sur le dispositif du groupe État islamique avant de
déclencher les frappes. Un travail qui, selon l'état-major, "se
construit dans le temps".
Les frappes aériennes ont été conduites sous commandement français, en
coordination avec les autorités irakiennes et avec les alliés de la
France dans la région, a précisé la défense. Le président irakien avait
adressé une lettre à François Hollande lui demandant ces frappes, a-t-on
par ailleurs indiqué à l'Élysée. Jeudi, François Hollande avait fixé
deux lignes rouges pour l'intervention française, ni "troupes au sol" ni
engagement hors des frontières de l'Irak, et notamment donc en Syrie,
se démarquant sur ce dernier point de la position des États-Unis.
En pointe sur le plan diplomatique, Paris n'entend pas apparaître comme
un simple exécutant au sein de la coalition internationale en train de
se former. Selon les spécialistes, sa participation aux opérations
devrait cependant rester limitée, en raison des nombreux engagements
militaires de la France, notamment en Afrique. Le Parlement français
sera informé "dès la semaine prochaine par le Premier ministre des
conditions de l'engagement de nos forces aux côtés des forces armées
irakiennes et des peshmergas (combattants kurdes, NDLR) pour affaiblir
Daech et restaurer la souveraineté irakienne", précise la présidence de
République.
(19-09-2014)
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