Le président américain Barack Obama a appelé mercredi à New York le
monde à s'unir pour "détruire" le groupe de l'Etat islamique (EI), au
moment où les ravisseurs de l'otage français en Algérie diffusaient une
vidéo de sa décapitation.
"Le seul langage que des tueurs comme ceux-là comprennent est celui de
la force", a lancé M. Obama à la tribune de l'ONU avant de présider un
Conseil de sécurité extraordinaire qui a adopté une résolution pour
endiguer le flot des jihadistes étrangers en Syrie et Irak.
"Aujourd'hui, j'appelle le monde à se joindre" à ce combat, a poursuivi
M. Obama, après le début mardi à l'aube des premières frappes contre les
jihadistes ultra-radicaux sur le sol syrien conduites par Washington et
ses alliés arabes.
Le président américain a affiché sa détermination à travailler avec une
vaste coalition pour "démanteler ce réseau de la mort" qui a proclamé
fin juin un "califat" sur les régions qu'il contrôle en Irak et en
Syrie.
Au même moment, le groupe Jund al-Khilafa, lié à l'EI, diffusait une
vidéo montrant la décapitation d'Hervé Gourdel, un guide de haute
montagne de 55 ans. Le groupe avait menacé de l'exécuter si la France ne
renonçait pas à ses frappes aériennes en Irak.
Le président François Hollande a dénoncé depuis New York "un crime
odieux dont les auteurs devront être châtiés". "Ma détermination est
totale et cette agression ne fait que la renforcer", a-t-il déclaré.
M. Obama, tout comme le Conseil de sécurité dans son ensemble, a assuré la France de son soutien face à ce "meurtre brutal".
La vidéo, postée sur des sites jihadistes et intitulée "Message de sang
pour le gouvernement français", montre l'otage, agenouillé et les mains
derrière le dos, entouré de quatre hommes armés et le visage dissimulé.
Le gouvernement algérien a dénoncé un acte "odieux" tandis que l'Union européenne parlait d'un "assassinat barbare".
La mise en scène de sa décapitation ressemble à celles des deux
journalistes américains enlevés en Syrie James Foley et Steven Sotloff
et du travailleur humanitaire britannique David Haines par des membres
de l'EI, diffusées ces dernières semaines.
A
la tribune de l'ONU, le roi Abdallah II de Jordanie a lui aussi appelé à
mener une "stratégie collective" pour venir à bout de "ces terroristes
et criminels qui visent la Syrie, l'Irak et d'autres pays".
La Jordanie fait partie de la coalition mobilisée par Washington contre
les jihadistes en Irak et en Syrie et elle a pris part, selon des
responsables américains, aux raids aériens en Syrie contre des positions
de l'EI mardi et mercredi.
Mercredi soir, la coalition a encore mené des raids aériens, selon le
Pentagone, avec des frappes visant notamment des champs pétroliers qui
permettent à l'Etat islamique de se financer.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des avions de la coalition avaient
visé "des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI" dans les
environs de la ville kurde d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), complètement
encerclée par le groupe extrémiste, selon l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH).
Le gouvernement néerlandais a annoncé qu'il mettrait six avions de
combats F-16 et un maximum de 250 militaires à disposition de la
coalition internationale.
Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré sur Twitter
avoir obtenu le rappel du parlement vendredi afin de débattre de la
demande d'aide irakienne de frappes aériennes contre les jihadistes
ultra-radicaux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'Ankara
pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération.
Lors d'une réunion au sommet présidée - fait rare - par M. Obama, le
Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution
imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens
de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'Etat islamique.
Le texte stipule que tous les Etats membres doivent s'assurer que "leurs
lois et règles nationales instaurent de lourdes sanctions pénales" à
l'encontre des jihadistes étrangers et des responsables de leur
recrutement et de leur financement.
A l'ouverture des débats, M. Obama a souligné que, selon les services de
renseignement, plus de 15 000 combattants étrangers venus de plus de 80
pays avaient rejoint ces dernières années les organisations extrémistes
en Irak et en Syrie.
Plusieurs pays européens, dont la France et le Royaume-Uni, ont déjà
pris ou annoncé des mesures dans ce domaine. Ils craignent de voir les
jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour
organiser des attentats.
La Turquie, régulièrement accusée de complaisance envers les jihadistes
qui transitent sur son territoire, a assuré mardi avoir au total repéré
et expulsé plus de 1.000 combattants étrangers de 75 pays depuis le
début du conflit syrien en 2011.
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, M. Obama a salué la "vision"
du nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi jugeant que, depuis
son arrivée au pouvoir, il s'était adressé "à toutes les composantes de
la société irakienne".
Nommé mi-août à la tête du gouvernement irakien, M. Abadi a succédé à
Nouri al-Maliki, chiite comme lui, dont les politiques ont été jugées en
partie responsables de l'avancée des insurgés sunnites en Irak.
(25-09-2014)
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