Si on prend donc en compte les frappes au-dessus de la Syrie, l'utilisation d'un matériel de défense ultra sophistiqué et le coût de ne serait-ce qu'un petit contingent de soldats américains en Irak, le montant pourrait grimper, selon certains experts, à plus de 10 milliards de dollars par an. "Je pense que l'on peut parler d'un nombre de milliards à deux chiffres", commente Jim Haslik du centre de réflexion Atlantic Council. La première nuit des frappes aériennes contre l'EI en Syrie mardi à l'aube, les États-Unis ont tiré 47 missiles de croisière Tomahawk depuis des navires de surface et déployé plusieurs avions de chasse F-22 Raptor ultras sophistiqués. Chaque missile coûte environ 1,5 million de dollars et les F-22 quelque 68 000 dollars par heure de vol.
S'agissant de la nouvelle guerre menée contre l'EI, même si Barack Obama a promis de ne pas envoyer de troupes au sol, quelque 1 600 soldats sont actuellement en Irak pour assurer la protection des diplomates américains, conseiller les forces irakiennes et coordonner les attaques aériennes. La plupart des analystes s'attendent à ce que ce chiffre augmente à mesure que la guerre continue, entraînant dans le même temps une hausse des coûts.
Lors de la campagne aérienne de l'Otan en Libye en 2011, la part des États-Unis pour cette opération de sept mois avait atteint un milliard de dollars. Mais dès les premiers jours, Washington avait décidé de se retirer des frappes et de fournir à la place du soutien à ses alliés de l'Otan à l'aide d'avions ravitailleurs et de surveillance. À la différence de la Libye, dans la campagne contre l'EI, Washington semble prêt à jouer un rôle dominant.
"Je dirais que cela va nous coûter entre 15 et 20 milliards de dollars par an, ou entre 1,25 et 1,75 milliard par mois", indique Gordon Adams, professeur à l'American University et ancien responsable du budget sous la présidence de Bill Clinton. Selon Todd Harrison, la part la plus coûteuse va venir du nombre élevé de vols de surveillance nécessaires pour accompagner les bombardements : "Il s'agit d'une large zone que nous essayons de surveiller en permanence." Le Pentagone a dit conduire soixante vols de surveillance par jour en Irak pour une opération qui pourrait durer, selon la Maison-Blanche, trois ans.
Les financements pour cette campagne devraient provenir du budget de guerre du Pentagone : le fonds pour les opérations d'urgence à l'étranger. Séparé du budget de base de la défense, ce fonds est la carte de crédit utilisée pour couvrir le coût des guerres menées par les États-Unis. Le Congrès l'a accru de 85 milliards pour l'année fiscale en cours, qui se termine ce mois-ci. Mais le Pentagone - qui anticipe la large réduction des troupes en Afghanistan fin 2014 - prévoit une chute importante de son budget pour 2015. Tant que le nombre de troupes au sol restera faible, assurent toutefois les experts, le coût de cette guerre ne devrait pas être catastrophique pour le Pentagone.
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