Le président yéménite a pressé vendredi les rebelles chiites de se
retirer de la capitale, qu'ils contrôlent depuis dimanche, et les a
implicitement accusés de ne pas respecter l'accord de paix alors que la
nomination d'un Premier ministre n'a toujours pas eu lieu.
Les rebelles armés d'Ansaruallah, dits houthis, qui encerclaient la
capitale depuis le mois dernier, ont réussi dimanche à conquérir Sanaa,
sans résistance des forces gouvernementales, mais au prix d'au moins 270
morts dans de violents affrontements avec leurs adversaires sunnites du
parti Al-Islah, épaulés par une partie de l'armée.
Ces combats avaient cessé avec la signature le même jour d'un accord parrainé par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar.
"L'application de cet accord passe par la reconnaissance de la pleine
autorité de l'Etat sur tout le territoire (...), en premier lieu la
capitale Sanaa, et la remise de tous les établissements et de toutes
armes pillées", a déclaré le président Abd Rabbo Mansour Hadi dans un
discours à l'occasion du 52e anniversaire de la proclamation de
République.
En entrant à Sanaa, les rebelles armés ont pris le contrôle de plusieurs
bâtiments publics et de sites militaires. Depuis, des attaques contre
des propriétés privées, accompagnées de pillages, attribuées aux
rebelles et à leurs partisans, ont eu lieu dans la capitale.
"Les règlements de compte par la force et les actes de vengeance ne
peuvent pas édifier un Etat", a rappelé M. Hadi aux rebelles chiites,
qui avaient lancé leur mouvement de protestation au nom de la lutte
contre la corruption dont ils accusent le gouvernement.
"Est-ce que la lutte contre la corruption (...) passe par le pillage des
habitations, des casernes et des établissements de l'Etat ?", s'est-il
demandé.
Des milliers de partisans d'Ansaruallah se sont à nouveau rassemblés
vendredi pour la prière hebdomadaire dans leur campement principal de la
route de l'aéroport à Sanaa, où l'imam a salué la "victoire" de la
rébellion chiite, selon un correspondant de l'AFP.
Des rebelles ont également empêché plusieurs religieux sunnites proches
de leurs adversaires d'Al-Islah de prêcher dans plusieurs mosquées de la
capitale, les remplaçant par des imams qui leur sont favorables, ont
rapporté des habitants.
Ce scénario s'est notamment déroulé dans la mosquée où officie
habituellement l'influent religieux proche d'Al-Islah, cheikh Abdel
Majid al-Zindani, qui demeure caché en raisons des récents événements.
Les
rebelles chiites patrouillaient en nombre dans les secteurs nord de
Sanaa, où se trouvent la plupart des bâtiments publics et ministères.
Ils étaient en revanche peu nombreux dans le sud et totalement absents
du secteur du complexe présidentiel.
Dans son discours vendredi, le président Hadi a malgré tout défendu
l'accord avec les rebelles, sans expliquer les raisons exactes de la
chute sans résistance de la capitale. "Nous avons été lâchés par ceux
dont les intérêts personnels priment sur la patrie (...), qui ont renié
leurs responsabilités et leurs engagements", a-t-il dit.
Il fait allusion notamment aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah
Saleh, qui se sont ralliés aux protestations des rebelles.
Si M. Hadi a nommé dès mardi deux conseillers, l'un représentant la
rébellion chiite et l'autre le groupe autonomiste du Mouvement sudiste,
conformément à l'accord de paix, il n'a en revanche pas encore désigné
un nouveau Premier ministre, ce qui devait intervenir mercredi.
L'accord doit être appliqué "sans tergiversations" afin de pouvoir
progresser vers "un Etat civil moderne, fondé sur la justice, l'égalité
et le partenariat", a-t-il dit.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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