Si Daesh était un Etat et ses revenus un PIB, il se situerait dans
le groupe du Lesotho et de Saint-Marin. Avec une fortune d’un à
deux milliards de dollars, l’organisation n’a certes pas encore de
quoi rivaliser avec ses voisins, mais elle a tout de même accumulé
un magot qui fait d’elle le plus riche de tous les groupes
terroristes de la planète.
Le pétrole. L’exportation du pétrole syrien est de loin la
plus importante source de revenus de Daesh. L’organisation
produirait plusieurs dizaines de milliers de barils par jour,
revendus ensuite à des intermédiaires. «Même si on peut considérer
que personne n’achète le pétrole de Daesh au prix du marché, s’il
se vend à ne serait-ce que 20 ou 30% de sa valeur, la somme reste
encore énorme», analyse François Heisbourg, président de
l'International Institute for Strategic Studies. Le bénéfice tiré
de la revente du pétrole serait ainsi d’un à trois millions de
dollars par jour.
Les dons étrangers. Le flou règne sur le financement de
Daesh par des Etats. En juin, le Premier ministre irakien d’alors
accusait l’Arabie saoudite d’avoir favorisé la progression de
l’organisation de l’Etat islamique. La Turquie est aussi sur la
liste des suspects; les Kurdes lui reprochent d’avoir financé les
extrémistes sunnites pour chasser Bachar al-Assad. Mais selon
nombre d’experts, ces sources se sont taries. Idem pour les dons
individuels, ou presque. Au Qatar et au Koweït, dont le système
bancaire est un canal historique des fonds destinés au djihad, la
surveillance a été accrue et des arrestations ont eu lieu. Ce qui
ne signifie toutefois pas que l’argent a totalement cessé de
circuler.
Les pillages. En gagnant du terrain en Irak et en Syrie,
Daesh s’est aussi emparé de nombreuses richesses. Le groupe a
notamment rempli ses caisses en revendant des antiquités; le seul
pillage de la région d’al-Nabuk, en Syrie, aurait ainsi rapporté
plus de 36 millions de dollars. «Ses activités de collecte de
fonds s’apparentent à celles d’une organisation mafieuse, analyse
ainsi une source au sein des renseignements américains citée par
AP. Ils sont bien organisés et arrivent à leurs fins par
l’intimidation et la violence.» Mais la plus grosse prise de Daesh
est celle de la Banque centrale de Mossoul. Le butin amassé là-bas
se chiffrerait en millions, voire en centaines de millions de
dollars.
L’impôt révolutionnaire. Daesh a mis en place un système de
taxes. Les entreprises, les petits commerces et les agriculteurs y
sont soumis, mais pas seulement. Les huit millions de personnes
qui vivent sous sa coupe doivent aussi apporter leur écot à la
constitution de l’Etat islamique. Selon Michel Varton, président
de l’ONG Portes ouvertes, les minorités chrétiennes sont mêmes
menacées de mort en cas de non-paiement. «Soit les familles se
convertissent ou paient une taxe spéciale, soit elles meurent.
[…]. Aux points de contrôle de Mossoul, l’Etat islamique confisque
tous les biens des réfugiés: voitures, alliances, argent…»
Le trafic d’êtres humains. Les enlèvements n’ont pas
seulement pour but de terroriser les Occidentaux. Ils peuvent
aussi rapporter gros. Si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont
assuré qu’ils ne négociaient pas avec les terroristes, des pays
européens auraient bien payé une rançon aux djihadistes, selon
diverses sources. Luay al-Khatteeb, chercheur au Brookings
Institution’s Doha Center, ajoute à cela le trafic d’esclaves.
D’après lui, la vente de femmes et d’enfants kidnappés à des
marchands d’esclaves aurait rapporté des millions de dollars à
Daesh.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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