jeudi 11 septembre 2014

Syrie: des villageois racontent la terreur des attaques au "gaz couleur miel"

Un gaz "de couleur miel" qui se répand doucement, blessant et tuant sur son passage des villageois en fuite : les survivants ont raconté à des enquêteurs la terreur des attaques au chlore dans le nord de la Syrie.
Les récits terrifiants des attaques au gaz, lancés depuis des hélicoptères dans des bombes artisanales, proviennent d'un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), obtenu par l'AFP.
L'OIAC enquête sur les accusations d'attaques au chlore dans le pays, ravagé par plus de trois ans de guerre.
"Dans les jardins, les oiseaux et animaux de compagnie ont péri et sur les plantes, les feuilles qui se trouvaient du côté du point d'impact de la bombe ont flétri comme ++des feuilles d'automne++", affirme le rapport daté de mercredi qui confirme l'usage "systématique" du chlore comme arme chimique en Syrie.
Les enquêteurs ont interrogé 37 victimes, témoins et personnel médical des attaques perpétrées en avril dans le nord de la Syrie. Ces bombardements étaient différents de ceux auxquels les villageois sont habitués.
"Quand une bombe est lâchée, un son perçant et sifflant se fait entendre avant que la bombe n'atteigne le sol. Certains ont comparé ce bruit à celui d'un avion de chasse en plongée, un bruit qui ressemble plus à un crash à haute vitesse qu'à de lourdes explosions", écrivent les enquêteurs.
Un nuage de gaz "jaune, de couleur miel" s'élève alors du point d'impact des bombes, racontent les survivants : "le nuage de gaz s'élève ensuite à une altitude d'environ 60 à 70 mètres avant de redescendre à proximité du sol et se laisser doucement pousser par la brise".
En mai, l'équipe de l'OIAC avait été la cible d'une attaque, l'empêchant d'accéder au site où se serait déroulée l'une de ces attaques, dans le village de Kafr Zeta.
Ils ont donc rencontré les témoins dans un endroit sécurisé et secret.
La Syrie, qui a livré ses armes chimiques à la communauté internationale pour que celles-ci soient détruites, n'a pas dû déclarer son stock de chlore, un produit industriel qui est généralement utilisé pour des usages commerciaux ou domestiques.
Utilisé comme arme chimique, le chlore peut néanmoins être fatal.
"Un enfant, qui se trouvait proche de l'endroit où la bombe a explosé, est mort à cause de l'exposition au produit chimique, sans aucune blessure ressemblant celles résultant d'une bombe conventionnelle", affirment les enquêteurs.
Le régime du président syrien Bashar al-Assad et les rebelles s'accusent mutuellement d'utiliser des agents chimiques, dont le chlore, depuis le début de ce sanglant conflit, en mars 2011.
Lors de l'attaque les 21 et 24 avril sur le village de Tal Minnis, d'une population de 20 000 personnes, plus de 200 personnes ont été atteintes par le gaz. "Une femme, une adolescente et un petit garçon de sept ans sont décédés suite à une exposition à des doses létales", affirme le rapport.
Après l'attaque du 21 avril, "les villageois sans méfiance ont essayé de fuir vers leur abris habituel. Le nuage de gaz a pris la même direction et il y a eu beaucoup de victimes". Une famille s'est abritée dans une douche tandis que d'autres "ont essayé sans succès de se protéger avec des masques en papier qui ne sont efficaces que contre la poussière".
Un nourrisson qui dormait a été sauvé "car sa tête était couverte par une couverture destinée à le protéger des insectes".
Dans le village voisin d'Al-Tamana'a, les attaques eurent lieu la nuit.
"Quelques 150 personnes ont été victimes de ces attaques et huit d'entre elles ont été gravement touchées. Ce sont surtout les femmes et les enfants qui sont décédés", écrivent les enquêteurs.
L'attaque présumée la plus récente a eu lieu le 28 août dans la ville de Kafr Zeta, à 30 kilomètres de Hama. "La seule présence des victimes dans les hôpitaux a fait en sorte qu'une forte odeur similaire à celle de la javel, de produits nettoyants ou de chlore s'est fait sentir dans l'ensemble des bâtiments", affirme finalement le rapport.
L'OIAC avait indiqué mercredi qu'elle allait continuer ses enquêtes sur des nouvelles accusations d'attaques en Syrie.

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