Soldats irakiens, forces kurdes et miliciens chiites, appuyés par des
frappes américaines, ont intensifié lundi leurs opérations contre les
jihadistes de l’Etat islamique (EI) en Irak, où les violences ont tué au
moins 1420 personnes en août selon l’ONU.
A Genève, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies se
réunit pour étudier une résolution, présentée par l’Irak, demandant
d’envoyer d’urgence une mission chargée d’enquêter sur les atrocités
commises par les jihadistes de l’EI dans ce pays.
Réputés pour leurs exactions -exécutions, viols- et accusés de
nettoyage ethnique par l’ONU, ces extrémistes sunnites sont également
engagés dans la guerre en Syrie voisine et ont proclamé fin juin un
califat sur les régions conquises à cheval entre l’Irak et la Syrie.
Au nord de Bagdad, les combattants kurdes et les miliciens chiites,
forts de leur succès dans la ville turcomane d’Amerli où ils ont brisé
dimanche un siège jihadiste de plus de deux mois, ont réussi à reprendre
la localité de Souleimane Bek, à une quinzaine de km plus au nord.
Souleimane Bek, située à 175 km au nord de Bagdad et aux mains de
l’EI depuis onze semaines, "est sous le contrôle de forces mixtes", a
affirmé Shallal Abdel Baban, un responsable local.
A quelques kilomètres de là, les combats continuent pour reprendre le village de Yankaja, a-t-il précisé.
Avec ces deux succès, les forces irakiennes aidées des miliciens et
des peshmergas, tentent de reprendre du terrain après leur déroute au
début de l’offensive lancée le 9 juin par les jihadistes qui ont réussi à
s’emparer en quelques jours de larges pans de territoire au nord, à
l’est et à l’ouest de Bagdad.
1420 morts en août -
L’armée américaine a appuyé l’offensive terrestre par de nouvelles
frappes aériennes dimanche à proximité d’Amerli, dont les habitants
manquaient d’eau, de nourriture et de médicaments et où l’ONU avait dit
craindre un "massacre" par l’EI.
Alors qu’aucun bilan précis des pertes humaines depuis le début de
l’offensive jihadiste n’est disponible, l’ONU a annoncé lundi qu’au
moins 1420 personnes avaient été tuées et 1370 blessées dans les
violences en août.
Au cours de ce mois, les jihadistes ont renouvelé leurs assauts dans
le nord de l’Irak s’emparant de plusieurs localités et poussant les
combattants kurdes à se retrancher dans leur région autonome du
Kurdistan.
Devant la progression de l’EI, des centaines de milliers de personnes
ont été chassées de chez elles. Selon l’ONU, 1,6 million d’Irakiens ont
été déplacés cette année par les violences, dont 850 000 durant le seul
mois d’août, parmi lesquelles un grand nombre de membres des minorités
chrétienne, Yazidis et turcomane.
Cette crise humanitaire a poussé les Occidentaux à intervenir, en
faisant livrer de l’assistance humanitaire mais aussi en armant les
combattants kurdes. Seuls les Etats-Unis interviennent militairement,
avec des frappes aériennes.
Commencé le 8 août, ce soutien américain, premier engagement
militaire des Etats-Unis en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin
2011, a déjà joué un rôle crucial dans la prise à l’EI le 17 août du
barrage de Mossoul (nord), le plus important du pays.
Face à la montée en puissance des jihadistes, les Etats-Unis
pourraient préciser leur stratégie concernant ce groupe dès "la semaine
prochaine", a indiqué l’élu américain Dutch Ruppersberger, après que le
président Barack Obama a reconnu jeudi ne "pas encore avoir de
stratégie".
Le chef de la diplomatie John Kerry, attendu dans la région après un
sommet de l’Otan les 4 et 5 septembre, a souligné que M. Obama
proposerait un plan d’action à l’ONU en septembre.
Dans ce contexte, l’Allemagne a annoncé qu’elle ferait une première
livraison d’armes aux Kurdes. La chambre basse du Parlement allemand, le
Bundestag, consacrera lundi une session extraordinaire à ce sujet.
Le même jour, le Premier ministre britannique David Cameron doit
présenter devant le Parlement de nouvelles mesures qui faciliteraient
notamment la saisie de passeports des jihadistes britanniques partis
combattre en Syrie et en Irak. Londres a relevé son niveau d’alerte de
sécurité à "grave", signifiant qu’une attaque terroriste était
"hautement probable".
En Syrie, où le conflit est devenu extrêmement complexe avec
l’arrivée de jihadistes de l’étranger qui ont affaibli la rébellion face
au régime, les combats continuent sur plusieurs fronts faisant des
dizaines de morts en majorité des enfants ces dernières 48 heures.
Sur le plateau du Golan, dans le sud syrien, 44 Casques bleus
fidjiens sont toujours retenus depuis jeudi par le Front Al-Nosra, la
branche syrienne d’Al-Qaïda. Des combats intenses s’y déroulaient en
outre entre armée et rebelles, à une centaine de mètres seulement de la
ligne de démarcation avec Israël.
Le conflit en Syrie a fait plus de 191 000 morts en trois ans et demi selon l’ONU.
(01-09-2014)
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