dimanche 2 mars 2014

Syrie : après un an de siège, des habitants de Muwadamiyat rentrent chez eux

A la faveur d’une trêve entre armée et rebelles, de nombreux Syriens revenaient dimanche visiter leurs maisons abandonnées à Muwadamiyat al-Cham, une ville de la banlieue de Damas assiégée et bombardée pendant plus d’un an.
Les cheveux cachés par un foulard, une femme de 40 ans, qui refuse de donner son nom, souhaite voir sa maison "après un an et deux mois d’absence", explique-t-elle à l’AFP près d’un point de contrôle de l’armée syrienne à l’entrée de la ville.
"On nous a dit que c’était calme, alors on a décidé de revenir juste pour voir la maison", dit-elle, accompagnée de deux enfants. "Nous reviendrons pour de bon s’il y a l’eau et l’électricité".
La grande majorité de ceux qui reviennent sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, a constaté un journaliste de l’AFP, qui n’a pas été autorisé à entrer dans Muwadamiyat.
Une trêve a été conclue fin décembre dans cette banlieue rebelle du sud-ouest de Damas, assiégée jusqu’alors par les troupes du président Bashar al-Assad.
Environ 15 000 personnes, contre plus de 100 000 avant le début des violences, y vivent actuellement. A l’entrée de la ville flotte une banderole sur laquelle on peut lire : "Les habitants de Muwadamiyat al-Cham veulent bannir la violence et le confessionnalisme, et renforcer l’unité nationale".
Mariam, 38 ans, le visage las, est elle aussi venue revoir la maison qu’elle a abandonnée depuis plus d’un an et demi, fuyant les bombardements. Elle est revenue avec ses enfants et son père, après avoir passé le point de contrôle de l’armée. Elle ne compte pas se réinstaller "car l’électricité est toujours coupée à l’intérieur", dit-elle.
Des pick-up chargés de matelas, de bonbonnes de gaz et de cartons remplis de vêtements, passent cependant sur la route qui mène à la ville, laissant envisager que certains sont revenus s’installer pour de bon. Un adolescent de quinze ans, trois sacs de pain sur la tête, passe non loin du checkpoint, en route vers la ville. "J’apporte du pain à ma famille", lance-t-il.
Mohammad Saïd Fattalé, un commerçant de la ville qui affirme ne l’avoir jamais quittée du temps des combats, assure que les aides alimentaires y sont désormais acheminées quotidiennement.
"Tous les jours, sept à huit véhicules chargés de vivres sont envoyées par le gouvernement", dit-il en qualifiant la situation à l’intérieur d’"excellente, car l’armée subvient aux besoins de tout le monde" depuis la trêve.
Avant la conclusion de l’accord, la situation humanitaire était catastrophique, le siège provoquant une pénurie alimentaire et de médicaments, et plusieurs enfants sont décédés de malnutrition, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
En octobre, 3800 habitants, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées avaient été évacués. Ces opérations avaient été supervisées par le Croissant rouge syrien (CRS) en coordination avec les autorités syriennes.
Des trêves signées récemment par l’armée syrienne et les rebelles sont en vigueur dans plusieurs localités autour de Damas, mais des militants anti-régime soulignent qu’il s’agit de trêves partielles, les sièges n’ayant pas toujours été complètement levés.
A Muwadamiyat al-Cham, un militant anti-gouvernemental local expliquait fin février que si la situation s’est améliorée au niveau alimentaire, le régime empêche toujours la localité de s’auto-suffire.
"Nous recevons 1.000 paquets de pain par jour. Mais on ne peut pas faire entrer du blé et ainsi ouvrir des boulangeries", dénonçait-il alors.

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