A la faveur d’une trêve entre armée et rebelles, de nombreux Syriens
revenaient dimanche visiter leurs maisons abandonnées à Muwadamiyat
al-Cham, une ville de la banlieue de Damas assiégée et bombardée pendant
plus d’un an.
Les cheveux cachés par un foulard, une femme de 40 ans, qui refuse de
donner son nom, souhaite voir sa maison "après un an et deux mois
d’absence", explique-t-elle à l’AFP près d’un point de contrôle de
l’armée syrienne à l’entrée de la ville.
"On nous a dit que c’était calme, alors on a décidé de revenir juste
pour voir la maison", dit-elle, accompagnée de deux enfants. "Nous
reviendrons pour de bon s’il y a l’eau et l’électricité".
La grande majorité de ceux qui reviennent sont des femmes, des enfants
et des personnes âgées, a constaté un journaliste de l’AFP, qui n’a pas
été autorisé à entrer dans Muwadamiyat.
Une trêve a été conclue fin décembre dans cette banlieue rebelle du
sud-ouest de Damas, assiégée jusqu’alors par les troupes du président
Bashar al-Assad.
Environ 15 000 personnes, contre plus de 100 000 avant le début des
violences, y vivent actuellement. A l’entrée de la ville flotte une
banderole sur laquelle on peut lire : "Les habitants de Muwadamiyat
al-Cham veulent bannir la violence et le confessionnalisme, et renforcer
l’unité nationale".
Mariam, 38 ans, le visage las, est elle aussi venue revoir la maison
qu’elle a abandonnée depuis plus d’un an et demi, fuyant les
bombardements.
Elle est revenue avec ses enfants et son père, après avoir passé le
point de contrôle de l’armée. Elle ne compte pas se réinstaller "car
l’électricité est toujours coupée à l’intérieur", dit-elle.
Des pick-up chargés de matelas, de bonbonnes de gaz et de cartons
remplis de vêtements, passent cependant sur la route qui mène à la
ville, laissant envisager que certains sont revenus s’installer pour de
bon. Un adolescent de quinze ans, trois sacs de pain sur la tête, passe
non loin du checkpoint, en route vers la ville. "J’apporte du pain à ma
famille", lance-t-il.
Mohammad Saïd Fattalé, un commerçant de la ville qui affirme ne l’avoir
jamais quittée du temps des combats, assure que les aides alimentaires y
sont désormais acheminées quotidiennement.
"Tous les jours, sept à huit véhicules chargés de vivres sont envoyées
par le gouvernement", dit-il en qualifiant la situation à l’intérieur
d’"excellente, car l’armée subvient aux besoins de tout le monde" depuis
la trêve.
Avant la conclusion de l’accord, la situation humanitaire était
catastrophique, le siège provoquant une pénurie alimentaire et de
médicaments, et plusieurs enfants sont décédés de malnutrition, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
En octobre, 3800 habitants, en majorité des femmes, des enfants et des
personnes âgées avaient été évacués. Ces opérations avaient été
supervisées par le Croissant rouge syrien (CRS) en coordination avec les
autorités syriennes.
Des trêves signées récemment par l’armée syrienne et les rebelles sont
en vigueur dans plusieurs localités autour de Damas, mais des militants
anti-régime soulignent qu’il s’agit de trêves partielles, les sièges
n’ayant pas toujours été complètement levés.
A Muwadamiyat al-Cham, un militant anti-gouvernemental local expliquait
fin février que si la situation s’est améliorée au niveau alimentaire,
le régime empêche toujours la localité de s’auto-suffire.
"Nous recevons 1.000 paquets de pain par jour. Mais on ne peut pas faire
entrer du blé et ainsi ouvrir des boulangeries", dénonçait-il alors.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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