Le plus beau site de Syrie, l’antique Palmyre, porte des stigmates de
récents combats mais ce sont surtout ses magnifiques tombes qui ont été
la proie des pilleurs.
Située à 210 km au nord-est de Damas, la "perle du désert", inscrite par
l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, conserve toute sa beauté
bien que le temple de Baal ait subi quelques flétrissures en raison des
échanges d’artillerie entre l’armée et les rebelles.
"Les groupes armés se sont installés en février 2013 dans l’immense
palmeraie au sud de Palmyre et ont occupé le site jusqu’à ce l’armée les
en chasse en septembre de la même année", explique à l’AFP Mohammad
al-Assad, 44 ans, fonctionnaire au service des Antiquités.
"A partir des vergers où ils se trouvaient, ils tiraient sur la ville et
certains obus ont endommagé par endroits le temple situé au milieu",
ajoute-t-il.
Le mur oriental du temple hellénistique de Baal, l’édifice le plus
imposant de la cité, est marqué par plusieurs tâches blanchâtres, là où
la pierre a été griffée par des éclats d’obus. Un tir de mortier a
endommagé l’une des ouvertures, ainsi que le linteau reposant sur huit
colonnes à fûts cannelés.
Le mur d’enceinte a souffert en plusieurs endroits. Trois piliers de la
colonnade au sud du temple ont été démembrés, leurs chapiteaux
corinthiens gisant à terre. Mais les autres monuments n’ont pas été
touchés par les combats.
D’après M. Assad, des rebelles ont mis à sac la maison des missions
archéologiques jouxtant le temple, mais le plus grave a été le pillage
des merveilleuses tombes.
A l’ouest de la cité, dans la Vallée des tombes, la nécropole s’étend
sur un kilomètre. C’est là que les riches Palmyréniens avaient construit
une série de monuments funéraires somptueusement décorés.
Au Musée de Palmyre, le directeur Khalil al-Hariri montre trois stèles
calcaires et des parties de sarcophages sculptées en haut-relief de
personnages et d’enfants. "Elles avaient été découpées à la
tronçonneuse. Nous les avons récupérées il y a deux jours, dans le
sous-sol d’une maison", explique-t-il.
Combien de tombes ont été pillées ? Il n’en sait rien. "Il y a environ
500 tombes, dont seulement 200 ont été fouillées par les archéologues.
C’est dans celles qui ne l’étaient pas que les pilleurs ont fait leur
sale besogne", dit-il.
Son seul point de repère, c’est le butin retrouvé. "Depuis que l’armée a
repris le contrôle de la région, j’ai récupéré 130 pièces, mais je suis
incapable de dire à combien de tombes elles appartenaient car les
voleurs ont pris soin de les refermer".
Outre les sarcophages, il y a des bustes de défunts en costume gréco-romain et des décorations murales de style palmyrénien.
Dans le discours officiel, ce sont les "hommes armés" ou "les
terroristes" qui ont voulu délester le pays "en vendant à vil prix notre
culture et nos racines".
En réalité, et M. Hariri le reconnaît à demi-mot, certains habitants ont
profité du désordre pour mettre la main sur des pièces, d’autant qu’ils
en connaissent la valeur.
"La police les a retrouvées ici, dans les maisons, les vergers ainsi que
dans le reste du pays. Quinze ont même été découvertes à l’aéroport de
Beyrouth, prêtes à s’envoler vers l’étranger", selon lui.
L’ONU a pressé les belligérants de protéger "le riche patrimoine
culturel mis en lambeaux" par trois ans de guerre. Devant "le pillage
systématique" des sites archéologiques, elle a recommandé aux
professionnels du commerce de l’art et aux douanes "de se méfier des
objets d’art syriens susceptibles d’avoir été volés".
Fayçal al-Cherif, chef de la municipalité, n’a plus vu un touriste
depuis septembre 2011, soit six mois après le début de la révolte contre
le régime de Bashar al-Assad.
"Il y en avait 250 000 par an, puis subitement plus rien. Sur les 85 000
habitants, 5000 travaillaient dans l’hôtellerie, la restauration,
possédaient des magasins, organisaient des balades dans le désert sous
la tente, servaient de chauffeur ou de guide", déplore cet homme de 57
ans.
Les 16 établissements de la ville ont tous fermé. Quant au Zénobia,
l’hôtel de légende construit dans les années 1920 par une aventurière
française et situé dans le site archéologique, il a été pillé et à
moitié brûlé.
"J’espère que la tourmente se terminera et que les touristes reviendront bientôt", soupire-t-il.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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