Trois martyrs sont tombés à l’aube du 22 mars, dans le camp de
Jénine : Hamza Abul Heija (22 ans), des Brigades al-Qassam, Mahmoud Abu
Zina (27 ans), des Brigades al-Quds et Yazan Jabbarin (23 ans), des
Brigades des martyrs d’al-Aqsa. Trois martyrs qui symbolisent l’unité du
fusil et de la résistance à l’occupation. Les martyrs Abul Heija et Abu
Zina étaient recherchés et poursuivis par les services sécuritaires de
l’Autorité Palestinienne, depuis plusieurs mois. Hamza Abul Heija, des
Brigades al-Qassam, est le fils du dirigeant du Hamas, sheikh Jamal Abul
Heija, prisonnier depuis 2002. Ayant vécu en prison dans la même
cellule en 2004, Mohamad Kanaané (Abnaa al-Balad) dit à son propos :
« Un peuple ayant en son sein de telles statures ne peut que remporter
la victoire ».
Le camp de Jénine est devenu la « bête noire » de l’occupant et des
services sécuritaires de l’Autorité Palestinienne, parce qu’il a refusé
et refuse toujours d’être pacifié, par les nombreuses ONGs qui y
végètent pour détourner son peuple de la voie de la résistance, et par
les multiples initiatives, nationales et internationales, qui veulent le
soumettre. Mais le camp de Jénine, c’est le camp de la résistance et de
l’unité des formations combattantes. Nul besoin de grands discours
appelant à l’unité, nul besoin d’appels à la fraternité ou à la lutte,
le souvenir du martyr Mahmoud Tawalbeh et du martyr Abu Jandal tombés en
2002 lors de la défense du camp, reste vif car ses racines sont
profondes, aussi profondes que l’histoire du peuple palestinien.
Le camp de Jénine indique une nouvelle fois la chemin de la
libération : la lutte unie des formations combattantes contre
l’occupation, l’auto-défense contre les services sécuritaires de
l’Autorité Palestinienne et surtout, l’enracinement au sein des masses
populaires. Dans un ouvrage récent paru sur « la résistance populaire
palestinienne », Linda Tabar et Alaa al-Izza, qui ont limité leur étude à
la Cisjordanie occupée, mettent en valeur l’expérience du camp de
Jénine, où la résistance armée est non seulement soutenue par les
réfugiés du camp, mais aussi protégée et sans cesse alimentée. Selon les
deux auteurs, le camp de Jénine et sa résistance restent le seul
exemple d’une lutte qui brise les cadres des accords d’Oslo
(démantèlement du territoire et du peuple palestiniens) précisément à
cause de l’unité des combattants et du peuple, ce qui en fait une
résistance populaire armée, et à cause de leur refus de se soumettre à
la « réalité ».
C’est le chemin de sheikh Bassam Saadi qui, à peine libéré de prison,
est déjà recherché par l’occupant et les forces sécuritaires de
l’Autorité, qui n’ont pas hésité à investir sa maison et à casser les
meubles, et dont l’épouse Nawal Saadi est tenue prisonnière depuis plus
d’un an. Plusieurs membres des Brigades des martyrs al-Aqsa sont
toujours prisonniers et tous les martyrs tombés pour la défense du camp
et de la Palestine, toutes formations confondues, inspirent, par leur
conduite de leur vivant et par leur martyre, les jeunes et moins jeunes,
femmes et hommes du camp.
La résistance populaire armée dérange. D’abord, l’ennemi qui réalise
l’impossibilité de pacifier le camp, car tous les jours, ce sont de
nouveaux combattants qui prennent la relève de ceux qui tombent, car
dans le camp de Jénine, et même dans la région de Jénine, c’est l’esprit
de la résistance qui prévaut, apprise non dans les livres, mais dans le
sang qui abreuve cette terre tant aimée et cette cause sacrée.
Lorsqu’au lendemain du martyre des trois combattants, ce dimanche 23
mars, l’occupant investit le village de ‘Arrabe pour kidnapper sheikh
Khodr Adnane, dirigeant au mouvement du Jihad islamique, ce sont tous
les jeunes de ‘Arrabe qui ont accouru et protégé sheikh Adnane, avant de
repousser l’occupant. Dans le camp de Jénine et aux alentours, les
hommes et femmes de la résistance, les enfants et les familles de la
résistance, sont prêts au martyre pour défendre la seule voie assurant
la dignité du peuple palestinien. Deux des blessés au cours de cette
incursion sanglante de l’occupation dans le camp de Jénine ont expliqué
qu’ils voulaient tout simplement transporter le corps du martyr Hamza
Abul Heija à sa famille. Des snipers installés sur les toits leur ont
tiré dessus.
Sont également dérangés par l’unité des combattants et de la
résistance tous ceux qui misent sur d’autres options et d’autres voies,
ainsi que tous ceux qui se frottent les mains lorsque des frictions
apparaissent entre ces branches armées. Ce qui explique pourquoi leurs
médias n’ont pas jugé important de diffuser les paroles et les gestes
des martyrs avant qu’ils ne soient tués, ni leur combat unitaire, ni le
rassemblement unitaire des formations combattantes à Gaza, ni les
paroles des dirigeants du Hamas et du Jihad islamique.
Cependant, un communiqué commun des Brigades al-Quds et al-Qassam,
publié juste après l’incursion sanglante des sionistes, annonce que « le
sang des martyrs du camp de Jénine ne partira pas vainement, il sera
une malédiction qui poursuivra les sionistes assassins » et que « notre
peuple et notre résistance poursuivront l’ennemi jusqu’à ce qu’il quitte
notre terre ». Les formations de la résistance ont également fait
porter la responsabilité de ces assassinats à l’Autorité palestinienne
qui poursuit ce qui est appelé la « ccopération sécuritaire » avec
l’ennemi, et qui poursuit les négociations, avant de conclure que « la
résistance sera l’expression véritable de la conscience de notre peuple,
de ses choix et décisions ». Dans leur communiqué, les Brigades de la
résistance insistent sur l’affrontement armé qui a opposé les
combattants aux forces de l’occupation, car dans le camp et la région de
Jénine, c’est dans la lutte armée contre l’ennemi sioniste que se forge
l’unité et que se concrétise la lutte pour la libération de la
Palestine.
(23-03-2014 - Fadwa Nassar)
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