Le président américain Barack Obama concluait samedi sa visite en Arabie
saoudite par un signe aux défenseurs des droits, en rencontrant une
militante saoudienne le jour même où des femmes ont appelé à défier
l’interdiction de conduire.
M. Obama a rencontré vendredi soir le roi Abdallah pour un entretien
surtout consacré aux sujets qui ont provoqué des frictions ces derniers
mois entre Washington et Ryad, la guerre civile en Syrie et les
négociations sur le programme nucléaire iranien.
Mais il n’a pas abordé la question des droits de l’Homme avec son hôte, a
reconnu un haut responsable américain rendant compte de la réunion sous
couvert de l’anonymat dans la nuit de vendredi à samedi.
Des organisations de défense des droits, comme Amnesty International,
avaient exhorté le président américain à faire pression pour que Ryad
mette fin "à la répression de la liberté d’expression (...), à la
discrimination contre les femmes et les minorités, et à toutes les
formes de torture" dans ce royaume ultra-conservateur.
"Nous avons beaucoup de sérieuses préoccupations sur la situation des
droits de l’Homme, concernant les droits des femmes, les libertés
religieuses, la liberté d’expression. Et certaines lois récentes posent
la question de la capacité des gens à s’exprimer librement", a ajouté ce
responsable.
Pressé pour savoir pourquoi le président Obama n’avait pas mentionné
cette question avec le souverain saoudien, le responsable a indiqué que
la réunion avait été surtout consacrée aux grands dossiers géopolitiques
régionaux.
"Nous avons eu des divergences dans nos relations (avec Ryad) et parmi
ces divergences il y a la question des droits de l’Homme", a-t-il
assuré. Mais les deux responsables, "vu le temps qu’ils ont passé sur
l’Iran et la Syrie, n’ont pas pu aborder certains dossiers, et pas
seulement les droits de l’Homme".
Le responsable a toutefois souligné que M. Obama, avant de repartir pour
les Etats-Unis, allait rencontrer samedi à son hôtel de Ryad Maha
Al-Muneef, une activiste qui s’est vu décerner un prix du département
d’Etat récompensant les "femmes courageuses", remis par la Première dame
Michelle Obama début mars.
Cette femme médecin dirige le programme national pour la sécurité de la
famille, qu’elle a fondé en 2005 pour lutter contre les violences
conjugales et la maltraitance des enfants dans le royaume.
Mme Muneef "n’a pas pu assister à la cérémonie de remise de son prix" à
Washington, a observé le responsable. "Donc, le président va pouvoir lui
remettre sa récompense en personne".
Cette entrevue aura lieu alors que des militantes ont appelé les
Saoudiennes à défier l’interdiction de conduire et à prendre le volant
une nouvelle fois samedi.
"Nous avons fixé une journée chaque mois pour poursuivre notre campagne.
Elle coïncide ce mois-ci avec la visite du président Obama", a déclaré à
l’AFP la militante Madiha Al-Ajruch.
Les femmes réclament depuis trois décennies le droit de conduire en
Arabie saoudite, qui applique une version ultra-rigoriste de l’islam et
est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de prendre le
volant.
Amnesty avait appelé le président américain "à exprimer sa consternation
devant la discrimination contre les femmes en choisissant une femme
comme son chauffeur officiel pendant la visite".
Vendredi soir, M. Obama s’est employé à rassurer les Saoudiens au sujet
des intentions américaines sur la Syrie et l’Iran, affirmant "qu’il
pensait que nos intérêts stratégiques restaient largement alignés" selon
un responsable américain.
M. Obama devait rentrer samedi soir à Washington après une tournée de
six jours qui l’a mené successivement aux Pays-Bas, en Belgique et en
Italie, pour des sommets et des entretiens surtout consacrés à la
situation en Ukraine.
A Ryad, M. Obama a d’ailleurs reçu un appel du président russe Vladimir
Poutine, pour parler de la proposition américaine de sortie de crise
selon la Maison Blanche.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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