samedi 29 mars 2014

Israël/Palestine : L’intransigeance d’Israël sur les prisonniers plombe le processus de paix (Assawra)

Les dirigeants palestiniens ont annoncé vendredi le refus d’Israël de libérer le dernier contingent de prisonniers qu’il s’était engagé à relâcher, enfonçant un peu plus dans la crise l’initiative de paix du secrétaire d’État John Kerry.

Interrogés par l’AFP, des responsables israéliens se sont refusés à tout commentaire dans l’immédiat, mais le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou avait dit qu’il pourrait annuler cette quatrième et dernière vague de libérations compte tenu de la dégradation du climat avec les Palestiniens.
Pour leur part, les chefs de mission de l’Union européenne (UE) dans les Territoires palestiniens ont mis en garde dans un rapport contre un "risque significatif" de conflagration régionale et de "déraillement des négociations de paix", en raison des tensions croissantes autour des lieux saints à Jérusalem-Est occupée, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques.

"Le gouvernement israélien nous a informés via le médiateur et parrain américain du processus de paix qu’il ne se conformerait pas à la libération du quatrième contingent de prisonniers prévue" samedi, a déclaré à l’AFP Jibril Rajoub, un membre du Comité central du Fatah, le mouvement du président Mahmoud Abbas. "Israël a refusé de respecter la liste des noms de prisonniers qui était convenue", incarcérés par Israël avant les accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne en 1993, a précisé M. Rajoub, y voyant une "gifle à l’administration américaine".

Un accord négocié par John Kerry a permis la reprise en juillet des pourparlers de paix après trois ans de suspension, pour une durée de neuf mois, qui arrive à échéance fin avril. Il prévoyait la libération en quatre phases de 104 prisonniers, en échange de la suspension de toute démarche palestinienne pour adhérer aux organisations internationales.

Refus de "tout compromis"
L’émissaire américain Martin Indyk "et l’équipe de négociation restent étroitement engagés sur le terrain avec les deux parties et vont continuer à oeuvrer dans les prochains jours à les aider à réduire leurs différences", a assuré la porte-parole du département d’État Jennifer Psaki aux journalistes accompagnant M. Kerry en Arabie saoudite, où le président Barack Obama est arrivé dans l’après-midi. Mme Psaki a catégoriquement démenti que les négociations aient capoté.
Lors d’une rencontre à Amman mercredi avec M. Kerry, Mahmoud Abbas avait refusé "tout compromis" sur la libération et toute discussion sur d’autres sujets, selon un responsable palestinien. "La non-libération des prisonniers marquera le début de nos efforts pour nous tourner vers la communauté internationale pour récuser la légalité de l’occupation de notre terre", a prévenu M. Rajoub, faisant écho à des avertissements du président palestinien. Le contentieux porte aussi sur la liste des prisonniers libérables, parmi lesquels 14 appartiennent à la minorité arabe israélienne, que le gouvernement Netanyahou renâcle à relâcher pour des motifs de souveraineté nationale. Il existe néanmoins des précédents, notamment en 2011 lors de l’échange d’un millier de détenus contre le soldat Gilad Shalit.

Démolitions
Selon les médias israéliens, Netanyahou pourrait consentir à relâcher ces prisonniers si Obama graciait Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine purgeant une peine de prison à perpétuité pour espionnage au profit d’Israël, qui réclame sa remise en liberté. Le sort de Jonathan Pollard est très souvent évoqué au plus haut niveau lors des entretiens entre Israéliens et Américains, selon un responsable israélien.
Barack Obama, qui a reçu successivement en mars à deux semaines d’intervalle Netanyahou et Abbas, les a exhortés à prendre des décisions "difficiles" et des "risques pour la paix", pour conclure un accord-cadre traçant les grandes lignes d’un règlement définitif sur les questions les plus sensibles : frontières, colonies, sécurité, statut de Jérusalem et réfugiés.
Le coordinateur humanitaire de l’ONU en Territoire palestinien occupé James Rawley a pour sa part exprimé dans un communiqué sa "préoccupation" face aux démolitions d’habitations palestiniennes à Jérusalem-Est, les jugeant "contraires aux obligations d’Israël au regard du droit international" et appelant à y mettre un terme. Et, pour son dernier jour en tant que commissaire général de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), l’Italien Filippo Grandi a affirmé que les quelque cinq millions de réfugiés "finir(aient) par obtenir justice", estimant que "leurs aspirations devaient être prises en compte dans tout effort de paix pour que celle-ci soit durable".

(28-03-2014 - Assawra)

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