Les dirigeants palestiniens ont annoncé vendredi le refus d’Israël de
libérer le dernier contingent de prisonniers qu’il s’était engagé à
relâcher, enfonçant un peu plus dans la crise l’initiative de paix du
secrétaire d’État John Kerry.
Interrogés par l’AFP, des responsables
israéliens se sont refusés à tout commentaire dans l’immédiat, mais le
gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou avait dit qu’il
pourrait annuler cette quatrième et dernière vague de libérations compte
tenu de la dégradation du climat avec les Palestiniens.
Pour leur part, les chefs de mission de l’Union européenne (UE) dans les
Territoires palestiniens ont mis en garde dans un rapport contre un
"risque significatif" de conflagration régionale et de "déraillement des
négociations de paix", en raison des tensions croissantes autour des
lieux saints à Jérusalem-Est occupée, ont indiqué à l’AFP des sources
diplomatiques.
"Le gouvernement israélien nous a informés via le médiateur et parrain
américain du processus de paix qu’il ne se conformerait pas à la
libération du quatrième contingent de prisonniers prévue" samedi, a
déclaré à l’AFP Jibril Rajoub, un membre du Comité central du Fatah, le
mouvement du président Mahmoud Abbas. "Israël a refusé de respecter la
liste des noms de prisonniers qui était convenue", incarcérés par Israël
avant les accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne en 1993, a
précisé M. Rajoub, y voyant une "gifle à l’administration américaine".
Un accord négocié par John Kerry a permis la reprise en juillet des
pourparlers de paix après trois ans de suspension, pour une durée de
neuf mois, qui arrive à échéance fin avril. Il prévoyait la libération
en quatre phases de 104 prisonniers, en échange de la suspension de
toute démarche palestinienne pour adhérer aux organisations
internationales.
Refus de "tout compromis"
L’émissaire américain Martin Indyk "et l’équipe de négociation restent
étroitement engagés sur le terrain avec les deux parties et vont
continuer à oeuvrer dans les prochains jours à les aider à réduire leurs
différences", a assuré la porte-parole du département d’État Jennifer
Psaki aux journalistes accompagnant M. Kerry en Arabie saoudite, où le
président Barack Obama est arrivé dans l’après-midi. Mme Psaki a
catégoriquement démenti que les négociations aient capoté.
Lors d’une rencontre à Amman mercredi avec M. Kerry, Mahmoud Abbas avait
refusé "tout compromis" sur la libération et toute discussion sur
d’autres sujets, selon un responsable palestinien. "La non-libération
des prisonniers marquera le début de nos efforts pour nous tourner vers
la communauté internationale pour récuser la légalité de l’occupation de
notre terre", a prévenu M. Rajoub, faisant écho à des avertissements du
président palestinien. Le contentieux porte aussi sur la liste des
prisonniers libérables, parmi lesquels 14 appartiennent à la minorité
arabe israélienne, que le gouvernement Netanyahou renâcle à relâcher
pour des motifs de souveraineté nationale. Il existe néanmoins des
précédents, notamment en 2011 lors de l’échange d’un millier de détenus
contre le soldat Gilad Shalit.
Démolitions
Selon les médias israéliens, Netanyahou pourrait consentir à relâcher
ces prisonniers si Obama graciait Jonathan Pollard, un ancien analyste
de la marine américaine purgeant une peine de prison à perpétuité pour
espionnage au profit d’Israël, qui réclame sa remise en liberté. Le sort
de Jonathan Pollard est très souvent évoqué au plus haut niveau lors
des entretiens entre Israéliens et Américains, selon un responsable
israélien.
Barack Obama, qui a reçu successivement en mars à deux semaines
d’intervalle Netanyahou et Abbas, les a exhortés à prendre des décisions
"difficiles" et des "risques pour la paix", pour conclure un
accord-cadre traçant les grandes lignes d’un règlement définitif sur les
questions les plus sensibles : frontières, colonies, sécurité, statut
de Jérusalem et réfugiés.
Le coordinateur humanitaire de l’ONU en Territoire palestinien occupé
James Rawley a pour sa part exprimé dans un communiqué sa
"préoccupation" face aux démolitions d’habitations palestiniennes à
Jérusalem-Est, les jugeant "contraires aux obligations d’Israël au
regard du droit international" et appelant à y mettre un terme. Et, pour
son dernier jour en tant que commissaire général de l’Agence de l’ONU
pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), l’Italien Filippo Grandi a
affirmé que les quelque cinq millions de réfugiés "finir(aient) par
obtenir justice", estimant que "leurs aspirations devaient être prises
en compte dans tout effort de paix pour que celle-ci soit durable".
(28-03-2014 - Assawra)
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