Le président Barack Obama a tenté vendredi soir de dissiper les
appréhensions du roi Abdallah au sujet de la politique américaine sur la
Syrie et l’Iran en lui assurant que les intérêts stratégiques de leurs
deux pays restaient "alignés". Lors d’un entretien de deux heures dans
la propriété du roi près de Ryad, le président américain a affirmé que
les États-Unis n’accepteraient pas un "mauvais accord" sur le nucléaire
iranien, un sujet d’inquiétude majeur du royaume.
"La rencontre avec le roi était destinée à le rassurer sur l’objectif
(de ces négociations), à dire que nous n’accepterons pas un mauvais
accord et que l’attention envers ce dossier nucléaire ne veut pas dire
que nous ne nous intéressons pas aux autres activités de déstabilisation
de l’Iran dans la région", a indiqué un responsable américain qui a
requis l’anonymat. "Nous participons à ces négociations avec les idées
claires, mais nous pensons qu’il existe un intérêt commun (de l’Arabie
et des États-Unis) à faire cesser la prolifération en Iran", a ajouté le
responsable.
Sur la Syrie, la Maison Blanche, avant la réunion, avait assuré que le
président voulait parler avec le roi des moyens de renforcer
"politiquement et militairement" l’opposition syrienne modérée. Mais un
autre responsable américain anonyme a affirmé que les États-Unis
n’avaient pas approuvé la fourniture par l’Arabie saoudite de Manpads
(système d’arme sol-air portable) aux rebelles syriens dont Ryad est
l’un des principaux soutiens.
Une "relation stratégique"
Depuis sa première visite en 2009 en Arabie, l’un des principaux alliés
de Washington au Moyen-Orient, les relations entre les deux pays —qui
remontent à sept décennies- ont connu des soubresauts, Ryad reprochant
notamment à Washington son attitude non interventionniste en Syrie et
son ouverture vers l’Iran.
Lors de la réunion, "le président a souligné à quel point il accordait
de la valeur à cette relation stratégique" avec le royaume, a assuré le
responsable sous couvert de l’anonymat. "Parfois, on a l’impression
qu’il existe des différends entre les États-Unis et l’Arabie saoudite,
et les deux dirigeants ont parlé franchement de nombreux dossiers",
a-t-il ajouté.
Avant la réunion, le conseiller adjoint de Sécurité nationale, Benjamin
Rhodes, avait néanmoins assuré que les relations s’étaient "améliorées
depuis l’automne" sur le dossier syrien, notamment en raison d’une
meilleure coordination de l’aide à l’opposition.
"Faire contrepoids à Assad"
Le président Obama et le roi Abdallah devaient discuter de la façon de
"renforcer l’opposition modérée à l’intérieur de la Syrie politiquement
et militairement", afin de "faire contrepoids à Assad et aussi d’isoler
les groupes extrémistes" en Syrie, a souligné Benjamin Rhodes. Ryad
avait peu apprécié la décision américaine de renoncer cet automne à des
frappes sur la Syrie, après un accord avec Damas sur une destruction de
son arsenal chimique. Et le prince héritier d’Arabie saoudite Salman
Ben Abdel Aziz avait accusé mardi la communauté internationale d’avoir
"trahi" la rébellion syrienne, en manque d’armes.
Le royaume, chef de file des monarchies du Golfe, redoute qu’un
désengagement des États-Unis du Moyen-Orient et l’ouverture américaine
sur l’Iran n’encouragent les ambitions régionales de son rival chiite.
Selon Anwar Eshqi, chef du Centre du Moyen-Orient pour les Études
stratégiques, basé à Jeddah, les récentes divergences "ont tendu les
relations (saoudo-américaines) mais sans conduire pour autant à une
rupture" entre Ryad et Washington.
Le président Obama n’a cependant pas pris l’initiative d’aborder avec le
roi la question des droits de l’Homme en Arabie saoudite, qui irrite
les dirigeants du royaume, alors qu’Amnesty International l’avait
exhorté à en faire état. "Nous avons beaucoup de sérieuses
préoccupations sur la situation des droits de l’Homme" en Arabie
saoudite, a toutefois affirmé l’un des responsables américains, en
mentionnant notamment la situation des femmes. Le président américain va
cependant rencontrer une militante saoudienne samedi, alors que des
femmes ont appelé à défier l’interdiction de conduire.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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