La campagne pour la présidentielle en Algérie bat son plein, mais le
favori, le président sortant Abdelaziz Bouteflika, s’illustre par son
absence. Amoindri physiquement après un AVC, il a chargé sept de ses
proches de convaincre les électeurs. Tribun hors pair adulé par la foule
lors de ses précédentes campagnes (1999, 2004 et 2009), Abdelaziz
Bouteflika, 77 ans dont 15 ans au pouvoir, reste invisible. Un AVC en
avril 2013 l’a contraint à 80 jours d’hospitalisation à Paris et depuis
son retour en juillet, il ne bouge presque plus de chez lui.
Malgré une contestation dans la rue contre un quatrième quinquennat et
les doutes exprimés sur sa capacité à continuer à diriger le pays, le
chef de l’État a reconnu sa faiblesse physique dans un message aux
Algériens la semaine dernière, mais a défendu sa candidature. Son
directeur de campagne, l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, a écarté
l’éventualité de le voir s’adresser directement à ses partisans lors de
meetings électoraux.
"Je n’ai jamais entendu dire qu’il animerait un meeting (...) Il fera
peut-être une déclaration", a-t-il dit au site électronique TSA. "C’est
une campagne burlesque qui mérite de figurer dans la prochaine édition
du dictionnaire du vote", estime, un tantinet ironique, le politologue
Rachid Tlemçani. Les partisans d’Abdelaziz Bouteflika "continuent, toute
honte bue, à mener la campagne d’un candidat invisible. Cela
décrédibilise totalement l’élection", ajoute-t-il.
Outre Abdelmalek Sellal, plusieurs ténors ont été désignés pour pallier
l’absence d’Abdelaziz Bouteflika, dont l’ex-chef du gouvernement
Abdelaziz Belkhadem, devenu son conseiller spécial avant le début de la
campagne samedi. Dimanche, il a expliqué que le président sortant avait
"besoin peut-être d’une petite rééducation fonctionnelle, qui lui
permettrait une meilleure mobilité". L’ancien Premier ministre Ahmed
Ouyahia, ex-chef du Rassemblement national démocratique, deuxième force
politique au Parlement, a également été appelé à la rescousse.
Le président "est malade, mais il se rétablit progressivement", a
reconnu Ahmed Ouyahia, devenu chef de cabinet du président. "Monsieur
Bouteflika a réussi son coup : il est invisible, mais son image est
présente partout sur le terrain, où il s’est fait représenter par sept
remplaçants", observe le politologue Rachid Grim. Abdelaziz Bouteflika,
soutenu par plusieurs partis, par des associations et par la principale
organisation patronale, affrontera cinq adversaires mais son principal
rival sera Ali Benflis, son ancien homme de confiance déjà candidat à la
présidentielle de 2004.
Au 4e jour de la campagne électorale qui doit s’achever le 13 avril, les
représentants d’Abdelaziz Bouteflika et des cinq autres candidats
sillonnent le pays pour tenter de séduire les électeurs qui, selon les
médias, ne se bousculent pas aux réunions électorales. En février, la
presse qualifiait Abdelaziz Bouteflika de candidat par "procuration", en
raison de son incapacité physique à mener sa campagne. Au pouvoir
depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika ne s’est pas exprimé en public ces
deux dernières années. Le 3 mars, c’est d’une voix à peine audible qu’il
a annoncé sa candidature en déposant son dossier au Conseil
constitutionnel.
Mais le débat battait déjà son plein sur sa capacité à diriger le pays
où depuis l’indépendance en 1962, tous les présidents ont été élus avec
le soutien de l’armée, selon les experts. Face à une contestation
grandissante dans la rue, Abdelaziz Bouteflika a affirmé dans son
message aux Algériens que les difficultés liées à sa santé ne le
"disqualifiaient" pas pour un 4e mandat, tout en admettant que ses
"lourdes responsabilités" avaient "eu raison d’une bonne partie de (ses)
capacités".
"Nous avons demandé à Bouteflika de se représenter, même si son état de
santé ne le lui permet pas et il a répondu à notre appel !" a lancé
Abdelmalek Sellal lors d’un meeting. Pour les experts, cette absence ne
devrait pas influer sur le résultat du scrutin. "Abdelaziz Bouteflika
est quasiment assuré d’être réélu. Ce sont les mêmes acteurs qui ont
organisé les précédents scrutins qu’il avait remportés", estime Rachid
Tlemçani.
Rachid Grim abonde dans le même sens : "Son absence physique n’aura pas
d’impact sur l’issue du scrutin. À moins d’un miracle, Bouteflika
remportera l’élection".
(26-03-2014 - Assawra avec les agences de presse)
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