Un général et un colonel de l’armée, ainsi que cinq djihadistes, ont
péri mercredi dans de nouveaux combats au nord du Caire, alimentant la
spirale des violences entre les insurgés islamistes et l’armée depuis
qu’elle a destitué le président Mohamed Morsi. Plus de 200 policiers et
soldats ont péri dans les attaques quasi quotidiennes contre les forces
de sécurité depuis le 3 juillet 2013, quand l’armée a renversé
l’islamiste Morsi, seul président jamais élu démocratiquement en Égypte
et dont les partisans sont la cible d’une sanglante répression depuis.
L’armée et la police ont attaqué mercredi à l’aube un repaire de membres
présumés d’Ansar Beït al-Maqdess à Al-Qanatir Al-Khayriya, à une
trentaine de kilomètres au nord du Caire, assure le ministère de
l’Intérieur dans un communiqué. Ce groupe disant s’inspirer d’al-Qaida a
revendiqué la plupart des attaques contre les forces de l’ordre. Il est
basé dans la péninsule du Sinaï, d’où ses combattants tirent également
régulièrement des roquettes sur Israël.
"Un général de brigade et un colonel de l’unité des démineurs de l’armée
ont péri dans l’affrontement", a indiqué l’armée sur son compte
Facebook. Le ministère de l’Intérieur a confirmé l’information dans son
communiqué, précisant que les "terroristes" ont fait usage de vestes
bourrées d’explosifs dans l’affrontement. Plus de 1 400 manifestants
pro-Morsi ont été tués par l’armée et la police, dont la moitié au Caire
en une seule journée le 14 août, et plusieurs milliers de partisans du
président déchu ont été emprisonnés depuis, dont la quasi-totalité des
cadres des Frères musulmans, la confrérie de Mohamed Morsi, qui risquent
tout comme lui la peine de mort dans divers procès.
Assurant agir en représailles à cette répression, des groupes
djihadistes - essentiellement Ansar Beït al-Maqdess - attaquent quasi
quotidiennement policiers et soldats dans tout le pays, étendant
récemment leur action au coeur de la capitale. Le nouveau gouvernement
mis en place dès le 3 juillet et dirigé de facto par l’armée accuse,
lui, les Frères musulmans d’être derrière ces attentats, et a décrété la
confrérie "organisation terroriste".
Le général et le colonel tués dirigeaient une unité d’experts en
explosifs qui épaulait la police et l’armée dans le raid lancé contre le
repaire d’Ansar Beït al-Maqdess, a précisé l’armée. Les suspects ciblés
à Al-Qanatir Al-Khayriya, dans le delta du Nil, sont soupçonnés d’avoir
participé à l’attaque d’un poste de contrôle routier de l’armée samedi
au Caire, dans laquelle six soldats avaient péri, et dans l’assassinat,
le 28 janvier, d’un général de police proche conseiller du ministre de
l’Intérieur, selon les mêmes sources.
Le communiqué du ministère assure que cinq "terroristes" ont été tués au
cours du raid et quatre arrêtés. L’armée précise qu’"une grande
quantité d’explosifs ont été saisis". Le 3 juillet, le chef de l’armée,
le général Abdel Fattah al-Sissi, avait destitué et fait arrêter Mohamed
Morsi, élu un an plus tôt à l’issue d’une période chaotique qui avait
suivi la révolte populaire ayant chassé Hosni Moubarak début 2011, dans
la lignée des Printemps arabes.
Pour justifier son coup de force, Sissi avait invoqué les millions de
manifestants qui avaient réclamé quelques jours plus tôt le départ de
Mohamed Morsi, accusé d’accaparer les pouvoirs au profit des Frères
musulmans et de vouloir islamiser la société à marche forcée. Depuis, le
général Sissi, ministre de la Défense et vice-Premier ministre,
récemment promu maréchal, ne cache pas ses intentions de se présenter à
l’élection présidentielle prévue cette année. Il est assuré de la
remporter haut la main tant il est populaire depuis qu’il a lancé
l’implacable répression visant les islamistes et en l’absence de
candidats crédibles potentiels, selon les experts.
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