Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a repris lundi le chemin du
Proche-Orient pour tenter d’empêcher un effondrement des négociations de
paix, au moment où la direction palestinienne rejetait le "chantage"
d’Israël qui exige une prolongation des pourparlers pour libérer le
dernier contingent de prisonniers prévu.
M. Kerry est arrivé en début de soirée à l’aéroport de Tel-Aviv "pour de
possibles rencontres à Jérusalem et Ramallah", selon des responsables
américains, avant de retourner mardi à Bruxelles pour une réunion de
l’Otan.
Le chef de la diplomatie américaine, après avoir mené de Paris dans la
matinée des "négociations intenses" par téléphone avec les deux parties,
puis "consulté son équipe, a décidé qu’il serait productif de retourner
dans la région", a expliqué une porte-parole du département d’Etat,
Jennifer Psaki.
Il souhaitait rencontrer dans la soirée successivement le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien
Mahmud Abbas, selon son entourage.
Dans la nuit, des discussions entre délégations des deux parties et
l’émissaire américain Martin Indyk pour régler le litige sur les détenus
ont tourné court.
Israël a refusé de libérer samedi le quatrième et dernier contingent de prisonniers prévu dans le cadre des pourparlers de paix.
"Israël pratique une politique de chantage en liant son accord pour la
libération du quatrième groupe de prisonniers à l’annonce par la partie
palestinienne de son acceptation d’une prolongation des négociations"
au-delà de la date butoir du 29 avril, a déclaré à l’AFP un responsable
palestinien proche du dossier.
Une proposition israélienne en ce sens a été "refusée par les
Palestiniens", a-t-on indiqué, précisant qu’elle "prévoyait la
libération de 420 autres prisonniers choisis par Israël, ne comprenant
pas de condamnés à de lourdes peines, ni de malades, ni de dirigeants
comme Marwan Barghouthi et Ahmad Saadat, ni enfants, ni femmes".
La direction palestinienne devait se réunir lundi à partir de 19H00
(16H00 GMT) autour de M. Abbas pour discuter de la conduite à tenir.
"Nous allons discuter du fait qu’Israël se dérobe à ses engagements, ce
qui libère la direction palestinienne des siens de ne pas se tourner
vers l’ONU et les agences internationales", a déclaré Saleh Rafat,
membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP).
Un accord conclu sous l’égide de M. Kerry a permis la reprise en juillet
pour neuf mois des négociations de paix. Aux termes de cet accord, la
direction palestinienne s’est engagée à suspendre pendant les
pourparlers toute démarche d’adhésion aux organisations internationales,
y compris à des instances judiciaires susceptibles de poursuivre
Israël, en contrepartie de la libération en quatre phases de 104
prisonniers, dont les trois premiers groupes ont été relâchés.
Jibril Rajub, un dirigeant du Fatah, le mouvement de Mahmud Abbas, a
dit espérer que M. Kerry ferait pression sur Israël plutôt que sur les
Palestiniens.
"Il est temps que l’administration américaine se rende compte que
Netanyahu veut gérer le conflit, pas le résoudre".
Le Premier ministre israélien a affirmé dimanche que le sort du
processus de paix "pourrait être une question de jours. Ou bien nous
résolvons le problème, ou bien le processus explosera".
"Quoi qu’il arrive, il n’y aura aucun accord tant qu’Israël ne saura pas
clairement ce qu’il gagnera en échange. Et si accord il y a, il sera
soumis au vote du cabinet pour approbation", a promis Netanyahu.
Le président palestinien a répété qu’il refusait toute discussion sur un
autre sujet avant la libération du dernier contingent de prisonniers.
L’éditorialiste vedette du Yediot Aharonot, le quotidien israélien le
plus vendu, juge vains les efforts de M. Kerry, compte tenu de la
mauvaise volonté de MM. Netanyahu et Abbas, selon lui. "Ce n’est pas un
remède que Kerry apporte à cet âpre conflit, c’est tout au plus de
l’aspirine", souligne-t-il.
Selon les médias israéliens, Netanyahu pourrait faire preuve de
souplesse si le président américain Barack Obama consentait à gracier
Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine purgeant
une peine de prison à perpétuité pour espionnage au profit d’Israël, où
il est considéré comme un héros national.
Dans une lettre à Netanyahu, l’ex-soldat Gilad Shalit, ancien captif
du Hamas libéré en 2011 en échange d’un millier de prisonniers
palestiniens, a plaidé pour la libération de Pollard, dont il a comparé
les 29 ans dans une prison américaine à sa propre détention au secret
pendant cinq ans dans la bande de Gaza.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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