Les membres de la commission électorale en Irak ont démissionné
collectivement mardi pour protester contre des ingérences politiques et
judiciaires, plongeant dans la confusion totale les élections
législatives prévues dans un mois dans un pays meurtri par les
violences.
La décision surprise intervient alors que des doutes planaient déjà sur
la capacité de la Haute commission électorale irakienne indépendante
(IHEC) à organiser les élections le 30 avril à travers un pays en proie à
une grave crise politique paralysant quasiment les institutions, alors
que des insurgés contrôlent plusieurs régions, dont une ville aux portes
de Bagdad.
Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, fortement contesté par la
minorité sunnite et accusé par ses détracteurs d’accaparer le pouvoir,
brigue pourtant un troisième mandat.
Selon des responsables, les neuf membres de la IHEC ont présenté leur
démission au Parlement pour protester contre des décisions
contradictoires de la justice et du Parlement sur l’exclusion de
candidats aux élections.
"Conformément à la loi, nous sommes tenus par les décisions de la
justice et du Parlement, mais nous sommes devant une décision juridique
qui veut exclure des candidats et une autre parlementaire qui nous
ordonne de ne pas exclure des candidats", a déclaré à l’AFP le
porte-parole de la IHEC, Safa al-Moussaoui.
"Nous sommes face à deux décisions contradictoires et les deux sont
contraignantes aux termes de la loi. Nous sommes pris au milieu et ne
savons comment agir, alors nous avons décidé de démissionner et nous
attendons l’approbation du chef de la commission", a-t-il ajouté.
Un proche du chef de cette commission indépendante Sarbat Rachid a
affirmé à l’AFP que ce dernier avait appuyé la décision de démissionner.
Selon M. Moussawi, si ce problème n’est pas réglé entre les deux
autorités, "nous ne pourrons pas poursuivre notre travail". "Nous sommes
une institution indépendante mais nous avons besoin d’une couverture
légale".
Les membres de la commission sont irrités par des décisions d’un comité
de juges, nommés par la justice, "qui ont exclu plusieurs candidats
alors que la commission n’avait écarté aucun d’eux", a expliqué une
source diplomatique.
Un autre membre de la commission a affirmé que la démission "avait été
aussi motivée par les ingérences du Parlement".
La démission doit être présentée et approuvée par le Parlement, selon la source diplomatique.
Plusieurs candidats ont été exclus par le comité des juges ces dernières
semaines sur la base de liens présumés avec l’ancien président Saddam
Hussein, renversé après l’invasion américaine en 2003 puis jugé et
exécuté par la justice irakienne.
Une plus grande source de frustration pour la IHEC réside dans
l’exclusion de nombreux candidats sur la base d’une vague clause dans la
loi électorale qui, selon des critiques, stipule que les candidats
doivent avoir "bonne réputation".
Mais le Parlement a imposé à la commission de n’exclure aucun candidat
au casier judiciaire vierge. De plus, ceux qui sont écartés, dont
l’ancien ministre des Finances Rafa al-Issawi, un adversaire de
Maliki, n’ont pas la possibilité de faire appel.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si la démission serait acceptée ou
non, alors que les autorités insistent pour que les élections aient lieu
à la date prévue.
Dans ce contexte de blocage politique, les violences continuent de tuer
dans le pays, où 19 personnes ont péri mardi dont au moins huit dans une
fusillade contre une patrouille militaire au nord de Bagdad, selon des
responsables médicaux et de sécurité.
Les violences en Irak sont alimentées par le conflit en Syrie voisine et
par le mécontentement de la minorité sunnite qui s’estime discriminée
par les forces de sécurité et les autorités, dominées par les chiites.
Depuis le début de l’année, ces violences ont fait plus de 2.100 morts
depuis le début de l’année, selon un décompte de l’AFP. En outre des
insurgés contrôlent toujours la ville de Fallujah, à 60 km à l’ouest de
Bagdad, malgré les tentatives de l’armée pour la rependre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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