Colonnes noires de suie et croisées d’ogives partiellement détruites, le
Krak des Chevaliers, la célèbre citadelle croisée du centre de la Syrie
inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, a souffert de la guerre
entre forces armées et rebelles.
Si la façade extérieure et la majeure partie de l’édifice, datant du 12e
et 13e siècle, semblent intactes, c’est la cour basse qui a été la plus
touchée : des piliers et des arches sont à terre ou noircis par le feu,
et de grosses pierres de l’édifice gisent au sol sans qu’il soit
possible de savoir avec certitude si ces dégâts datent de la prise du
fort jeudi ou de bombardements précédents.
En revanche, la correspondante de l’AFP qui faisait partie d’un groupe
de journalistes invité à se rendre sur place avec l’armée syrienne, n’a
pas vu de traces de balles sur les murs. Seul un panneau indicateur en
métal à l’extérieur du bâtiment est criblé.
Selon le colonel qui accompagne la presse, 700 rebelles vivaient dans le
château où des effets personnels abandonnés témoignent d’une vie
quotidienne bien organisée.
"Nous avons agi de manière à préserver le Krak et à ne pas l’endommager", assure-t-il.
Perchée en haut d’une colline, la citadelle fut construite en 1031 par
les Abbassides mais c’est Tancrède, régent d’Antioche, qui s’en empara
en 1110 et y installa une garnison franque, lors de la première
croisade.
En 1142, le château fut confié à l’ordre des Hospitaliers, qui
construisit plusieurs ouvrages défensifs, et c’est de cette époque que
date le nom de Krak des Chevaliers.
En juillet 2011, quelques mois après le début de la révolte, le fort est
passé aux mains des rebelles. Les habitants sunnites de la ville
d’al-Hosn, où est située la citadelle, s’en sont emparés, puis des
insurgés, notamment libanais, sont venus leur prêter main forte. Outre
les salafistes de Jund al-Cham, des jihadistes du Front al-Nosra s’y
sont installés en grand nombre.
A l’intérieur, une des pièces a été transformée en salle de commandement
et chambre à coucher pour les chefs rebelles : tapis au sol, lits
alignés, meurtrières cachées par des rideaux. Des habits d’homme sont
dispersés dans la pièce. Un coin a été aménagé en cuisine et dans une
petite armoire il y a du riz et de la margarine. Dans une casserole, un
reste de riz et de viande.
A proximité, se trouve une chambre réservée aux femmes, selon
l’officier. Des matelas sont disposés sur le sol, il y a un petit
bureau, des livres religieux, du désinfectant, du henné, une poudre
utilisée pour teindre les cheveux, et des vêtements de femme. La salle
sent encore l’encens.
Dans une cour, des tongs et des bassines pleines de vêtements à laver,
pendant que d’autres sèchent.
Des charges explosives et des obus de mortier sont stockés dans une salle.
Au pied du château, dans le village d’al-Hosn, à 50 km à l’ouest de
Homs, les destructions sont considérables. Les vitrines de magasins sont
brisées, les rideaux de fer où sont écrits des slogans contre le régime
ont été arrachés, et la rue est couverte de bris de verre.
Trois ânes avec leur bât gisent sur la chaussée. Des immeubles sont
perforés par des obus et de la fumée noire s’échappe d’autres bâtiments.
"L’opération a commencé il y a environ un mois. L’armée s’est d’abord
emparée (des localités voisines) d’Azzara et de Chuayhed, puis du
quartier de Midan à l’intérieur de la ville", assure le colonel
escortant les journalistes. "Nous avons pris les rebelles par surprise
en rentrant par l’ouest alors que l’entrée est située à l’est.
L’opération a commencé jeudi à 03H00 (01H00 GMT) et a duré 12 heures".
"Certains ont tenté de fuir vers le Liban mais l’armée a mené plusieurs
embuscades", explique-t-il, évoquant "des morts et des blessés".
Une source militaire avait affirmé que onze rebelles avaient été tués
jeudi en fuyant le Krak des Chevaliers. Selon l’Observatoire syrien des
droits de l’Homme (OSDH), au moins 60 personnes, civils et combattants
rebelles, ont été tuées ou blessées en fuyant la région de Hosn vers le
Liban.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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