Benjamin Netanyahu se rend ce dimanche à Washington pour une
rencontre avec le président américain Barack Obama qui devrait
déterminer de l’avenir du processus de paix au Proche-Orient.
Le séjour du Premier ministre israélien sera dominé par deux questions :
le sort des pourparlers directs avec les Palestiniens, alors que la
date butoir du 29 avril pour parvenir à un projet d’accord se rapproche,
et le dossier nucléaire iranien.
"Obama va presser Netanyahu d’accepter l’accord-cadre sur les
négociations israélo-palestiniennes qui est en cours de rédaction par le
secrétaire d’Etat John Kerry", a indiqué cette semaine le New York
Times, citant de hauts responsables américains.
Les pourparlers de paix, qui ont repris en juillet 2013 après près de
trois ans d’interruption, sont censés déboucher d’ici la fin avril sur
un "accord-cadre" traçant les grandes lignes d’un règlement définitif
portant sur les questions dites de "statut final" : les frontières, les
colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés
palestiniens.
Mais les discussions n’ont pas enregistré d’avancées concrètes et John
Kerry a fait savoir que les discussions entre les deux parties se
poursuivront probablement au-delà des neuf mois impartis.
"La rencontre entre Netanyahu et Obama est cruciale et va déterminer le
cadre des négociations à venir", a déclaré à l’AFP Eytan Gilboa, expert
des relations américano-israéliennes à l’Université Bar Ilan.
"Ce que Kerry et Obama espèrent obtenir est une forme d’approbation du
document par Netanyahu", a-t-il ajouté, prédisant qu’il y avait une
"très bonne chance" que le dirigeant israélien l’approuve plutôt que
d’être tenu responsable de l’échec des négociations.
"Netanyahu est sérieux cette fois-ci", a assuré le commentateur Eli
Bardenstein dans le quotidien Maariv. "Israël ne veut pas être celui qui
fait dérailler les négociations", a-t-il pronostiqué.
Le message principal de "Bibi" Netanyahu est qu’Israël a jusqu’ici fait
preuve de souplesse, et que le moment est venu d’exiger la même chose
des Palestiniens.
"Nous voulons que le processus engagé avec Kerry réussisse mais de toute
évidence cela ne dépend pas seulement de nous", a déclaré à l’AFP un
haut responsable gouvernemental israélien sous couvert de l’anonymat.
"En fin de compte, ce processus n’aboutira que si les Palestiniens sont
disposés à être créatifs et flexibles", a-t-il averti.
Toutefois, les Palestiniens sont opposés à toute prolongation des négociations avec Israël au-delà de l’échéance du 29 avril.
"Il ne sert à rien de prolonger les négociations, ne serait-ce que d’une
seule heure, si Israël, représenté par son gouvernement actuel,
continue à mépriser le droit international", a déclaré jeudi à l’AFP le
négociateur en chef Saëb Erakat.
Le président palestinien Mahmud Abbas, qui doit rencontrer M. Obama le
17 mars à Washington, a récemment pris acte de l’échec "jusqu’à présent"
de la diplomatie américaine, qualifiant d’"inacceptables" les idées
avancées par Washington.
Les Palestiniens rejettent notamment "l’exigence d’une reconnaissance de
la judéité de l’Etat d’Israël comme Etat-nation juif", estimant que
cela reviendrait à renoncer sans contrepartie au "droit au retour" des
réfugiés, ainsi qu’à leur propre Histoire.
Le Premier ministre israélien a fait de cette reconnaissance un élément cardinal d’un accord de paix.
En outre, excipant de ses besoins de sécurité, Israël exige de garder
une présence militaire à long terme dans la vallée du Jourdain, le long
de la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie. Mais les
Palestiniens n’acceptent pas que des soldats israéliens demeurent sur
leur territoire après un accord de paix. Ils accepteraient une force
internationale.
"Une grande partie des discussions en coulisses seront consacrées à ce
qu’il faut donner comme contrepartie à M. Abbas afin qu’il soit en
mesure d’accepter le document (américain), qui ne semble désormais plus
très favorable à son égard", prévoit Nimrod Goren, président du think
tank de politique étrangère israélien Mitvim.
"Les Palestiniens doivent obtenir quelque chose des Américains mais que
peuvent-ils obtenir qui soit acceptable pour Netanyahu",
s’interroge-t-il.
Mardi, Netanyahu sera en mesure de se concentrer pleinement sur la crise
nucléaire iranienne lorsqu’il s’adressera à la conférence annuelle du
principal groupe de pression américain pro-israélien AIPAC (American
Israel Public Affairs Commitee).
"Israël est inquiet de ce qui va se passer après l’accord intérimaire
qui prend fin le 20 juillet et aimerait savoir ce que vont faire les
Etats-Unis", souligne M. Gilboa, en référence à l’accord de six mois
entre Téhéran et les grandes puissances pour faire en partie revenir en
arrière le programme nucléaire iranien en échange d’un allégement limité
des sanctions contre l’Iran. "Netanyahu va peut-être tenter de durcir
l’AIPAC sur la question iranienne (...) afin de maintenir la pression
sur l’administration Obama en ce qui concerne l’Iran", observe Nimrod
Goren.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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