Des hommes armés ont tué samedi six soldats égyptiens au Caire, alors
que les forces de sécurité sont devenues des cibles privilégiées depuis
la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi.
Cette attaque, attribuée par l’armée aux Frères musulmans, intervient
deux jours après une autre ayant coûté la vie à un soldat dans la
capitale.
Depuis la destitution de M. Morsi, arrêté par l’armée en juillet, des
insurgés basés dans le Sinaï ont multiplié leurs attaques contre soldats
et policiers qui ont coûté la vie à plus de 200 d’entre eux.
Les soldats ont été tués samedi dans la banlieue nord du Caire, à Shubra
Al-Kheima, par des assaillants qui avaient également posé deux bombes
avec l’intention de les faire exploser au moment de l’arrivée des
services de secours, a indiqué l’armée dans un communiqué.
Au moment de l’attaque, les soldats "étaient en train de faire leur
prière" à un point de contrôle, a indiqué à l’AFP un porte-parole de
l’armée, le colonel Ahmed Ali.
Le ministère de la Santé a fait état d’un bilan de six soldats tués.
La télévision a diffusé des images montrant des démineurs militaires faisant exploser une bombe sans incident.
Selon une chaîne de télévision privée, citant un responsable du
ministère de l’Intérieur, l’une des bombes avait été posée près du
cadavre d’un soldat.
Une vingtaine de civils ont manifesté près des lieux de l’attentat,
scandant "soit nous leur faisons justice, soit nous mourrons comme eux".
La majorité des violences visant les forces de l’ordre depuis
l’arrestation de Morsi ont eu lieu dans la péninsule du Sinaï, mais ces
derniers mois, elles se sont étendues à la région du Delta du Nil et à
la capitale.
Les principaux attentats, dont une voiture piégée lancée sur un QG de la
police au Caire et un hélicoptère abattu dans le Sinaï en janvier, ont
été revendiqués par le groupe jihadiste Ansar Beit al-Maqdess, disant
s’inspirer d’Al-Qaïda et basé dans la péninsule.
Mais le nouveau pouvoir dirigé de facto par l’armée attribue les
violences aux Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait
remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début
2011. La confrérie, qui a renoncé aux armes il y a des décennies, a
démenti toute implication.
Après l’attaque samedi, l’armée a affirmé qu’"un groupe armé appartenant
au groupe terroriste des Frères musulmans a attaqué un point de
contrôle de la police militaire, tuant cinq appelés".
Après la destitution de M. Morsi, le seul président jamais élu
démocratiquement en Egypte, les autorités ont lancé une féroce campagne
de répression, tuant près de 1400 manifestants pro-Morsi selon Amnesty
International, et emprisonnant des milliers d’islamistes, des Frères
musulmans pour l’immense majorité.
L’ex-président est sous le coup de trois procédures judiciaires et les
Frères musulmans ont été classés comme "groupe terroriste" en décembre
par les autorités installées par l’armée, après un attentat suicide
contre le quartier général de la police ayant fait 15 morts à Mansoura,
dans le Delta du Nil, pourtant revendiqué par Ansar Beit al-Maqdess, le
plus actif des groupes jihadistes en Egypte.
Ce groupe affirme mener des attentats en représailles à la répression contre les partisans de M. Morsi.
Samedi, il a annoncé que l’un de ses fondateurs, Tawfiq Mohamed Fareej,
avait été tué il y a quelques jours lorsque la charge explosive qu’il
transportait a été déclenchée lors d’un accident de la route.
L’armée a lancé à la mi-2013 une vaste offensive dans la péninsule du
Sinaï pour en déloger les islamistes extrémistes et affirme
régulièrement avoir arrêté ou tué des "terroristes".
Selon des analystes, les jihadistes se sont adaptés en menant des
attaques moins fréquentes mais plus dispersées à travers le pays.
Certains membres des Frères musulmans, dont la hiérarchie a été
décapitée par la répression, pourraient en outre avoir décidé de former
des cellules d’activistes prenant pour cible la police.
(15-03-2014)
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