"Non au 4e mandat", c’est sous ce slogan que plusieurs centaines de
personnes ont défilé dans le calme samedi à Alger pour protester contre
un nouveau mandat d’Abdelaziz Bouteflika et pour un changement de
système, les plus importantes manifestations depuis l’annonce de la
candidature du président. Trois cortèges différents ont manifesté, dont
le plus important a rassemblé quelque 600 personnes du mouvement Barakat
("Ça suffit"). Sur les banderoles s’affichaient les slogans "Barakat au
pouvoir des services de renseignements", "Barakat la mascarade
électorale". Contrairement aux manifestations de la semaine précédente,
les forces de l’ordre ne sont pas intervenues. Elles ont toutefois
encerclé les manifestants pour les empêcher de couper la circulation de
la rue Didouche Mourad, principale artère d’Alger-centre.
Selon le journaliste et écrivain Mustapha Benfodil, membre fondateur de
Barakat, cette nouvelle tolérance s’explique car "le pouvoir a été gêné
par les images des interpellations qui ont fait le tour du monde".
"J’espère qu’ils ont compris que ces gens-là (les manifestants, NDLR)
sont tout sauf des casseurs", a-t-il ajouté. "Comment Bouteflika peut-il
encore diriger le pays ?" s’interrogeait un autre manifestant, le Dr.
Tayeb Daifallah, affirmant qu’"en tant que médecin, [il était] très bien
placé pour dire que l’état de quelqu’un qui a passé deux mois au
Val-de-Grâce ne peut être que très grave". Abelaziz Bouteflika, 77 ans,
est très amoindri par un AVC qui l’a maintenu hospitalisé 80 jours à
Paris l’an dernier.
Au même moment, deux autres manifestations de quelques dizaines de
personnes avaient lieu, dont l’une à l’initiative du "Front de refus de
la corruption". Ce nouveau mouvement, qui regroupe les familles des
disparus de la guerre civile des années 90 et le Comité de défense des
chômeurs, était venu "réclamer les droits des victimes de l’injustice".
Non loin de là, un troisième cortège d’une quarantaine d’anciens
réservistes rappelés par l’armée durant la guerre civile réclamait des
indemnités.
À l’autre bout de la capitale, dans l’enceinte du stade du 5 juillet,
quelque 3 000 partisans du président Bouteflika assistaient à une
"rencontre nationale pour la sensibilisation des jeunes au vote". Des
organisations estudiantines pro-Bouteflika ont pris la parole en
présence notamment de l’ex-Premier ministre tout juste promu directeur
de campagne, Abdelmalek Sellal, après la diffusion d’un long
documentaire sur les réalisations du président candidat.
Abdelmalek Sellal a ensuite salué le bilan du président et promis de
nouvelles mesures en faveur des étudiants, tout en louant la stabilité
de l’Algérie face au Printemps arabe. "Le Printemps arabe est un
moustique".
Nous avons pu fermer la porte pour qu’il n’entre pas, et,
si jamais il essayait de rentrer, nous le combattrons au Fly Tox", une
bombe aérosol anti-moustique utilisée localement, a-t-il clamé.
(15-03-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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