lundi 17 mars 2014

Algérie : Abdelaziz Bouteflika... et les autres

Le Conseil constitutionnel a tranché. Ils sont six candidats, dont le président sortant, à avoir été retenus pour briguer la fonction suprême le 17 avril prochain. La campagne présidentielle doit commencer le 23 mars pour s’achever le 13 avril. Si Abdelaziz Bouteflika demeure l’archi-favori de ce scrutin que certains qualifient de "joué d’avance", ses adversaires ne sont pas d’illustres inconnus, certains bénéficiant même d’une relative popularité auprès de la population. Portraits.

À 77 ans, dont 15 au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika, apparaît comme le favori pour briguer un quatrième mandat consécutif. Ministre des Sports et du Tourisme à seulement 25 ans, puis chef de la diplomatie algérienne pendant 16 ans, cet ancien officier de l’Armée de libération nationale a été élu à la présidence en 1999. Président d’honneur du Front de libération nationale (FLN), il a partiellement réussi à faire rentrer l’armée dans ses casernes, même si la relève a été assurée par le puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS). Mais son principal fait d’armes reste le plébiscite, par référendum en 1999, de la loi de la Concorde civile, qui permet une amnistie partielle des islamistes n’ayant pas de sang sur les mains, à condition qu’ils renoncent à la lutter armée. Malade depuis 1995, Abdelaziz Bouteflika a été victime en 2013 d’un AVC pour lequel il a été hospitalisé durant 80 jours en France. En dépit de son état de santé, il bénéficie de la machine électorale des deux principaux partis au pouvoir - FLN (présidentiel) et RND (Rassemblement national démocratique du président du Sénat Abdelkader Bensalah).

Ali Benflis est avant tout un homme du sérail. Ancien ministre de la Justice nommé en 1988, ce magistrat de formation a été en 1999 le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika. En récompense, le président algérien le nomme en 2000 chef du gouvernement. Quatre ans plus tard, l’élève, devenu secrétaire général du FLN, affronte le maître à la fonction suprême. L’échec est cuisant. Ali Benflis arrive deuxième, en ne recueillant que... 6,42 % des voix. S’ensuit une longue traversée du désert. Dix ans plus tard, il réapparaît à la faveur du scrutin de 2014. Âgé de 69 ans, Ali Benflis bénéficie d’un soutien croissant auprès d’un monde politique lassé par 15 ans de pouvoir du président Bouteflika. Mais cela sera-t-il suffisant ?

Louisa Hanoune est la première femme à s’être présentée à la fonction suprême, en 2004. Féministe et membre d’un parti clandestin d’extrême gauche, l’Organisation socialiste des travailleurs, elle est arrêtée en 1986 et passe six mois en prison, où elle est torturée. L’arrivée du multipartisme en 1989 lui permet de fonder le Parti des travailleurs, qui compte 24 députés à l’Assemblée et dont elle est toujours la secrétaire générale. Défense des travailleurs, des femmes et des Palestiniens, son programme est très marqué à gauche. Très appréciée dans le pays, mais n’ayant jamais dépassé les 5 % des suffrages, Louisa Hanoune brigue la présidence algérienne pour la troisième fois consécutive.

Moussa Touati est le président du Front national algérien, un parti nationaliste conservateur créé en 1999 et qui compte neuf députés (dont trois femmes) à l’Assemblée populaire nationale. À 60 ans, cet ancien fonctionnaire de police a déjà représenté son parti lors de la présidentielle de 2009, obtenant 2,31 % des suffrages.

Il estime le scrutin joué d’avance.

À 59 ans, Ali Fawzi Rebaïne se présente à sa troisième présidentielle consécutive. "La participation est ma manière de lutter", déclare néanmoins le président d’Ahd 54, un parti fondé en 1991 se revendiquant des principes de la guerre d’indépendance. Emprisonné à plusieurs reprises dans les années 1980, ce défenseur des droits de l’homme, également opticien, participe en 1988 à la création du Comité national contre la torture.

Personne ne tablait sur sa présence. Pourtant, malgré ses 50 ans, Abdelaziz Belaid a bien été retenu par le Conseil constitutionnel algérien, devenant par là même le cadet des candidats à la présidentielle. En 1986, l’homme devient le plus jeune membre du comité central du FLN. Il a alors 23 ans. Député de 1997 à 2007, cet ancien soutien d’Ali Benflis quitte en 2012 le parti au pouvoir pour fonder le Front El Moustakbal (Front de l’avenir). Relativement inconnu du public, médecin de profession, Abdelaziz Belaïd compte bien tirer son épingle du jeu.

La campagne présidentielle doit commencer le 23 mars pour s’achever le 13 avril.

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