Les Égyptiens sont appelés à voter mardi pour élire leurs députés dans le dernier tiers du pays, un scrutin capital dominé de manière écrasante par les formations islamistes. Pour cette première élection de l’après-Moubarak, les bureaux de vote doivent ouvrir à 8 heures locales dans 9 des 27 gouvernorats du pays pour permettre à près de 15 millions d’électeurs inscrits de choisir leurs élus sur deux jours. Le vote complexe prévoit l’élection des deux tiers des députés suivant un système proportionnel de listes, le tiers restant étant élu au scrutin uninominal pour lequel un second tour aura lieu les 10 et 11 janvier.
L’élection a commencé le 28 novembre, avec notamment les deux premières villes du pays, Le Caire et Alexandrie. Les résultats enregistrés jusqu’à présent se traduisent par une domination sans appel des islamistes, qui recueillent environ 65 % des voix toutes tendances confondues. Parmi eux, les Frères musulmans, première force politique, qui réalisent plus de 36 % des voix. Ils sont suivis par les salafistes, des fondamentalistes dont la percée constitue la grande surprise du scrutin.
Ces résultats reflètent la poussée des islamistes lors de scrutins dans d’autres endroits d’une région du monde en plein bouleversement politique depuis un an. Cette évolution a relancé les inquiétudes des partis libéraux égyptiens, jusqu’à présent laminés dans les urnes, ainsi que parmi la communauté chrétienne. Cette troisième et dernière zone de vote pour l’Assemblée du peuple (chambre des députés), comprend notamment le Sinaï, région instable frontalière avec Israël et la bande de Gaza, qui abrite aussi de vastes complexes touristiques en pleine crise, comme Charm el-Cheikh.
Des gouvernorats de Haute et Moyenne-Égypte à forte population chrétienne copte, comme Minya ou Qena, sont appelés à voter dans un climat marqué ces derniers mois par de multiples tensions avec la population musulmane. D’anciens partisans du président déchu Hosni Moubarak, surnommés les "felouls" (vestiges), forts de leurs réseaux clientélistes locaux, pourraient aussi tenter de se faire élire comme "indépendants" ou au titre de nouveaux partis dans des régions rurales. Les opérations de vote proprement dites se sont déroulées jusqu’à présent sans incident majeur.
Le pays a toutefois connu en novembre et en décembre deux vagues de contestation, dans la rue, du pouvoir militaire en place depuis le départ de Hosni Moubarak. La répression de ces manifestations, principalement place Tahrir au Caire, a fait des dizaines de morts. Des perquisitions par la police et la justice dans les locaux d’organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits égyptiennes et étrangères, dont trois américaines et une allemande, la semaine dernière, ont provoqué de nombreuses critiques. Certaines de ces organisations, accusées d’être financées illégalement par l’étranger, étaient chargées de participer à la surveillance du processus électoral en cours.
L’élection des députés doit être suivie à partir du 29 janvier de celle de la chambre haute consultative du Parlement, la Choura. L’armée a toutefois annoncé dimanche une réduction de la période de l’élection de cette sorte de Sénat, qui se terminera le 22 février, au lieu du 11 mars. Cette réduction de l’élection législative-marathon égyptienne permettra de démarrer plus vite l’étape essentielle de la désignation par le Parlement d’une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution. L’Égypte doit également connaître avant la fin du mois de juin une élection présidentielle, à l’issue de laquelle les militaires ont promis de remettre les rênes du pays à un pouvoir civil.
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