samedi 30 avril 2016

Israël/Palestine : "Je suis un Arabe palestinien, c’est mon identité nationale. Et je suis aussi un citoyen d’Israël." (Ayman Odeh)

Ayman Odeh, 41 ans, chef du Hadash, le Parti communiste juif et arabe, est le leader de la Liste arabe unie, devenue la troisième force politique du pays en obtenant 13 sièges aux dernières élections législatives. Rencontre à Haïfa, sa ville natale, au pied du mont Carmel, où vit sa famille depuis trois cents ans.

Quel est votre état d’esprit alors que les tensions sont de plus en plus vives non seulement entre Palestiniens et Israéliens, mais entre les deux communautés, juive et arabe, au sein d’Israël ?
Nous vivons à l’heure des fanatismes. Si on ose dire que ce pays est celui de tous les citoyens, on vous regarde comme un extrémiste et vous êtes harcelé très durement. Sans doute, il ne s’agit pas d’un Etat qui pratique l’apartheid : les simples faits que je siège à la Knesset avec les 12 autres membres de la Liste arabe unie et l’existence de la Cour suprême en constituent des preuves tangibles. Néanmoins, les Palestiniens d’Israël (20 % de la population) sont confrontés au racisme et à la discrimination. Quel est le seul facteur de lutte contre le racisme ? La démocratie. C’est un combat commun. Les juifs et les Arabes doivent le mener ensemble, car je crois fermement en un Etat moral. Il ne peut y avoir de combat séparé. Je vis dans une ville mixte, Haïfa, où juifs et Arabes mènent encore une existence commune. C’est la ville la plus saine d’Israël. Personne, ici, ne peut dire que nos deux peuples ne peuvent pas vivre ensemble. Le problème, ce n’est pas nos peuples, mais le gouvernement qui alimente le feu de la haine.

L’islamisme, aussi, est vecteur de haine. Comment le combattez-vous ?
Mais il s’est produit un phénomène extraordinairement positif ! Nous siégeons ensemble au sein d’une liste arabe unie. Com munistes, islamistes, nationalistes, modérés, sont réunis autour des mêmes objectifs. Il faut réaliser ce que cela signifie aujourd’hui, au Moyen-Orient, où tout le monde se déchire. C’est en soi une victoire formidable : nous, Arabes, avons été capables de dire stop aux conflits internes. Je suis un Arabe palestinien, c’est mon identité nationale. Et je suis aussi un citoyen d’Israël. Le lendemain des élections qui ont fait de notre liste la troisième force politique du pays, nous sommes allés voir tous les ministres et nous leur avons demandé de nous donner nos droits. Nous avons été capables d’influencer des décisions économiques sur le sous-développement des zones où vit notre minorité. Nous nous battons pour qu’elles soient mises en application au plus vite. Il s’agit notamment de réduire les disparités dans les transports publics : 40 % des nouveaux crédits alloués aux villes arabes y seront consacrés. C’est du concret, pas de l’idéologie.

Je reviens sur la question de la violence qui reste présente : l’idéologie extrémiste, l’influence de Daech, ne risquent-elles pas de saper les bases de votre combat ?
Patience ! Aux Etats-Unis, il y avait Malcolm X mais aussi Martin Luther King. La réalité, c’est que 88 % de la population arabe a voté pour notre liste arabe unie. Qui essaie de nous pousser vers l’extrémisme ? Le gouvernement ! Bien sûr, que nous sommes affectés par la détérioration de la situation dans les Territoires. Au moment des accords d’Oslo, en 1993, il y avait un mieux très sensible. Et puis, allons au fond des choses, nous ne sommes pas seulement une minorité nationale, c’est notre patrie ! Nous ne sommes pas venus vers l’Etat d’Israël : c’est l’Etat d’Israël qui est venu à nous. Et, à partir de 1967, l’Etat a occupé des territoires. Or, l’occupation fait d’abord souffrir les Palestiniens et ensuite la société israélienne. Elle la métamorphose en une société violente et raciste. Je crois qu’un peuple qui en occupe un autre ne peut pas être libre. Je préfère la résistance pacifique, mais je comprends que les Palestiniens décident de leur façon de résister.

Avec les couteaux, les attentats ?
Je suis et je serai toujours contre le meurtre des civils innocents. Tout mon parcours témoigne de la valorisation des idées pacifistes. Et mon combat de député palestinien d’Israël, c’est de l’intérieur de cette société que je le mène. Par exemple, pourquoi y a-t-il des villes et des villages où nous ne pouvons pas nous installer ? Pourquoi dans des villages qui existaient avant l’Etat – ceux qui n’ont pas été détruits – n’y a-t-il ni eau ni électricité ? C’est le cas d’Oum al-Hiram, dans le Néguev, dont la population refuse d’être expulsée. Quarantedeux autres villages sont dans le même cas, on les qualifie d’illégaux. Nous voulons les faire reconnaître. C’est ainsi que l’on désamorce la tentation de la violence : par la réparation et l’égalité. La paix, la démocratie et la justice sociale constituent les objectifs communs aux deux peuples de cette terre.

Que pensez-vous de la campagne pour le boycott d’Israël ?
Boycotter les produits des colonies est une décision morale. Je la soutiens. Mais pas question d’être contre les juifs et contre l’Etat d’Israël. Je fais partie de cet Etat, je siège à la Knesset. Je ne peux donc pas soutenir mon propre boycott. C’est l’occupation qu’il faut combattre, pas l’Etat.

(Propos recueillis par Martine Gozlan, de Marianne, du 29 avril au 05 mai 2016)

Maroc/Sahara Occidental: Le Conseil de sécurité relance la mission de l'ONU

Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon en visite dans un camp de réfugiés sahraouis sur le territoire disputé du Sahara occidental, le 5 mars 2016  (Afp)

Le Conseil de sécurité a adopté vendredi, malgré des divisions, une résolution présentée par les Etats-Unis et prolongeant jusqu'à fin avril 2017 la mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso), objet d'une vive querelle entre Rabat et les Nations unies.
Le Conseil de sécurité "déplore que la capacité de la Minurso de s'acquitter pleinement de son mandat ait été limitée" après l'expulsion par le Maroc de dizaines de membres civils expatriés de la mission. Et il "souligne qu'il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions", selon le texte de la résolution.
Celle-ci a été soutenue par dix des 15 pays membres du Conseil de sécurité. Le Venezuela et l'Uruguay ont voté contre tandis que la Russie, l'Angola et la Nouvelle-Zélande se sont abstenus.
La Chine, le Royaume-Uni, la France et l'Espagne ont soutenu la résolution avec l'Ukraine, le Japon, l'Egypte, la Malaisie et le Sénégal.
Irrité par des propos du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui évoquait "l'occupation" du Sahara occidental par le Maroc, Rabat a expulsé 75 des membres civils expatriés de la mission en mars. Selon l'ONU, il ne reste sur place que 28 experts civils, ce qui empêche la Minurso de remplir son mandat, qui devait s'achever ce mois-ci.
Rabat considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire tandis que le Front Polisario revendique son indépendance.
Les débats ont été intenses avant le vote du Conseil, plusieurs pays membres estimant notamment que la résolution n'était pas assez ferme face au Maroc.
Le texte laisse un délai de trois mois au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour faire savoir au Conseil s'il estime que la mission a été rétablie dans sa pleine capacité. Si ce n'est pas le cas, le Conseil entend "examiner les meilleurs moyens pour parvenir à cet objectif", selon le texte.
Les négociations ont été "difficiles et contestées. C'est un euphémisme" de le dire, a noté l'ambassadeur des Etats-Unis, Samantha Power.
Qualifiant la résolution de "partiale", le représentant de l'Angola auprès des Nations unies, Ismael Gaspar Martins, a ainsi estimé que le Conseil aurait dû demander que la mission soit relancée "immédiatement et sans pré-conditions".
"Si ça avait été un pays plus faible qui ne compte pas des amis au Conseil de sécurité, celui-ci n'aurait pas hésité à imposer des sanctions", a renchéri l'ambassadeur du Venezuela Rafael Ramirez.
La France, l'Espagne et le Sénégal se sont eux montrés plus réceptifs aux inquiétudes du Maroc.
L'ambassadeur français Francois Delattre a défendu la résolution, la jugeant "équilibrée". "L'objectif est désormais de créer les conditions qui permettront de retrouver un climat plus apaisé" pour les discussions sur la relance de la mission.
Le représentant à l'ONU du Front Polisario, Ahmed Boukhari, a lui accusé la France d'avoir bloqué l'adoption d'une résolution plus ferme.
"Ces gens ont été expulsés en deux jours, ils peuvent revenir en deux jours. Pourquoi trois mois ? C'est la faute de la France selon nous", a-t-il déclaré.
L'ambassadeur du Maroc, Omar Hilale, s'est lui contenté de dire que son gouvernement avait "pris note" de la résolution et allait l'étudier.
Certains pays craignent que d'autres Etats hôtes de missions de l'ONU, comme la République démocratique du Congo ou le Soudan, veuillent à leur tour se débarrasser de leurs Casques bleus.
La Minurso a été déployée en 1991 dans cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975, pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un referendum d'autodétermination.

Maroc: Démantèlement d'une cellule de Daesh selon le ministre de l'Intérieur

Le ministère marocain de l'Intérieur a annoncé vendredi le démantèlement d'une "cellule terroriste" composée de trois personnes qui avait reçu du groupe jihadiste Daesh qui s'est autoproclamé Etat islamique (EI) des consignes pour établir une branche de l'organisation dans le nord du Maroc.
"Le Bureau central d'investigation judiciaire (...) a réussi à démanteler une cellule terroriste le 29 avril 2016, composée de trois individus opérant dans la ville de Nador (nord-est) et partisans de ce qu'on appelle l'Etat islamique", affirme le ministère dans un communiqué publié à la mi-journée.
"Les suspects ont reçu des consignes de la part de dirigeants de Daesh pour l'établissement d'un +émirat+ (de l'EI) dans le nord du royaume qui se chargerait de préparer une série d'attentats suicide à l'aide de voitures piégées contre des cibles vitales et sensibles du royaume, avec l'appui logistique du groupe terroriste", ajoute le texte utilisant l'acronyme arabe de l'EI.
Les trois suspects comparaîtront devant la justice dès la fin de l'enquête en cours sous la supervision du Parquet.
Le ministère de l'Intérieur avait annoncé fin mars le démantèlement d'"une cellule terroriste" composée de neuf personnes liées à l'EI en Libye et qui s'apprêtait à mener des "attentats terroristes" dans le royaume.
Début 2016, le directeur du Bureau central d'investigation judiciaire, Abdelhak Khiame, avait déclaré à la presse que "la Libye était la terre de choix pour les jihadistes en Afrique du Nord, car Daesh s'y est implanté (...), ce qui constitue une menace pour la région du Maghreb arabe, et les pays de la Méditerranée".
Les autorités marocaines ont multiplié ces derniers mois les annonces sur des démantèlements de cellules liées à Daesh et l'arrestation de recruteurs présumés pour le compte de ce groupe.
Selon elles, plus de 152 "cellules terroristes" ont été démantelées depuis 2002, dont 31 depuis le début de 2013, ayant des liens étroits avec les groupes extrémistes opérant en Irak et en Syrie.
Un institut spécialisé dans le renseignement avait indiqué en décembre que le nombre de combattants jihadistes présents en Syrie et en Irak avait doublé en un an et demi s'élevant à au moins 27.000.
Parmi eux, 8.000 sont originaires du Maghreb, la Tunisie restant de loin le premier pays de cette région avec 6.000 jihadistes en Syrie et en Irak, d'après Soufan Group.

(29-04-2016)

Libye: Le gouvernement d'union veut une bataille nationale contre l'EI

Les forces libyennes montent la garde devant le ministère des Affaires étrangères à Tripoli, le 25 avril 2016 (Afp)

Le gouvernement d'union en Libye développe une stratégie pour "anéantir" les jihadistes de l'Etat islamique (EI), une bataille qui devra être menée par les Libyens et non par des forces étrangères, selon le Premier ministre.
"Nous avons commencé concrètement à mettre en place une stratégie et un projet national pour mettre fin au fléau" de l'EI, a déclaré jeudi soir tard le Premier ministre désigné de ce gouvernement d'union, Fayez al-Sarraj dans un discours télévisé.
Il a souligné que Daesh devra être "anéanti par les Libyens et non par une (...) intervention étrangère".
L'organisation extrémiste a profité du chaos dans lequel est plongée la Libye depuis la chute du dictateur Muammar Kadhafi en 2011 pour s'implanter dans ce pays riche en pétrole.
Elle a établi sa base dans la ville portuaire de Syrte, à quelques centaines de kilomètres des côtes de l'Europe, et mène régulièrement des attaques pour étendre son territoire.
Selon des sources françaises et américaines, l'EI compte 3.000 à 5.000 combattants en Libye, dont des centaines de Tunisiens, Soudanais, Yéménites ainsi que des Nigérians de Boko Haram, qui s'entraînent pour mener des attaques dans d'autres pays.
Les Européens se sont déclarés prêts à aider le gouvernement d'union à lutter militairement contre l'EI, éventuellement par une campagne de frappes aériennes comme en Syrie ou en Irak.
Jeudi, le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, s'est dit favorable à une levée de l'embargo sur les armes en faveur du gouvernement d'union, notamment pour lutter contre "le terrorisme".
Cet embargo, décidé par les Nations unies en 2011, a été violé à maintes reprises.
M. Sarraj a insisté lui sur la nécessité d'une action concertée "pour anéantir Daesh (acronyme de l'EI en arabe) à Syrte (...) avec la participation de tous" les Libyens.
Une déclaration destinée à toutes les milices et factions armées toujours actives malgré l'installation de ce gouvernement d'union à Tripoli le 30 mars.
Soutenu par l'ONU ainsi que par les Européens, les Américains et des pays voisins d'Afrique du Nord, cet exécutif n'a toujours pas obtenu le vote de confiance du Parlement libyen basé dans l'est du pays.
Une partie des membres de ce Parlement reste liée à une autorité parallèle qui est encore en place dans l'est, avec des forces armées qui lui sont loyales, notamment sous le commandement du général controversé Khalifa Haftar.
Le gouvernement d'union craint que ce dernier ne lance une offensive unilatérale contre l'EI à Syrte, ce qui pourrait donner lieu à des affrontements entre les différents groupes armés, susceptibles "d'entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile".
"Notre guerre (contre l'EI) n'est pas au nom de, ni par loyauté envers des personnes ou des groupes politiques ou idéologiques, mais c'est une guerre au nom de la Libye et par loyauté envers la patrie", a insisté M. Sarraj.
Il a fait état de "contacts avec tous les commandements militaires (...) dans l'est, l'ouest et le sud pour (...) mettre en place les dispositions nécessaires au lancement de l'opération pour la libération de Syrte".
Jeudi, le conseil présidentiel, un organe composé du Premier ministre et des vice-Premiers ministres, avait annoncé la création d'un commandement militaire conjoint pour coordonner la bataille contre l'EI.
Il avait appelé l'ensemble des forces armées à attendre ses instructions avant toute offensive.
Par ailleurs, tirant un bilan de ses premiers 30 jours, le Premier ministre désigné a réaffirmé sa détermination à résoudre les difficultés que connaissent les Libyens au quotidien, notamment la cherté de la vie, la pénurie de liquidités et l'inefficacité des services publics.
Il a souligné qu'en deux semaines, le gouvernement d'union avait pris le contrôle des sièges de huit ministères.
"Les défis sont réels et doivent être relevés mais nous parions sur le soutien" du peuple, a-t-il dit.

(29-04-2016)

Syrie: Accord américano-russe pour un arrêt des combats sur deux fronts


De la fumée au-dessus d'Alep après des bombardements, le 29 avril 2016 (Afp)

Un accord américano-russe prévoyant un arrêt des combats sur deux fronts en Syrie mais excluant la ville d'Alep, en proie à de violents combats, entrera en vigueur samedi à l'aube, ont annoncé vendredi des sources américaines, syriennes et russes.
Une trêve entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles était entrée en vigueur le 27 février à l'initiative des Etats-Unis et de la Russie mais a volé en éclats ces derniers jours, avec notamment d'intenses combats à Alep, la grande ville du nord du pays.
L'accord rendu public vendredi porte sur deux fronts: le nord de la région de Lattaquié, un fief du régime dans l'ouest du pays, et la Ghouta orientale, une région rebelle à l'est de Damas.
"La persistance des violations dans le nord de Lattaquié et dans la Ghouta orientale est inacceptable et dommageable", a indiqué Michael Ratney, l'envoyé spécial américain pour la Syrie, dans un communiqué.
"Aussi, les gouvernements américain et russe agissent en vue d'un nouvel engagement de cessation des hostilités par toutes les parties à partir de samedi", a-t-il dit.
Selon lui, les combats devraient cesser à 00H01 locales (vendredi 22H01 GMT).
Cependant à Alep où, selon les Etats-Unis, "la persistance des attaques et violations sont inacceptables, les deux pays ne sont pas arrivés à un accord", a-t-il dit.
"Nous discutons avec la Russie pour arriver rapidement à un accord afin de réduire la violence dans cette région aussi", a-t-il ajouté.
Pour sa part, l'agence publique russe Ria Novosti, a affirmé que la Russie et les Etats-Unis s'était mis d'accord sur "l'introduction d'un processus de détente dans la partie nord de Lattaquié et les banlieues de Damas à partir de (vendredi) minuit.
"A partir de samedi à 00H01 à l'aube entrera en vigueur une détente qui comprend les régions de la Ghouta orientale et Damas et celles du nord de la province de Lattaquié", a annoncé pour sa part le commandement de l'armée syrienne.
Une source de sécurité syrienne a affirmé à l'AFP que les Américains avaient demandé que la ville d'Alep, où plus de 200 personnes sont mortes dans des bombardements en une semaine, soit incluse dans l'accord, "mais les Russes ont refusé".
Les bombardements ont encore tué vendredi plus de 20 civils à Alep, la deuxième ville de Syrie divisée entre secteurs contrôlés par le régime et d'autres aux mains des insurgés depuis 2012.
Dans le nord-est de la province côtière de Lattaquié, des combats opposent depuis des semaines les troupes du régime aux rebelles. En outre, l'armée et ses alliés tentent de progresser dans la Ghouta orientale, région considérée comme le réservoir de la rébellion près de la capitale.

(29-04-2016)

jeudi 28 avril 2016

Israël/Palestine : L'Etat hébreu bloque le ciment pour la Bande de Gaza, reconstruction de 1000 logements suspendue

Des Palestiniens sur le chantier de construction d'une mosquée à Gaza, le 23 avril 2016 (Afp)

L'aide à la reconstruction de logements pour plus d'un millier de familles de la bande de Gaza est suspendue en raison du manque de matériaux, ont indiqué vendredi les Nations unies, Israël bloquant les arrivées de ciment.
Israël a suspendu les importations de ciment dans la Bande de Gaza au début du mois en affirmant qu'une partie de ce ciment avait été détourné.
Cette interdiction a provoqué une telle pénurie que la plupart des travaux de reconstruction de logements détruits durant la guerre avec Israël ont été interrompus, a affirmé le bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires.
"Les organisations qui fournissent une aide ont dû suspendre leur contribution financière pour la réparation de logements de plus de 1370 familles en raison de la rareté (du ciment) et des fortes hausses des prix", a ajouté cet organisme dans un communiqué.
"De plus, les paiements pour 1.550 familles qui devaient commencer à reconstruire ont été retardés à la suite du manque de ciment disponible", a également indiqué l'ONU.
L'importation de ciment est vitale pour la Bande de Gaza depuis la guerre dévastatrice de 2014 menée par Israël contre les islamistes palestiniens du Hamas, qui contrôlent l'enclave.
Israël accuse le Hamas d'utiliser le ciment pour construire des tunnels et a imposé ce mois-ci une interdiction d'importation en affirmant que le directeur adjoint du ministère de l'Economie, Imad al-Baz, se livrait à des détournements de ciment. Ce responsable a rejeté ces accusations.
L'envoyé spécial de l'ONU Nickolay Mladenov a déclaré que tous ceux qui font un usage inapproprié du ciment "volaient leur propre peuple et aggravaient les souffrances endurées par la population de Gaza".
Plus de 75.000 personnes dont les logements ont été détruits ou sévèrement endommagés sont toujours dans la catégorie des "personnes déplacées", selon l'ONU.
Un blocus imposé par Israël restreint sévèrement le mouvement des personnes et des biens dans la bande de Gaza, tandis que l'Egypte a maintenu fermée la plupart du temps sa frontière avec l'enclave depuis 2013.

(28-04-2016)

Irak : Le vice-président américain en visite sur fond de crise politique

Le vice-président américain Joe Biden est arrivé jeudi à Bagdad pour une visite surprise au moment où l'Irak traverse une crise politique qui pourrait affecter la lutte contre les jihadistes du groupe Daesh qui s'est autoproclamé Etat islamique (EI).
"Le vice-président est arrivé en Irak où il rencontrera des responsables irakiens afin d'encourager l'unité nationale et la poursuite de la lutte contre l'EI", a indiqué la vice-présidence américaine dans un communiqué.
Peu après son arrivée, M. Biden s'est entretenu avec le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, a indiqué un communiqué du chef du gouvernement.
La visite de M. Biden intervient dans un contexte de turbulences pour l'Irak alors que M. Abadi tente depuis plusieurs semaines de faire approuver par le Parlement un nouveau gouvernement composé de technocrates qui pourra, selon lui, mener de manière plus efficace des réformes cruciales pour lutter contre la corruption.
Mardi, le Parlement a approuvé seulement une partie des candidats proposés lors d'une séance houleuse qui a vu des députés jeter des bouteilles en direction du Premier ministre.
Un certain nombre de partis et de politiciens redoutent la disparition de l'attribution des ministères sur une base politique qui leur assurait de nombreux avantages.
Des milliers de partisans de l'influent chef religieux chiite Moqtada al-Sadr ont de leur côté manifesté ces derniers jours devant la Zone verte à Bagdad afin d'apporter leur soutien aux réformes.
La confusion au Parlement a discrédité un peu plus les responsables politiques, considérés par les Irakiens comme corrompus et suivant uniquement leurs intérêts personnels.
Les Etats-Unis craignent que cette crise "ne détourne" les autorités de la lutte contre l'EI "qui constitue "la véritable menace" pour les Irakiens, selon un haut responsable américain en marge de cette visite.
Daesh contrôle encore de vastes pans du territoire dont la deuxième ville du pays Mossoul malgré l'avancée des forces irakiennes appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Quelque 40% du territoire de Daesh en Irak et 15% de celui en Syrie ont été repris aux jihadistes, et des dizaines de milliers de combattants ont été chassés du champ de bataille, a affirmé ce responsable américain, ajoutant que l'organisation radicale sunnite avait perdu trois de ses principaux dirigeants au cours des derniers mois ainsi que d'importantes ressources matérielles.
"Sur le plan militaire, la période est clairement en faveur de la coalition anti-EI", a-t-il soutenu.
Mais cette dernière doit encore lancer l'offensive pour reprendre la ville de Mossoul, nécessitant une coordination entre les forces kurdes et irakiennes.
Washington insiste sur la nécessité "d'un plan clair" pour cette offensive. "Ce que nous ne voulons pas, c'est une course vers Mossoul de différentes forces qui finiraient par se marcher sur les pieds ou se combattre", a souligné ce responsable.
Les Etats-Unis n'ont pas évoqué de date pour la reconquête de la ville, se bornant à préciser: "Nous voulons avancer le plus possible avant les grosses chaleurs de l'été".
Outre la situation politique et la lutte contre Daesh, M. Biden évoquera "les mesures que pourrait prendre la communauté internationale pour favoriser la stabilité économique de l'Irak", selon le communiqué de la vice-présidence américaine.
Bagdad est aux prises avec une importante crise budgétaire, causée en grande partie par la forte chute des prix du pétrole, qui représente plus de 90% des revenus du pays. La reconstruction de certaines villes comme Ramadi, reprise à Daesh, coûtera aussi des centaines de millions d'euros.
M. Biden entend encourager l'Irak à faire appel à ses voisins du Moyen-Orient pour l'aider financièrement.
Il s'agit de la plus importante visite américaine en Irak depuis la venue du vice-président Biden dans ce pays en 2011.

Israël/Palestine : L'Etat hébreu redit ses objections à une initiative française pour la paix

Le gouvernement israélien a réaffirmé jeudi ses fortes objections à un projet français de conférence internationale pour relancer l'effort de paix avec les Palestiniens, et a offert à la place une reprise immédiate de négociations bilatérales sans condition préalable.
"Israël reste fidèle à sa position selon laquelle la meilleure voie de parvenir à une solution du conflit entre Israël et les Palestiniens passe par des négociations directes et bilatérales", a dit le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
"Israël est disposé à les engager immédiatement sans condition préalable. Toute autre initiative politique éloigne les Palestiniens de la table des négociations directes", a-t-il dit.
Cette déclaration intervient une semaine après l'annonce par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault que Paris organiserait le 30 mai une réunion ministérielle qui pourrait, en cas de succès, préluder à une conférence internationale.
La dernière initiative de paix, américaine a capoté en avril 2014, Israéliens et Palestiniens se rejetant la faute de cet échec. Les perspectives de paix ont rarement paru plus bouchées. Une nouvelle vague de violences a fait plus de 200 morts en sept mois.
Devant le vide diplomatique laissé par l'échec américain et la perspective apparemment de plus en plus lointaine de création d'un Etat palestinien indépendant, la France a relancé en janvier le projet d'une conférence internationale. A cette fin, Paris organisera le 30 mai une réunion ministérielle qui réunira une vingtaine de pays, plus l'Union européenne et l'ONU, mais pas les Israéliens ni les Palestiniens, a dit M. Ayrault.
En cas de succès, un sommet international aurait lieu au deuxième semestre 2016, en présence cette fois des dirigeants israélien et palestinien.
La direction palestinienne a salué l'initiative française dès le départ. Elle a indiqué que, pour lui donner sa chance, elle retiendrait le projet de résolution qu'elle voulait faire adopter contre la colonisation israélienne par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Le gouvernement israélien a en revanche toujours exprimé ses plus vives réserves sur l'initiative française qui, selon lui, dispense les Palestiniens de tout effort. Pour autant, il n'a pas à ce stade exclu formellement toute participation à une conférence internationale. La question ne se pose pas encore, indique-t-on côté israélien où on dit attendre de voir le projet français prendre corps.
Le communiqué publié jeudi par le bureau de Netanyahu réaffirme les positions israéliennes et coïncide avec la préparation par la France des invitations à adresser aux participants à la réunion du 30 mai, dit-on de sources diplomatiques.
La question d'un rejet ou non israélien devrait véritablement se poser après cette réunion si celle-ci réussit, ajoute-t-on.

(28-04-2016)

Libye : Intervenir au risque d'une guerre civile

À Tripoli, en avril 2016, sur la place des Martyrs, lors d'un rassemblement, deux manifestants se prennent en photo en affichant leur soutien au nouveau gouvernement.
On reparle d'une intervention militaire en Libye... C'est lors d'une rencontre, le 21 avril dernier, avec le ministre britannique des Affaires étrangères, Michael Fallon, que Jean-Yves Le Drian annonçait l'accord des deux capitales sur la constitution d'une force conjointe franco-britannique en vue d'une éventuelle intervention en Libye. Voilà qui rappelle 2011, lorsque Paris et Londres avaient donné le coup d'envoi de l'intervention militaire qui allait renverser le colonel Kadhafi. On sait quelles furent les suites de cette guerre, dont on paie encore les conséquences catastrophiques.
Cette fois, il s'agit de combattre les djihadistes de l'État islamique. Profitant du morcellement du pays où des milices se sont constituées en fiefs rivaux, l'aile libyenne de Daesh, renforcée d'étrangers, s'est s'installée dans la région de Syrte. Elle y applique, comme à Raqqa en Syrie, une interprétation rétrograde de la charia et pousse ses pions en direction des zones pétrolières. Le 11 avril, Daesh a obligé les Libyens à évacuer des champs pétroliers à 800 km au sud-est de Tripoli. Une situation qui inquiète les Européens et les voisins de la Libye. Ce fief libyen de Daesh pourrait servir de base arrière à l'envoi de terroristes en Europe, tandis que l'absence d'État facilite le renforcement d'une « route libyenne » pour les migrants qui veulent rejoindre le sud de l'Europe alors que la route des Balkans est fermée.
Les Nations unies et l'Europe (France, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne) ont donc un objectif : obliger la Libye à retrouver un gouvernement central légitime qui remettrait de l'ordre dans le pays et pourrait faire appel à une communauté internationale prête à l'y aider. Concrètement, rarement les Nations unies et les capitales européennes ont mis autant de volontarisme pour imposer une solution politique à un pays en chaos. Reprenons le scénario de cette incroyable histoire qui se déroule depuis ces derniers mois entre les deux rives de la Méditerranée.
C'est en décembre dernier, à Skhirat au Maroc, que se joue le premier acte de la pièce libyenne. Les Nations unies, appuyées par les Européens, ont rassemblé des députés des deux parlements rivaux libyens (celui de Tripoli, pro-islamiste, et celui de Tobrouk, plus libéral) pour former ensemble un « gouvernement d'union nationale ».  Cette troisième entité doit réconcilier la Libye avec elle-même et disposer de la légalité politique. Un homme d'affaires, Fayez el-Sarraj, est choisi par les parlementaires des deux camps présents à Skhirat  comme Premier ministre de la nouvelle entité politique en devenir. Un processus contesté par les députés des deux bords restés en Libye, à commencer par les présidents des deux parlements.
Le deuxième acte du scénario se déroule le 30 mars. Fayez el-Sarraj et son équipe, installés entre la Tunisie et le Maroc, tentent un coup de force. Poussés par l'ONU et les Européens, ils débarquent à Tripoli, par la mer, en provenance de Sfax (Tunisie) et s'installent sur la base de la marine qui leur a prêté allégeance. Leur sécurité est assurée par des membres du ministère de l'Intérieur qui ont fait défection et une poignée de combattants berbères. Le Premier ministre du gouvernement de Tripoli qualifie el-Sarraj d'« intrus » ; le grand mufti appelle au djihad. Apparemment sans conséquence.
Depuis, Nations unies, Européens, pays arabes multiplient les pressions pour faire accepter la nouvelle équipe. Avec un certain succès. Rapidement, après un véritable ultimatum, le gouverneur de la Banque centrale et le patron de la compagnie pétrolière se rallient au nouveau pouvoir. Deux « prises » de choix. Une dizaine de villes de l'Ouest, dont Sabratha, annoncent leur soutien à Sarraj, imitées par quelques milices armées, tandis que les autres proclament leur neutralité. Parallèlement, la France et la Tunisie déclarent rouvrir leurs ambassades à Tripoli, le représentant de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, et son équipe reviennent s'installer dans la capitale libyenne quittée en 2014. Une quarantaine de pays arabes et occidentaux réunis à Tunis annoncent le déblocage de fonds pour remettre sur pied les infrastructures. Dernière scène – pour l'instant – du scénario : des ministres européens, dont Jean-Marc Ayrault, le chef de la diplomatie française et son homologue allemand, viennent, le 17 avril, rencontrer el-Sarraj lors une visite éclair à Tripoli. Il faut montrer que les Occidentaux voient en lui le représentant de la légalité internationale, même s'il est toujours reclus sur la base de la marine…
Rien n'est totalement gagné. Il reste deux étapes essentielles pour faire reconnaître la légitimité de la nouvelle équipe. La première est d'ordre pratique. Ils doivent avoir l'accord des politiques et des milices de Tripoli qui tiennent la ville, y compris l'aéroport, s'ils veulent quitter la base de la marine et rejoindre leurs bureaux.
La seconde étape est d'ordre politique. L'accord inter-libyen signé après la conférence de Skhirat prévoit que c'est au Parlement de Tobrouk, dont la légitimité a été reconnue par la communauté internationale, qu'il revient de voter en faveur du gouvernement d'union nationale. Dans l'immédiat, il s'y refuse. A l'origine du désaccord, la place qui sera accordée dans le nouvel exécutif au général Khalifa Haftar, actuel chef de la Défense du gouvernement de Tobrouk. Cet ex-proche de Kadhafi qui avait fait défection, anti-islamiste soutenu financièrement et militairement par l'Égypte et les Émirats arabes, entend conserver son poste de chef de l'armée. Il est rejeté par Tripoli qui voit en lui le retour des kadhafistes très anti-islamistes. Dans un premier temps, les Occidentaux semblaient prêts à le sacrifier. Ils veulent aujourd'hui lui trouver un autre poste.
Les pressions s'accentuent sur les parlementaires réticents au vote. Ils sont menacés de se voir privés de visas pour l'Europe et du gel de leurs avoirs. Des arguments de poids pour certains. Restera ensuite à tenter de rebâtir une armée, avec l'aide de l'Otan, qui devra intégrer les milices. Celles-ci se disent capables de battre et d'éliminer Daesh si les Occidentaux leur en donnent les moyens financiers et militaires. Mais la majorité d'entre eux refuse une intervention extérieure, qui, disent-ils, relancerait la guerre civile. C'est la grande crainte des Libyens.

(28-04-2016)

Israël: Rapport inquiétant sur le vieillissement d'un réacteur nucléaire

Vue partielle de la centrale nucléaire de Dimona en Israël, le 8 septembre 2002 (Afp)

Un nouveau rapport révélant plus de 1.500 défauts sur le coeur du principal et vieillissant réacteur israélien a provoqué l'inquiétude et soulevé des interrogations sur les limites de "l'ambiguïté nucléaire" pratiquée par Israël quant à ses activités atomiques civiles et militaires.
Le coeur du réacteur de Dimona, dédié officiellement à la recherche nucléaire et vieux de plus de 50 ans, accuse 1.537 défauts, dévoilait mardi le quotidien Haaretz.
Telles sont les conclusions d'un examen, rendues publiques lors d'un récent forum scientifique à Tel-Aviv, de l'installation à l'aide de techniques innovantes aux ultrason, écrivait le journal.
La question du vieillissement du réacteur, livré par la France à la fin des années 50 et entré en service en 1963, est posée depuis des années. La durée de vie théorique de tels réacteurs est de 40 ans.
La commission de l'énergie atomique n'a pas démenti les conclusions, tout en laissant entendre qu'il n'y avait pas de risque de fuite radioactive et de contamination de l'environnement ou de la population dans le désert du Néguev (sud) où se trouve le réacteur.
"Le niveau de sécurité respecte les normes internationales les plus strictes", a dit un porte-parole.
Même dans la période de la Pâque juive où Israël est à l'arrêt, les informations du Haaretz ont suscité des appels à la fermeture du réacteur. Des députés d'opposition ont réclamé une réunion parlementaire d'urgence.
"On ne peut pas attendre qu'un désastre se produise", a écrit Michal Rozin, députée du parti de gauche Meretz. Comme d'autres, elle s'alarme de l'opacité entourant le site soumis à aucune inspection indépendante.
Outre les inquiétudes quant à la sécurité des équipements, les anomalies, dont on ignore la nature, ont généré tout un questionnement: faut-il remplacer le réacteur de Dimona ? Israël en est-il capable sans participation internationale ?
Non-signataire du Traité de non-prolifération, comment pourrait-il faire appel à l'aide étrangère tout en persistant dans sa politique "d'ambiguïté nucléaire" consistant à ne confirmer ni démentir qu'il détient la bombe atomique ?
"L'heure de vérité approche pour la politique nucléaire israélienne", a résumé dans le quotidien Maariv Yossi Melman, journaliste respecté sur les questions de sécurité. Israël devra résoudre à l'avenir un "énorme dilemme en ce qui concerne sa vieille stratégie de dissuasion", dit-il.
Les estimations varient selon les sources, mais Israël possèderait 115 bombes nucléaires, estimait récemment l'Institut pour la science et la sécurité internationale basé aux Etats-Unis.
La dissuasion nucléaire est un élément central de la stratégie d'Israël dans une région hostile. Israël fait tout son possible pour empêcher que d'autres puissances régionales, à commencer par l'Iran, se dote de l'arme atomique.
Dimona a servi à produire le plutonium et l'uranium pouvant entrer dans la fabrication de la bombe, selon des informations venues de l'étranger. Dans les années 80, Mordehaï Vanunu, un ancien technicien qui travaillait à Dimona, avait affirmé que la plus grande partie de l'arsenal nucléaire israélien avait été développé à Dimona.
Membre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA, organisation de promotion de l'énergie nucléaire et de lutte contre la prolifération), Israël adhère à certaines de ses conventions, comme celle sur la notification précoce des accidents nucléaires.
Mais il n'a pas ratifié celle sur la sûreté nucléaire, important accord rédigé après Tchernobyl. L'AFP a retrouvé la trace d'une inspection par une équipe d'experts internationaux du centre de recherche nucléaire de Soreq en 2013, mais aucune de Dimona.
L'AIEA n'a pas réagi aux informations du Haaretz.
Uzi Even, universitaire de Tel-Aviv impliqué dans la construction du réacteur et aujourd'hui avocat de sa fermeture, estime qu'Israël n'est pas en mesure de construire seul un nouveau réacteur. "Et personne ne nous vendra un réacteur avant que nous ayons signé le Traité de non-prolifération", dit-il à l'AFP.
Les experts soulignent cependant qu'Israël a du temps pour soi. Le grand âge de Dimona n'est pas exceptionnel dans un parc mondial dont le vieillissement est source de préoccupation.
La commission atomique israélienne a fait valoir qu'il "n'y (avait) plus aujourd'hui dans le monde de limite à 40 ans" pour des centrales dont la durée de vie peut être prolongée "de manière significative". Uzi Even a souligné les nombreuses raisons politiques de maintenir Dimona en activité, ne serait-ce que les milliers d'emplois en jeu.

(28-04-2016)

Israël/Palestine : Quand la médecine est polluée par l’occupation israélienne ( Samah Jabr )

Quand Hillary Clinton a écrit sa lettre au donateur israélo-américain, Haim Saban, contre le mouvement populaire et pacifique de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), elle a présenté l’« État juif » comme une « démocratie dynamique dans une région dominée par l’autocratie… un miracle des temps modernes - une fleur pleine de vie au milieu d’un désert ». Pour faire bonne mesure, elle a juré que « nous devions veiller à son développement et la protéger ». Contrairement à Clinton, toutefois, nous, Palestiniens, nous subissons les effets du racisme et de la discrimination qui s’infiltrent jusque dans les professions les plus humaines, sous l’occupation militaire brutale d’Israël.

Un soldat israélien a été filmé sur une vidéo le mois dernier en train d’exécuter un Palestinien blessé et inconscient. Abed Al-Fattah Al-Sharif était soupçonné d’« attaque terroriste » ; une attaque au couteau qui ciblait non un civil mais un soldat, sur un check-point militaire de la ville occupée d’Hébron. L’Israélien qui lui a tiré dans la tête alors qu’il gisait à terre n’était pas qu’un soldat, c’était aussi un personnel médical. Si son acte a d’abord été condamné par de nombreux Israéliens, il a depuis été célébré, et il y a de sérieuses propositions pour lui décerner une médaille. La même caméra qui a documenté l’exécution a filmé également plusieurs personnels médicaux israéliens qui apportaient les premiers secours à un soldat blessé (il avait une blessure légère à un bras) mais en ignorant le blessé palestinien inconscient et allongé par terre, sans chercher à intervenir de la moindre façon, jusqu’à ce qu’il soit tué. À ce moment-là, le personnel médical est intervenu, mais seulement pour emmener son corps au loin.


L’exécution extrajudiciaire relève d'une politique israélienne réservée exclusivement aux Palestiniens ; environ deux cents Palestiniens ont été tués par Israël au cours des six derniers mois. Les forces de sécurité auraient pu, bien sûr, se modérer et les désarmer, comme elles l’ont fait pour Yishai Shlissel, ce juif ultra-orthodoxe qui a attaqué à deux reprises différentes des participants à une Gay Pride, tuant l’un d’eux. Shlissel n’a pas été tiré à vue ni exécuté ; il a été arrêté et il sera confronté à un procès régulier, à la différence des 200 Palestiniens qui, eux, ont été tués, et dont beaucoup étaient des étudiants.


Je suis surprise que quelqu’un ait réussi à filmer l’exécution d’Al-Sharif, mais je ne le suis pas par l’exécution elle-même ; les soldats israéliens exécutent les Palestiniens de façon routinière, comme un exercice de leur pouvoir pour intimider la communauté. Un scandale, qui a plus de mal à être reconnu cependant, est celui de la complicité du personnel médical israélien qu’on voit dans la vidéo et de son silence qui suivra.


Une vague de soutien au soldat a été lancée par le tristement célèbre colon Baruch Marzel (un homme connu pour distribuer des pizzas aux soldats une fois qu’ils ont tué des Palestiniens) ; il a organisé un rassemblement en soutien au soldat à proximité du tribunal militaire de Jaffa. Le gouvernement local à Beit Shemesh a organisé le même rassemblement pour défendre le personnel médical assassin ; des affiches l’ont acclamé comme un « héros national ». Un sondage réalisé par Channel 2 TV a révélé qu'à 57 %, l’opinion israélienne estimait qu’il n’y avait pas lieu d’arrêter le soldat ou d’enquêter sur l’incident, pendant qu'à 42 %, elle qualifiait son acte de « responsable » ; et encore qu'à 24 %, elle soutenait que sa réaction dans cette situation était tout à fait naturelle.


Bien qu’odieux, ce qui précède n’est pas le seul exemple d’une médecine polluée par la politique en Israël. De récents rapports par des hôpitaux de tout le pays, spécialement à Jérusalem, suggèrent qu’il est fréquent de séparer les malades arabes israéliens des Israéliens juifs, en particulier les nouvelles mamans ; les femmes arabes palestiniennes sont entassées et reçues dans des conditions d'une qualité inférieure. Un membre de la Knesset, Bezalel Smotrich, a carrément twitté : « Il est seulement normal que mon épouse ne veuille pas être couchée à proximité de quelqu’un qui vient de donner naissance à un bébé qui pourrait assassiner le sien dans vingt ans ».


Quant aux responsables médicaux, soit ils dénient de tels rapports, soit ils cherchent à les justifier : « Les femmes arabes sont contentes d’être affectées à des salles de réveil de six personnes parce qu’elles aiment bavarder », disent certains ; « Les femmes juives ont besoin de salles de deux personnes parce qu’elles ne peuvent pas tolérer les fêtes arabes » affirment d’autres. Une infirmière palestinienne a observé que ses collègues israéliennes dans la salle d’accouchement faisaient des commentaires tels que « Et voici un autre terroriste », après la naissance d’un bébé palestinien.

L’attitude cruelle du personnel médical israélien envers les Palestiniens est à la fois banal et très ancien. Il y a vingt ans, quand mon neveu est né, je me souviens être allée avec ma mère et mon beau-frère visiter ma sœur et voir le bébé. L’équipe de sécurité de l’hôpital nous a arrêtés dans le hall, prétendant que ce n’était pas l'heure des visites ; et au même moment, elle permettait à des Israéliens juifs d’entrer au service maternité. Quand mon beau-frère a demandé pourquoi, il a été écarté et bousculé, restant tout meurtri et avec ses lunettes cassées. Cela se passait à l’hôpital Shaare Zedek, sous le nez de médecins et d’infirmières qui sont restés silencieux.


La pratique discriminatoire des hôpitaux israéliens paraît dérisoire en comparaison des rapports des services médicaux des prisons israéliennes. Les prisonniers politiques palestiniens affirment que le personnel médical et les tortionnaires sont alliés dans la même mission de briser leur volonté. Beaucoup de rapports indépendants ont vérifié de telles affirmations. Les prisonniers rapportent que les professionnels médicaux vérifient s’ils sont bien aptes à être torturés ou à se rétablir, de sorte qu’ils peuvent continuer à leur faire subir la torture. Après sa libération, un prisonnier m’a dit qu’un personnel médical de la prison avait inventé l’histoire qu’il était suicidaire afin de justifier de l’avoir suspendu en hauteur, « pour le protéger contre lui-même ». Le crâne d’un autre homme a été fracturé quand un garde l’a délibérément projeté au sol ; ce prisonnier a été « examiné » par plusieurs médecins après les faits, même si aucun d’eux n’a donné d’informations exactes sur l’incident ou sur son état physique : certains ont ignoré l’importante enflure et les ecchymoses autour de son œil; certains ont dit que le prisonnier était tombé dans l’escalier ; certains l'ont signalée comme la conséquence d’une piqûre d’abeille.  


L’alimentation de force des prisonniers palestiniens en grève de la faim est une autre pratique médicale utilisée à des fins politiques, violant l’éthique médicale et la dignité humaine dans le processus. Une législation a été votée au parlement israélien qui autorise l’alimentation de force des grévistes de la faim. Alors que le principe allégué de la loi est « le caractère sacré de la vie », la véritable motivation en est de réduire au silence et de miner la volonté des prisonniers palestiniens dans leur lutte pour être libérés de la détention administrative (être détenu sans inculpation ni jugement). Bien qu’il n’y ait aucune trace d’un seul prisonnier palestinien mort des suites d’une grève de la faim, il existe une documentation qui prouve que cinq prisonniers sont morts du fait d’une alimentation de force entre 1970 et 1992. Ces malheureux ont été nourris de force, et tués par le personnel médical.


La médecine n’est pas seulement une profession pour gagner son pain, c’est une vocation. Une vocation qui traite du bien-être humain dans des domaines qui dépassent la seule santé physique. La neutralité et l’impartialité sont des principes fondamentaux du code de déontologie du corps médical, mais nous voyons certains de nos confrères israéliens capituler devant la bigoterie populaire, au lieu de soutenir les droits des malades quand ils sont palestiniens. Les professionnels israéliens de la médecine devraient soutenir leurs confrères palestiniens qui se font mitrailler dans les ambulances, et les malades palestiniens qui se font arrêter aux check-points ou qui sont obligés de collaborer en échange d’un service de santé. Ils devraient condamner le bombardement des hôpitaux à Gaza, et les raids dans les hôpitaux palestiniens de la Cisjordanie occupée en vue d’enlever des personnes blessées.


De façon décevante néanmoins, dans sa grande majorité, le corps médical israélien n’est apte à réaliser aucune de ces choses. Nous observons au lieu de cela que l’occupation érode toutes les considérations éthiques et que la haine des Palestiniens l’emporte sur les préoccupations et le comportement professionnels. Il ne peut exister de « démocratie dynamique » dans un système colonial, Mme Clinton ; il n’y a aucune pureté, ni même de professionnalisme médical, dans une domination coloniale. L’occupation militaire d’Israël pollue tout.


Samah Jabr
21 avril 2016
The Middle East Monitor


Samah Jabr est psychiatre et psychothérapeute, jérusalémite, elle se préoccupe du bien-être de sa communauté bien au-delà des questions de santé mentale. Elle écrit régulièrement sur la santé mentale en Palestine occupée.


Traduction : JPP pour les Amis de Jayyous

Syrie : "Pas de trêve ici"

M. de Mistura a cependant ajouté qu'il y avait toujours des fossés "substantiels" concernant les représentations de cette transition et il a dressé une liste des problèmes "fondamentaux" qui doivent être réglés en vue d'instaurer une transition "politique viable" en Syrie. Cette liste, a-t-il dit, n'est pas figée et peut être modifiée au fur et à mesure des discussions.
M. de Mistura a également indiqué que le round qui vient de se terminer avait été fortement influencé par la dégradation de la situation sur le terrain en Syrie. Il a demandé notamment un accès pour l'aide humanitaire dans des villes telles que Douma, Darraya, Madamiyet Elsham et East Harasta.
"Je ne sais pas de quelle trêve ils parlent. Il n'y a pas de trêve ici", affirme Abou Mohammed, qui réside dans la partie est de la ville d'Alep contrôlée par les rebelles.
"Les bombardements et les tirs de roquettes ne s'arrêtent jamais. C'est comme si on était en pleine guerre mondiale", raconte ce propriétaire d'une échoppe, père de quatre enfants.
Ces derniers jours, les bombardements dans la province d'Alep, notamment dans la ville éponyme, se sont multipliés, provoquant la mort de plus d'une centaine de civils depuis vendredi.
Mercredi soir, au moins 20 civils ont été tués lors d'un raid aérien des forces gouvernementales syriennes contre un hôpital et un immeuble résidentiel contrôlés par la rébellion à Alep.
En fait, "si la trêve tient c'est entre les Etats-Unis et la Russie, pas entre l'opposition et le régime", résume Abou Mohammed.
Washington et Moscou, les deux parrains du cessez-le-feu, ne cessent en effet d'assurer que la cessation des combats tient en majeure partie.
"Nous ne sommes pas prêts à la déclarer morte", a dit le département d'Etat. "Celle-ci tient en dehors d'Alep. Nous reconnaissons que, dans et autour d'Alep, il y a de multiples incidents qui nous préoccupent sérieusement".

Syrie: De Mistura veut "revitaliser" le cessez-le-feu en grave danger

L'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie veut "revitaliser" avec l'aide de Washington et Moscou le cessez-le-feu "en grave danger" dans ce pays, avec notamment l'intensification des bombardements sanglants dans la région d'Alep (nord).
Les Etats-Unis et à la Russie sont les deux initiateurs du cessez-le-feu introduit le 27 février pour faciliter les pourparlers de paix entre régime et rebelles pour trouver une solution à une guerre ayant déjà tué plus de 270.000 personnes en cinq ans.
Le 3e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s'est achevé mercredi à Genève sans aucun progrès puisque les principaux représentants de l'opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve.
Au cours d'une conférence de presse donnée dans la nuit de mercredi à jeudi à Genève, M. de Mistura a indiqué qu'il avait recommandé au Conseil de sécurité d'organiser dans un futur proche une rencontre du GISS (Groupe international de soutien à la Syrie composé de 17 pays et co-présidé par la Russie et les Etats-Unis, ndlr).
"Nous voulons obtenir cette réunion du GISS avant de lancer le nouveau round (de négociations de paix intersyriennes) au cours du mois de mai", a-t-il dit. "Mon but est de continuer les entretiens, avec au moins un ou deux autres rounds d'ici juillet", a-t-il ajouté.
Alors que les grandes puissances affirment que la trêve tient toujours, pour les habitants d'Alep, dans le nord de la Syrie, le cessez-le-feu décrété il y a deux mois est bel et bien mort avec l'intensification des bombardements sanglants.
"Durant ces dernières 48 heures, un Syrien est mort toutes les 25 minutes, le dernier pédiatre d'Alep aurait été tué lors des bombardements survenus" dans la soirée, a déploré M. de Mistura. "Le cessez-le-feu est toujours vivant, mais il est en grand danger", a-t-il encore dit.
Pour la première fois, M. de Mistura a également publié un résumé en 7 pages des entretiens menés lors du dernier round de pourparlers intersyriens, et qui ont porté sur l'agenda d'une transition politique en Syrie et la mise en place "d'une gouvernance" de transition "inclusive".
"Les parties syriennes ont à présent accepté la nécessité d'une transition politique" qui sera chapeautée par une "nouvelle et inclusive gouvernance, qui remplacera la gouvernance actuelle en Syrie", a indiqué M. de Mistura.

mercredi 27 avril 2016

Syrie: Pour les habitants d'Alep, la trêve est enterrée

Des Syriens évacuent le quartier rebelle d'Hayy Aqyul à Alep, frappé par un raid aérien le 22 avril 2016 (Afp)

Pour les habitants d'Alep, le cessez-le-feu décrété il y a deux mois en Syrie est bel et bien mort avec l'intensification des combats ces derniers jours, mais les grandes puissances affirment que la trêve tient toujours.
"Je ne sais pas de quelle trêve ils parlent. Il n'y a pas de trêve ici", s'écrit Abou Mohammed, qui réside dans la partie est de la ville d'Alep contrôlée par les rebelles.
"Les bombardements et les tirs de roquette ne s'arrêtent jamais. C'est comme si on était en pleine guerre mondiale", poursuit ce propriétaire d'une échoppe, père de quatre enfants.
Les grandes puissances avaient espéré que le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 février facilite les pourparlers de paix entre régime et rebelles pour trouver une solution à une guerre ayant déjà tué plus de 270.000 personnes en cinq ans.
Mais à Genève, le troisième round de négociations parrainées par l'ONU s'achève mercredi sans aucun progrès puisque les principaux représentants de l'opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve.
Ces derniers jours, les bombardements dans la province d'Alep, notamment dans la ville éponyme, se sont multipliés, provoquant la mort de plus d'une centaine de civils depuis vendredi.
"Les personnes tuées sont des habitants, des femmes et des enfants pour la plupart: où est donc la trêve?", s'indigne Mohammed Kahil, médecin légiste dans la partie est d'Alep, ville coupée en deux depuis 2012.
Les habitants de la partie ouest contrôlée par le régime sont tout aussi irrités d'entendre les grandes puissances parler d'une cessation des hostilités.
"Trêve! C'est devenu un mot provocateur que les habitants d'Alep ne peuvent plus supporter", lance Saad Aliya, un chauffeur de taxi de 27 ans. "Je ne crois pas qu'un seul des combattants à Alep veuille la trêve. Ce sont tous des assassins et ils sont en train de nous assassiner!"
"Si c'est ça la trêve, je vous en conjure, ramenez-nous la guerre!", explose-t-il.
En fait, "si la trêve tient c'est entre les Etats-Unis et la Russie, pas entre l'opposition et le régime", résume Abou Mohammed.
Washington et Moscou, les deux parrains du cessez-le-feu, ne cessent en effet d'assurer que la cessation des combats tient en majeure partie.
"Nous ne sommes pas prêts à la déclarer morte", a déclaré mardi le porte-parole du département d'Etat Mark Toner. "Nous croyons que celle-ci tient en dehors d'Alep. Nous reconnaissons que, à l'intérieur et autour d'Alep, il y a de multiples incidents qui nous préoccupent sérieusement", a-t-il ajouté.
"La situation sur le terrain ainsi que sur le plan politique provoque une grande inquiétude", a déclaré pour sa part la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. "Le cessez-le-feu résiste mais il est sérieusement mis au défi, presque quotidiennement."
Riad Hijab, coordinateur général du Haut comité des négociations (HCN) qui a suspendu sa participation à Genève, a évoqué de son côté de "graves violations de la trêve de la part du régime et de ses alliés", et de leur "tentative de faire échouer le processus politique".
Pour Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, "les rebelles et l'opposition politique ne cessent de dénoncer les violations de la trêve mais ne peuvent unilatéralement déclarer formellement la fin du cessez-le-feu (...) parce que Russes et Américains entretiennent l'illusion que la trêve reste en vigueur".
Selon lui, une des explications pourrait être que les Américains "sont tellement désespérés de maintenir en vie le processus politique qu'ils sont prêts à travestir la réalité de l'effondrement du cessez-le-feu".
Mais l'expert avance également une autre interprétation. Les Américains "ne s'opposent pas fondamentalement à une opération loyaliste contre Alep, qui aurait -de leur point de vue- l'avantage de contraindre l'opposition à transiger sur le départ d'Assad".
Le principal point d'achoppement qui paralyse toute avancée dans les pourparlers reste en effet le sort du dictateur Bashar al-Assad dont l'opposition réclame le départ. Pour les représentants du régime, cette question est "une ligne rouge" non-négociable.
Les négociations de paix doivent reprendre le 10 mai, a annoncé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov.

(27-04-2016)

Israël/Palestine : 2 Palestiniens armés de couteaux tués à un checkpoint en Cisjordanie occupée

Palestiniens et soldats israéliens s'invectivent au point de passage de Qalandia, après la mort de deux Palestiniens, le 27 avril 2016. (Afp)

Les policiers israéliens ont tué mercredi matin deux Palestiniens qui s'approchaient d'eux armés de couteau et ont refusé de s'arrêter malgré des injonctions répétées au point de passage de Qalandia entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, a indiqué la police israélienne.
Malgré ces injonctions réitérées, l'homme et la femme ont continué à se diriger rapidement vers les policiers, a déclaré une porte-parole de la police. Ces derniers ont ouvert le feu quand la femme a sorti un couteau de son sac et l'a lancé vers les policiers, a-t-elle dit.
Un couteau identique à celui de la femme ainsi qu'un couteau papillon (à lame repliable) ont été retrouvés dans la ceinture de l'homme, a-t-elle ajouté.
Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie à une vague de violences qui a coûté la vie à 203 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques, commises au couteau pour une grande part.
Les violences se sont considérablement espacées ces dernières semaines.

(27-04-2016)

mardi 26 avril 2016

Israël/Palestine : Une chienne de garde de l'apartheid à Al Khalil (Hébron) (Gilles Francois-Xavier)

Photo, volontairement modifiée pour protéger notre petit ami palestinien et attestant notre rencontre avec Nisreen.

Israël/Palestine : Une chienne de garde de l'apartheid à Al Khalil (Hébron) (Gilles Francois-Xavier)

Anath Cohen, israélienne sioniste, gifle en plein Shuadat Street une femme française de cinquante ans participant à un voyage de découverte de la Palestine. Nous sommes accompagnés du fils de notre hôte palestinien, un enfant de onze ans. La sioniste sauvage refuse sa présence.
Après avoir sillonné la Palestine pendant deux semaines et rencontré chaque jour les horreurs que fait subir Israël aux Palestiniens, notre séjour se termine à Al Khalil où nous souhaitons aller rendre visite à Nisreen Azzeh, la veuve d'Ashem mort quelques mois plus tôt sous les gaz lacrymogènes de l'occupant. (Ashem était assigné à résidence depuis 2012 par les autorités israéliennes. Il avait assisté quelques jours plus tôt à une réunion où il s'était opposé publiquement au Président de l'Autorité Palestinienne).
A 10h30, le check-point de Tell Rumeida, à cinq minutes de la maison de Nisreen, me refuse le passage sans raison. J'imagine que nous sommes vendredi, proche du sabbat, et que l'armée ne souhaite pas la présence d'étrangers dans ce quartier. Nous faisons le tour par la vieille ville : les rues du souk, un café ou limon-nana pris dans un nouvel "espace vert"... Le check-point au niveau de la Mosquée d'Abraham est lui traversé sans problème. En attendant deux de nos amis entrés à la Mosquée d'Abraham pour la prière du vendredi, nous descendons l'esplanade et tentons de prendre la direction du quartier où de magnifiques maisons anciennes ont été confisquées et restaurées par les colons.

 
Stop !
Deux soldats nous demandent si nous sommes chrétiens – Oui – All of you ? Tout le monde ? Je pense alors à notre petit ami à côté de moi, tremblant. Le soldat lui pose durement des questions auxquelles il ne comprend rien, en hébreu sans doute. Je demande alors au soldat ce qu'il lui demande. "Cet endroit est interdit aux musulmans" ! Avant de repartir de l'autre côté, celui autorisé aux Palestiniens, je lui lance durement "Shame on you - C'est honteux !" Nous passons alors devant l'école primaire publique palestinienne fréquentée par les petits palestiniens qui sont contrôlés, chaque matin et soir, dans un check-point par des soldats armés jusqu'aux dents.(le centre d'Al- Khalil est cadenassé par une multitude de ces points de contrôle d'un autre âge).
La maison de Nisreen se trouve au bout de Shuadat Street, à 800 mètres.
Nous croisons à plusieurs reprises des soldats qui patrouillent dans cette rue fantôme interdite aux palestiniens. Mais aucun panneau ne mentionne cette interdiction, pas de barrière, rien. Tout ça s’exécute sous forme de non-dits, tacitement. La sécurité de ce quartier devait être assurée conjointement par les forces israéliennes et palestiniennes. Mais en 2002, l'armée israélienne viole le protocole et prend le contrôle total de cette partie de la ville. Toutes les échoppes des Palestiniens sont fermées et plombées depuis longtemps ; c'était le coeur marchand du souk d'Hébron : double peine après le massacre de 29 Palestiniens par Baruch Goldstein, médecin sioniste israélo-américain à l'intérieur de la mosquée d'Abraham en 1994 !
Nous arrivons quasiment aux trois quarts de la rue, presque à la limite à partir de laquelle les palestiniens venant dans l'autre sens sont obligés d'utiliser un escalier sur la droite permettant de rejoindre un chemin de terre contournant la partie de la rue que nous venons d'emprunter et qui leur est totalement interdite.
Une voiture de l'armée ou de la police israélienne arrive alors précipitamment et nous demande pourquoi nous sommes ici. Je réponds qu'avant hier nous avons utilisé cette rue sans être inquiétés. Le soldat chauffeur me dit qu'un Palestinien est avec nous, un enfant, demande qui il est, d'où il est. C'est alors qu'une colon israélienne en furie arrive en hurlant, fait "non" du doigt au soldat qui s'arrête d'écrire sur son portable ce qu'il voulait me traduire et me dit de nous en retourner par là où nous sommes venus (sans emprunter le petit escalier réservé aux Palestiniens !!!). Nous tournons les talons avec notre petit ami.

 
Dans mon dos, un hurlement.
Une des participants de notre groupe vient de se faire gifler par "la chienne de garde de l'apartheid". Anath Cohen est coutumière du fait, de nombreuses vidéos en témoignent.
La police ou l'armée, pourtant bien présente sur les lieux, ne dit mot et repart en laissant la colon faire sa loi. A Al-Khalil, 2000 soldats assurent en permanence la protection de 5 à 600 colons qui sèment la terreur dans la population palestinienne (et auprès d’internationaux en visite).
Choqués nous revenons sur nos pas; notre amie giflée par la colon s’aperçoit alors qu'elle a perdu ses lunettes ; elles ont dû voler lors du coup reçu. Je demande au groupe de m'attendre là avec le petit garçon et nous retournons à deux vers le lieu de la gifle. Bien sûr, la folle furieuse nous demande par des gestes de ficher le camp mais j'insiste et nous commençons à chercher. Cohen s'approche d'elle-même de la paire de lunettes pour que nos recherches aillent plus vite. Nous repartons sans omettre de lui lancer "Shame on you" ! Agressive, elle se redirige vers nous; nous rejoignons le groupe.
La ville d'Al-Khalil est truffée de caméras, comme toutes les autres villes de Cisjordanie. Je demande donc aux autorités israéliennes de bien vouloir conserver l'épisode filmé ce vendredi 22 avril 2016 entre 14h et 14h30 afin qu'il serve de témoignage à la plainte qui ne manquera pas d'être déposée pour demander la condamnation d'Anath Cohen et réparations.
Quant aux droits élémentaires de l'enfant ?

 
Affaire à suivre très sérieusement...
Une heure plus tard, nous retrouverons nos deux voitures ; après un contournement de plus de trois kilomètres dans la partie "palestinienne" non encore colonisée de la ville, deux d'entre nous réussissent à rencontrer Nisreen chez elle, après de longs palabres avec les soldats en faction non loin de chez elle ; ils "protègent" la maison d'un colon, émule de Baruch Goldstein, qui habite juste au-dessus de la maison de Nisreen. Nous restons à l'écart avec notre petit bonhomme de 11 ans sans que les soldats n'aient pu l'apercevoir. Nisreen vient à notre rencontre. Il est 16h30.

 
Gilles Francois-Xavier
Vendredi 22 avril 2016

Egypte: Brèves manifestations contre le pouvoir qui avait pris les devants

Des dizaines de personnes ont manifesté lundi au Caire contre le gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi, et la police qui s'était massivement déployée avec l'armée, les a dispersées rapidement à coup de grenades lacrymogènes, selon un journaliste de l'AFP.
Pour ce 25 avril, jour férié commémorant la restitution du Sinaï par Israël en 1982, plusieurs mouvements laïcs et de gauche avaient appelé à manifester contre la politique répressive du gouvernement, prenant prétexte de la rétrocession controversée il y a deux semaines de deux îles de la mer Rouge, Tiran et Sanafir, à l'Arabie Saoudite.
Le président Sissi, dont le pouvoir réprime violemment toute opposition, avait prévenu dimanche, comme le ministère de l'Intérieur, que la police et l'armée empêcheraient tout rassemblement, par la force au besoin.
Dans les jours qui ont précédé, les forces de l'ordre avaient tout mis en oeuvre pour réduire à néant les possibilités de se rassembler.
Elles avaient arrêté en quatre jours dans des rafles des dizaines de jeunes opposants, d'avocats et de responsables d'organisations de défense des droits de l'Homme qui appelaient à manifester, selon ces ONG. Et, policiers et soldats massivement déployés au Caire avaient bouclé dès dimanche soir tous les quartiers dans lesquels devaient avoir lieu les manifestations.
Mais vers 16H00 lundi, une cinquantaine de manifestants ont fait irruption par surprise sur une petite place du centre de la capitale. Quelques minutes plus tard, un premier camion de police arrivé en trombe a essuyé des jets de pierre et les policiers ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes, provoquant la débandade des protestataires, a rapporté le journaliste de l'AFP.
Les forces de sécurité ont arrêté plusieurs personnes, des journalistes égyptiens et étrangers, notamment.
D'autres petites manifestations ont été également rapidement dispersées dans au moins deux autres quartiers et plus aucune n'était signalée en fin de journée.
"Le niveau de panique du gouvernement montre qu'il se sent menacé et pense qu'il n'a d'autres options que la répression", commentait pour l'AFP en tête de manifestation Leila Seif, une figure de la dissidence. Son fils Alaa Abdel Fattah, un des jeunes leaders de la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, est emprisonné depuis juin 2014 pour avoir bravé une interdiction de manifester.
Par ailleurs, quelques rassemblements pro-Sissi, très clairsemés, ont eu lieu, notamment à proximité des quartiers où les anti-Sissi avaient appelé à manifester.
Le chef de l'Etat avait prévenu dimanche que la police et l'armée auraient pour mission de "protéger la sécurité et la stabilité des institutions". "Les services de sécurité (...) feront face avec une extrême fermeté à toute action de nature à perturber l'ordre public", avait renchéri son ministre de l'Intérieur, Magdy Abdel Ghaffar.
Depuis que M. Sissi, alors chef de la toute puissante armée, a destitué le 3 juillet 2013 l'islamiste Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu en Egypte, les organisations internationales de défense des droits de l'Homme, dont Amnesty international et Human Rights Watch, accusent régulièrement son régime de réprimer toute opposition dans le sang, multipliant disparitions forcées et actes de torture.
En 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 1.400 manifestants réclamant le retour de M. Morsi, dont près de 800 en quelques heures au centre du Caire le 14 août. Plus de 40.000 personnes ont été emprisonnées depuis, selon les ONG, et des centaines, dont M. Morsi, condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.

(25-04-2016)

Arabie Saoudite : Le Royaume va se doter du plus grand fonds souverain au monde

Le prince Mohammed ben Salmane à Ryad le 25 avril 2016. (Afp)

L'Arabie Saoudite a annoncé lundi son intention de vendre en Bourse une partie du géant pétrolier Aramco et de se doter d'un fonds souverain de 2000 milliards de dollars, le plus grand du monde, dans le cadre d'un vaste plan visant à réduire sa dépendance du pétrole.
Ces annonces ont été faites par le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane au moment où le royaume -première économie du monde arabe et premier exportateur de brut- est fortement affecté par la chute des cours.
"Nous pourrons vivre sans le pétrole dès 2020", a assuré le fils du roi Salmane.
Le plan, présenté comme "une feuille de route" pour le développement du royaume durant les 15 prochaines années, est destiné à diversifier l'économie saoudienne qui dépend à plus de 70% du pétrole au moment où les prix du brut sont en chute libre depuis environ deux ans.
"Nous envisageons de vendre moins de 5% d'Aramco. La taille d'Aramco est très grande", a souligné le prince Mohammed, en référence à la première compagnie pétrolière au monde. Cela constituerait la plus grosse capitalisation boursière au monde.
"Même en vendant 1% d'Aramco, ce sera la plus grande introduction en Bourse au monde", a-t-il souligné.
Par ailleurs, a ajouté le prince, "nous envisageons de créer un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars (1.777 milliards d'euros)", dont "les actifs proviendront de la vente d'une petite partie d'Aramco".
Mohammed ben Salmane a affirmé qu'il s'agirait du "plus grand fonds d'investissement au monde, et de loin".
Il détrônera le Fonds souverain norvégien qui pesait lundi matin 866 milliards de dollars, soit près de 2,5 fois moins que le fonds saoudien envisagé.
"Ce fonds va contrôler plus de 10% de la capacité d'investissement dans le monde (...) et le volume de ses avoirs représentera plus de 3% des actifs existants", a dit le prince saoudien, également ministre de la Défense.
"Aucun projet d'investissement ou de développement dans n'importe quelle région du monde ne se fera qu'en passant par le fonds souverain saoudien", a-t-il prédit.
Selon lui, le nouveau fonds inclura les quelque 600 milliards de dollars d'actifs dont dispose actuellement le royaume, ainsi que les dividendes de la vente partielle d'Aramco et des compagnies immobilières et industrielles de l'Etat.
Ce vaste plan de réformes et de restructuration de l'économie saoudienne a été approuvé lundi par le Conseil des ministres lors de sa réunion hebdomadaire présidée par le roi Salmane.
Agé de 30 ans, son fils préside aussi le Conseil des affaires économiques et de développement, organe qui supervise Saudi Aramco, pilier économique du royaume qui contrôle des réserves prouvées de plus de 261 milliards de barils et emploie plus de 61.000 personnes.
Initiateur du plan baptisé "Vision saoudienne à l'horizon 2030", le jeune prince a défendu l'ouverture d'Aramco au capital local et étranger qui, selon lui, va assurer "la transparence" dans la gestion du géant pétrolier.
"Nous avons tous une dépendance maladive vis-à-vis du pétrole en ArabieS aoudite, ce qui est dangereux. Cela a entravé le développement de plusieurs secteurs ces dernières années", a-t-il martelé, dans une allusion apparente aux critiques concernant la privatisation partielle d'Aramco.
Après Aramco, "ce sera au tour des filiales d'être introduites en Bourse", a encore dit le prince, en tablant sur une économie qui ne dépend "plus du pétrole mais (qui tire) ses revenus des investissements".
L'économie saoudienne en crise devrait croître au rythme de 1,2% cette année, contre 3,4% en 2015.
L'effondrement des cours pétroliers a obligé les monarchies du Golfe, dont l'Arabie Saoudite, à prendre des mesures sans précédent portant sur la réduction des subventions sur les carburants et l'imposition de nouvelles taxes indirectes.
Le royaume, qui prévoit un déficit de 87 milliards de dollars cette année après un déficit de 98 mds en 2015, a gelé d'importants projets économiques.
Dans ce pays, où ses quelque 21 millions de citoyens étaient habitués à l'Etat-providence, la réduction des subventions sur l'eau et l'électricité a suscité des remous et conduit au limogeage du ministre en charge de ces deux secteurs.
"Les subventions doivent bénéficier à la classe moyenne et aux moins nantis" alors que "70% de ces subventions vont aux riches", a expliqué le prince Mohammed en dénonçant au passage "la corruption" dans le royaume et en affirmant lier désormais tout contrat d'armement au développement d'une industrie militaire locale.
"Désormais, le ministère de la Défense et les autres organes de sécurité et militaires ne passeront de contrat avec un fournisseur étranger que s'il est lié à une industrie locale", a dit le prince saoudien.

(25-04-2016)

Irak: Au moins sept morts dans un attentat suicide à Bagdad revendiqué par Daesh

Au moins sept personnes ont été tuées lundi dans un attentat suicide contre un marché de la capitale irakienne Bagdad, revendiqué par le groupe extrémiste Daesh, prétendu Etat islamique (EI).
Selon des sources médicales et de sécurité irakiennes, le kamikaze a fait détoner sa ceinture d'explosifs dans un marché populaire de Bagdad al-Jadida, un quartier de l'est de la capitale, tuant au moins sept personnes et blessant 32 autres.
L'attentat a provoqué un début d'incendie dans un magasin de parfums d'où se dégageait une fumée blanche, et les restes d'une voiture calcinée étaient visibles.
L'attaque a été revendiquée dans un communiqué par Daesh.
Le groupe jihadiste contrôle toujours de vastes régions d'Irak depuis 2014, malgré la reprise de certains secteurs par les forces irakiennes aidées par des frappes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Deux attentats à la voiture piégée contre les forces de sécurité irakiennes à Bagdad ont fait au moins huit morts et plus de trente blessés samedi.

(25-04-2016)

Liban : Les sans-papiers syriens contraints de vivre dans l'ombre

De nombreux réfugiés syriens au Liban estiment que leurs vies sont au point mort depuis que Beyrouth a adopté une série de nouvelles mesures rendant presque impossible l'obtention ou le renouvellement de leur permis de séjour.
Un peu plus de la moitié des réfugiés syriens au Liban ne dispose pas de permis de résidence, selon l'ONU. Conséquence: de plus en plus de nouveaux nés ne sont pas enregistrés auprès des autorités.
Cantonnés dans leurs quartiers par peur de se faire arrêter, ils sont dans l'incapacité de travailler.
Les enfants comme Hussein, 14 ans, ont abandonné l'école pour devenir les principaux gagne-pain des familles vivant dans des camps misérables comme Chatila, dans le sud de Beyrouth.
"Je vis dans la peur. Si je décide de quitter le camp, je ne suis pas sûr d'y revenir", confie le père de Hussein, Walid al-Adl, dont le permis de séjour a Liba,expiré.
Chaque jour, cet homme de 49 ans envoie son fils vendre des sucreries cuites au four. "Hussein a moins de chance d'être arrêté. Que pouvons-nous faire d'autre pour gagner notre pain quotidien?", lance Walid, dont le visage marqué témoigne d'une vie anxieuse.
Comme les autres camps de réfugiés palestiniens au Liban, Chatila est progressivement devenu un quartier exigu abritant des familles pauvres et des milliers de réfugiés syriens. Géré par des factions palestiniennes, les forces de sécurité libanaises ne s'y aventurent pas, en faisant un foyer idéal pour les Syriens vivant cachés.

- Cotisation annuelle -
Avec plus d'un million de réfugiés syriens et 450.000 palestiniens enregistrés sur son territoire, le Liban, qui compte à peine 4 millions d'habitants, connait la plus grande concentration de réfugiés au monde.
Dans ce petit pays méditerranéen, les Syriens sont considérés comme étrangers et non comme réfugiés. Contrairement aux autres nationalités, ils doivent fournir un justificatif de domicile et payer chaque année une taxe de 200 dollars (178 euros) pour pouvoir résider au Liban.
"Compte tenu de la baisse des ressources personnelles, les coûts de renouvellement des frais sont prohibitifs pour la plupart des réfugiés", explique à l'AFP Matthew Saltmarsh, du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
"Selon nos enquêtes, 56% des réfugiés n'avaient pas de titre de séjour valide fin mars 2016", ajoute-t-il.
Pour Radiya Ahmed, 23 ans et mère de deux enfants, payer la cotisation annuelle est presque inimaginable.
Contre des tâches simples - travailler dans un orphelinat, faire la plonge - son mari gagne 500.000 livres libanaises (265 euros) par mois. "Cela couvre à peine le loyer, et nous avons deux enfants à nourrir. Comment pouvons-nous payer 300.000 livres pour chacun de nos permis de séjour?", lance-t-elle.
Leur petite fille Fatima risque d'être apatride. "Je ne peux pas aller à Damas pour récupérer le livret de famille. Si je pars, je ne serai pas autorisée à revenir", soupire Radiya.

- 'Invisibles' -
Selon Layal Abou Daher du Conseil norvégien pour les réfugiés, tous les aspects de la vie des Syriens sont affectés. "C'est comme vivre constamment dans la peur. D'une certaine manière, ils sentent - c'est ce qu'ils disent - qu'ils sont poussés à devenir invisibles", déclare-t-elle à l'AFP.
La Sûreté générale, qui encadre le séjour des étrangers au Liban, rejette les critiques concernant ses règlements.
"Il n'y a pas d'obstacle. Au contraire, nous avons introduit plusieurs mesures visant à faciliter l'obtention du permis de séjour pour les Syriens, compte tenu de la situation humanitaire", se défend un porte-parole de la Sûreté générale à l'AFP.
Mais même pour Fahed, 30 ans, homme d'affaires syrien vivant dans une villa de la ville d'Aley, à une quinzaine de km de Beyrouth, la vie au Liban devient "très difficile".
Ce négociant de matériaux de construction se rendait régulièrement en Turquie pour rencontrer ses clients, mais il n'a pas voyager cette année, son permis de séjour ayant expiré.
L'homme d'affaires, qui roule en Mercedes, admet qu'il a moins de chance de se faire contrôler que des Syriens moins aisés dans les transports en commun. "Mais j'essaye quand même d'éviter les points de contrôle", dit-il.
Nombre de ses amis ont quitté le Liban pour l'Europe en 2015, au moment du pic de la crise des migrants. Mais lui a choisi de rester "pour être le plus proche possible de la Syrie". "Dès que la situation s'améliore, je rentre à la maison".

(25-04-2016)