Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé vendredi à l'unanimité de
former un groupe d'experts pour identifier les responsables de récentes
attaques chimiques au chlore en Syrie.
Le Conseil a adopté une résolution américaine en ce sens à laquelle la
Russie s'est ralliée, permettant aux 15 pays membres de faire preuve
d'une unité inhabituelle dans la crise syrienne.
Washington, Londres et Paris, qui ont co-parrainé le texte, accusent
l'armée de Bashar d'avoir mené depuis 16 mois des attaques au gaz de
chlore, notamment dans le nord-ouest de la Syrie.
Mais pour la Russie, alliée de Damas, il n'existe pas pour l'instant de preuve irréfutable de la culpabilité du régime syrien.
La résolution crée un "mécanisme conjoint d'enquête" composé d'experts
des Nations unies et de l'Organisation pour l'interdiction des armes
chimiques (OIAC).
Ces experts devront "identifier dans toute la mesure du possible les
individus, entités, groupes et gouvernements" qui ont organisé, parrainé
ou commis ces attaques.
Cette mission devra être formée dans un délai de 20 jours et durera un
an, avec possibilité de la prolonger par une nouvelle résolution. Elle
rendra un premier rapport dans les 90 jours après le début de son
enquête.
Le gouvernement syrien sera tenu de "coopérer pleinement" en permettant
aux experts d'accéder aux sites des attaques, de recueillir des
échantillons et d'interroger des témoins.
Les ambassadeurs américain et russe se sont félicités de cette
démonstration d'unité du Conseil, paralysé par ses divisions depuis le
début de la guerre en Syrie.
L'Américaine Samantha Power a souhaité que "cette unité se manifeste
aussi pour trouver d'urgence une solution politique" au conflit, qui a
fait 240.000 morts depuis quatre ans et provoqué une catastrophe
humanitaire.
Avant d'entrer en séance, son homologue russe Vitali Tchourkine a salué
"un bon exemple de la volonté de coopérer et de la persévérance
nécessaire pour obtenir un bon résultat".
Mais il a estimé que la résolution devait "surtout avoir un effet
préventif, pour mettre fin à l'utilisation dans l'avenir" d'armes
chimiques en Syrie.
L'ambassadeur syrien Bashar Jaafari a réaffirmé de son côté que "l'armée
syrienne n'a jamais utilisé et n'utilisera jamais d'armes chimiques".
Il a accusé "des groupes terroristes affiliés à al-Qaïda" de l'avoir
fait et a contesté l'impartialité de précédentes enquêtes de terrain
menées par l'ONU et l'OIAC.
Dans un communiqué, la Coalition nationale syrienne (opposition) a
"souhaité que cette résolution (les) rapproche du moment où justice sera
faite pour l'utilisation d'armes chimiques".
La Syrie est censée avoir détruit tout son arsenal chimique, aux termes
d'un accord américano-russe de septembre 2013 qui lui a permis d'éviter
des frappes occidentales.
Mais l'OIAC a conclu l'an dernier que du gaz de chlore avait été "systématiquement" utilisé dans le conflit syrien.
Selon l'OIAC, le chlore a été largué par hélicoptère sur des zones
tenues par l'opposition syrienne, alors que seule l'armée syrienne
possède des hélicoptères.
Mais l'organisation ne s'est pas prononcée pas sur la responsabilité de ces attaques, car elle n'est pas habilitée à le faire.
Pour désigner les coupables, l'ONU profitera de l'expertise de l'OIAC,
qui avait déjà mené une longue enquête de terrain sur un massacre au gaz
sarin ayant fait 1400 morts en août 2013 près de Damas.
Mais dans un pays en guerre les enquêteurs risquent d'avoir beaucoup de
mal à circuler en sécurité et à trouver des indices probants plusieurs
mois après les faits.
De plus, Moscou peut encore contester leurs conclusions ou s'opposer à la prolongation de l'enquête.
Et même si la culpabilité du régime est établie, il faudra pour le
sanctionner faire adopter une nouvelle résolution, que la Russie pourra
bloquer comme elle l'a fait pour quatre résolutions occidentales depuis
le début du conflit.
Des diplomates du Conseil voient néanmoins dans le vote positif de Moscou un signe encourageant.
Ils espèrent qu'il facilitera l'adoption de deux autres initiatives en
discussion: une résolution française condamnant les largages de barils
d'explosifs sur les civils et une déclaration de soutien au médiateur de
l'ONU Staffan de Mistura, qui vient de proposer un nouveau plan de
paix.
Selon l'ambassadeur russe, cette déclaration sera adoptée "très
probablement" au début de la semaine prochaine. "Il s'agira du premier
document exclusivement politique sur la crise syrienne adopté par
consensus".
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