mercredi 12 août 2015

Egypte : L'EI affirme avoir décapité l'otage croate

L'organisation Etat islamique (EI) a affirmé mercredi avoir décapité le jeune Croate travaillant pour une compagnie française enlevé en Egypte il y a trois semaines, qui serait, si le meurtre est confirmé, le premier Occidental exécuté par des jihadistes dans ce pays.
Les ravisseurs ont posté sur des sites jihadistes une photo qui n'a pu être authentifiée dans l'immédiat et montrant le cadavre d'un homme surmonté d'une tête à côté d'un drapeau de l'EI et d'un poignard plantés dans le sable. Ils affirment qu'il s'agit de Tomislav Salopek, 31 ans, enlevé le 22 juillet par des inconnus armés sur une route à 22 km au sud-ouest du Caire.
Vendredi, Province du Sinaï, la branche égyptienne de l'EI, avait menacé de le tuer dans les 48 heures si Le Caire ne libérait pas "les femmes musulmanes" emprisonnées en Egypte.
"Exécution d'un prisonnier de Croatie --pays qui participe à la guerre contre l'Etat islamique-- après expiration de l'ultimatum", lit-on dans un court texte sous la photo.
Les autorités égyptiennes craignaient que la décapitation d'un Occidental effraie encore un peu plus les touristes, qui boudent le pays des Pharaons depuis la révolte populaire ayant chassé du pouvoir Hosni Moubarak en 2011, mais également les nombreuses entreprises étrangères présentes dans le pays, dans un contexte économique morose.
M. Salopek travaillait depuis quelques mois pour la société Ardiseis, filiale de la Compagnie Générale de Géophysique (CGG), une firme française spécialisée dans l'exploration des sous-sols. Il avait été recruté en tant qu'analyste sismique.
Le jour de son enlèvement, "c'était son dernier jour de travail pour la société française. Il s?apprêtait à rentrer à la maison le lendemain", avait déploré son père Zlatko en Croatie, suppliant ses ravisseurs de l'épargner. "La seule et unique raison de son séjour dans votre patrie était de gagner de quoi nourrir ses enfants, rien de plus", avait-il ajouté.
A Zagreb, un responsable du ministère des Affaires étrangères croate a assuré à l'agence de presse gouvernementale HINA que son administration "n'avait aucune confirmation" que M. Salopek "avait été tué".
Les jihadistes de "Province du Sinaï", la branche égyptienne de l'EI basée dans la province du même nom et située dans l'est de l'Egypte, ont multiplié depuis deux ans les attentats visant essentiellement les soldats et les policiers.
Ils assurent vouloir venger les victimes de la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste élu Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013 et condamné à mort en première instance en mai.
Depuis juillet 2013, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués par les policiers et les soldats, plus de 15.000 partisans du chef de l'Etat déchu ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
Dans le même temps, de nombreux attentats et attaques-commandos revendiqués essentiellement par Province du Sinaï et un autre groupe jihadiste ont fait plus de 500 morts parmi les policiers et les soldats, selon le gouvernement égyptien. La plupart ont été tués dans le Sinaï, province désertique frontalière avec Israël et la bande de Gaza, mais nombre d'explosions ont également visé les forces de l'ordre au Caire.
Le 11 juillet dernier, la branche égyptienne de l'EI avait revendiqué un attentat à la voiture piégée contre le consulat d'Italie au Caire, dans lequel un passant avait péri. En décembre, elle avait affirmé avoir tué un Américain travaillant pour la société pétrolière Apache, dans une zone désertique au sud-ouest du Caire, non loin de là où M. Salopek a été kidnappé.
Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak, l'EI a exécuté de nombreux étrangers enlevés notamment en Syrie, dont des journalistes et des humanitaires.
Si l'exécution de M. Salopek est confirmée, elle montrerait aussi les limites de la vaste campagne militaire engagée contre l'EI, une organisation de plus en plus active dans le Sinaï, et la répression implacable visant toute opposition islamiste, notamment la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi, que M. Sissi veut "éradiquer" en l'accusant d'être la "source" du "terrorisme".
Les cadres de la confrérie se défendent de ces accusations et condamnent régulièrement les attentats. Avant la destitution de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, les Frères musulmans avaient remporté toutes les élections organisées à l'issue de la chute de Hosni Moubarak en 2011.

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