L'école a repris dans les quartiers contrôlés par les rebelles à Alep
mais les cours ont lieu dans des pièces souterraines, à l'abri des
bombardements incessants de l'armée de l'air syrienne.
Les écoliers quittent la lumière du jour pour rejoindre une cave en bas
d'un escalier obscur. Là, plusieurs dizaines d'enfants, garçons et
filles de différents âges, sont entassés sur des bancs derrière 15
tables.
Dans la salle, la peinture blanche est écaillée, il n'y a aucun des ornements habituels d'une classe.
Les écoliers doivent se partager cahiers, crayons et stylos, mais malgré
tout ils entonnent en choeur et avec enthousiasme une chanson et
suivent avec attention ce que leur professeur, M. Abdallah, écrit au
tableau.
"Les enfants étudient au sous-sol à cause des bombes. Aux étages
au-dessus, l'école est bien équipée, mais l'intensité des bombardements
nous a contraint de faire cours dans la cave", explique M. Abdallah.
"C'est dur pour eux. On sent qu'ils sont sous pression lorsqu'ils
descendent au sous-sol, nous essayons de les distraire pour améliorer
leur moral", souligne le jeune maître.
Durant
les récréations, les enfants grimpent les escaliers pour respirer à
l'extérieur, malgré les risques. Les avions et hélicoptères de l'armée
survolent souvent le secteur, tirent des roquettes ou lâchent de manière
aveugle des barils d'explosifs meurtriers.
"Nous jouons un peu pour nous distraire car nous restons longtemps
enfermés sous terre", confie Jaafar, coiffé d'une capuche grise, tandis
que ses camarades sautillent autour de lui. "Mais, il est impossible de
rester longtemps au grand jour car nous avons peur qu'un avion nous
bombarde", déplore-t-il.
Sur l'aire de récréation, deux jeunes filles tournent en rond en se
tenant les deux mains. Une fillette, chemise rouge et sandales bleues,
fait rebondir un ballon. Une autre, coiffée d'un foulard, saute à la
corde pendant qu'un garçon, avec un sac à dos vert, applaudit. D'autres
enfants courent.
Des
milliers d'enfants ont péri durant le conflit en Syrie, qui dure depuis
plus de trois ans. Un très grand nombre ont été déplacés à cause des
combats opposant les rebelles aux forces gouvernementales.
Alep (nord) est l'une des zones les plus ravagées par la guerre. Les
raids y ont anéanti la majeure partie de ce qui était auparavant la
capitale économique de la Syrie.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), près de 3000
personnes ont péri à Alep depuis le début de l'année, dont 800 enfants.
La scolarité est erratique et rares sont ceux qui peuvent suivre un
cursus normal. Des enfants d'âges différents s'entassant pour suivre les
mêmes leçons.
Mona, une institutrice, constate que beaucoup de choses ont changé
depuis qu'elle a commencé à enseigner avant le début de la révolte en
mars 2011.
"Nous avons été contraints de prendre des édifices qui n'étaient pas
adaptés à l'habitation et nous les avons transformés en écoles. Les
élèves souffrent car ils manquent de place pour jouer, les classes se
déroulent dans une atmosphère de peur et le quartier est souvent
bombardé".
Régulièrement, les enfants s'absentent durant des semaines. A leur
retour, ils expliquent que leur maison a été la cible de bombardements
ou de raids.
"Ils nous disent: +Mon secteur a été visé par des tirs. Ma maison a été
détruite et mon frère est mort+. Les écoliers sont les plus grandes
victimes de cette révolution", dit-elle.
Selon un récent rapport de l'ONU, le système éducatif en Syrie est au
bord du gouffre avec plus de la moitié des enfants d'âge scolaire
(51,8%) n'allant plus à l'école. Cette proportion atteint plus de 90% à
Raqa et Alep et 68% dans le Damas rural.
À la fin de 2013, 4.000 écoles étaient hors service parce qu'elles
étaient détruites, endommagées ou accueillaient des personnes déplacées.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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