Un mois après avoir lancé leur campagne aérienne contre l'État islamique
en Irak, les forces américaines ont pour la première fois mené une
frappe aérienne contre une position djihadiste près de Bagdad. Cette
frappe aérienne a eu lieu lundi au sud-ouest de la capitale irakienne,
selon le Centcom, le commandement de l'armée américaine chargé du
Moyen-Orient et de l'Asie centrale, qui a précisé qu'elle avait vocation
à soutenir l'armée irakienne "dans son offensive contre les terroristes
de l'État islamique". De cette position djihadiste visée par le
bombardement américain "partaient des tirs vers les soldats irakiens", a
expliqué l'armée américaine. Une autre frappe a eu lieu au nord de
l'Irak, près de Sinjar, et a détruit six véhicules de l'EI, a encore
indiqué le Centcom ajoutant que ces deux raids ont eu lieu "au cours des
dernières 24 heures". Depuis le 8 août, les forces américaines ont
conduit un total de 162 raids aériens contre les extrémistes
ultra-radicaux sunnites dans le nord de l'Irak.
Lundi toujours, à Paris, la communauté internationale s'était engagée à
soutenir l'Irak "par tous les moyens" contre l'État islamique (EI). À
l'issue d'une réunion de trois heures, vingt-sept pays arabes et
occidentaux et trois organisations internationales ont martelé que Daesh
(acronyme arabe de l'EI) était "une menace non seulement pour l'Irak,
mais aussi pour toute la communauté internationale". Ils se sont
"engagés à soutenir le nouveau gouvernement irakien dans sa lutte contre
Daesh par tous les moyens nécessaires, y compris une aide militaire
appropriée", selon le communiqué final d'une conférence présidée par les
chefs d'État français François Hollande et irakien Fouad Massoum. "Il
n'y a pas de temps à perdre", a exhorté le président français, son
homologue irakien réclamant une intervention aérienne "rapide".
La France, qui arme les combattants kurdes irakiens face à l'EI et qui
s'était déjà dite prête à participer à des frappes, a quant à elle
procédé lundi à ses premiers vols de reconnaissance au-dessus de l'Irak.
Mais les pays membres de la future coalition que les États-Unis
s'efforcent de bâtir n'ont pas annoncé la manière dont ils comptaient
riposter à l'EI. La stratégie contre le groupe armé, "c'est bien plus
que des frappes", a lancé le secrétaire d'État John Kerry, qui bouclait
une tournée marathon qui l'a mené à Bagdad, Amman, Jeddah, Ankara et Le
Caire, où il a rallié des soutiens des poids lourds de la région, comme
l'Arabie saoudite et l'Égypte. "Un grand nombre de pays ont offert leur
participation, des pays européens, des pays hors Europe, des pays de la
région (Moyen-Orient, NDLR) ou extérieurs à la région", a-t-il résumé.
Le prochain grand rendez-vous sur l'Irak sera le 19 septembre pour une
réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU. Car "nous sommes
tous concernés", a lancé le chef de la diplomatie française Laurent
Fabius, sur fond de multiplication des atrocités par l'EI, la dernière
en date étant la décapitation samedi de l'humanitaire britannique David
Haines. Il est le troisième otage occidental des djihadistes à être
assassiné en moins d'un mois, après les journalistes américains James
Foley et Steven Sotloff.
L'EI, qui a déclenché une offensive fulgurante mi-juin dans le nord de
l'Irak, contrôle quelque 40 % du territoire de ce pays, mais aussi un
quart de la Syrie. Les participants à Paris se sont toutefois abstenus
de la moindre référence à la Syrie, le projet des États-Unis d'y étendre
leurs frappes aériennes étant contesté tant par ceux qui craignent de
renforcer le président Bachar al-Assad que par ceux qui soutiennent son
régime, comme Moscou et Téhéran. "Les Russes sont avec nous quand il
s'agit de combattre le terrorisme et si on ne parle que de l'Irak, c'est
relativement simple", a jugé un diplomate. En revanche, l'Iran, poids
lourd régional chiite régional et ennemi de l'EI, n'était pas
représenté, jugeant illégitime une coalition dont l'objectif serait,
selon Téhéran, de renverser son allié syrien. L'Irak, également proche
de l'Iran, a "regretté l'absence" de son voisin, selon son ministre des
Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari. Les portes ne sont cependant pas
totalement closes. "Nous ne nous coordonnerons pas avec l'Iran, mais
nous sommes ouverts à une discussion" diplomatique sur la lutte contre
l'EI, a indiqué John Kerry. Washington et Téhéran parlent déjà de l'Irak
en marge de leurs négociations sur le nucléaire iranien, dont la
prochaine session se tient jeudi à New York.
Quant aux frappes en Syrie, où l'EI a établi sa base arrière, elles
restent "hypothétiques", selon un diplomate français, Paris souhaitant
renforcer l'opposition "modérée" qui combat les djihadistes et le régime
de Damas. Londres a insisté sur "l'ampleur des difficultés" à surmonter
en Syrie en cas de frappes. "Mais nous ne l'excluons pas", a dit son
chef de la diplomatie Philip Hammond. Son homologue américain John Kerry
a réaffirmé la volonté de son pays de "traquer l'EI où qu'il se trouve,
y compris en Syrie". Mais Washington "ne se coordonnera pas avec les
Syriens" en cas de frappes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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