Le président français François Hollande a promis vendredi "le soutien"
de la France au nouveau gouvernement irakien "composé démocratiquement",
à l'issue d'un entretien avec son homologue Fouad Massoum. "Je tenais à
être présent aujourd'hui ici à Bagdad" pour "affirmer le soutien et la
solidarité de la France" au nouveau gouvernement irakien "qui s'est
composé démocratiquement et a pu rassembler l'ensemble des composantes
du peuple irakien", a déclaré le chef de l'État français.
Le président français est arrivé à Bagdad, vendredi matin, deux jours
après la visite de John Kerry et de l'annonce par Barack Obama de
frappes aériennes contre les islamistes en Irak et Syrie. François
Hollande est ainsi le premier chef d'État occidental à venir "témoigner"
son soutien au nouveau gouvernement irakien. Lors de sa visite en Irak,
François Hollande pourrait aussi faire escale à Erbil, capitale de la
région autonome du Kurdistan irakien.
Onze ans après avoir refusé de suivre Washington et Londres dans
l'invasion de l'Irak, la France tente ainsi de revenir sur le devant de
la scène dans ce pays avec lequel elle a entretenu des liens historiques
forts, mais ambigus, sous le régime de Saddam Hussein renversé en 2003.
Dans le conflit actuel contre l'État islamique (EI), Paris fournit
depuis août des armes aux Kurdes irakiens et de l'aide humanitaire aux
civils. La France s'est dite prête à utiliser ses bombardiers dans le
cadre d'une opération américaine en Irak, mais a écarté jusqu'à présent
une action en Syrie.
Dans leur quête de soutien pour la nouvelle stratégie définie mercredi
par le président Obama contre l'EI, le secrétaire John Kerry, dépêché à
Jeddah (Arabie saoudite), a obtenu jeudi le soutien de dix pays arabes.
Cependant, le régime syrien, appuyé par la Russie, a immédiatement mis
en garde Washington contre le lancement de frappes sur son territoire
sans son accord. Les États-Unis et les dix pays arabes, dont l'Arabie
saoudite, le Qatar, l'Irak et l'Égypte, "ont déclaré leur engagement
partagé à se tenir unis contre la menace que pose pour la région et le
monde le terrorisme, y compris le soi-disant EI", selon un communiqué
commun. Cet engagement pourrait impliquer une participation à une
"campagne militaire coordonnée", selon le texte, sans entrer dans les
détails. John Kerry poursuivra son offensive diplomatique vendredi à
Ankara, puis au Caire samedi pour rencontrer le chef de la Ligue arabe.
L'État islamique (EI) compte "entre 20 000 et 31 500" combattants dans
ses rangs en Syrie et en Irak, selon la nouvelle estimation de l'agence
américaine du renseignement (CIA), dont l'évaluation précédente évoquait
le chiffre de 10 000 djihadistes membres de l'EI. La CIA attribue cette
hausse à "un recrutement plus vigoureux depuis le mois de juin, après
des victoires sur le terrain et la proclamation du califat, une activité
plus intense dans les combats et de nouvelles sources de
renseignement", a expliqué Ryan Trapani, un porte-parole de l'agence, à
l'AFP.
Dans son allocution, le président Obama avait martelé l'objectif de son
"plan d'action" : "Nous affaiblirons et, à terme, détruirons l'EI." Pour
y parvenir, "je n'hésiterai pas à agir contre l'EI en Syrie, comme en
Irak", avait-il annoncé. Des avions américains pourraient donc effectuer
des raids contre des bastions de l'EI en Syrie, en plus des quelque 150
frappes conduites depuis le 8 août en Irak. Ces raids se sont avérés
déterminants dans la reprise par les troupes irakiennes de positions
tenues par les djihadistes. Aux yeux de diplomates américains, l'Arabie
saoudite doit être l'"élément-clé de la coalition par sa taille, son
poids économique et sa portée religieuse avec les sunnites".
Après l'appel téléphonique de Barack Obama mercredi au roi Abdallah
d'Arabie, John Kerry a eu un entretien avec lui jeudi soir. Ils sont
tombés d'accord pour renforcer l'aide à l'opposition syrienne modérée.
Les Saoudiens pourraient former et entraîner des rebelles syriens, qui
combattent à la fois le régime de Bashar el-Assad et l'EI. Les
États-Unis entendent aussi "renforcer [leurs] bases" dans le Golfe et
accroître "les vols de surveillance" avant d'éventuelles frappes en
Syrie, selon un responsable du département d'État. Le Pentagone va
commencer à baser une partie de ses avions à Erbil, au Kurdistan
irakien. La stratégie Obama a été bien accueillie par l'opposition
syrienne modérée, qui devrait bénéficier des moyens militaires qu'elle
réclame depuis longtemps. Mais le Congrès américain a prévenu qu'il n'y
aurait pas de vote sur cette aide avant la semaine prochaine.
Bagdad a aussi salué l'annonce par Barack Obama de l'envoi de 475
conseillers militaires supplémentaires en appui aux forces kurdes et
fédérales irakiennes en termes d'équipements, de formation et de
renseignements. Cet effort portera à environ 1 600 le nombre de
militaires américains en Irak. L'engagement des États-Unis contre l'État
islamique est un tournant pour le président Obama, élu fin 2008 sur sa
volonté de tourner la page d'une décennie de guerres en Irak et en
Afghanistan. Sans surprise, Moscou, allié de Damas, a jugé que des
frappes en Syrie sans l'aval de l'ONU constitueraient une "violation
grossière" du droit international. Le régime de Bashar el-Assad a
également prévenu Washington que "toute action sans l'accord du
gouvernement serait considérée comme une attaque contre la Syrie".
Présente à Jeddah, la Turquie a confirmé qu'elle ne prendrait pas part
aux opérations armées, se concentrant "entièrement sur les opérations
humanitaires". En Europe, l'Allemagne a exclu de participer à des
frappes en Syrie. "On ne nous l'a pas demandé et nous ne le ferons pas",
a dit son chef de la diplomatie, Frank-Walter Steinmeier. Le Premier
ministre britannique David Cameron a, en revanche, dit ne "rien"
exclure, son chef de la diplomatie ayant cependant affirmé que Londres
ne participerait pas à des opérations en Syrie. De son côté, le
président français François Hollande exposera sa position au cours de sa
visite vendredi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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