Un an après François Hollande, Jean-Marc Ayrault effectue à son tour
lundi et mardi une visite officielle en Algérie destinée à cultiver une
relation "apaisée" dont le volet économique est toutefois soumis à une
concurrence grandissante.
Après la Chine la semaine dernière, le Premier ministre effectue un
nouveau déplacement à haute teneur économique. Il sera à Alger lundi,
avant de se rendre à Oran le lendemain. Pas moins de neuf ministres,
dont Manuel Valls (Intérieur), Arnaud Montebourg (Redressement
productif) et Vincent Peillon (Education), l’accompagneront.
"Le président de la République a effectué une visite en décembre 2012
qui a permis de relancer les relations, il avait prononcé des discours
importants sur la volonté de la France d’avoir une relation apaisée avec
Alger", rappelle un conseiller de M. Ayrault.
La visite de M. Hollande avait notamment débouché sur l’installation
d’un "mécanisme de suivi, l’instance gouvernementale de haut-niveau qui
est présidée par les deux Premiers ministres" algérien et français. Le
déplacement de M. Ayrault va ainsi permettre de réunir pour la première
fois cette "instance", explique-t-on à Matignon.
"Cela peut paraître un peu formel, mais c’est très utile, ça donne une
impulsion à des dossiers qui trainent parfois depuis des mois",
explique-t-on dans l’entourage de M. Ayrault. "Il y a eu un effort
considérable pour structurer dans tous les domaines cette relation
franco-algérienne".
Le chef du gouvernement débutera son déplacement par une halte au
Monument du Martyr, érigé en mémoire des combattants algériens tombés
pour l’indépendance du pays. Mais le reste de la visite sera clairement
axé sur les échanges économiques entre les deux pays.
Quatrième client de l’Algérie, essentiellement en hydrocarbures, la
France reste son premier fournisseur (12,8% de part de marché en 2012).
Mais "il y a un effritement constant depuis dix ans", admet Matignon, du
fait de la "concurrence d’autres pays comme l’Espagne et la Chine". Ce
dernier pays pourrait même ravir dans les prochains mois à la France
cette place de premier fournisseur.
Au premier semestre 2013, l’excédent commercial français s’est ainsi
élevé à 670 millions d’euros, contre 2,5 milliards d’euros en 2012. La
part de marché cette année s’est "un peu tassé", à 11,7%, relève
Matignon.
M. Ayrault clôturera notamment lundi un Forum économique à Alger qui
réunira 400 chefs d’entreprises des deux pays. Martin Bouygues, Pierre
Mongin (RATP), ainsi que des dirigeants d’Alstom ou de Renault feront
ainsi partie de la délégation, où figureront aussi plusieurs
parlementaires comme Samia Ghali (PS) ou Jean-Christophe Lagarde (UDI).
Le Premier ministre visitera également une usine Renault, censée
illustrer cette philosophie du "co-développement industriel" entre Paris
et Alger, un partenariat présenté comme "gagnant-gagnant". Il prendra
aussi le tramway d’Oran, conçu par Alstom et la RATP et inauguré il y a
quelques mois.
La venue de M. Ayrault doit par ailleurs faire avancer d’autres volets,
selon Matignon, comme la "mobilité" d’un pays à l’autre. Des "efforts"
ont par exemple été faits, souligne Matignon, dans la délivrance de
visas. 250 000 ont été accordés en 2013, contre 210 000 l’an dernier,
pour un "taux d’acceptation" d’environ 75%.
M. Ayrault devrait être reçu par le président Abdelaziz Bouteflika mais
la rencontre reste à confirmer. Il est aussi attendu par des ONG qui lui
demandent d’aborder la question des droits de l’Homme avec les
autorités algériennes.
Elles fustigent "les violations récurrentes des libertés syndicales, de
réunion et d’association en Algérie" qui "remettent en cause la
possibilité même pour la population de jouir des bienfaits d’une
coopération économique renforcée avec la France".
Parmi les signataires figurent la Fédération internationale des droits
de l’Homme (FIDH), le Comité international de soutien au syndicalisme
autonome algérien (CISA) et le Collectif des familles de disparus en
Algérie (CFDA).
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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