jeudi 19 décembre 2013

Israël/Palestine : Rapport "Baladi" sur la situation des prisonniers palestiniens dans les geôles sionistes

La vague de froid dans la région n’a pas épagné les prisonniers, dont les conditions de détention sont déjà précaires et inhumaines. Les prisonniers palestiniens lancent des cris d’alarme, ils ont froid et les autorités carcérales les empêchent de recevoir des vêtements chauds supplémentaires, des couvertures et des appareils pour chauffer les cellules et les camps de détention. C’est ce que vient de déclarer le ministre chargé des affaires des prisonniers, dans l’Autorité Palestinienne de Ramallah, expliquant que le ministère, en accord avec le CICR, a tenté de faire introduire vêtements chauds et couvertures, mais la direction de la prison de Ofer a refusé. Il a souligné que dans les prisons situées dans le sud du pays, dans le Naqab, le froid a atteint des proportions catastrophiques et que les centres de détention sont dépourvus de tout moyen de chauffage. Mais les autorités carcérales de l’occupation se réjouissent plutôt et ont ajouté aux châtiments courants envers les prisonniers, le fait de les placer une heure en plein air sous la pluie. La barbarie de l’occupant est illimitée.

Prisonniers grévistes de la faim dans les prisons de l’occupation
. Le prisonnier jordanien Alaa Hammad (34 ans) a momentanément arrêté la grève de la faim, déclenchée au début du mois de mai 2013, avant de la reprendre quelques jours plus tard. La direction carcérale sioniste a autorisé les membres de sa famille au second degré, vivant dans la ville d’al-Quds, de lui rendre visite. Mais quelques jours plus tard, elle a refusé la visite à son épouse et ses enfants, vivant en Jordanie. Il a donc repris la grève de la faim. Le résistant Alaa Hammad, qui a mené une longue grève de la faim, sans aucun appui médiatique, a été arrêté en 2006 et est condamné à 12 ans de prison.

. Trois prisonniers en détention « administrative » mènent une grève de la faim, depuis le 16 novembre dernier. Il s’agit des frères Mohammad (25 ans) et Islam (20 ans) Saleh Badr, de Beit Laqya et Thaer Nabil Ubaydo. Ils subissent des pressions de la part des autorités carcérales pour arrêter leur mouvement : leur cellule est constamment fouillée et les incursions des forces de la répression sont multipliées. Ils ont refusé une proposition du Shabak (service de renseignements sioniste) d’arrêter leur mouvement en contrepartie d’une promesse verbale que leur détention ne serait pas renouvelée. Le 11 décembre, les trois prisonniers ont été transférés à l’hôpital « Mijan » à cause de la détérioration de leur état de santé. Dans la cellule où ils ont été isolés, ils n’ont que de minces matelas et couvertures, ils ont interdits de sortie de leur cellule sauf une heure, pour se laver. Islam Badr est le plus jeune détenu « administratif » (20 ans).

. les prisonniers « administratifs » de la prison du Naqab ont mené une grève de la faim de trois jours, en pleine tempête, pour protester contre les mesures punitives de l’administration carcérales prises à leur encontre.

Libérer les prisonniers malades
. le résistant Mu’tassam Raddad, arrêté en 2006 condamné à 20 ans de prison, a été transporté d’urgence à l’hôpital. Au regard de son état de santé qui s’est dégradé, les autorités de l’occupation ont prévu une séance du tribunal pour le libérer avant la fin de la période. Une fois encore, au lieu de soigner les prisonniers malades, la direction sioniste préfère se dégager de sa responsabilité, et envoyer les prisonniers à la mort, en les libérant in-extremis.

. Le ministre chargé des prisonniers dans l’Autorité Palestinienne, Issa Qaraqe’i a affirmé que les prisonniers malades sont des « morts en puissance », car l’Etat de l’occupation ignore leur cas et refuse de les soigner. Il a ajouté que dans l’entité de l’occupation, ce sont les services sécuritaires qui décident du sort des prisonniers, et non les médecins.

Le prisonnier malade, Na’im Shawamreh, détenu dans la prison de Ascalan, est en situation critique : il perd quotidiennement le contrôle de ses membres. Son état de santé se détériore rapidement.
Plusieurs prisonnières palestiniennes souffrent de divers maux. Un rapport d’une association de solidarité avec les prisonniers palestiniens fait état de plusieurs maladies qui frappent les prisonnières résistantes à l’occupation. Qu’elles soient condamnées ou non, les détenues palestiniennes vivent dans des conditions inhumaines, ce qui favorise et aggrave les maladies dont elles souffrent. La résistante Lina Jarbouni souffre des sequelles de l’opération chirurgicale subie il y a quelques mois, Intissar Sayyad souffre des poumons, Tahrir Qanni a les yeux infectés depuis son arrestation le 12 mai 2013, Nawal Saadi, du camp de Jénine, souffre de tension.

Abolir la détention « administrative »
Depuis le 25 novembre, les détenus « administratifs » sont en lutte contre cette forme de détention arbitraire et criminelle. Il ont défini la troisième étape de leur lutte, qui est la grève de la faim, tous les lundis et jeudis. La prochaine étape prévoit le boycott des centres « médicaux » de la direction carcérale, le refus des médicaments et la grève illimitée de la faim. Ils poursuivent le boycott des tribunaux militaires. Si l’occupant ne réagit pas, ils prendront des mesures plus importantes le 30 décembre, y compris la grève de la faim illimitée.

Les autorités de l’occupation se vengent : les détenus « administratifs » détenus dans la prison de Meggiddo ont été dispersés dans les différentes sections de la prison, et dans la prison de Ofer, ils ont été interdits de visite pendant un mois.
Abdallah Ja’idi, 42 ans, du mouvement Hamas, arrêté le 28 novembre, a été condamné à 4 mois de détention « administrative » par un tribunal militaire sioniste. Il avait déjà été arrêté et détenu pendant 28 mois.
Juste au moment où il devait être libéré, le tribunal militaire de l’occupation prononce une détention « administrative » à son encontre : Le prisonnier Raed Moussa, de la région de Jénine, arrêté le 30 octobre dernier, a été transféré au tribunal de Ofer qui l’a condamné à 6 mois de détention « administrative » alors que le tribunal de Salem avait demandé sa libération.

26 ordres de détention « administrative » ont été prononcés par les tribunaux militaires sionistes contre les Palestiniens arrêtés, au mois de novembre. La détention « administrative » signifie la détention basée sur des rapports secrets des services de renseignements, qui jugent si le Palestinien représente un danger pour l’occupation. Tout Palestinien est menacé par l’occupation par cette forme de détention.

Interdiction d’étudier
Les autorités de l’occupation avaient supprimé, après l’enlèvement du soldat sioniste Shalit, la possibilité pour les prisonniers de poursuivre leurs études, par le biais de « l’université libre hébraïque », seule autorisée à remettre des diplômes aux prisonniers. De nombreux résistants, qui ne leur restaient que quelques mois avant d’achever le cycle universitaire choisi, ont dû arrêter leurs études, la direction de l’université ayant refusé sa poursuite. Après l’accord d’échange entre la résistance et les sionistes, cette mesure punitive est discutée par la Knesset sioniste, où les partis politiques font la surenchère pour montrer lequel est le plus terroriste.

En poursuivant leurs études, les résistants prisonniers de l’entité occupante poursuivent leur défi à l’occupation. De nombreux prisonniers ont réussi à obtenir des diplômes qui leur ont permis de travailler, après leur libération. Pour les prisonniers, étudier c’est non seulement espérer, mais c’est aussi affirmer sa volonté de poursuivre, en prison même, la lutte du peuple palestinien. Etudier c’est lutter et résister à l’occupant, qui cherche à faire des prisonniers des êtres dépourvus de toute humanité, des êtres qui ressembleraient aux colons. En interdisant la poursuite des études et en confisquant les livres introduits en prison, en déchirant les manuscrits écrits par les prisonniers, l’occupant tente de briser la volonté des prisonniers. Malgré tout, les prisonniers résistent.

Répression
Suite aux manifestations et protestations à Haïfa (en soutien aux Palestiniens de Shefa’Amr traduits devant le tribunal pour avoir mis fin à la terreur de Natan Zadé, en août 2005) et dans le Naqab lors de la Journée de colère le 30 novembre dernier, des dizaines de Palestiniens des territoires occupés en 48 ont été arrêtés. Certains ont été relâchés, mais d’autres risquent d’être condamnés.

Arrestation des deux fils du député maqdissi Ahmad Attoun et convocation de la mère, de l’épouse et de son frère par l’occupant au poste de la prison de Moskobiyya.
Pour la dixième fois, la comparution de la résistante Mona Qaadan devant le tribunal sioniste est reportée. Arrêtée au mois de novembre 2012, Mona Qaadan (42 ans) ancienne prisonnière libérée, n’est toujours pas « jugée », et sa famille est toujours interdite de visite.

Le tribunal militaire de l’occupation, à Salem, au nord de Jénine, a prolongé pour la huitième fois la détention de deux gosses de la famille Abu Rabb, Ibrahim et Yazid, qui est blessé. Les deux enfants avaient été battus et torturés lors de leur arrestation. Les pères des deux enfants ont adressé des appels à l’UNICEF et le CICR pour intervenir et faire libérer leurs enfants, arrêtés depuis le 24 avril 2013.
3 prisonniers détenus dans la prison de Meggido ont été asphyxiés le 11 décembre, lorsque les forces répressives de l’occupation ont aspergé les prisonniers de gaz, suite à la protestation de ces derniers contre les gardiens.

Avant la libération de Midhat Issawi, les forces de l’occupation ont mené une incursion dans le boug Issawya et dans la maison de Samer Issawi, à la recherche de … Samer et Midhat Issawi. La famille des deux personnes recherchées leur a déclaré qu’ils sont en prison.

Arrestation pour refus de servir dans l’armée de l’occupation
Le jeune Omar Saad, du village al-Maghar, dans la Galilée occupée en 1948, a envoyé une lettre au bureau du service militaire, expliquant son refus d’être enrôlé dans l’armée de l’occupation. Comme tous les Palestiniens druses, Omar est obligé de servir cette armée qui tue son peuple. Omar a été condamné à la prison. Bien qu’il ne soit pas le premier druse à refuser d’être enrôlé, Omar Saad a tenu à médiatiser son refus, au moment où les sionistes pensent enrôler les chrétiens palestiniens dans leur armée.

Libération
Nasser Abu Saoud, de la ville occupée d’al-Quds, a été libéré après 26 mois de détention dans les geôles de l’occupation.
Le résistant Midhat Issawi, a été libéré après 20 mois de détention. Frère de Samer Issawi, et cadre dirigeant du FDLP, Midhat a subi un emprisonnement de 25 ans dans les prisons de l’occupation. La famille Issawi a déclaré que leur joie ne sera complète qu’à la libération de Samer Issawi, qui a mené une grève de la faim durant 9 mois et qui devrait être libéré.

Aprè 10 ans d’emprisonnement pour résistance à l’occupation, Muss’ab Brayim (Jihad islamique) et Adel Sadeq ont été libérés début décembre. Le résistant Brayim a envoyé un message aux organisations de la résistance palestinienne leur réclamant des actions pour faire libérer les prisonniers, décrivant ceux-xi comme étant les représentants de la nation, tant au niveau de leur patience que de l’affrontement avec l’ennemi.

Le résistant prisonnier Bashir Shbayta a été libéré.

Statistiques
Nadi al-Assir (club des prisonniers) a affirmé que les autorités de l’occupation détiennent dans 26 prisons, centres et camps de détention 5000 Palestiniens, dont 15 prisonnières et environ 200 enfants. 95% des prisonniers détenus subissent des tortures diverses, dès leur arrestation et avant et pendant les interrogatoires. Au cours de cette année, 4 prisonniers ont été assassinés par l’occupant à cause de la négligence médicale. 165 Palestiniens sont en détention « administrative ». 1400 prisonniers sont malades, et parmi eux, 150 prisonniers souffrent de graves maladies.

52 anciens prisonniers, détenus avant les accords d’Oslo en 1993, n’ont pas encore été libérés.

Selon le centre Wadi Helwa, dans al-Quds, les forces de l’occupation ont arrêté 75 Maqdisis au mois de novembre, dont 40 enfants et 4 femmes. Les enfans arrêtés ont entre 10 et 17 ans. Un ordre d’arrestation a été prononcé à l’encontre d’un enfant de 4 ans, Mohammad Zein al-Majed.

Solidarité
Plusieurs manifestations et rassemblements de solidarité avec les prisonniers malades, et notamment Mu’tassam Raddad, ont eu lieu dans les provinces de Tulkarm et d’al-Khalil, au début du mois de décembre. D’autres manifestations ont eu lieu, avec la participation des familles de prisonniers, dans la ville d’al-Khalil pour exiger la libération des détenus « administratifs », en solidarité avec leur mouvement de protestation.

L’association européenne U-Free demande la libération du journaliste et caricaturiste Thamer Sabaaneh, arrêté en mars 2013 par l’occupation et détenu « administratif ». Thamer Sabaaneh a longtemps milité pour la libération des prisonniers, et a écrit de nombreux textes pour populariser leur lutte. Agé de 35 ans, il est le père de trois enfants, le dernier étant né après son arrestation.

Les forces sécuritaires de l’AP poursuivent les militants palestiniens
Des incursions « de la honte » sont menées par les forces sécuritaires de l’AP dans la province de Nablus, et notamment dans le camp de Balata. De nombreux prisonniers libérés ont été arrêtés. Les services de renseignements de l’Autorité palestinienne ont arrêté le prisonnier libéré Ibrahim Shrayem, cadre du mouvement du Jihad islamique, à Qalqylia. Shrayem avait été arrêté par l’occupation deux fois, pour une durée de trois et demi.

Les forces sécuritaires de l’AP ont mené une incursion dans le camp de Jénine pour arrêter le cadre dirigeant du mouvement du Jihad islamique, Mahmoud Saadi, et le fils du dirigeant du Hamas toujours détenu par l’occupation, Hamza abul-Haija. Elles ont été accueillies par les jeunes du camp qui ont lancé des pierres.

(Décembre, 2013 - "Baladi")

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