Après une sombre décennie, Bethléem a bénéficié récemment d’un afflux
record de pèlerins, surtout à Noël, mais la première destination
touristique de Palestine reste prisonnière du mur de séparation
israélien qui la coupe de Jérusalem toute proche.
"Bethléem, une de nos principales attractions touristiques, est
encerclée par 27 colonies. En conséquence, nous sommes entourés de hauts
murs, de clôtures et de checkpoints intimidants qui dissuadent les
touristes", déplore la ministre palestinienne du Tourisme, Rola Maayah.
"On pourrait développer le tourisme, attirer des gens du monde entier,
mais ce n’est pas possible à cause de l’occupation (israélienne)",
explique-t-elle.
Depuis 2002, Israël a érigé en Cisjordanie une barrière de sécurité
—baptisée "mur de l’apartheid" par les Palestiniens— qui sépare Bethléem
de la Ville sainte, éloignée de moins de 10 km, et des localités
palestiniennes avoisinantes.
L’extension des implantations juives à proximité contribue à dessein à
isoler encore la ville berceau du christianisme, accusent les
Palestiniens.
Pourtant, depuis son classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO en
juin 2012, salué comme une victoire diplomatique "historique" par les
Palestiniens, Bethléem espère un bond touristique, crucial pour
l’économie locale.
Car dans cette cité de 25.000 habitants, où presque un sur quatre est au
chômage, le revenu de deux foyers sur trois dépend de l’industrie du
tourisme.
Bethléem, le lieu de la naissance de Jésus selon la tradition
chrétienne, a reçu plus de deux millions de personnes en 2011 et 2012,
des foules record après des années 2000 difficiles en raison de la
deuxième Intifada.
"Il y a eu un bond sensible du tourisme en Palestine en 2012, avec une
hausse de 18% du nombre de visiteurs", relève Rola Maayah. Un peu plus
de la moitié sont des étrangers.
Avec 3.800 chambres, Bethléem représente près de la moitié de la
capacité hôtelière de la Cisjordanie. Toutefois, le taux d’occupation
(65% à 70%) est inégalement réparti durant l’année.
’Bethléem n’est pas un musée’
"Nous sommes remplis à l’avance pour les fêtes chrétiennes mais il y a
beaucoup de chambres vides pendant le reste de l’année", admet Fairouz
Khoury, directrice adjointe de la chambre de commerce de Bethléem.
"Nos visiteurs devraient savoir que Bethléem, ce n’est pas seulement la
Nativité", souligne Vera Baboun, une Palestinienne catholique, à la tête
de la mairie depuis 2012, qui regrette que la plupart d’entre eux ne
s’attardent pas.
Les pèlerins — en majorité des Russes, des Américains et des Polonais —
descendent des cars, visitent à la queue leu-leu la Basilique de la
Nativité, l’une des églises les plus anciennes et sacrées de la
chrétienté, et repartent aussitôt. Rares sont ceux qui passent plus de
quelques heures en ville.
"Cette année notre devise est +Venez à la maison pour Noël+, ce qui veut
dire : prenez le temps de vous balader à pied dans les ruelles de la
Vieille ville, de parler aux habitants, aidez-les à vivre ici", plaide
Vera Baboun, la première femme à administrer la cité. "Bethléem n’est
pas un musée", a-t-elle proclamé dans ses voeux de Noël.
Les guides touristiques palestiniens dénoncent aussi le traitement de faveur accordé selon eux à leurs concurrents israéliens.
Ces derniers sont quelque 150 à pouvoir venir à Bethléem, qui est une
zone autonome palestinienne, tandis que 42 Palestiniens seulement sont
homologués pour opérer en Israël et à Jérusalem-Est, précise la chambre
de commerce.
"Ils prennent plus de 80% du marché", se plaint Mohammed Awadallah, un guide palestinien.
Les autorités israéliennes, qui courtisent aussi assidûment le lucratif
marché des pèlerins chrétiens, récusent les accusations de
discrimination.
"Nous faisons tout notre possible pour que chaque chrétien puisse
visiter les lieux saints", assure le ministre israélien du Tourisme Uzi
Landau.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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