La Syrie a reçu au cours des neuf derniers mois des livraisons
importantes de pétrole brut irakien expédié depuis un port égyptien,
contournant ainsi les sanctions internationales imposées au régime de
Bashar al Assad, montrent des documents commerciaux auxquels Reuters a
eu accès.
Le gouvernement syrien a été placé sur liste noire par les pays
occidentaux en raison de son rôle dans la guerre civile qui déchire le
pays, ce qui le rend dépendant de son allié iranien - lui-même cible de
sanctions internationales en raison de son programme nucléaire - pour
son approvisionnement en pétrole.
Or, l’examen par Reuters de dizaines documents commerciaux - bordereaux
d’expédition et factures - qui n’avaient jusqu’alors pas été rendus
publics montre que l’Iran n’est pas le seul fournisseur de Bashar al
Assad.
Plusieurs millions de barils de pétrole brut livrés à la Syrie par des
navires iraniens provenaient en réalité d’Irak, par l’intermédiaire de
sociétés libanaise et égyptienne.
Ce commerce, dont les sociétés concernées nient l’existence, est
particulièrement lucratif pour ces dernières, qui demandent un "premium"
substantiel par rapport au coût normal du pétrole pour assumer les
risques de la livraison.
Il démontre en outre le rôle de pays comme l’Irak, l’Egypte et le Liban dans la chaîne d’approvisionnement du régime syrien.
L’Irak a déjà été critiqué par les pays occidentaux pour avoir autorisé
des livraisons d’armes aux forces de Bashar al Assad à transiter par son
espace aérien. Le ministre irakien du Pétrole n’a pas répondu aux
sollicitations de Reuters concernant les livraisons de brut.
La société d’Etat syrienne qui reçoit le pétrole, Sytrol, et la
compagnie maritime iranienne qui le lui livre, National Iranian Tanker
Co (NITC), sont toutes deux sur la liste noire de l’Union européenne et
des Etats-Unis, ce qui leur interdit de commercer avec des sociétés
européennes ou américaines.
Ces sanctions ne s’appliquent théoriquement pas aux sociétés basées dans
d’autres pays, même si plusieurs d’entre elles ont récemment été
placées par Bruxelles et Washington sur la liste noire des sociétés dont
les avoirs sont gelés.
Les documents commerciaux auxquels Reuters a eu accès et les données du
suivi satellite des supertankers fournies par Thomson Reuters ont permis
de démontrer que le pétrole irakien destiné à la Syrie a transité par
le port égyptien de Sidi Kerir et que sa livraison a été assurée soit
par la société Overseas Petroleum Trading (OPT), basée à Beyrouth, soit
par Tri-Ocean Energy, basée au Caire.
OPT et Tri-Ocean ont nié être impliquées dans ce trafic mais n’ont pu
fournir d’explication aux factures qui leur ont été présentées. Une
source gouvernementale européenne a précisé que la société égyptienne
était déjà surveillée par les Etats-Unis pour des violations présumées
de l’embargo contre l’Iran.
Sur les quelque 17 millions de barils de pétrole importés par Damas
entre février et octobre 2013, la moitié environ provenait directement
d’Iran et l’autre moitié a transité par le port méditerranéen de Sidi
Kerir.
Reuters a identifié quatre supertankers utilisés par NITC pour ses
livraisons à la Syrie. Tous ont changé de nom récemment et battent
pavillon tanzanien, une tactique souvent utilisée par l’Iran pour
contourner les sanctions internationales.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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