François Hollande tentera à partir de dimanche en Arabie saoudite de
tirer parti du refroidissement des relations entre Riyad et Washington
pour se rapprocher d’un partenaire incontournable dans une région en
proie à de multiples crises.
Pour son deuxième déplacement dans le royaume, le président français
abordera avec le roi Abdallah et le prince héritier Salman tous les
dossiers chauds du moment, du programme nucléaire iranien à la crise
égyptienne en passant par la guerre en Syrie ou les menaces sur la
stabilité du Liban.
Dans une interview au quotidien saoudien Al Hayat à paraître dimanche,
François Hollande salue "le premier client de la France au
Moyen-Orient", qui contribue à la croissance par le "rôle modérateur
qu’(il) joue sur le marché pétrolier dans cette phase essentielle qu’est
la reprise économique".
"Notre coopération bilatérale se renforce dans tous les domaines. Et notre vision de l’économie mondiale est proche."
Pour un conseiller du chef de l’Etat, "il est important de pouvoir
s’entendre sur un agenda politique qui nous permette, ensemble et avec
d’autres, de traiter les crises".
François Hollande entend aussi consolider le partenariat entre les deux
pays, après la "lune de miel" entre Nicolas Sarkozy et le Qatar, un pays
15 fois moins peuplé.
Son déplacement intervient à un moment où l’axe Riyad-Washington, qui
structure depuis des décennies la géopolitique de la région, bat de
l’aile et que la diplomatie américaine déplace le centre de gravité de
son action vers l’Asie.
L’Arabie saoudite sunnite reproche au président américain Barack Obama
de ne pas se montrer assez ferme à l’égard de Téhéran et s’inquiète de
voir l’Iran, son grand rival chiite dans la région, sortir de son
isolement à la faveur de l’accord de Genève sur son programme nucléaire
conclu en novembre.
Riyad a apprécié la fermeté de la diplomatie française lors des
négociations sur ce dossier, et le "vive la France" lancé par le
sénateur républicain John McCain a trouvé un écho dans la péninsule
arabique comme en Israël.
Pour François Hollande, l’Iran doit maintenant "passer aux actes en
donnant les preuves qu’il renonce à se doter de l’arme atomique" en
fournissant "toutes les garanties nécessaires".
Autre sujet d’exaspération pour l’Arabie saoudite, le manque supposé de
soutien américain à l’opposition en Syrie qui a mené le royaume à
décliner en octobre un siège temporaire au Conseil de sécurité de l’ONU
en guise protestation.
Dans ce contexte, la volonté de Paris de "punir" via des frappes
militaires le régime de Bashar al Assad en raison de l’utilisation
présumée d’armes chimiques, une option écartée in fine par Barack Obama,
a été appréciée à Riyad.
François Hollande expliquera comment il compte, avec les Etats-Unis et
la Russie, chercher une issue politique au conflit lors des
négociations, dites de Genève II, qui doivent commencer le 22 janvier,
malgré le pessimisme ambiant.
Les participants devront se mettre d’accord sur un gouvernement de
transition permettant à la Syrie de sortir d’un conflit de trois ans qui
a fait plus de 100.000 morts.
La situation en Egypte figurera également au menu des discussions. Riyad
apporte un soutien inconditionnel à l’armée face aux Frères musulmans
soutenus par le Qatar.
Mais Paris défend une position moins intransigeante à l’égard de ceux
qui sont désormais qualifiés d’"organisation terroriste" par les
autorités égyptiennes.
"Le référendum constitutionnel des 14 et 15 janvier prochains en sera
une étape importante. Mais, au-delà, il sera déterminant que les
libertés et les droits fondamentaux soient assurés et que l’ensemble des
courants politiques rejetant la violence puisse participer au processus
de transition", déclare le président français dans le journal Al Hayat.
Ce rapprochement diplomatique avec Riyad devrait aussi être l’occasion de marquer des points sur le plan économique.
"Ce qui est très clair, ce que disent les Saoudiens, c’est que le roi
Adballah aujourd’hui donne la priorité à la France", dit une source
française.
Outre ses gigantesques besoins en infrastructures qui font rêver les
géants du BTP comme Vinci ou Bouygues, le pays procède à la
modernisation de son appareil militaire qui pourrait déboucher sur
d’importants contrats pour Paris.
La France a déjà obtenu de participer à la modernisation de frégates
saoudiennes et s’intéresse de près aux besoins de la marine du royaume
ou à ses systèmes de défense antiaériens.
Paris aimerait participer au programme nucléaire saoudien et livrer ses
Airbus à la compagnie Saoudia, mais aussi attirer davantage
d’investissements "productifs" saoudiens en France, comme ceux qui ont
permis le sauvetage du volailler Doux.
"Les grands programmes d’équipement saoudiens correspondent aux domaines
d’excellence des entreprises françaises. La France offre, quant à elle,
des opportunités pour les investissements saoudiens qui peuvent y
trouver le savoir-faire, les technologies et les services qu’ils
recherchent", explique François Hollande.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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