Une voiture piégée a tué 14 personnes mardi en Egypte, les autorités
intérimaires dénonçant une tentative d’entraver la transition promise
par l’armée lors de la destitution début juillet du président islamiste
Mohamed Morsi dont la première étape est un référendum constitutionnel
prévu mi-janvier.
Peu après cet attentat sanglant contre un bâtiment de la police dans le
nord du pays, un conseiller du Premier ministre Hazem Beblawi affirmait à
l’agence officielle Mena que le chef du gouvernement avait qualifié les
Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, d’"organisation
terroriste".
Cette déclaration, à forte portée politique à l’approche du référendum
que les Frères musulmans ont appelé à boycotter, ne devrait toutefois
pas entraîner de conséquences dans l’immédiat pour la confrérie, déjà
interdite en vertu d’une décision de justice pour laquelle un appel au
fond est encore attendu.
Les nouvelles autorités dirigées de facto par les militaires accusent
régulièrement la confrérie d’aider et de financer les auteurs des
attaques contre les forces de l’ordre, quasi-quotidiennes depuis
l’éviction du premier président élu démocratiquement d’Egypte le 3
juillet.
Toutefois, Mena a ensuite publié des déclarations de M. Beblawi
lui-même, dans lesquelles il n’accuse cette fois plus la confrérie
directement. Il y réaffirme que "le terrorisme ne parviendra pas à
entraver" la transition qui doit se terminer avec la tenue d’élections
législatives et présidentielle mi-2014 et que "la poursuite des
meurtriers se fera selon la loi" tandis que le président par intérim
Adly Mansour a promis de "frapper le terrorisme d’une main de fer".
"Il n’y a rien de surprenant à ce que Beblawi, le Premier
ministre-marionnette de la junte militaire, décide d’exploiter le sang
des Egyptiens innocents avec des déclarations incendiaires destinées à
créer plus de violence, de chaos et d’instabilité", ont rétorqué dans un
communiqué les Frères musulmans, condamnant "dans les termes les plus
forts" cet attentat.
A l’instar de M. Morsi, la quasi-totalité de la direction de la
confrérie se trouve actuellement derrière les barreaux et fait l’objet
de poursuites, en particulier pour la mort de manifestants. Les
dirigeants du mouvement islamiste ont été arrêtés dans le cadre de
l’implacable répression lancée par le nouveau pouvoir dirigé de facto
par l’armée qui réprime dans le sang les manifestants pro-Morsi, une
campagne qui s’est soldée à ce jour par plus d’un millier de morts et
des milliers d’arrestations.
Colère contre les Frères musulmans
Dans la nuit, une voiture chargée de plusieurs dizaines de kilogrammes
d’explosifs, selon des responsables des services de sécurité, a explosé
devant un bâtiment de la police à Mansoura, chef-lieu de la province de
Daqahleya, tuant 14 personnes et en blessant une centaine d’autres,
selon des sources médicales locales.
Des sources de sécurité ont précisé que le général Sami el-Mihi, chef de
la sécurité de la province, avait été blessé tandis que deux de ses
collaborateurs figuraient parmi les morts. L’explosion a été ressentie à
quelque 20 kilomètres à la ronde, ont ajouté ces sources. La majorité
des victimes sont des policiers, a précisé Omar al-Chaouatfy, gouverneur
de cette province à une centaine de kilomètres au nord du Caire, dans
le delta du Nil.
Un journaliste de l’AFP sur place a fait état de façades soufflées et
d’un blindé de la police écrasé par l’explosion. Une dizaine de voitures
aux alentours avaient été endommagées et un immeuble voisin s’était
écroulé.
De nombreux résidents, excédés, s’en prenaient vertement aux Frères
musulmans. "C’est une organisation terroriste internationale, ils sont
responsables de ce qui s’est passé", a lancé Hamada Arafat à l’AFP,
accusant la confrérie d’"adopter les tactiques d’Al-Qaïda".
Des groupes jihadistes, dont certains liés au réseau extrémiste,
revendiquent régulièrement des attentats contre la police et l’armée.
Depuis début juillet, ces attaques ont tué plus d’une centaine de
soldats et de policiers, en majorité dans la péninsule désertique du
Nord-Sinaï. Elles se sont multipliées depuis que l’armée a destitué
M. Morsi, affirmant répondre à la demande de millions de manifestants
qui lui reprochaient de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir
servi que les intérêts de sa confrérie.
Depuis, les chefs d’accusation se multiplient contre membres et
dirigeants des Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les
élections organisées depuis la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du
pouvoir en février 2011. M. Morsi est ainsi jugé pour son évasion de
prison lors de la révolte de 2011, la mort de manifestants et des
accusations d’"espionnage" pour des organisations étrangères en vue de
commettre des "actes terroristes".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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