Quelque 150 membres des Frères musulmans, considérés désormais par les
autorités comme un "groupe terroriste", ont été arrêtés vendredi lors de
rassemblements en Egypte, bravant une interdiction de manifester.
Malgré la vague de répression qui s’abat sur eux depuis cet été et le
nouveau coup dur de leur désignation mercredi comme groupe "terroriste",
les islamistes avaient appelé à manifester dès vendredi au Caire et
partout dans le pays.
"Poursuivons avec force et pacifiquement une nouvelle vague d’actions
majestueuses anti-coup d’Etat", a indiqué dans un communiqué l’Alliance
anti-coup d’Etat, dirigée par les Frères musulmans.
Au moins 148 manifestants pro-Morsi ont été arrêtés lors de
rassemblements dans plusieurs villes du pays, a rapporté un responsable
de la police.
Par ailleurs, au Caire, la police a tiré des gaz lacrymogènes vers des
manifestants qui jetaient des pierres depuis l’intérieur du dortoir de
l’université Al-Azhar. Des heurts entre policiers et manifestants ont
également eu lieu à Ismaïliya, dans le nord du pays, selon des
journalistes de l’AFP.
L’homme fort du nouveau pouvoir, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef
de l’armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avait
promis jeudi d’"éliminer" les terroristes et de faire revenir la
"stabilité" dans le pays, après deux attentats commis en l’espace de
deux jours.
Malgré l’interdiction de manifester, des étudiants partisans de Mohamed
Morsi, le président islamiste destitué le 3 juillet par l’armée,
s’étaient déjà rassemblés jeudi soir au Caire, et des heurts ont ensuite
éclaté avec des opposants du président déchu, a indiqué le ministère de
l’Intérieur, faisant état d’un mort.
Le ministère a ajouté que sept "émeutiers" issus de la confrérie avaient
été arrêtés après l’intervention de la police à coups de grenades
lacrymogènes.
L’Egypte a été secouée cette semaine par de nouveaux attentats, dont un
perpétré jeudi matin dans un bus dans le quartier de Nasr City (nord du
Caire), faisant cinq blessés.
Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a vu dans cet attentat un
acte visant "à terroriser" les gens avant le référendum constitutionnel
prévu les 14 et 15 janvier.
Mardi, quinze personnes avaient péri dans un attentat suicide à la
voiture piégée contre le quartier général de la police de Mansoura
(nord) qui a été revendiqué par un mouvement jihadiste, Ansar Beit
al-Maqdess.
Mais le lendemain, le gouvernement avait fait porter la responsabilité
de cette attaque à la confrérie —ce qu’elle a démenti— et l’avait
déclarée "organisation terroriste".
Les dirigeants de la confrérie risquent désormais jusqu’à la peine
capitale pour "terrorisme", a expliqué le porte-parole du ministère de
l’Intérieur, Hany Abdel Latif. Quant à ses membres, ils sont interdits
de manifestation, et le journal du mouvement, "Liberté et Justice", a
été définitivement interdit, de même que le parti du même nom, qui avait
remporté toutes les élections organisées depuis la révolte de 2011.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déploré la décision du pouvoir égyptien.
Depuis la destitution de M. Morsi, l’Egypte est entrée dans un engrenage
de violence. Les autorités répriment dans le sang les islamistes, et
les plus radicaux d’entre eux mènent des attaques qui ont tué plus d’une
centaine de policiers et de soldats.
Les autorités accusent régulièrement la confrérie d’aider et de financer
les attentats contre les forces de l’ordre, sans toutefois apporter la
preuve des liens entre les jihadistes et les Frères musulmans, tenants
d’un islam politique plus modéré.
L’implacable campagne des autorités dirigées de facto par les militaires
a fait plus de 1.000 morts et des milliers d’arrestations dans les
rangs islamistes.
Bannis mais tolérés sous le régime de Hosni Moubarak et véritablement
sortis de la clandestinité à son départ en 2011, les Frères musulmans
pourraient se radicaliser après avoir été dépossédés d’une présidence
acquise via les urnes, estiment les experts.
En destituant M. Morsi, les militaires ont promis une "transition
démocratique", qui doit se clore par des élections législatives et
présidentielle mi-2014.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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