Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a annoncé mercredi 18 décembre vouloir "parler" avec son rival Riek Machar, qu'il accuse d'avoir fomenté contre lui un coup d'Etat ayant débouché sur près de quarante-huit heures de combats dans la capitale, Juba.
M. Machar, ancien vice-président, qui a nié mercredi dans une interview à un site Internet indépendant l'existence même d'une tentative de coup d'Etat, est officiellement considéré comme « en fuite » par les autorités sud-soudanaises, qui veulent l'arrêter.« Je vais m'asseoir avec lui, Riek [Machar], et parler (...), mais je ne sais pas quels seront les résultats des discussions », a déclaré mercredi le président Kiir, lors d'une conférence de presse à Juba. Il a néanmoins affirmé que « les gens qui ont tué seront traduits en justice et jugés » et a par ailleurs accusé Riek Machar d'avoir « fui avec les forces qui lui sont loyales ».
« Personne ne peut se faire justice soi-même (...). Ceux qui ont décidé de se faire justice ont été arrêtés et sont en détention », a-t-il ajouté, au sujet des dix personnalités du régime – dont huit anciens ministres du gouvernement limogé par M. Kiir en juillet – que les autorités ont interpellées.
Entre 400 et 500 morts, selon l'ONU
Les combats ont fait, selon l'Organisation des Nations unies, entre quatre cents et cinq cents morts et environ huit cents blessés dans la capitale. Quinze mille à vingt mille personnes ont trouvé refuge dans les bases de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (MINUSS) à Juba. Au moins dix-neuf civils ont été tués dans de nouveaux affrontements et les violences s'étendent hors de la capitale, a rapporté la Croix-Rouge, citée mercredi par l'ONU.
Les derniers combats se sont déroulés à Bor, la capitale de l'Etat de Jonglei (Est), a précisé le porte-parole des Nations unies Martin Nesirky. Celui-ci a également noté que les tensions étaient de plus en plus vives dans d'autres Etats du Soudan du Sud.
Le président sud-soudanais a demandé aux habitants de rentrer chez eux et a invité une partie des soldats à regagner leurs casernes. « Je veux dire à mon peuple, surtout à ceux à Juba qui ont quitté leurs foyers et sont réfugiés à la Minuss, de retourner dans leurs maisons. La plupart des soldats (...) devraient rejoindre les casernes », a-t-il déclaré.
« Les gens devraient être calmes et rentrer chez eux (...). La situation reste telle qu'elle est depuis ce matin et s'améliorera demain », a-t-il ajouté, en référence au fait qu'aucun tir n'ait été entendu à Juba depuis les premières heures de la journée.
Il a par ailleurs accusé le chef milicien Peter Gadet, qui a changé de bord à plusieurs reprises durant la guerre civile et qui avait signé un accord avec Juba en 2011, de s'être mutiné à nouveau et d'avoir attaqué, sans parvenir à s'emparer, la localité de Bor, dans l'Etat instable du Jonglei, pour le compte de Riek Machar.
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