Les inspecteurs internationaux chargés de superviser le démantèlement
des armes chimiques syriennes dans le cadre d’une résolution historique
de l’ONU, poursuivent leur une mission cruciale dans un pays en pleine
guerre civile.
Les 19 inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes
chimiques (OIAC), arrivés mardi à Damas en compagnie de 14 membres du
personnel de l’ONU, doivent commencer à répertorier un stock estimé à un
millier de tonnes, dont la destruction est prévue d’ici mi-2014.
Leur mission, aboutissement d’un bras de fer inédit depuis la guerre
froide entre les Etats-Unis, partisans de l’opposition syrienne, et la
Russie, alliée du régime, est l’une des opérations de désarmement les
plus ambitieuses jamais tentées.
C’est aussi l’une des plus dangereuses, la Syrie s’enfonçant chaque jour
un peu plus dans un conflit complexe qui a fait plus de 115.000 morts,
en majorité des combattants, en deux ans et demi.
Une attaque menée le 21 août au gaz sarin selon une équipe de l’ONU
chargée d’enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques, a poussé
plusieurs pays, Etats-Unis en tête, à envisager une action militaire
punitive, avant qu’un accord russo-américain sur le démantèlement de
l’arsenal chimique n’éloigne cette menace.
Les autorités syriennes ont agréé à cet accord et fourni une liste des
sites de production et de stockage des armes chimiques. Ce sont ces
sites que les inspecteurs s’apprêtent à visiter.
Cet accord a permis au Conseil de sécurité, paralysé par ses divisions
jusque là, d’adopter fin septembre une première résolution sur la Syrie.
Un nouveau consensus s’est dessiné mercredi au Conseil de sécurité,
concernant une déclaration exigeant un meilleur accès à l’ensemble du
territoire syrien pour les agences humanitaires de l’ONU.
Selon des diplomates, une déclaration demandant aux autorités syriennes
de "prendre immédiatement des mesures" pour lever les obstacles à la
livraison de l’aide, et d’autoriser l’entrée en Syrie de convois d’aide
de l’ONU venant de pays voisins, doit être adoptée formellement dans les
heures à venir.
Pendant ce temps, le régime poursuit sans relâche sa guerre contre les
rebelles, bombardant mercredi leurs bastions dans le sud de la province
d’Alep (nord), pour tenter de créer une nouvelle route
d’approvisionnement.
Le 26 août, les insurgés avaient coupé la seule route
d’approvisionnement de l’armée vers la ville d’Alep, divisée entre
quartiers pro et anti-régime et théâtre de violents combats.
Des combats opposent aussi les rebelles à des groupes jihadistes. Des
centaines de combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant
(EIIL), affilié à Al-Qaïda, ont ainsi avancé mercredi vers un
poste-frontière entre la Syrie et la Turquie tenu par les rebelles de
l’Armée syrienne libre (ASL), la force rebelle appuyée par des pays
arabes et occidentaux.
Les violences ont poussé 2,1 millions de personnes à se réfugier dans
les pays voisins, un chiffre qui devrait atteindre les 3,5 millions
avant la fin de l’année selon l’ONU.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, souhaite mobiliser
3,8 milliards de dollars pour ces réfugiés. Il a pour cela appelé le
Koweït, qui avait accueilli en janvier une première conférence des
donateurs, à en accueillir une deuxième.
A l’intérieur de la Syrie, 6,8 millions de personnes ont besoin d’aide
cette année, dont une majorité de déplacés, et un nouveau bilan établi
par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait état de
115.000 morts.
Selon l’OSDH, qui s’appuie sur un large réseau de militants et de
médecins à travers la Syrie, les violences ont fait notamment 47.206
morts parmi les forces loyales au régime du président Bashar al-Assad,
dont 174 membres du Hezbollah, et 23.707 du côté des rebelles.
Outre le désarmement chimique, la résolution adoptée vendredi par l’ONU,
appelle à la tenue "le plus tôt possible" d’une conférence
internationale à Genève pour amorcer une solution politique, mais son
format reste encore à définir.
Selon la Russie, le régime syrien pourrait ouvrir des négociations avec les éléments modérés de l’opposition armée.
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