dimanche 6 octobre 2013

Syrie : Assad candidat en 2014 si le peuple le veut

Le président syrien Bashar al-Assad a affirmé qu’il serait candidat à l’élection présidentielle de 2014 si le peuple le "voulait", alors que son pays est en pleine guerre civile et son régime accusé d’avoir tué des civils à l’arme chimique.
Le conflit en Syrie est né il y a deux ans et demi d’une révolte pacifique devenue insurrection pour renverser le régime d'Assad, qui a tenté d’écraser la contestation dans le sang et a refusé à maintes reprises de quitter le pouvoir. Sa démission est la principale pierre d’achoppement dans les tractations diplomatiques en vue d’une solution politique au conflit qui a fait plus de 115.000 morts et forcé plus d’un Syrien sur quatre à fuir son foyer, dont plus de deux millions sont réfugiés dans les pays voisins.
L’opposition soutenue par des pays arabes et occidentaux estime en effet que toute négociation de paix doit nécessairement aboutir au départ d'Assad, tandis que le régime et ses alliés, en particulier la Russie, refusent toute condition préalable.
"Si j’ai le sentiment que le peuple syrien veut que je sois président dans une prochaine étape, je me porterait candidat", a affirmé Assad dans un entretien à la chaîne d’opposition Halk-TV diffusé vendredi soir par l’agence officielle SANA.
"Si la réponse est non, je ne le ferai pas", a-t-il ajouté, alors que son mandat actuel expire en 2014.
Assad, qui avait déjà dit qu’il allait "consulter" le peuple sur cette question, a précisé, sans élaborer, que la réponse serait "plus claire dans les quatre ou cinq mois".
"Les circonstances changeant rapidement, il est difficile de donner une réponse précise, mais je n’hésiterai pas (à me porter candidat) si je vois que cela va dans le sens de la volonté populaire", a-t-il insisté.
Dans cette même interview, le président syrien s’est déchaîné contre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui soutient l’opposition syrienne, l’accusant d’être "borné", "fanatique" et menteur" et prévenant Ankara qu’elle paierait "très cher" son appui aux rebelles, que son régime qualifie de "terroristes".
Il a accusé ces derniers d’aspirer à créer un "Etat islamique" en Syrie. "Ils n’ont rien à avoir avec l’islam, ils viennent du monde entier, de plus de 80 pays pour mener le jihad (guerre sainte) et créer cet Etat", a-t-il dit.
Ces déclarations interviennent au moment où un puissant groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), progresse dans la zone frontalière de la Turquie, dans le nord de la Syrie.
Alors que ces jihadistes ont longtemps combattu aux côtés des rebelles plus "modérés" appuyés par des pays arabes et occidentaux, ils affichent de plus en plus leur volonté hégémonique dans cette région d’où ils veulent chasser tous les insurgés.
Le président Assad, qui évoque rarement des questions liées à sa famille, a en outre démenti des rumeurs faisant état de la mort de son frère cadet Maher, le tout-puissant chef la Garde Républicaine et de la 4e division de l’armée en charge de la sécurité de Damas.
"Toutes les rumeurs concernant notre famille durant la crise sont des mensonges sans fondement (...). Maher est là, en charge de son travail, et il est en bonne santé", a assuré Assad.
Maher est un personnage-clé du clan Assad, qui règne sans partage sur la Syrie depuis plus de quatre décennies.
Sur un autre plan et alors qu’une équipe en désarmement chimique est arrivée mardi en Syrie pour répertorier les sites en vue de leur démantèlement, Assad a une nouvelle fois nié que son armée ait eu recours à cet arsenal contre la population civile le 21 août près de Damas, comme l’en accusent en particulier les Etats-Unis.
Cette attaque, confirmée par des experts de l’ONU qui n’ont toutefois pas désigné ses auteurs, avait fait planer une menace de frappe occidentale contre le régime de Damas, avant qu’un accord russo-américain ne débouche sur une résolution de l’ONU encadrant le désarmement de l’arsenal chimique. La mission conjointe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU "a fait des premiers progrès encourageants", selon les Nations unies.
Les experts devraient pouvoir commencer dans la semaine à venir les inspections et le démantèlement des stocks estimés à plus de 1.000 tonnes, une opération inédite dans un pays en guerre.

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