Un soldat armé plaque un enfant pleurant contre un rocher avant d'être
assailli par des proches: la scène n'aurait été qu'une empoignade de
plus en Cisjordanie si, photographiée et filmée, elle ne ranimait la
guerre des images entre Palestiniens et Israéliens.
Pour les Palestiniens, les images prises vendredi à Nabi Saleh vont
rejoindre l'iconographie la plus éloquente montrant "la morale décadente
de l'armée d'occupation", selon les mots des Affaires étrangères
palestiniennes. Pour beaucoup d'Israéliens, leurs soldats sont tombés
dans un nouveau traquenard médiatique.
Les vidéos de l'empoignade, ainsi que les photos prises notamment par le
photographe de l'AFP Abbas Momani montrent un soldat israélien
pourchassant dans les rochers un enfant qui a le bras dans le plâtre. Le
soldat encagoulé rattrape l'enfant, l'immobilise d'une clé de bras au
cou et essaie de lui plaquer le visage contre la roche.
Des militants pro-palestiniens, la mère, la s?ur et d'autres femmes du
village accourent et s'agrippent au soldat. "Ce n'est qu'un enfant, un
petit enfant", crie sa mère. La s?ur du garçon mord le soldat. Le soldat
s'emploie à tenir son arme hors de portée de ceux qui l'assaillent.
De plus en plus aux abois, il appelle à la rescousse. Pendant presque
une minute, il reste seul à se débattre avec ces femmes qui lui
arrachent sa cagoule, jusqu'à ce qu'un supérieur intervienne et ordonne
de laisser partir l'enfant.
Les images ont fait le tour des médias palestiniens, israéliens et internationaux, et déferlé sur les réseaux sociaux.
Pour les Palestiniens, la scène est emblématique des agissements
israéliens en Cisjordanie occupée. La presse palestinienne a reproduit
une caricature revisitant la bagarre et donnant au soldat israélien une
tête de chien.
Nabi Saleh, près de Ramallah, est depuis des années l'un des théâtres
hebdomadaires du conflit israélo-palestinien. Tous les vendredis, des
Palestiniens, des étrangers et même des Israéliens manifestent contre
l'extension de la colonie de Halamish de l'autre côté de la route. Tous
les vendredis, les soldats les attendent. Les pierres finissent par
voler d'un côté, grenades lacrymogènes et balles en caoutchouc fusent de
l'autre.
En trois ans, il y a eu deux morts et 375 blessés, assurent les militants, pour près de la moitié des mineurs.
C'est en fuyant devant un blindé israélien entré dans son village que
Mohammed Tamimi, l'enfant de la vidéo, âgé de 11 ans, s'est cassé le
poignet, raconte son père Bassem Tamimi.
"Je n'ai pas eu peur", fanfaronne Mohammed, "mais j'ai crié pour appeler
mes proches pour qu'ils viennent me débarrasser du soldat". Narimane,
sa mère, dit n'avoir pensé "qu'à une chose: libérer mon fils des mains
de ce soldat".
Les Tamimi se veulent à la pointe de la contestation à Nabi Saleh. Le
père dit avoir été arrêté neuf fois. Ahed, 13 ans, l'adolescente au
tee-shirt frappé du poussin Titi vendredi, s'est distinguée en
brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens sur des photos
qui lui ont valu d'être reçue en 2012 par Recep Tayyip Erdogan, alors
Premier ministre turc.
Pour beaucoup d'Israéliens, les Tamimi sont des "agitateurs" qui
n'hésitent pas à mettre en danger leurs enfants. La manifestation du
vendredi est "une opération de relations publiques" où les manifestants
essaient "de provoquer les soldats en leur lançant des pierres qui
peuvent être mortelles" au point que les soldats sont forcés de réagir,
dit à l'AFP un officier. Mohammed Tamimi lui-même lançait des pierres
vendredi, dit l'armée israélienne.
L'incident a suscité des réactions virulentes chez des Israéliens qui,
comme l'ancien ministre ultra-nationaliste Avigdor Lieberman, y ont vu
une capitulation, de la faute du gouvernement.
Il a aussi soulevé des interrogations. Comment un jeune conscrit
israélien peut-il se retrouver dans une situation pareille, à mener des
opérations de police ? Israël - question récurrente - peut-il remporter
cette guerre des images ?
Arnon, le père du soldat, s'est désolé dans la presse qu'on parle si peu
de la retenue montrée par son fils. Le quotidien de gauche Haaretz
rappelait, lui, le contexte: "on pourra mener toutes les entreprises de
relations publiques et de gestion des médias que l'on veut, cela ne
rendra pas plus acceptable le visage de l'occupation".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
lundi 31 août 2015
Syrie: Lavrov rencontre une délégation de l'opposition tolérée par Damas
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a reçu lundi une
délégation de l'opposition syrienne tolérée par Damas, venue à Moscou
dans le cadre d'un intense ballet diplomatique sur le dossier syrien.
Il s'agit de la quatrième visite d'une délégation d'opposants syriens à Moscou en un mois.
Après la venue mi-août du chef de la Coalition de l'opposition syrienne en exil, Khaled Khoja, une délégation du Comité de la conférence du Caire, l'autre rassemblement d'opposants en exil et mené par l'opposant Haytham Manna, s'est rendue dans la capitale russe.
Dans la foulée, des représentants de l'opposition tolérée par Damas, notamment des membres de la société civile et le ministre de la Réconciliation nationale, ont fait le déplacement à Moscou. Et ce lundi, c'était au tour de Hassan Abdel Azim, à la tête du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), de rencontrer le chef de la diplomatie russe.
La Russie a pour "principal objectif de réunir un large éventail d'opposants syriens au sein d'une plateforme dédiée au dialogue avec le gouvernement" de Damas, a déclaré Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse russe RIA Novosti.
"Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons. Les visites de délégations syriennes sont déjà devenues une tradition", a-t-il ajouté, cité par l'agence TASS.
Les opposants syriens, arrivés dimanche, ont remercié Moscou "d'avoir organisé cette rencontre", a indiqué Hassan Abdel Azim, évoquant un "travail de fond" de la Russie sur le conflit syrien.
Ces visites successives de l'hétérogène opposition syrienne interviennent au moment où le dossier syrien connaît un regain d'activité diplomatique et alors que Moscou a accueilli, au cours des dernières semaines, plusieurs délégations de pays du Moyen-Orient, dont la Jordanie et l'Arabie saoudite.
Fin 2014 et au début de l'année, la capitale russe avait également accueilli deux cycles de négociations entre le régime et l'opposition tolérée par Damas.
Ces rencontres avaient permis l'adoption de principes généraux en janvier et d'un "document de travail" en avril mais n'avaient pas abouti à des solutions concrètes, d'autant que l'opposition en exil, soutenue par l'Occident, n'y participait pas.
Le sort du dictateur Bashar al-Assad reste au centre des désaccords entre Russes d'un côté et Occidentaux, pays arabes et opposants syriens de l'autre.
Il s'agit de la quatrième visite d'une délégation d'opposants syriens à Moscou en un mois.
Après la venue mi-août du chef de la Coalition de l'opposition syrienne en exil, Khaled Khoja, une délégation du Comité de la conférence du Caire, l'autre rassemblement d'opposants en exil et mené par l'opposant Haytham Manna, s'est rendue dans la capitale russe.
Dans la foulée, des représentants de l'opposition tolérée par Damas, notamment des membres de la société civile et le ministre de la Réconciliation nationale, ont fait le déplacement à Moscou. Et ce lundi, c'était au tour de Hassan Abdel Azim, à la tête du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), de rencontrer le chef de la diplomatie russe.
La Russie a pour "principal objectif de réunir un large éventail d'opposants syriens au sein d'une plateforme dédiée au dialogue avec le gouvernement" de Damas, a déclaré Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse russe RIA Novosti.
"Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons. Les visites de délégations syriennes sont déjà devenues une tradition", a-t-il ajouté, cité par l'agence TASS.
Les opposants syriens, arrivés dimanche, ont remercié Moscou "d'avoir organisé cette rencontre", a indiqué Hassan Abdel Azim, évoquant un "travail de fond" de la Russie sur le conflit syrien.
Ces visites successives de l'hétérogène opposition syrienne interviennent au moment où le dossier syrien connaît un regain d'activité diplomatique et alors que Moscou a accueilli, au cours des dernières semaines, plusieurs délégations de pays du Moyen-Orient, dont la Jordanie et l'Arabie saoudite.
Fin 2014 et au début de l'année, la capitale russe avait également accueilli deux cycles de négociations entre le régime et l'opposition tolérée par Damas.
Ces rencontres avaient permis l'adoption de principes généraux en janvier et d'un "document de travail" en avril mais n'avaient pas abouti à des solutions concrètes, d'autant que l'opposition en exil, soutenue par l'Occident, n'y participait pas.
Le sort du dictateur Bashar al-Assad reste au centre des désaccords entre Russes d'un côté et Occidentaux, pays arabes et opposants syriens de l'autre.
dimanche 30 août 2015
Egypte : Des élections législatives avant la fin de l'année
Les observateurs indépendants estiment que ce scrutin, annoncé dimanche
et qui aura lieu du 17 octobre au 2 décembre, est joué d'avance.Le
Parlement, qui sera en place "avant la fin de l'année" selon le
président de la Commission électorale Ayman Abbas, sera entièrement
acquis au nouveau "Raïs" et le scrutin va essentiellement servir à
apaiser les partenaires occidentaux.
Les dernières législatives remontent à fin 2011, dix mois après la révolte qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Elles avaient été remportées par les Frères musulmans de Mohamed Morsi, qui était devenu six mois plus tard le premier président élu démocratiquement en Egypte. Entre-temps, la Cour suprême avait dissout le nouveau Parlement. Le général Sissi avait ensuite destitué et fait arrêter M. Morsi le 3 juillet 2013.
La nouvelle chambre unique comptera 568 députés, élus selon un scrutin mixte complexe, à la fois uninominal et de liste, en deux tours, d'après un calendrier solennellement annoncé dimanche par M. Abbas. Ces législatives se dérouleront cette fois en l'absence quasi-totale d'opposition.
Les Frères musulmans, qui dominaient l'opposition en Egypte depuis près de neuf décennies, ont été décrétés "organisation terroriste" en 2013, presque tous leurs dirigeants sont en prison et le Parti de la Liberté et de la Justice est interdit. Les principales voix dissidentes laïques et libérales, en particulier les leaders de la jeunesse révolutionnaire qui chassa Moubarak du pouvoir en 2011, sont derrière les barreaux.
L'avènement d'un "Parlement croupion" ne fait donc aucun doute pour les observateurs: car M. Sissi, élu président en mai 2014 avec 47% de participation et après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, demeure extrêmement populaire dans son pays.
Une large frange de la population est excédée par trois années de chaos qui ont suivi le printemps égyptien de 2011, dont un an de pouvoir des Frères musulmans. Ces derniers ont été incapables de transformer économiquement et politiquement leur succès dans les urnes.
Ils sont aujourd'hui accusés par le nouveau régime d'être à l'origine d'une campagne d'attentats qui ensanglantent le pays, pourtant revendiqués par la branche égyptienne de l'Etat islamique (EI). Cet état d'esprit a permis à M. Sissi d'accaparer tous les pouvoirs en l'espace de deux ans et de repousser des législatives pourtant promises initialement pour début 2014.
Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dénoncent même un régime "plus répressif" que celui de Moubarak. Après la destitution de M. Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants réclamant son retour. Des dizaines de milliers de Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines -dont Mohamed Morsi- condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.
Les prochaines législatives risquent donc de faire revivre un Parlement qui était déjà largement une chambre d'enregistrement sous Moubarak. "Ce ne sera pas un Parlement représentant le peuple, mais un Parlement représentant le président", ironise Hazem Hosni, professeur de Sciences politiques à l'université du Caire.
L'une des principales coalitions pro-Sissi qui se profile se fait appeler "pour l'Amour de l'Egypte" et rassemble notamment d'ancien caciques du régime Moubarak, le parti des Egyptiens libres du richissime homme d'affaires copte Naguib Sawiris, ou encore le vieux parti Wafd.
"Ces élections visent à calmer une partie de l'opinion publique nationale et internationale qui soutient la lutte de Sissi contre le terrorisme mais qui n'accepte pas la dérive autoritaire", estime Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'Université de Toulouse. Pour lui, "le nouveau parlement permettra la mise en place d'une démocratie de façade, mais il n'aura pas de réels pouvoirs en raison des enjeux sécuritaires du pays".
"Il s'agit bien sûr en partie de donner l'illusion (...) d'avancer vers une transition démocratique", déplore aussi Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris, regrettant que "les libéraux et les progressistes restent divisés et manquent de leadership".
Les dernières législatives remontent à fin 2011, dix mois après la révolte qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Elles avaient été remportées par les Frères musulmans de Mohamed Morsi, qui était devenu six mois plus tard le premier président élu démocratiquement en Egypte. Entre-temps, la Cour suprême avait dissout le nouveau Parlement. Le général Sissi avait ensuite destitué et fait arrêter M. Morsi le 3 juillet 2013.
La nouvelle chambre unique comptera 568 députés, élus selon un scrutin mixte complexe, à la fois uninominal et de liste, en deux tours, d'après un calendrier solennellement annoncé dimanche par M. Abbas. Ces législatives se dérouleront cette fois en l'absence quasi-totale d'opposition.
Les Frères musulmans, qui dominaient l'opposition en Egypte depuis près de neuf décennies, ont été décrétés "organisation terroriste" en 2013, presque tous leurs dirigeants sont en prison et le Parti de la Liberté et de la Justice est interdit. Les principales voix dissidentes laïques et libérales, en particulier les leaders de la jeunesse révolutionnaire qui chassa Moubarak du pouvoir en 2011, sont derrière les barreaux.
L'avènement d'un "Parlement croupion" ne fait donc aucun doute pour les observateurs: car M. Sissi, élu président en mai 2014 avec 47% de participation et après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, demeure extrêmement populaire dans son pays.
Une large frange de la population est excédée par trois années de chaos qui ont suivi le printemps égyptien de 2011, dont un an de pouvoir des Frères musulmans. Ces derniers ont été incapables de transformer économiquement et politiquement leur succès dans les urnes.
Ils sont aujourd'hui accusés par le nouveau régime d'être à l'origine d'une campagne d'attentats qui ensanglantent le pays, pourtant revendiqués par la branche égyptienne de l'Etat islamique (EI). Cet état d'esprit a permis à M. Sissi d'accaparer tous les pouvoirs en l'espace de deux ans et de repousser des législatives pourtant promises initialement pour début 2014.
Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dénoncent même un régime "plus répressif" que celui de Moubarak. Après la destitution de M. Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants réclamant son retour. Des dizaines de milliers de Frères musulmans ont été emprisonnés et des centaines -dont Mohamed Morsi- condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.
Les prochaines législatives risquent donc de faire revivre un Parlement qui était déjà largement une chambre d'enregistrement sous Moubarak. "Ce ne sera pas un Parlement représentant le peuple, mais un Parlement représentant le président", ironise Hazem Hosni, professeur de Sciences politiques à l'université du Caire.
L'une des principales coalitions pro-Sissi qui se profile se fait appeler "pour l'Amour de l'Egypte" et rassemble notamment d'ancien caciques du régime Moubarak, le parti des Egyptiens libres du richissime homme d'affaires copte Naguib Sawiris, ou encore le vieux parti Wafd.
"Ces élections visent à calmer une partie de l'opinion publique nationale et internationale qui soutient la lutte de Sissi contre le terrorisme mais qui n'accepte pas la dérive autoritaire", estime Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'Université de Toulouse. Pour lui, "le nouveau parlement permettra la mise en place d'une démocratie de façade, mais il n'aura pas de réels pouvoirs en raison des enjeux sécuritaires du pays".
"Il s'agit bien sûr en partie de donner l'illusion (...) d'avancer vers une transition démocratique", déplore aussi Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris, regrettant que "les libéraux et les progressistes restent divisés et manquent de leadership".
Israël/Palestine : Tsahal disperse une manifestation dans un village chrétien de Cisjordanie
Des dizaines de militants palestiniens
et internationaux s‘étaient donnés rendez-vous pour marcher à Beit
Jala contre la construction par Israël de son mur de séparation. Les
soldats de Tsahal ont fait usage de grenades lacrymogènes et
assourdissantes et arrêté deux manifestants qui avaient jeté des
pierres sur les militaires protégeant la zone des travaux selon l’AFP.
L’ancien patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah a dénoncé ces
travaux entamés il y a une dizaine de jours. “Cette terre nous
appartient, quoi qu’ils fassent, quoi que leurs tribunaux en disent et
votre décision par la force, par la guerre et les armes est illégale”.
Israël a commencé à construire cette barrière censée le protéger des
attaques venues de Cisjordanie en 2002, lors de la seconde Intifada.
Elle est achevée aux deux tiers et doit atteindre à terme environ 712
km. Baptisée “mur de “l’apartheid” par les Palestiniens, cette barrière
a été jugée illégale par l’Assemblée générale de l’ONU en 2004. Les
Palestiniens dénoncent également un nouveau tracé de frontières et le
moyen pour l‘État hébreu d‘étendre encore les colonies adjacentes de
Gilo et Har Gilo, également illégales aux yeux de la communauté
internationale.
Yémen : Raid de la coalition dans le nord, 36 civils tués
Une frappe aérienne de la coalition formée par l'Arabie Saoudite pour
combattre les rebelles yéménites a tué dimanche 36 civils qui
travaillaient dans une usine d'embouteillage dans la province d'Hadjah,
dans le nord du Yémen, ont rapporté des témoins.
"La récupération des corps est achevée. Les corps de 36 employés, calcinés ou démembrés pour beaucoup d'entre eux, ont été extraits après le bombardement de l'usine ce matin", a dit à Reuters Issa Ahmed, qui habite dans le voisinage de l'usine.
Le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed Asseri, a affirmé que l'usine visée servait en réalité à la fabrication d'engins explosifs et à la formation d'immigrés africains forcés de combattre aux côtés des insurgés houthis.
"Ce n'était pas une usine d'embouteillage, nous avons eu des informations très précises sur sa véritable nature et nous l'avons attaquée", a-t-il dit.
Un autre raid aérien a fait quatre morts, des civils, près d'une base militaire dans le sud de la capitale, Sanaa.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une bombe de forte puissance a explosé près de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, fermée depuis février, sans faire de victimes. A Aden, le grand port du Sud, des hommes armés ont abattu un haut responsable de la sécurité, le colonel Abdul Hakim Snaidi.
Les rebelles chiites houthis se sont emparés en septembre dernier de Sanaa. Ils ont ensuite progressé jusqu'à Aden, entraînant la fuite à Ryad du président Abd Rabbou Mansour Hadi et l'intervention de la coalition arabe.
Avec l'appui aérien de la coalition, les forces fidèles au gouvernement en exil ont repris Aden le mois dernier et continuent de progresser vers le Nord.
Vendredi dernier, une série de frappes aériennes a fait 65 morts, en majorité des civils, à Taëz, dans le centre du pays.
Plus de 4300 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive de la coalition fin mars.
"La récupération des corps est achevée. Les corps de 36 employés, calcinés ou démembrés pour beaucoup d'entre eux, ont été extraits après le bombardement de l'usine ce matin", a dit à Reuters Issa Ahmed, qui habite dans le voisinage de l'usine.
Le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed Asseri, a affirmé que l'usine visée servait en réalité à la fabrication d'engins explosifs et à la formation d'immigrés africains forcés de combattre aux côtés des insurgés houthis.
"Ce n'était pas une usine d'embouteillage, nous avons eu des informations très précises sur sa véritable nature et nous l'avons attaquée", a-t-il dit.
Un autre raid aérien a fait quatre morts, des civils, près d'une base militaire dans le sud de la capitale, Sanaa.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une bombe de forte puissance a explosé près de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, fermée depuis février, sans faire de victimes. A Aden, le grand port du Sud, des hommes armés ont abattu un haut responsable de la sécurité, le colonel Abdul Hakim Snaidi.
Les rebelles chiites houthis se sont emparés en septembre dernier de Sanaa. Ils ont ensuite progressé jusqu'à Aden, entraînant la fuite à Ryad du président Abd Rabbou Mansour Hadi et l'intervention de la coalition arabe.
Avec l'appui aérien de la coalition, les forces fidèles au gouvernement en exil ont repris Aden le mois dernier et continuent de progresser vers le Nord.
Vendredi dernier, une série de frappes aériennes a fait 65 morts, en majorité des civils, à Taëz, dans le centre du pays.
Plus de 4300 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive de la coalition fin mars.
Égypte : Découverte du "plus grand" gisement de gaz en Méditerranée
Le géant italien de l'énergie ENI a annoncé dimanche
la découverte du "plus grand" gisement offshore de gaz naturel en
Méditerranée, dans les eaux territoriales de l'Égypte. Le gisement
pourrait représenter un potentiel de 850 milliards de mètres cubes, sur
"un secteur de 100 kilomètres carrés", assure la compagnie dans un
communiqué, parlant de "champ de gaz super-géant". Le ministère égyptien
du Pétrole a confirmé dans un communiqué la découverte, précisant que
"les opérations de développement" devraient durer quatre ans.
Le directeur général d'ENI, Claudio Descalzi, "s'est récemment rendu au Caire pour informer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de ce succès important, et discuter de la découverte avec le Premier ministre Ibrahim Mahlab", selon le communiqué de la compagnie. "Il s'agit de la plus grande découverte de gaz jamais faite en Égypte et en mer Méditerranée", affirme ENI, assurant que cette découverte pourrait également "devenir l'une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde".
Le ministère égyptien du Pétrole a confirmé dans un communiqué la découverte, faite à 1 450 mètres de profondeur. Le communiqué d'ENI précise que cette découverte, "après son développement total", va aider à couvrir "les besoins en gaz naturel de l'Égypte durant des décennies".
Le directeur général d'ENI, Claudio Descalzi, "s'est récemment rendu au Caire pour informer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de ce succès important, et discuter de la découverte avec le Premier ministre Ibrahim Mahlab", selon le communiqué de la compagnie. "Il s'agit de la plus grande découverte de gaz jamais faite en Égypte et en mer Méditerranée", affirme ENI, assurant que cette découverte pourrait également "devenir l'une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde".
Le ministère égyptien du Pétrole a confirmé dans un communiqué la découverte, faite à 1 450 mètres de profondeur. Le communiqué d'ENI précise que cette découverte, "après son développement total", va aider à couvrir "les besoins en gaz naturel de l'Égypte durant des décennies".
Syrie: Daesh a exécuté près de 100 personnes en un mois
Daesh, le groupe dit Etat islamique (EI) a exécuté en un mois près
de 100 personnes, dont un tiers de civils, dans les zones sous son
contrôle en Syrie, rapporte dimanche l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH).
Selon l'OSDH, l'EI a exécuté entre le 29 juillet et le 29 août 91 personnes en Syrie, dont 32 civils, pour différents "crimes".
Le bilan comprend aussi des membres de l'EI, des combattants rebelles et des membres des forces du président Bashar al-Assad, indique l'OSDH qui dispose d'un vaste réseau de militants et de sources médicales en Syrie.
Selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, ce nouveau bilan porte à 3.156 le nombre de personnes à avoir été exécutées en Syrie par le groupe depuis juin 2014. Parmi elles figurent 1.841 civils.
La sorcellerie, l'homosexualité et la collaboration avec la coalition "antijihadiste" dirigée par les Etats-Unis figurent parmi les "crimes" punissables de mort dans les zones tenues par l'EI.
Le groupe extrémiste sunnite, qui a proclamé un "califat" en juin 2014, à cheval entre la Syrie et l'Irak, a conquis en Syrie des zones dans les provinces de Homs et Hama (centre), Deir Ezzor et Hassaké (nord-est), ainsi que Raqqa et Alep (nord).
Fort de dizaines de milliers d'hommes, Daesh a recours à des rapts, viols, décapitations et lapidations dans les régions sous son contrôle. L'organisation est accusée de crimes contre l'Humanité par l'ONU.
En Syrie, le groupe ultraradical est visé depuis septembre 2014 par des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, permettant notamment aux forces kurdes de les chasser de certaines régions, sans toutefois parvenir à les neutraliser.
Samedi, huit jihadistes de l'EI ont été tués dans un bombardement de la coalition sur la ville de Raqa (nord), considérée comme la "capitale" du groupe en Syrie.
Toujours dans le nord du pays, où l'EI s'attaque à ses rivaux jihadistes du Front al-Nosra (branche d'Al-Qaïda en Syrie) et aux groupes rebelles, 11 insurgés et huit civils ont péri samedi soir dans un attentat à la voiture piégée à l'entrée de Tall Rifaat.
Cette localité de la province d'Alep est située sur une importante route menant à la frontière turque.
Elle est proche de Marea, ville encerclée par l'EI depuis la mi-août et considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes dans la province d'Alep pour les rebelles qui luttent à la fois contre le régime de Bashar al-Assad et l'EI.
Selon l'OSDH, l'EI a exécuté entre le 29 juillet et le 29 août 91 personnes en Syrie, dont 32 civils, pour différents "crimes".
Le bilan comprend aussi des membres de l'EI, des combattants rebelles et des membres des forces du président Bashar al-Assad, indique l'OSDH qui dispose d'un vaste réseau de militants et de sources médicales en Syrie.
Selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, ce nouveau bilan porte à 3.156 le nombre de personnes à avoir été exécutées en Syrie par le groupe depuis juin 2014. Parmi elles figurent 1.841 civils.
La sorcellerie, l'homosexualité et la collaboration avec la coalition "antijihadiste" dirigée par les Etats-Unis figurent parmi les "crimes" punissables de mort dans les zones tenues par l'EI.
Le groupe extrémiste sunnite, qui a proclamé un "califat" en juin 2014, à cheval entre la Syrie et l'Irak, a conquis en Syrie des zones dans les provinces de Homs et Hama (centre), Deir Ezzor et Hassaké (nord-est), ainsi que Raqqa et Alep (nord).
Fort de dizaines de milliers d'hommes, Daesh a recours à des rapts, viols, décapitations et lapidations dans les régions sous son contrôle. L'organisation est accusée de crimes contre l'Humanité par l'ONU.
En Syrie, le groupe ultraradical est visé depuis septembre 2014 par des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, permettant notamment aux forces kurdes de les chasser de certaines régions, sans toutefois parvenir à les neutraliser.
Samedi, huit jihadistes de l'EI ont été tués dans un bombardement de la coalition sur la ville de Raqa (nord), considérée comme la "capitale" du groupe en Syrie.
Toujours dans le nord du pays, où l'EI s'attaque à ses rivaux jihadistes du Front al-Nosra (branche d'Al-Qaïda en Syrie) et aux groupes rebelles, 11 insurgés et huit civils ont péri samedi soir dans un attentat à la voiture piégée à l'entrée de Tall Rifaat.
Cette localité de la province d'Alep est située sur une importante route menant à la frontière turque.
Elle est proche de Marea, ville encerclée par l'EI depuis la mi-août et considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes dans la province d'Alep pour les rebelles qui luttent à la fois contre le régime de Bashar al-Assad et l'EI.
Arabie Saoudite : Le vote des Saoudiennes, une première qui suscite des remous
L'Arabie Saoudite a franchi un nouveau pas dimanche en acceptant les
candidatures de femmes aux prochaines élections locales, une première
jugée insuffisante par les progressistes et inacceptable par les
conservateurs.
Les Saoudiennes ont jusqu'à la mi-septembre pour se porter candidates pour les élections municipales de décembre, qui seront également le premier scrutin auquel pourront voter les femmes.
L'opération d'enregistrement des électrices a pour cela débuté le 22 août dans des centres séparés de ceux des hommes.
Dans le royaume ultra-conservateur musulman, la séparation entre les sexes reste la règle et les femmes sont astreintes à une tenue les couvrant de la tête aux pieds. Elles ne peuvent pas travailler, voyager ou avoir un passeport sans l'autorisation d'un homme de la famille, comme le père ou l'époux. Il leur est également interdit de conduire.
Le défunt roi Abdallah avait toutefois décidé en 2011 d'autoriser les femmes à voter et à se porter candidates pour les municipales de 2015, en affirmant à l'époque "refuser de marginaliser la femme dans la société saoudienne".
En février 2013, le même roi avait imposé un quota de femmes dans l'assemblée consultative nationale non élue, en désignant 30 Saoudiennes sur un total de 150 membres.
Le roi Salmane a succédé à Abdallah en janvier dernier et les spécialistes du royaume se demandent s'il poursuivra les timides réformes engagées par son demi-frère.
Le quotidien à capitaux saoudiens Al-Hayat a récemment indiqué que quelque 200 femmes avaient manifesté de l'intérêt pour se porter candidates aux municipales.
Pour ce scrutin, les électeurs désigneront les deux tiers des conseils municipaux tandis que le dernier tiers sera désigné par les autorités.
Le feu vert au vote des Saoudiennes est jugé insuffisant par les défenseurs des droits de l'Homme. Human Rights Watch y voit un "signe de progrès" mais cette mesure est "insuffisante pour intégrer totalement les femmes dans la vie politique saoudienne".
Pour que le statut des femmes évolue réellement, les "autorités doivent annuler le système d'autorisation" familiale qui empêche les Saoudiennes de travailler, de voyager et de se marier librement, estime HRW dans un communiqué publié le 20 août.
La blogueuse saoudienne Eman al-Nafjan va dans le même sens en estimant, dans une déclaration à l'AFP, qu'il s'agit d'un "pas positif". Tout en regrettant les "nombreux obstacles qui empêcheront les femmes d'aller voter, comme celui du transport".
Eman al-Nafjan se félicite d'avoir constaté, en allant s'enregistrer comme électrice, que plusieurs femmes faisaient la queue pour accomplir cette formalité dans un centre de Ryad.
Certains Saoudiens disent encourager leurs épouses à participer aux municipales, comme Fawaz Abdallah, 35 ans, rencontré dans un centre d'enregistrement de Jeddah, la grande ville portuaire de l'ouest saoudien. "Le vote des femmes est essentiel et la participation doit être encouragée", a-t-il affirmé à l'AFP.
Ce n'est pas l'avis des conservateurs qui sont légion en Arabie Saoudite et qui ont créé sur Twitter un mot-clé sur "le danger de la participation des femmes aux élections municipales".
Sur ce forum virtuel, ils citent à l'appui de leurs opinions des versets du Coran ou des avis religieux conservateurs interdisant à la femme de prendre part à la vie publique.
Mais certains y répondent en citant d'autres sourates du Coran et des faits de l'histoire des musulmans pour soutenir le droit des femmes de s'engager dans les affaires publiques.
L'Arabie Saoudite faisait jusqu'à présent exception dans le Golfe, où les autres pays acceptent le vote des femmes.
Les Saoudiennes ont jusqu'à la mi-septembre pour se porter candidates pour les élections municipales de décembre, qui seront également le premier scrutin auquel pourront voter les femmes.
L'opération d'enregistrement des électrices a pour cela débuté le 22 août dans des centres séparés de ceux des hommes.
Dans le royaume ultra-conservateur musulman, la séparation entre les sexes reste la règle et les femmes sont astreintes à une tenue les couvrant de la tête aux pieds. Elles ne peuvent pas travailler, voyager ou avoir un passeport sans l'autorisation d'un homme de la famille, comme le père ou l'époux. Il leur est également interdit de conduire.
Le défunt roi Abdallah avait toutefois décidé en 2011 d'autoriser les femmes à voter et à se porter candidates pour les municipales de 2015, en affirmant à l'époque "refuser de marginaliser la femme dans la société saoudienne".
En février 2013, le même roi avait imposé un quota de femmes dans l'assemblée consultative nationale non élue, en désignant 30 Saoudiennes sur un total de 150 membres.
Le roi Salmane a succédé à Abdallah en janvier dernier et les spécialistes du royaume se demandent s'il poursuivra les timides réformes engagées par son demi-frère.
Le quotidien à capitaux saoudiens Al-Hayat a récemment indiqué que quelque 200 femmes avaient manifesté de l'intérêt pour se porter candidates aux municipales.
Pour ce scrutin, les électeurs désigneront les deux tiers des conseils municipaux tandis que le dernier tiers sera désigné par les autorités.
Le feu vert au vote des Saoudiennes est jugé insuffisant par les défenseurs des droits de l'Homme. Human Rights Watch y voit un "signe de progrès" mais cette mesure est "insuffisante pour intégrer totalement les femmes dans la vie politique saoudienne".
Pour que le statut des femmes évolue réellement, les "autorités doivent annuler le système d'autorisation" familiale qui empêche les Saoudiennes de travailler, de voyager et de se marier librement, estime HRW dans un communiqué publié le 20 août.
La blogueuse saoudienne Eman al-Nafjan va dans le même sens en estimant, dans une déclaration à l'AFP, qu'il s'agit d'un "pas positif". Tout en regrettant les "nombreux obstacles qui empêcheront les femmes d'aller voter, comme celui du transport".
Eman al-Nafjan se félicite d'avoir constaté, en allant s'enregistrer comme électrice, que plusieurs femmes faisaient la queue pour accomplir cette formalité dans un centre de Ryad.
Certains Saoudiens disent encourager leurs épouses à participer aux municipales, comme Fawaz Abdallah, 35 ans, rencontré dans un centre d'enregistrement de Jeddah, la grande ville portuaire de l'ouest saoudien. "Le vote des femmes est essentiel et la participation doit être encouragée", a-t-il affirmé à l'AFP.
Ce n'est pas l'avis des conservateurs qui sont légion en Arabie Saoudite et qui ont créé sur Twitter un mot-clé sur "le danger de la participation des femmes aux élections municipales".
Sur ce forum virtuel, ils citent à l'appui de leurs opinions des versets du Coran ou des avis religieux conservateurs interdisant à la femme de prendre part à la vie publique.
Mais certains y répondent en citant d'autres sourates du Coran et des faits de l'histoire des musulmans pour soutenir le droit des femmes de s'engager dans les affaires publiques.
L'Arabie Saoudite faisait jusqu'à présent exception dans le Golfe, où les autres pays acceptent le vote des femmes.
Moyen-Orient : Fuir vers un meilleur avenir
Une famille syrienne tente de passer en Serbie à la frontière avec la Hongrie.
(Photograph: Bernadett Szabo)
Liban : A Beyrouth, le réveil citoyen (Benjamin Barthe)
(Beyrouth, le 29 août 2015 - Photo Afp)
Une marée de drapeaux rouge et blanc a envahi samedi 29 août la place des martyrs, dans le centre de Beyrouth. Plusieurs dizaines de milliers de Libanais, venus de tout le pays, de confessions et d’origines sociales variées, ont crié leur dégoût d’un système politique, tellement paralysé et vicié de l’intérieur, qu’il semble être en phase terminale.
Organisé par le collectif « Tala’at Rihatkum » (« Vous puez » en arabe), en réaction à la crise du ramassage des ordures qui empoisonne la vie des Beyrouthins depuis un mois, l’évènement a fait siffler les oreilles de la classe dirigeante libanaise, jugée très largement corrompue et incompétente. Au pied des minarets élancés de la mosquée Mohamed Al-Amin, la pancarte d’un jeune manifestant à l’effigie de Mia Khalifa, une star du porno américain, de nationalité libanaise, résumait l’opinion générale : « Cette petite dame fait un travail plus honorable que vous », clamait l’écriteau.
La capitale du Liban n’avait pas connu de rassemblement aussi important depuis la méga-manifestation du 14 mars 2005, au lendemain de l’assassinat de Rafik Hariri, pour réclamer le départ des troupes d’occupation syriennes. Si l’affluence enregistrée reste évidemment modeste par rapport aux centaines de milliers de Libanais qui s’étaient mobilisés en ce jour historique, la force de la manifestation de samedi tient au fait qu’elle répondait à un appel de la société civile et non de partis politiques, comme c’est généralement le cas au Liban.
« C’est la première fois depuis des décennies que nous descendons dans la rue, en masse et de notre propre initiative, s’enthousiasme Léa, une jeune designer graphique, aux boucles brunes. Ce sursaut citoyen donne de l’espoir ». « Toutes les confessions sont représentées, renchérit Hadi, un étudiant en finances publiques, alors qu’en 2005, pour Hariri, les chiites comme moi étaient restées majoritairement à l’écart ».
L’autre réussite des organisateurs, décriés par une partie de la presse, pour les violences qui ont émaillé les précédentes manifestations, réside dans le fait que ce nouveau rassemblement, quoique plus massif, s’est déroulé dans le calme, hormis quelques heurts sans gravité à la fin. Instruits par leurs déboires passés, les militants de « Vous puez » avaient recruté 500 volontaires pour assurer le service d’ordre, en concertation avec la police anti-émeutes.
« On est venu parce qu’on a compris que cette manifestation serait mieux organisée », raconte Alya, une étudiante chiite, le visage voilé, qui passe en revue ses doléances : « Le chômage, la corruption, le rationnement de l’eau et de l’électricité, le clientélisme… La liste n’en finit pas. Rendez-vous compte : depuis la fin de la guerre civile [en 1990], nos dirigeants n’ont toujours pas été fichus de nous fournir 24 h de courant chaque jour. A croire que nous habitons la Somalie ».
La solution selon elle : mettre à bas le système confessionnel, héritage du mandat français et de l’accord de paix de Taëf, à la fin de la guerre civile, qui répartit les postes au sein des institutions sur une base communautaire. La principale disposition est celle qui attribue aux maronites la présidence de la république, aux sunnites, la fonction de premier ministre et aux chiites, la présidence du parlement. Au sein du Parlement, 50 % des sièges sont réservés aux chrétiens et 50 % aux musulmans. « C’est comme un gros gateaux que nos leaders se partagent. Ca me dégoûte. Moi en tant que chiite, je veux pouvoir voter pour un chrétien ou un sunnite s’il est compétent. On veut un régime laïc ».
Dans les propos de la plupart des manifestants, l’abolition du confessionnalisme revient comme un leitmotiv. Originaires d’un village chiite du sud-Liban, Hadi et ses amis, qui déambulent parmi la foule sur la place Riad Al-Solh, en face des bureaux du premier ministre, connaissent les travers de ce système par cœur. « Les gens de notre village sont soit Hezb [le Hezbollah dirigé par Hassan Nasrallah], soit Harakat [le parti Amal, de Nabih Berri]. Ils suivent l’un ou l’autre par tradition familiale, sans discuter. Personne ne veut réaliser qu’ils se font voler par Berri. » Membre de cette petite bande, Hussein, 24 ans, le visage mangé par une énorme barbe noire, s’apprête à partir à Paris pour suivre un master en sciences optiques. « Mais je ne reviendrai pas au Liban après. J’irai à Abidjan. Ici, tu ne peux simplement pas vivre. Les 128 voleurs du parlement nous prennent tout ».
Dans une ruelle adjacente, à l’abri de la sono qui hurle « Horeyya » (Liberté) et « Thawra » (Révolution), un groupe de femmes fument le narguilé, attablées à un café. Elles viennent du Kesrouan, une région montagneuse au nord de Beyrouth. « Nous sommes de fières chrétiennes, dit Dolly, la quarantaine, en fuseau noir et basket. Mais ce système confessionnel, nous n’en voulons plus. C’est le royaume de la wasta [piston]. Si tu as des relations hauts placées, tu fais ce que veux. Si tu n’en as pas, tu galères. Pourquoi ne pas voter pour un non-chrétien, s’il est sérieux ? » Son amie Jihan, le brushing impeccable, approuve. « Je n’ai pas d’eau, pas d’électricité, pas de collecte des ordures, pas de sécurité sociale et même pas de mec », dit-elle en déclenchant un fou rire général.
En début de soirée, alors que la place des martyrs commence à se vider, les mutins de « Vous puez » détaillent leurs exigences : démission du ministre de l’environnement Mohammad Machnouk, transfert de la collecte des déchets aux municipalités, jugement des responsables des violences du week-end dernier, dont le ministre de l’Intérieur Nohad Machnouk, et tenue d’élections législatives et présidentielles. « Nous donnons au gouvernement 72 heures. Mardi soir, si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous irons vers l’escalade », affirme à la foule un des organisateurs, sans dire à quoi il fait allusion.
Un peu plus haut, dans un café d’Ashrafieh, le quartier chic de Beyrouth, des clients suivent les derniers feux de la manifestation sur un écran de télévision. « La plupart des chefs de partis sont en place depuis plus de trente ans, dit un homme qui sirote un verre de martini. Ce sont d’anciens seigneurs de la guerre. Ils ont tué pour arriver là où ils sont aujourd’hui. Ils ne se laisseront pas faire ».
(30-08-2015 - Benjamin Barthe, Le Monde)
Liban : Le coeur de Beyrouth
Pari gagner pour le mouvement "Vous puez".
Une foule dense a parcouru le coeur de la capitale libanaise pour
réclamer, dans le calme et la détermination et dans un délai de 72
heures, la démission des ministres de l'Intérieur et de l'environnement,
la gestion des déchets ménagers par les municipalités et la tenue
d'élections législatives.
"Nous ne cesserons la mobilisation tant que le Liban sera sans Président de la république"
(Photo Afp, 29 août 2015)
Israël/Palestine : L'application GPS Waze fait scandale en proposant d'éviter des quartiers palestiniens (Cyrille Louis)
Le logiciel de navigation GPS Waze, devenu l'un des symboles de la
réussite israélienne dans le domaine des nouvelles technologies, agace
le maire de Jérusalem. Invoquant des raisons de sécurité, les
gestionnaires de cette application ont récemment modifié ses paramètres
pour faire en sorte que les itinéraires proposés évitent certains
quartiers palestiniens situés à l'est de la ville. Un sacrilège, aux
yeux de nombreux Israéliens qui défendent son caractère indivisible
depuis la «réunification» intervenue à l'issue de la guerre des
Six-Jours (1967). «J'ai prié les dirigeants de Waze de reconfigurer ces
paramètres et de ne pas transformer leur application en instrument
politique», a aussitôt réagi le maire, Nir Barkat.
Mis au point en 2008 par de jeunes entrepreneurs établis au nord de Tel Aviv, le logiciel a été racheté en 2013 par Google, moyennant un milliard de dollars, et téléchargé par plus de 70 millions d'usagers à travers le monde. Dans sa version israélienne, la configuration par défaut intègre certains réglages propres au contexte local. En Cisjordanie occupée, les trajets proposés aux automobilistes évitent ainsi les zones A et B sous contrôle de l'Autorité palestinienne, où les citoyens israéliens ont interdiction de pénétrer. Les ressortissants d'autres pays, libres de traverser ces zones, peuvent désactiver la fonctionnalité.
«La loi, à Jérusalem-Est est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?
Ces limitations d'accès n'ont jamais suscité la moindre controverse jusqu'à ce que les gestionnaires de Waze choisissent, récemment, de les étendre à certains quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Selon le quotidien Yediot Ahronot, ils auraient pris cette décision après que des automobilistes israéliens, guidés vers ces secteurs, indiquent s'y être sentis en danger. «Nous travaillons en contact avec la police israélienne», justifie un porte-parole de la société, qui propose désormais de fastidieux détours aux automobilistes pour éviter de traverser les quartiers comme Silwan ou Wadi al-Joz, pourtant limitrophes de la Vieille ville.
Les nouveaux paramètres, sitôt connus, ont provoqué des réactions outrées au sein du conseil municipal. Arieh King, adjoint en charge de la sécurité et cheville ouvrière de la colonisation juive dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, a dénoncé une inacceptable «partition» de la ville. «La loi, à Jérusalem-Est et dans les secteurs qui bordent la Vieille ville, est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?, interroge-t-il. Et peut-on admettre que la police y détermine ainsi où des Juifs peuvent, ou ne peuvent pas, se déplacer?»
Cette mini-tempête illustre la fracture qui, 48 ans après sa conquête par l'Etat hébreu, continue de traverser Jérusalem. L'annexion de sa partie orientale, décidée de façon unilatérale en 1982, n'a jamais été reconnue ni pas la majorité de la population palestinienne, ni par la communauté internationale. Quelque 200 000 Juifs résident aujourd'hui à Jérusalem-Est, pour l'essentiel dans de vastes quartiers de colonisation ainsi que dans des enclaves établis au coeur de quartiers arabes. Ces derniers, sous-équipés et délaissés par les politiques publiques, sont régulièrement le foyer de tensions entre les habitants les forces de l'ordre.
(29-08-2015 - Cyrille Louis, Le Figaro)
Mis au point en 2008 par de jeunes entrepreneurs établis au nord de Tel Aviv, le logiciel a été racheté en 2013 par Google, moyennant un milliard de dollars, et téléchargé par plus de 70 millions d'usagers à travers le monde. Dans sa version israélienne, la configuration par défaut intègre certains réglages propres au contexte local. En Cisjordanie occupée, les trajets proposés aux automobilistes évitent ainsi les zones A et B sous contrôle de l'Autorité palestinienne, où les citoyens israéliens ont interdiction de pénétrer. Les ressortissants d'autres pays, libres de traverser ces zones, peuvent désactiver la fonctionnalité.
«La loi, à Jérusalem-Est est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?
Ces limitations d'accès n'ont jamais suscité la moindre controverse jusqu'à ce que les gestionnaires de Waze choisissent, récemment, de les étendre à certains quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Selon le quotidien Yediot Ahronot, ils auraient pris cette décision après que des automobilistes israéliens, guidés vers ces secteurs, indiquent s'y être sentis en danger. «Nous travaillons en contact avec la police israélienne», justifie un porte-parole de la société, qui propose désormais de fastidieux détours aux automobilistes pour éviter de traverser les quartiers comme Silwan ou Wadi al-Joz, pourtant limitrophes de la Vieille ville.
Les nouveaux paramètres, sitôt connus, ont provoqué des réactions outrées au sein du conseil municipal. Arieh King, adjoint en charge de la sécurité et cheville ouvrière de la colonisation juive dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, a dénoncé une inacceptable «partition» de la ville. «La loi, à Jérusalem-Est et dans les secteurs qui bordent la Vieille ville, est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?, interroge-t-il. Et peut-on admettre que la police y détermine ainsi où des Juifs peuvent, ou ne peuvent pas, se déplacer?»
Cette mini-tempête illustre la fracture qui, 48 ans après sa conquête par l'Etat hébreu, continue de traverser Jérusalem. L'annexion de sa partie orientale, décidée de façon unilatérale en 1982, n'a jamais été reconnue ni pas la majorité de la population palestinienne, ni par la communauté internationale. Quelque 200 000 Juifs résident aujourd'hui à Jérusalem-Est, pour l'essentiel dans de vastes quartiers de colonisation ainsi que dans des enclaves établis au coeur de quartiers arabes. Ces derniers, sous-équipés et délaissés par les politiques publiques, sont régulièrement le foyer de tensions entre les habitants les forces de l'ordre.
(29-08-2015 - Cyrille Louis, Le Figaro)
Liban: Vers une grande manifestation de défiance à la classe politique
Le Liban se préparait samedi à la plus importante manifestation
organisée par la société civile pour exprimer sa rancoeur envers une
classe politique qu'elle juge corrompue et incapable de lui offrir les
services de base, 25 ans après la fin de la guerre civile.
"Nous espérons 50.000 manifestants et il y aura d'autres rassemblements à l'avenir encore plus importants. Nous refusons de nous inscrire dans un quelconque projet politique (...) Le vrai combat c'est de se rassembler sous la même bannière", a déclaré à l'AFP l'un des organisateurs, Assaad Thebian.
Le rassemblement doit avoir lieu en fin d'après-midi Place des Martyrs, lieu emblématique du centre de Beyrouth ou durant la guerre civile (1975-1990) passait la ligne de démarcation séparant la partie de la capitale à majorité chrétienne et celle à majorité musulmane.
Pour éviter que se répètent les actes de violence survenus lors des premières manifestations le week-end dernier et imputés à des "fauteurs de troubles", les organisateurs ont constitué un service d'ordre de 500 membres. La police doit encadrer la manifestation et l'armée se positionner sur les routes menant au lieu du rassemblement.
"Nous disons à ceux qui n'ont pas encore décidé de venir à la manifestation, réfléchissez par deux fois. C'est votre pays, c'est votre terre. Aucun de nous n'a ni eau, ni électricité. Prenez la rue, pour vous, pour vos enfants pour votre pays", a lancé M. Thebian.
Organisée par le collectif "Vous puez", la campagne a commencé avec la crise des ordures provoquée à la mi-juillet par la fermeture de la plus grande décharge du Liban et l'amoncellement des déchets dans les rues de la capitale et des autres villes du pays.
Mais au delà de la crise des déchets, elle illustre plus généralement le ras-le-bol d'une partie de la population contre la corruption endémique, le dysfonctionnement de l'Etat et la paralysie des institutions politiques.
Vingt-cinq ans après la fin de la guerre, l'électricité est rationnée dans tout le pays et chaque été l'eau vient à manquer dans de nombreuses régions, notamment Beyrouth, alors que le Liban est le pays le plus arrosé du Moyen-Orient mais qui manque cruellement de barrages.
"Le mot d'ordre de la manifestation sera 'tous sans exception', car nous sommes contre toute la classe politique. Le seul drapeau permis sera le drapeau libanais (...) Nous sommes contre les parties qui exploitent les citoyens", a déclaré un autre organisateur, Lucien Bourjeily.
Les organisateurs ont détaillé leurs exigences: la démission du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, le transfert de la collecte des déchets aux municipalités, le jugement des auteurs des violences du week-end dernier et la tenue d'élections législatives.
Depuis les dernières élections de 2009, le Parlement a prolongé à deux reprises son mandat et les députés n'ont pas réussi à élire un président de la République, poste vacant depuis mai 2014.
De nombreux artistes ont annoncé leur participation. Pour le célèbre chanteur Ghassan Saliba "ce qui se passe aujourd'hui est totalement inédit. Dans le passé c'était un dirigeant politique qui appelait à manifester. Aujourd'hui ce sont les Libanais de toutes les confessions qui descendent car tous les gens ont mal".
Dans ce pays profondément divisé où le système politique est basé sur la répartition confessionnelle, la manifestation a un caractère unitaire éloigné du morcellement entre communautés.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Libanais et militants ont appelé à manifester sous différents mots d'ordre, utilisant les hashtag, VousDevezRendreDes Comptes, DansLaRue, ou NousEnAvonsMarre.
Les analystes notent la fracture entre une partie de la population et ses dirigeants.
"Ce qui se passe aujourd'hui est différent de tout ce que nous avons vu. Ce mouvement n'est pas politisé, n'est lié à aucun mouvement politique. On n'avait jamais vu ceci dans le passé. C'est important. Le mouvement a été capable d'unifier les gens qui sont dégoûtés par les politiciens", note Jad Chaaban, professeur d'Économie à l'Université américaine de Beyrouth.
Pour Fadia Kiwan, professeur de Sciences politiques à l'Université Saint Joseph, "bien sûr que s'exprime la rancoeur après que le gouvernement a jeté à la figure les déchets en pleine canicule, sans aucun respect pour la santé et la dignité des citoyens".
"Je crois de plus en plus que ce mouvement, quelque soit la suite, a déjà secoué la confiance des citoyens dans leur élite politique. Il a secoué l'édifice", a-t-elle ajouté.
(29-08-2015)
"Nous espérons 50.000 manifestants et il y aura d'autres rassemblements à l'avenir encore plus importants. Nous refusons de nous inscrire dans un quelconque projet politique (...) Le vrai combat c'est de se rassembler sous la même bannière", a déclaré à l'AFP l'un des organisateurs, Assaad Thebian.
Le rassemblement doit avoir lieu en fin d'après-midi Place des Martyrs, lieu emblématique du centre de Beyrouth ou durant la guerre civile (1975-1990) passait la ligne de démarcation séparant la partie de la capitale à majorité chrétienne et celle à majorité musulmane.
Pour éviter que se répètent les actes de violence survenus lors des premières manifestations le week-end dernier et imputés à des "fauteurs de troubles", les organisateurs ont constitué un service d'ordre de 500 membres. La police doit encadrer la manifestation et l'armée se positionner sur les routes menant au lieu du rassemblement.
"Nous disons à ceux qui n'ont pas encore décidé de venir à la manifestation, réfléchissez par deux fois. C'est votre pays, c'est votre terre. Aucun de nous n'a ni eau, ni électricité. Prenez la rue, pour vous, pour vos enfants pour votre pays", a lancé M. Thebian.
Organisée par le collectif "Vous puez", la campagne a commencé avec la crise des ordures provoquée à la mi-juillet par la fermeture de la plus grande décharge du Liban et l'amoncellement des déchets dans les rues de la capitale et des autres villes du pays.
Mais au delà de la crise des déchets, elle illustre plus généralement le ras-le-bol d'une partie de la population contre la corruption endémique, le dysfonctionnement de l'Etat et la paralysie des institutions politiques.
Vingt-cinq ans après la fin de la guerre, l'électricité est rationnée dans tout le pays et chaque été l'eau vient à manquer dans de nombreuses régions, notamment Beyrouth, alors que le Liban est le pays le plus arrosé du Moyen-Orient mais qui manque cruellement de barrages.
"Le mot d'ordre de la manifestation sera 'tous sans exception', car nous sommes contre toute la classe politique. Le seul drapeau permis sera le drapeau libanais (...) Nous sommes contre les parties qui exploitent les citoyens", a déclaré un autre organisateur, Lucien Bourjeily.
Les organisateurs ont détaillé leurs exigences: la démission du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, le transfert de la collecte des déchets aux municipalités, le jugement des auteurs des violences du week-end dernier et la tenue d'élections législatives.
Depuis les dernières élections de 2009, le Parlement a prolongé à deux reprises son mandat et les députés n'ont pas réussi à élire un président de la République, poste vacant depuis mai 2014.
De nombreux artistes ont annoncé leur participation. Pour le célèbre chanteur Ghassan Saliba "ce qui se passe aujourd'hui est totalement inédit. Dans le passé c'était un dirigeant politique qui appelait à manifester. Aujourd'hui ce sont les Libanais de toutes les confessions qui descendent car tous les gens ont mal".
Dans ce pays profondément divisé où le système politique est basé sur la répartition confessionnelle, la manifestation a un caractère unitaire éloigné du morcellement entre communautés.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Libanais et militants ont appelé à manifester sous différents mots d'ordre, utilisant les hashtag, VousDevezRendreDes Comptes, DansLaRue, ou NousEnAvonsMarre.
Les analystes notent la fracture entre une partie de la population et ses dirigeants.
"Ce qui se passe aujourd'hui est différent de tout ce que nous avons vu. Ce mouvement n'est pas politisé, n'est lié à aucun mouvement politique. On n'avait jamais vu ceci dans le passé. C'est important. Le mouvement a été capable d'unifier les gens qui sont dégoûtés par les politiciens", note Jad Chaaban, professeur d'Économie à l'Université américaine de Beyrouth.
Pour Fadia Kiwan, professeur de Sciences politiques à l'Université Saint Joseph, "bien sûr que s'exprime la rancoeur après que le gouvernement a jeté à la figure les déchets en pleine canicule, sans aucun respect pour la santé et la dignité des citoyens".
"Je crois de plus en plus que ce mouvement, quelque soit la suite, a déjà secoué la confiance des citoyens dans leur élite politique. Il a secoué l'édifice", a-t-elle ajouté.
(29-08-2015)
samedi 29 août 2015
Moyen-Orient : Quand la fiction devient réalité ( Rania Samara )
Roszke, Hungary.
Syrian refugees wait at a barbed wire fence on the border between Hungary and Serbia.
(Photograph: Darko Bandic)
En 1963, l’écrivain palestinien Ghassan Kanafani a publié un premier roman, intitulé رجال في الشمس dans lequel il raconte le drame de 4 réfugiés palestiniens qui tentent d'entrer clandestinement au Koweït, cachés dans une citerne d’eau et qui meurent à la frontière, enfermés dans le camion, sous un soleil torride.(Le roman a été traduit par Michel Seurat sous le titre Des hommes dans le soleil (Actes Sud) Plus tard,le même Michel Seurat payera de sa vie son œuvre La Syrie, l’État de Barbarie (Le Seuil) dans lequel il analyse la nature de l'oppression construite par le régime syrien et la montée en puissance de l'islamisme dans le pays. Les 2 livres sont à lire toute affaire cessante.)
Aujourd’hui l’argument du roman de Kanafani devient une information répétée et répercutée par les quotidiens, les stations de radios et les journaux télévisés partout dans le monde. Il s’agit de la réalité, triste et sinistre, des réfugiés syriens désespérés qui tentent de fuir une mort assurée par barils d’explosifs, bombes, balles ou épées. Ils meurent, noyés dans la Méditerranée, au fond d’une cale d'un rafiot ou dans un camion frigorifique à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche, livrés aux passeurs sans foi ni loi.Aujourd’hui, l’Europe s’inquiète semble-t-il du nombre et de la répartition des « migrants » qu’elle pourrait accueillir sur son sol. Où sont les Européens? Prendront-ils enfin la mesure des événements qui se passent en Syrie? S'opposeront-ils au massacre des Syriens qui se poursuit depuis cinq ans, à cette tragédie qui ne cesse de s'amplifier et qui devient presque une fiction, un mythe lointain, coupé de toute réalité?
Rania Samara
Samedi, 29 août 2015
Egypte: trois ans de prison ferme pour les journalistes d'Al-Jazeera
Un tribunal du Caire a condamné samedi à trois ans de prison ferme trois
journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera, malgré les appels de la
communauté internationale à clore cette affaire qui a mis dans
l'embarras le pouvoir égyptien.
L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnus coupable d'avoir "diffusé de fausses informations" et d'avoir travaillé au Caire sans les autorisations nécessaires. Le juge Hassan Farid a même affirmé "qu'ils n'étaient pas des journalistes" car ils n'étaient pas enregistrés comme tel auprès des autorités compétentes.
Les reporters étaient accusés d'avoir soutenu dans leur couverture médiatique les Frères musulmans, la confrérie de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013.
MM. Fahmy et Mohamed étaient présents au tribunal, tandis que M. Greste est jugé par contumace, après avoir été expulsé vers l'Australie en février en vertu d'un décret présidentiel.
Al-Jazeera a dénoncé une "attaque contre la liberté de la presse".
"La seule issue juste de ce procès c'était un acquittement", a indiqué Amal Clooney, l'avocate de M. Fahmy, après le verdict, soulignant "le manque de preuves".
Avant l'audience, Mme Clooney avait prévenu qu'elle rencontrerait des responsables du gouvernement pour demander - en cas de condamnation - un pardon présidentiel ou une expulsion.
"Je suis choqué, terriblement choqué", a déclaré à l'AFP le frère de M. Fahmy, Adel, après le verdict. "Nous attendions un acquittement et nous nous retrouvons bloqués encore une fois dans cette affaire. C'est illogique".
Lors d'un premier procès en juin 2014, M. Fahmy et M. Greste avaient écopé de sept ans de prison et M. Mohamed de dix ans. Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations des journalistes employés par l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, ordonnant un nouveau procès.
"Depuis le début, c'est un procès politique. Si justice il y a, nous devons être acquittés, nous sommes des journalistes impartiaux", s'est insurgé vendredi M. Fahmy, précisant qu'un comité technique chargé par la cour d'analyser leurs vidéos avait exclu toute "falsification".
A l'ouverture du nouveau procès en février, lui et M. Mohamed avaient été remis en liberté conditionnelle après plus de 400 jours de détention. Ils ont été de nouveau arrêtés samedi après le verdict.
"Les yeux du monde sont sur l'Egypte aujourd'hui- une opportunité pour la justice égyptienne de se montrer juste", a indiqué M. Greste sur son compte Twitter.
Les journalistes sont également accusés d'avoir travaillé sans les autorisations nécessaires. MM. Fahmy et Greste avaient été arrêtés dans une chambre d'hôtel au Caire qu'ils avaient transformé en bureau.
Mais M. Fahmy, qui par le passé a notamment travaillé pour la chaîne américaine CNN, affirme qu'ils ignoraient que leur employeur n'avait plus les autorisations requises et que la direction ne les a jamais mis au courant.
Le journaliste, qui détient la nationalité canadienne, a renoncé à sa citoyenneté égyptienne pour pouvoir être lui aussi expulsé. Sans succès.
Les peines initiales des journalistes avaient suscité une pluie de critiques internationales, notamment de la part de Washington et de l'ONU.
Le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, avait reconnu qu'il aurait mieux valu expulser les reporters plutôt que de les juger.
L'affaire avait débuté en pleine crise entre l'Egypte et le Qatar, à couteaux tirés depuis l'éviction de M. Morsi.
Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazeera, dont les antennes arabophones ont dénoncé la destitution de M. Morsi et la sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans et a fait plus de 1.400 morts.
Samedi, trois co-accusés égyptiens des journalistes ont écopé de 3 ans de prison, tandis que deux autres ont été acquittés. Ils étaient jugés pour appartenance aux Frères musulmans et pour avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte".
Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), au moins 18 journalistes, essentiellement accusés d'appartenir aux Frères musulmans, sont derrière les barreaux en Egypte.
L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnus coupable d'avoir "diffusé de fausses informations" et d'avoir travaillé au Caire sans les autorisations nécessaires. Le juge Hassan Farid a même affirmé "qu'ils n'étaient pas des journalistes" car ils n'étaient pas enregistrés comme tel auprès des autorités compétentes.
Les reporters étaient accusés d'avoir soutenu dans leur couverture médiatique les Frères musulmans, la confrérie de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013.
MM. Fahmy et Mohamed étaient présents au tribunal, tandis que M. Greste est jugé par contumace, après avoir été expulsé vers l'Australie en février en vertu d'un décret présidentiel.
Al-Jazeera a dénoncé une "attaque contre la liberté de la presse".
"La seule issue juste de ce procès c'était un acquittement", a indiqué Amal Clooney, l'avocate de M. Fahmy, après le verdict, soulignant "le manque de preuves".
Avant l'audience, Mme Clooney avait prévenu qu'elle rencontrerait des responsables du gouvernement pour demander - en cas de condamnation - un pardon présidentiel ou une expulsion.
"Je suis choqué, terriblement choqué", a déclaré à l'AFP le frère de M. Fahmy, Adel, après le verdict. "Nous attendions un acquittement et nous nous retrouvons bloqués encore une fois dans cette affaire. C'est illogique".
Lors d'un premier procès en juin 2014, M. Fahmy et M. Greste avaient écopé de sept ans de prison et M. Mohamed de dix ans. Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations des journalistes employés par l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, ordonnant un nouveau procès.
"Depuis le début, c'est un procès politique. Si justice il y a, nous devons être acquittés, nous sommes des journalistes impartiaux", s'est insurgé vendredi M. Fahmy, précisant qu'un comité technique chargé par la cour d'analyser leurs vidéos avait exclu toute "falsification".
A l'ouverture du nouveau procès en février, lui et M. Mohamed avaient été remis en liberté conditionnelle après plus de 400 jours de détention. Ils ont été de nouveau arrêtés samedi après le verdict.
"Les yeux du monde sont sur l'Egypte aujourd'hui- une opportunité pour la justice égyptienne de se montrer juste", a indiqué M. Greste sur son compte Twitter.
Les journalistes sont également accusés d'avoir travaillé sans les autorisations nécessaires. MM. Fahmy et Greste avaient été arrêtés dans une chambre d'hôtel au Caire qu'ils avaient transformé en bureau.
Mais M. Fahmy, qui par le passé a notamment travaillé pour la chaîne américaine CNN, affirme qu'ils ignoraient que leur employeur n'avait plus les autorisations requises et que la direction ne les a jamais mis au courant.
Le journaliste, qui détient la nationalité canadienne, a renoncé à sa citoyenneté égyptienne pour pouvoir être lui aussi expulsé. Sans succès.
Les peines initiales des journalistes avaient suscité une pluie de critiques internationales, notamment de la part de Washington et de l'ONU.
Le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, avait reconnu qu'il aurait mieux valu expulser les reporters plutôt que de les juger.
L'affaire avait débuté en pleine crise entre l'Egypte et le Qatar, à couteaux tirés depuis l'éviction de M. Morsi.
Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazeera, dont les antennes arabophones ont dénoncé la destitution de M. Morsi et la sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans et a fait plus de 1.400 morts.
Samedi, trois co-accusés égyptiens des journalistes ont écopé de 3 ans de prison, tandis que deux autres ont été acquittés. Ils étaient jugés pour appartenance aux Frères musulmans et pour avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte".
Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), au moins 18 journalistes, essentiellement accusés d'appartenir aux Frères musulmans, sont derrière les barreaux en Egypte.
Irak : Des milliers de manifestants anti-corruption à Bagdad
Des milliers de personnes ont manifesté contre la corruption à Bagdad
vendredi, dont beaucoup de partisans de l'influent chef chiite Moqtada
al-Sadr qui les avait appelés à venir en nombre.
Les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines contre la corruption et le délitement des services publics, pour dénoncer particulièrement les coupures quotidiennes de courant, par des températures de plus de 50° Celsius.
Le Premier ministre Haider al-Abadi, un chiite, a répondu aux manifestants en lançant un programme de réformes visant à s'attaquer à la corruption. Approuvées le 11 août par le Parlement, les réformes qui comprennent la réduction des postes ministériels et la baisse du nombre de gardes du corps pour les hauts responsables, ne sont encore qu'embryonnaires.
Vendredi, place Tahrir à Bagdad, les manifestants agitaient des drapeaux irakiens et scandaient des slogans anti-corruption. C'est le premier rassemblement à avoir lieu après l'appel lancé par Moqtada al-Sadr à ses partisans pour s'y joindre.
Ces derniers, dont beaucoup étaient vêtus de noir, ont scandé "Bye Bye Nouri al-Maliki", l'ex-Premier ministre devenu vice-président et appelé à son "exécution". Les huit années de M. Maliki à la tête de l'Exécutif ont été marquées par la corruption. "Non, non Amérique", pouvait-on aussi entendre.
"Nous sommes venus (manifester) pour soutenir les réformes annoncées par Abadi. Nous voulons pousser l'Etat à les mettre en oeuvre", a dit Nafeh al-Bakhaki, un responsable au mouvement de M. Sadr.
"La corruption existe à cause des mafias (...) qui utilisent la religion pour leur intérêt personnel. Tous les responsables des précédents gouvernements, particulièrement du gouvernement Maliki, sont responsables de la corruption", a indiqué cheikh Samir al-Zraijawi, un autre membre du mouvement.
La venue de responsables proches du chef chiite, qui avait des hommes dans l'ex-gouvernement et a encore une grande influence en dépit de sa volonté affichée de s'éloigner de la politique, n'était pas bien vu par tous.
"C'est hypocrite et faux (de dire que les Sadristes) sont avec le peuple", a dénoncé Siham al-Zoubaidi, membre du Parti communiste irakien, en soulignant leur présence en force au Parlement, et les accusations de corruption à l'encontre d'un ancien député sadriste.
Dans le cadre des réformes, le Premier ministre a commencé à ordonner les changements, dont la suppression de 11 postes ministériels et une réduction drastique du nombre de gardes du corps.
Mais même avec le soutien de la population, et celui non négligeable de l'ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, le fait que l'ensemble des partis politiques aient bénéficié ou bénéficient de la corruption est un obstacle majeur à la mise en place des réformes.
(28-08-2015)
Les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines contre la corruption et le délitement des services publics, pour dénoncer particulièrement les coupures quotidiennes de courant, par des températures de plus de 50° Celsius.
Le Premier ministre Haider al-Abadi, un chiite, a répondu aux manifestants en lançant un programme de réformes visant à s'attaquer à la corruption. Approuvées le 11 août par le Parlement, les réformes qui comprennent la réduction des postes ministériels et la baisse du nombre de gardes du corps pour les hauts responsables, ne sont encore qu'embryonnaires.
Vendredi, place Tahrir à Bagdad, les manifestants agitaient des drapeaux irakiens et scandaient des slogans anti-corruption. C'est le premier rassemblement à avoir lieu après l'appel lancé par Moqtada al-Sadr à ses partisans pour s'y joindre.
Ces derniers, dont beaucoup étaient vêtus de noir, ont scandé "Bye Bye Nouri al-Maliki", l'ex-Premier ministre devenu vice-président et appelé à son "exécution". Les huit années de M. Maliki à la tête de l'Exécutif ont été marquées par la corruption. "Non, non Amérique", pouvait-on aussi entendre.
"Nous sommes venus (manifester) pour soutenir les réformes annoncées par Abadi. Nous voulons pousser l'Etat à les mettre en oeuvre", a dit Nafeh al-Bakhaki, un responsable au mouvement de M. Sadr.
"La corruption existe à cause des mafias (...) qui utilisent la religion pour leur intérêt personnel. Tous les responsables des précédents gouvernements, particulièrement du gouvernement Maliki, sont responsables de la corruption", a indiqué cheikh Samir al-Zraijawi, un autre membre du mouvement.
La venue de responsables proches du chef chiite, qui avait des hommes dans l'ex-gouvernement et a encore une grande influence en dépit de sa volonté affichée de s'éloigner de la politique, n'était pas bien vu par tous.
"C'est hypocrite et faux (de dire que les Sadristes) sont avec le peuple", a dénoncé Siham al-Zoubaidi, membre du Parti communiste irakien, en soulignant leur présence en force au Parlement, et les accusations de corruption à l'encontre d'un ancien député sadriste.
Dans le cadre des réformes, le Premier ministre a commencé à ordonner les changements, dont la suppression de 11 postes ministériels et une réduction drastique du nombre de gardes du corps.
Mais même avec le soutien de la population, et celui non négligeable de l'ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, le fait que l'ensemble des partis politiques aient bénéficié ou bénéficient de la corruption est un obstacle majeur à la mise en place des réformes.
(28-08-2015)
vendredi 28 août 2015
Moyen-Orient : Les belles promesses de la France aux archéologues syriens et irakiens (Florence Evin)
Mardi 25 août – au lendemain d’une série de drames à Palmyre, en Syrie,
avec la décapitation de Khaled Al-Asaad, ancien directeur du site
archéologique, et la destruction à l’explosif du temple de Baalshamin,
par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) – François Hollande
réitérait la volonté de la France exprimée, six mois plus tôt au Louvre,
de « tout faire » pour « protéger les trésors » du patrimoine syrien et
irakien. « Comment agir ? [Que] pouvons-nous faire pour la sauvegarde
du patrimoine et de la culture ? », avait-il alors demandé à Jean-Luc
Martinez, président-directeur du musée parisien, en le chargeant d’une
mission d’expertise.
Aux ambassadeurs, réunis mardi pour leur rendez-vous annuel de fin d’été, M. Hollande répétait l’engagement pris le 18 mars, après les destructions des antiques cités de Nimroud et Hatra en Irak, l’ancienne Mésopotamie. M. Hollande s’était aussi engagé à ce que « les jeunes archéologues puissent poursuivre leur travail en étroite collaboration avec les universités françaises. La France accueillera ainsi des doctorants irakiens qui viendront compléter leur cursus et leurs travaux de recherche ».
Cinq mois plus tard, ce sont les tracasseries administratives liées aux permis de séjour des scientifiques accueillis en France, dans le cadre de travaux de recherche ou de stages, qui freinent cette coopération.
Vincent Guichard, directeur général du Centre d’archéologie européenne de Bibracte, dans le Morvan, s’en désole : « Aucune procédure n’est organisée, on dépend de personnes de bonne volonté. » Sans anges gardiens, les dossiers n’aboutissent pas. « L’afflux des collègues scientifiques du Moyen-Orient est d’une telle ampleur que nos moyens ne suffisent pas, et il n’y a pas assez de postes sur les budgets. On fait du bricolage », reconnaît M. Guichard.
Le cas d’Houmam Saad, brillant archéologue syrien de 36 ans, auteur d’une thèse intitulée « Représentation humaine dans les tombes de Palmyre », est édifiant. En avril 2014, il est accueilli au Louvre au sein du département des Antiquités orientales, pour un stage de six mois, grâce à une bourse du ministère de la culture. L’archéologue a ensuite poursuivi ses recherches, pendant neuf mois, au laboratoire d’archéologie Aoroc de l’Ecole normale supérieure (ENS). Pour repousser son retour en Syrie, il vient d’obtenir un nouveau contrat à l’université de Paris-IV.
Mais le parcours du combattant de M. Saad n’est pas terminé. Malgré un visa scientifique, qui l’autorise à travailler, et son contrat de travail, il doit renouveler tous les deux mois les formalités de permis de séjour. A chaque fois, les services de l’immigration le font revenir pour des documents manquants.
Comme si les injonctions du président français étaient restées lettre morte. Le caractère interministériel de la décision présidentielle semble ignoré. Vincent Guichard le regrette : « Ces scientifiques sont à notre disposition pour lutter contre le trafic illicite international nourri par le pillage sauvage des sites archéologiques, ils connaissent parfaitement les collections d’objets de l’Antiquité. » L’enjeu est prioritaire pour M. Hollande.
Pour Béatrice André-Salvini, directrice honoraire du département des antiquités orientales du Louvre, la collaboration entre les équipes françaises, syriennes et irakiennes est un enrichissement pour les scientifiques des trois pays. Cette spécialiste, qui a arpenté la région pendant plus de trente ans, rappelle que les liens noués entre les personnels scientifiques des deux pays avec la France ne datent pas d’hier.
« En 2009-2010, un très gros programme de coopération avec la Syrie a été signé au niveau des musées et de la recherche, rappelle-t-elle. Au Louvre, les trois stagiaires accueillis en 2014 ont participé totalement à la vie du musée. Il faut continuer à former les jeunes. Il est très important qu’il ne manque pas toute une génération de spécialistes en Syrie. Et cela permet de jeter les bases d’une collaboration encore plus étroite. Le régime politique n’influe pas sur la culture. Le patrimoine, c’est le patrimoine. »
L’archéologue francophone Maamoun Abdulkarim, directeur général des antiquités et des musées syriens, qui a fait sa thèse en France sur « Les Villes mortes de la Syrie du Nord », est aujourd’hui salué par la communauté scientifique internationale pour son courage et son travail de mise à l’abri des collections des musées syriens. « Il reste debout et il continue à défendre corps et âme le patrimoine culturel de son pays », clame Mounir Bouchenaki, directeur du Centre régional arabe pour le Patrimoine mondial de l’Unesco.
Dans la lettre de mission d’expertise adressée à M. Martinez, M. Hollande précise : « Les conflits qui ravagent aujourd’hui la Syrie ou l’Irak ont des conséquences irrémédiables sur des patrimoines parfois millénaires (…) des biens communs de l’humanité. La France est déjà mobilisée. (…) Mais il faut aller plus loin (…), je souhaite (…) des recommandations concrètes et opérationnelles sur les initiatives et actions que la France devrait, selon vous, engager. »
Le rapport de M. Martinez et ses propositions sont attendus en octobre. D’ores et déjà, le patron du Louvre a lancé un projet de numérisation du patrimoine antique en danger de la Syrie et de l’Irak, financé par le ministère de la culture, sous la direction de Francis Johannès, directeur de recherche au CNRS. Deux doctorants, Louise Quillien et Mustapha Djabellaoui, ont été chargés de numériser les œuvres majeures des collections mésopotamiennes du Louvre, dont le Code d’Hammourabi, l’un des tout premiers codes législatifs de l’Histoire. La même opération pourrait être réalisée au Musée national irakien de Bagdad.
Ce travail, commencé par les Allemands, constituerait un premier pas vers la numérisation de toutes les archives de fouilles et trésors de l’ancienne Mésopotamie, dispersés dans le monde entier. Reste à protéger les sites eux-mêmes de la destruction, un objectif qui ne mobilise pas la coalition internationale qui lutte contre l’EI.
(28-08-2015 - Florence Evin - Le Monde)
Aux ambassadeurs, réunis mardi pour leur rendez-vous annuel de fin d’été, M. Hollande répétait l’engagement pris le 18 mars, après les destructions des antiques cités de Nimroud et Hatra en Irak, l’ancienne Mésopotamie. M. Hollande s’était aussi engagé à ce que « les jeunes archéologues puissent poursuivre leur travail en étroite collaboration avec les universités françaises. La France accueillera ainsi des doctorants irakiens qui viendront compléter leur cursus et leurs travaux de recherche ».
Cinq mois plus tard, ce sont les tracasseries administratives liées aux permis de séjour des scientifiques accueillis en France, dans le cadre de travaux de recherche ou de stages, qui freinent cette coopération.
Vincent Guichard, directeur général du Centre d’archéologie européenne de Bibracte, dans le Morvan, s’en désole : « Aucune procédure n’est organisée, on dépend de personnes de bonne volonté. » Sans anges gardiens, les dossiers n’aboutissent pas. « L’afflux des collègues scientifiques du Moyen-Orient est d’une telle ampleur que nos moyens ne suffisent pas, et il n’y a pas assez de postes sur les budgets. On fait du bricolage », reconnaît M. Guichard.
Le cas d’Houmam Saad, brillant archéologue syrien de 36 ans, auteur d’une thèse intitulée « Représentation humaine dans les tombes de Palmyre », est édifiant. En avril 2014, il est accueilli au Louvre au sein du département des Antiquités orientales, pour un stage de six mois, grâce à une bourse du ministère de la culture. L’archéologue a ensuite poursuivi ses recherches, pendant neuf mois, au laboratoire d’archéologie Aoroc de l’Ecole normale supérieure (ENS). Pour repousser son retour en Syrie, il vient d’obtenir un nouveau contrat à l’université de Paris-IV.
Mais le parcours du combattant de M. Saad n’est pas terminé. Malgré un visa scientifique, qui l’autorise à travailler, et son contrat de travail, il doit renouveler tous les deux mois les formalités de permis de séjour. A chaque fois, les services de l’immigration le font revenir pour des documents manquants.
Comme si les injonctions du président français étaient restées lettre morte. Le caractère interministériel de la décision présidentielle semble ignoré. Vincent Guichard le regrette : « Ces scientifiques sont à notre disposition pour lutter contre le trafic illicite international nourri par le pillage sauvage des sites archéologiques, ils connaissent parfaitement les collections d’objets de l’Antiquité. » L’enjeu est prioritaire pour M. Hollande.
Pour Béatrice André-Salvini, directrice honoraire du département des antiquités orientales du Louvre, la collaboration entre les équipes françaises, syriennes et irakiennes est un enrichissement pour les scientifiques des trois pays. Cette spécialiste, qui a arpenté la région pendant plus de trente ans, rappelle que les liens noués entre les personnels scientifiques des deux pays avec la France ne datent pas d’hier.
« En 2009-2010, un très gros programme de coopération avec la Syrie a été signé au niveau des musées et de la recherche, rappelle-t-elle. Au Louvre, les trois stagiaires accueillis en 2014 ont participé totalement à la vie du musée. Il faut continuer à former les jeunes. Il est très important qu’il ne manque pas toute une génération de spécialistes en Syrie. Et cela permet de jeter les bases d’une collaboration encore plus étroite. Le régime politique n’influe pas sur la culture. Le patrimoine, c’est le patrimoine. »
L’archéologue francophone Maamoun Abdulkarim, directeur général des antiquités et des musées syriens, qui a fait sa thèse en France sur « Les Villes mortes de la Syrie du Nord », est aujourd’hui salué par la communauté scientifique internationale pour son courage et son travail de mise à l’abri des collections des musées syriens. « Il reste debout et il continue à défendre corps et âme le patrimoine culturel de son pays », clame Mounir Bouchenaki, directeur du Centre régional arabe pour le Patrimoine mondial de l’Unesco.
Dans la lettre de mission d’expertise adressée à M. Martinez, M. Hollande précise : « Les conflits qui ravagent aujourd’hui la Syrie ou l’Irak ont des conséquences irrémédiables sur des patrimoines parfois millénaires (…) des biens communs de l’humanité. La France est déjà mobilisée. (…) Mais il faut aller plus loin (…), je souhaite (…) des recommandations concrètes et opérationnelles sur les initiatives et actions que la France devrait, selon vous, engager. »
Le rapport de M. Martinez et ses propositions sont attendus en octobre. D’ores et déjà, le patron du Louvre a lancé un projet de numérisation du patrimoine antique en danger de la Syrie et de l’Irak, financé par le ministère de la culture, sous la direction de Francis Johannès, directeur de recherche au CNRS. Deux doctorants, Louise Quillien et Mustapha Djabellaoui, ont été chargés de numériser les œuvres majeures des collections mésopotamiennes du Louvre, dont le Code d’Hammourabi, l’un des tout premiers codes législatifs de l’Histoire. La même opération pourrait être réalisée au Musée national irakien de Bagdad.
Ce travail, commencé par les Allemands, constituerait un premier pas vers la numérisation de toutes les archives de fouilles et trésors de l’ancienne Mésopotamie, dispersés dans le monde entier. Reste à protéger les sites eux-mêmes de la destruction, un objectif qui ne mobilise pas la coalition internationale qui lutte contre l’EI.
(28-08-2015 - Florence Evin - Le Monde)
jeudi 27 août 2015
Liban : Le parti de Michel Aoun et le Hezbollah boycottent le conseil des ministres
Le Hezbollah et ses alliés chrétiens ont boycotté le conseil des
ministres jeudi, un nouveau signe de montée des tensions qui paralysent
le gouvernement d'union nationale dirigé par Tammam Salam.
Les ministres appartenant au Courant patriotique libre du chrétien Michel Aoun ont boudé la réunion pour protester contre ce que le site internet de leur parti présente comme l'usurpation par Tammam Salam de pouvoirs présidentiels. Un ministre du Hezbollah a déclaré que le mouvement avait lui aussi boycotté le conseil par solidarité avec le CPL.
La présidence libanaise, censée revenir à un chrétien, est vacante depuis l'an dernier, les forces politiques du pays n'étant pas parvenues à se mettre d'accord sur la succession de Michel Sleiman. Michel Aoun est l'un des principaux prétendants mais il est loin de réunir le consensus nécessaire.
Les relations entre le camp chrétien et le gouvernement dirigé par Tammam Salam, formé l'an dernier, se sont encore dégradées ces dernières semaines, notamment avec la décision du Premier ministre de prolonger le mandat du chef d'état-major de l'armée, le général Jean Kahwaji.
Michel Aoun défendait la candidature de son gendre, Chamel Roukoz.
La paralysie politique et l'impuissance du gouvernement, conséquences des rivalités politiques et communautaires exacerbées par les différentes crises au Proche-Orient et notamment par la guerre civile en Syrie, suscite au sein de l'opinion publique une colère croissante. Plusieurs manifestations, parfois violentes, ont ainsi eu lieu ces dernières semaines contre la crise du ramassage des ordures.
Face à la contestation populaire, Tammam Salam a menacé de démissionner.
Une nouvelle manifestation antigouvernementale est prévue samedi à Beyrouth.
Les ministres appartenant au Courant patriotique libre du chrétien Michel Aoun ont boudé la réunion pour protester contre ce que le site internet de leur parti présente comme l'usurpation par Tammam Salam de pouvoirs présidentiels. Un ministre du Hezbollah a déclaré que le mouvement avait lui aussi boycotté le conseil par solidarité avec le CPL.
La présidence libanaise, censée revenir à un chrétien, est vacante depuis l'an dernier, les forces politiques du pays n'étant pas parvenues à se mettre d'accord sur la succession de Michel Sleiman. Michel Aoun est l'un des principaux prétendants mais il est loin de réunir le consensus nécessaire.
Les relations entre le camp chrétien et le gouvernement dirigé par Tammam Salam, formé l'an dernier, se sont encore dégradées ces dernières semaines, notamment avec la décision du Premier ministre de prolonger le mandat du chef d'état-major de l'armée, le général Jean Kahwaji.
Michel Aoun défendait la candidature de son gendre, Chamel Roukoz.
La paralysie politique et l'impuissance du gouvernement, conséquences des rivalités politiques et communautaires exacerbées par les différentes crises au Proche-Orient et notamment par la guerre civile en Syrie, suscite au sein de l'opinion publique une colère croissante. Plusieurs manifestations, parfois violentes, ont ainsi eu lieu ces dernières semaines contre la crise du ramassage des ordures.
Face à la contestation populaire, Tammam Salam a menacé de démissionner.
Une nouvelle manifestation antigouvernementale est prévue samedi à Beyrouth.
Israël/Palestine : L'OLP réunit son Parlement mi-septembre après la démission d'Abbas
L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) réunira son Parlement
les 15 et 16 septembre, sa première réunion en presque 20 ans, avec à
l'agenda un renouvellement de l'exécutif dominé par le président Mahmud
Abbas, a indiqué jeudi un responsable.
"Il a été décidé de demander au Conseil national palestinien de siéger les 15 et 16 septembre à Ramallah", en Cisjordanie occupée, a dit à l'AFP Azzam al-Ahmad, alors que le CNP ne s'est pas réuni depuis 1996.
Au programme du CNP figurent l'élection d'un nouveau comité exécutif de l'OLP, l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions de paix avec Israël et d'autres sujets, a-t-il ajouté.
Le comité exécutif, direction collégiale et resserrée, est seul habilité à prendre les décisions engageant les Palestiniens. C'est lui, et son secrétaire général de l'époque Mahmud Abbas, qui avaient signé les Accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne en 1993.
La réunion du CNP et l'élection d'un nouveau comité exécutif participent des efforts de M. Abbas pour renouveler la direction palestinienne, affirment ses alliés. Ses opposants accusent au contraire M. Abbas de manoeuvres pour les marginaliser en vue de son départ et pour préparer sa succession.
M. Abbas, 80 ans, un modéré hostile à la violence et longtemps considéré comme le pion des Américains, concentre tous les pouvoirs entre ses mains en Cisjordanie, disent les analystes.
Lui et plus de la moitié des membres du comité exécutif ont démissionné de ce comité la semaine passée pour créer les conditions d'une réunion du CNP et d'une nouvelle élection.
Mohammed Dahlane, grand rival de M. Abbas, a appelé à profiter des circonstances pour évincer celui-ci.
"Il a été décidé de demander au Conseil national palestinien de siéger les 15 et 16 septembre à Ramallah", en Cisjordanie occupée, a dit à l'AFP Azzam al-Ahmad, alors que le CNP ne s'est pas réuni depuis 1996.
Au programme du CNP figurent l'élection d'un nouveau comité exécutif de l'OLP, l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions de paix avec Israël et d'autres sujets, a-t-il ajouté.
Le comité exécutif, direction collégiale et resserrée, est seul habilité à prendre les décisions engageant les Palestiniens. C'est lui, et son secrétaire général de l'époque Mahmud Abbas, qui avaient signé les Accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne en 1993.
La réunion du CNP et l'élection d'un nouveau comité exécutif participent des efforts de M. Abbas pour renouveler la direction palestinienne, affirment ses alliés. Ses opposants accusent au contraire M. Abbas de manoeuvres pour les marginaliser en vue de son départ et pour préparer sa succession.
M. Abbas, 80 ans, un modéré hostile à la violence et longtemps considéré comme le pion des Américains, concentre tous les pouvoirs entre ses mains en Cisjordanie, disent les analystes.
Lui et plus de la moitié des membres du comité exécutif ont démissionné de ce comité la semaine passée pour créer les conditions d'une réunion du CNP et d'une nouvelle élection.
Mohammed Dahlane, grand rival de M. Abbas, a appelé à profiter des circonstances pour évincer celui-ci.
Moyen-Orient : "Ce sont les peuples arabes qui pourront défaire Daesh" (Jean-Pierre Filiu)
Jean-Pierre Filiu, professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po Paris, publie Les Arabes, leur destin et le nôtre
(La Découverte, 250P., 14 euros). Ce fin connaisseur de l'islam
contemporain y lève le voile sur une histoire du monde arabe largement
méconnue, celle des contestations démocratiques et des révoltes sociales
écrasées dans le sang, bien avant « les Printemps arabes ». Entretien.
Les sociétés arabes ont fait en quarante ans leur transition démographique, là où l'Europe occidentale avait mis deux siècles. Une mutation accélérée qui, selon vous, a des conséquences explosives ?
Jean-Pierre Filiu : En effet, durant les deux générations qui couvrent la période 1970-2010, le monde arabe a accompli en silence une transition démographique que l'Europe a mis deux longs siècles à réaliser. Cette émergence d'une jeunesse éduquée et critique, parlant la même langue arabe depuis le Maroc jusqu'au Golfe, a permis l'extraordinaire diffusion de la mobilisation démocratique au cours de l'hiver 2010-2011, avec une contagion militante d'un pays à l'autre. J'ai cependant souligné d'emblée qu'il n'y avait aucun « effet domino », mais une dynamique régionale de contestation où les jeunes adultes, de 20 à 35 ans, souvent mères ou pères de famille, tenaient la ligne de front face à une classe politico-militaire discréditée.
Comment expliquez-vous l'exception tunisienne qui résiste, malgré le travail de sape du terrorisme islamiste ?
Là aussi, je reviens au temps long de l'histoire. Le maître mot de l'évolution tunisienne depuis un siècle et demi est « Constitution », en arabe « Destour », le nom même du parti nationaliste mené par Habib Bourguiba. Durant les trois premières années de leur transition démocratique, les Tunisiens n'ont voté qu'une fois, pour élire une Constituante, en octobre 2011. Cette assemblée fondatrice de la Deuxième République tunisienne a adopté en janvier 2014 une nouvelle Constitution qui n'a, fort heureusement, jamais été soumise au référendum. En Égypte, au contraire, trois Constitutions ont été soumises par référendum entre 2011 et 2014, et chaque fois adoptées malgré leurs dispositions contradictoires. La Tunisie a refondé son pacte social, ce qui lui permet d'enraciner dans une légitimité populaire sa résistance à l'horreur djihadiste. L'Égypte, en revanche, est revenue à des niveaux de violence inconnus… depuis l'expédition de Bonaparte en 1798, tandis qu'un demi-million de militaires égyptiens se révèlent incapables de réduire un millier d'insurgés djihadistes.
Au XIXe siècle, la Tunisie et l'Égypte ont été le foyer d'une Renaissance, baptisée « les Lumières arabes ». Pourquoi cette flamme s'est-elle si vite éteinte ?
En Tunisie comme en Égypte, le XIXe siècle voit des dynasties modernisatrices, autonomes de fait envers l'Empire ottoman, mettre en œuvre un ambitieux programme de réformes administratives, éducatives, foncières ou industrielles. La Tunisie abolit l'esclavage deux ans avant la France (en 1846) et elle adopte la première Constitution du monde arabe en 1861. Mais le protectorat imposé par la France en 1881 puis l'occupation britannique de l'Égypte en 1882 brisent ces deux expériences de « modernisation par le haut ». Les « Lumières » poursuivent cependant dans une effervescence intellectuelle et politique qui conduira à la « Révolte arabe » de 1916. Les Arabes entrent alors en guerre contre les Turcs, aux côtés des Français et des Britanniques qui trahiront leurs promesses de « Royaume arabe » indépendant, une fois la défaite de l'Empire ottoman consommée.
Quant à la Syrie, la grande erreur de la France selon vous est d'avoir refusé de reconnaître le CNS, le Conseil national syrien, alors qu'il est « infiniment plus transparent et représentatif que le CNT Libyen » ?
Nicolas Sarkozy n'a effectivement rien compris à la lame de fond qui traverse le monde arabe au début de 2011. Il soutient le dictateur Ben Ali au-delà de la décence, puis, pour se « racheter » de ces errements, s'engage sans réserve aux côtés du Conseil national de transition (CNT) libyen. Mais il s'agit d'un calcul de politique intérieure, afin d'endosser les habits d'un chef de guerre victorieux. L'enlisement de la guerre en Libye et les violences qui accompagnent la chute de Kadhafi d'août à octobre 2011 amènent ce président trop pressé à se détourner des révolutions arabes. C'est d'autant plus regrettable qu'une reconnaissance accordée par la France au Conseil national syrien (CNS), sur le modèle de celle conférée au CNT, aurait assuré à l'opposition syrienne une représentativité alternative et lui aurait permis d'agréger les dissidents et de brider les militaires. Au lieu de cela, Sarkozy a maintenu formellement les relations diplomatiques avec le régime Assad et il a fallu l'élection de François Hollande, en mai 2012, plus d'un an après le début de la révolution syrienne, pour que les ambassades soient fermées entre les deux pays.
Fin juillet, vous étiez au camp de Zaatari en Jordanie, où vous avez enseigné l'histoire arabe à des réfugiés syriens. Que vous a appris cette expérience ?
J'étais très impressionné par la maturité de cette centaine de jeunes adultes, hommes et femmes, qui ont tout perdu dans leur Syrie d'origine et qui, malgré tout, privilégient le débat respectueux sur la polémique accusatrice. Ils participent de cette nouvelle génération qui ne cédera pas avant d'accéder à une émancipation authentique, trop longtemps déniée. Les terribles épreuves auxquels ces étudiants d'un été ont été soumis leur ont aussi ouvert les yeux sur les mythes d'un certain « nationalisme arabe », en fait oppresseur et rapace, qui trouve pourtant encore de nombreux défenseurs en Europe au nom d'un supposé « anti-impérialisme » ou d'une « laïcité » tout aussi factice.
Du conflit israélo-palestinien aux guerres d'Irak et de Syrie, en passant par la gangrène djihadiste, on a parfois le sentiment qu'une malédiction frappe les peuples arabes ?
Mon livre s'efforce justement de démontrer, en retrouvant le temps long de l'histoire, qu'il n'y a aucune « malédiction » dans cette trop longue souffrance des peuples arabes. C'est au contraire la persistance de la volonté de libération, la poursuite envers et contre tout des combats pour l'autodétermination qui est fascinante dans le monde arabe. Ce sont les despotes comme les djihadistes qui veulent rejeter définitivement les populations arabes dans les oubliettes de l'histoire, afin que nous nous détournions d'elles et de leurs luttes, en France et ailleurs.
Malgré tout, vous annoncez que « le totalitarisme de Daesh finira par céder ». D'où vient cet incroyable optimisme ?
Je suis historien, je n'ai donc à être ni optimiste ni pessimiste, mais je replace les évolutions en cours dans les tendances de longue durée. L'émergence de Daesh est directement liée à la dynamique contre-révolutionnaire de régimes prêts à tout, en Syrie, au Yémen ou en Égypte, pour refuser la moindre concession. Or ce processus contre-révolutionnaire aboutit partout à une effroyable impasse en termes humains et financiers, aggravée par la chute spectaculaire des cours du pétrole. Le modèle contre-révolutionnaire n'est pas tenable et Daesh entrera en crise avec lui. Comme tous les groupes totalitaires avant lui, Daesh aura en outre à gérer le choc de la réalité, que lui épargne pour l'heure l'invraisemblable aveuglement des États-Unis. Ce sont les peuples arabes, et eux seuls, qui pourront défaire Daesh. Il est grand temps de le comprendre dans les capitales occidentales et d'apporter le soutien indispensable à ces forces populaires, plutôt qu'à des dictatures condamnées à court ou moyen terme.
(27-08-2015 - Propos recueillis par Olivia Recasens)
Les sociétés arabes ont fait en quarante ans leur transition démographique, là où l'Europe occidentale avait mis deux siècles. Une mutation accélérée qui, selon vous, a des conséquences explosives ?
Jean-Pierre Filiu : En effet, durant les deux générations qui couvrent la période 1970-2010, le monde arabe a accompli en silence une transition démographique que l'Europe a mis deux longs siècles à réaliser. Cette émergence d'une jeunesse éduquée et critique, parlant la même langue arabe depuis le Maroc jusqu'au Golfe, a permis l'extraordinaire diffusion de la mobilisation démocratique au cours de l'hiver 2010-2011, avec une contagion militante d'un pays à l'autre. J'ai cependant souligné d'emblée qu'il n'y avait aucun « effet domino », mais une dynamique régionale de contestation où les jeunes adultes, de 20 à 35 ans, souvent mères ou pères de famille, tenaient la ligne de front face à une classe politico-militaire discréditée.
Comment expliquez-vous l'exception tunisienne qui résiste, malgré le travail de sape du terrorisme islamiste ?
Là aussi, je reviens au temps long de l'histoire. Le maître mot de l'évolution tunisienne depuis un siècle et demi est « Constitution », en arabe « Destour », le nom même du parti nationaliste mené par Habib Bourguiba. Durant les trois premières années de leur transition démocratique, les Tunisiens n'ont voté qu'une fois, pour élire une Constituante, en octobre 2011. Cette assemblée fondatrice de la Deuxième République tunisienne a adopté en janvier 2014 une nouvelle Constitution qui n'a, fort heureusement, jamais été soumise au référendum. En Égypte, au contraire, trois Constitutions ont été soumises par référendum entre 2011 et 2014, et chaque fois adoptées malgré leurs dispositions contradictoires. La Tunisie a refondé son pacte social, ce qui lui permet d'enraciner dans une légitimité populaire sa résistance à l'horreur djihadiste. L'Égypte, en revanche, est revenue à des niveaux de violence inconnus… depuis l'expédition de Bonaparte en 1798, tandis qu'un demi-million de militaires égyptiens se révèlent incapables de réduire un millier d'insurgés djihadistes.
Au XIXe siècle, la Tunisie et l'Égypte ont été le foyer d'une Renaissance, baptisée « les Lumières arabes ». Pourquoi cette flamme s'est-elle si vite éteinte ?
En Tunisie comme en Égypte, le XIXe siècle voit des dynasties modernisatrices, autonomes de fait envers l'Empire ottoman, mettre en œuvre un ambitieux programme de réformes administratives, éducatives, foncières ou industrielles. La Tunisie abolit l'esclavage deux ans avant la France (en 1846) et elle adopte la première Constitution du monde arabe en 1861. Mais le protectorat imposé par la France en 1881 puis l'occupation britannique de l'Égypte en 1882 brisent ces deux expériences de « modernisation par le haut ». Les « Lumières » poursuivent cependant dans une effervescence intellectuelle et politique qui conduira à la « Révolte arabe » de 1916. Les Arabes entrent alors en guerre contre les Turcs, aux côtés des Français et des Britanniques qui trahiront leurs promesses de « Royaume arabe » indépendant, une fois la défaite de l'Empire ottoman consommée.
Quant à la Syrie, la grande erreur de la France selon vous est d'avoir refusé de reconnaître le CNS, le Conseil national syrien, alors qu'il est « infiniment plus transparent et représentatif que le CNT Libyen » ?
Nicolas Sarkozy n'a effectivement rien compris à la lame de fond qui traverse le monde arabe au début de 2011. Il soutient le dictateur Ben Ali au-delà de la décence, puis, pour se « racheter » de ces errements, s'engage sans réserve aux côtés du Conseil national de transition (CNT) libyen. Mais il s'agit d'un calcul de politique intérieure, afin d'endosser les habits d'un chef de guerre victorieux. L'enlisement de la guerre en Libye et les violences qui accompagnent la chute de Kadhafi d'août à octobre 2011 amènent ce président trop pressé à se détourner des révolutions arabes. C'est d'autant plus regrettable qu'une reconnaissance accordée par la France au Conseil national syrien (CNS), sur le modèle de celle conférée au CNT, aurait assuré à l'opposition syrienne une représentativité alternative et lui aurait permis d'agréger les dissidents et de brider les militaires. Au lieu de cela, Sarkozy a maintenu formellement les relations diplomatiques avec le régime Assad et il a fallu l'élection de François Hollande, en mai 2012, plus d'un an après le début de la révolution syrienne, pour que les ambassades soient fermées entre les deux pays.
Fin juillet, vous étiez au camp de Zaatari en Jordanie, où vous avez enseigné l'histoire arabe à des réfugiés syriens. Que vous a appris cette expérience ?
J'étais très impressionné par la maturité de cette centaine de jeunes adultes, hommes et femmes, qui ont tout perdu dans leur Syrie d'origine et qui, malgré tout, privilégient le débat respectueux sur la polémique accusatrice. Ils participent de cette nouvelle génération qui ne cédera pas avant d'accéder à une émancipation authentique, trop longtemps déniée. Les terribles épreuves auxquels ces étudiants d'un été ont été soumis leur ont aussi ouvert les yeux sur les mythes d'un certain « nationalisme arabe », en fait oppresseur et rapace, qui trouve pourtant encore de nombreux défenseurs en Europe au nom d'un supposé « anti-impérialisme » ou d'une « laïcité » tout aussi factice.
Du conflit israélo-palestinien aux guerres d'Irak et de Syrie, en passant par la gangrène djihadiste, on a parfois le sentiment qu'une malédiction frappe les peuples arabes ?
Mon livre s'efforce justement de démontrer, en retrouvant le temps long de l'histoire, qu'il n'y a aucune « malédiction » dans cette trop longue souffrance des peuples arabes. C'est au contraire la persistance de la volonté de libération, la poursuite envers et contre tout des combats pour l'autodétermination qui est fascinante dans le monde arabe. Ce sont les despotes comme les djihadistes qui veulent rejeter définitivement les populations arabes dans les oubliettes de l'histoire, afin que nous nous détournions d'elles et de leurs luttes, en France et ailleurs.
Malgré tout, vous annoncez que « le totalitarisme de Daesh finira par céder ». D'où vient cet incroyable optimisme ?
Je suis historien, je n'ai donc à être ni optimiste ni pessimiste, mais je replace les évolutions en cours dans les tendances de longue durée. L'émergence de Daesh est directement liée à la dynamique contre-révolutionnaire de régimes prêts à tout, en Syrie, au Yémen ou en Égypte, pour refuser la moindre concession. Or ce processus contre-révolutionnaire aboutit partout à une effroyable impasse en termes humains et financiers, aggravée par la chute spectaculaire des cours du pétrole. Le modèle contre-révolutionnaire n'est pas tenable et Daesh entrera en crise avec lui. Comme tous les groupes totalitaires avant lui, Daesh aura en outre à gérer le choc de la réalité, que lui épargne pour l'heure l'invraisemblable aveuglement des États-Unis. Ce sont les peuples arabes, et eux seuls, qui pourront défaire Daesh. Il est grand temps de le comprendre dans les capitales occidentales et d'apporter le soutien indispensable à ces forces populaires, plutôt qu'à des dictatures condamnées à court ou moyen terme.
(27-08-2015 - Propos recueillis par Olivia Recasens)
Israël: Ces migrants africains dont personne ne veut (Nissim Béhar)
La Cour suprême a ordonné la libération de 1 178 migrants détenus
depuis plus d’un an. Ils ont été lâchés dans la nature, sans
savoir où aller. Certaines villes leur interdisent l'entrée. Des
habitants demandent leur expulsion.
«Ça te plairait, toi, qu’un Noir vienne chier tous les matins devant ta porte ?» Avec sa voix éraillée de grosse fumeuse, son langage cru et son poitrail d’haltérophile soviétique gonflé aux hormones, Orna Zakaï, 59 ans, a ce qu’il faut pour défendre sa cause. A savoir, «l’expulsion immédiate» des dizaines de milliers de migrants sub-sahariens (Erythréens, Soudanais) installés depuis une dizaine d’années dans les quartiers Sud de Tel-Aviv. Dans la zone la plus pauvre de la ville, où les habitants, telle Orna Zakaï, les accusent «d’apporter des maladies et de violer les filles dans la rue».
Officiellement, quelque 35 000 migrants et demandeurs d’asile originaires d’Afrique sont entrés illégalement en Israël depuis le début des années 2000. Mais l’ONU cite le chiffre de 53 000 et les ONG de défense des droits humains estiment qu’ils sont au moins le double.
La plupart ont pénétré en Israël en passant par le désert du Sinaï, jusqu’à ce que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou autorise, en 2012, la construction d’une «barrière de sécurité» de 240 kilomètres le long de la frontière avec l’Egypte. Depuis, le flux de clandestins a dégringolé de plusieurs milliers par an à 71 en 2014. Mais ceux qui se trouvent déjà sur place refusent de s’en aller et le gouvernement ne sait qu’en faire.
Après en avoir enfermé quelques centaines dans une prison «classique», il a ordonné la construction, dans le désert du Néguev, du camp de détention de Holot, susceptible de contenir 3 000 personnes. Or, en septembre 2014, la Cour suprême a ordonné la fermeture immédiate de ce camp ainsi que l’abolition de la loi anti-infiltration qui autorisait l’Etat à y enfermer les migrants durant un an sans jugement. Dans la foulée, Holot s’est transformé en centre semi-ouvert que les migrants pouvaient quitter pendant la journée mais devaient réintégrer pour y passer la nuit.
Au terme d’un long bras de fer politico-juridique entre les ONG et le gouvernement, la Cour suprême a ordonné le 11 août la libération de 1 178 migrants détenus depuis plus d’un an à Holot. 600 d’entre eux ont été lâchés dans la nature le 26 août, et le reste le lendemain. Sans savoir où aller, puisque rien n’a été prévu pour les accueillir et que six familles israéliennes à peine ont répondu à l’appel à l’aide d’associations caritatives…
Désemparés, les ex-pensionnaires de Holot campent dans les parcs publics de Beer Sheva, d’Ashkelon, ou de Natanya. Ceux-là peuvent cependant s’estimer chanceux car d’autres villes, telles Arad et Hadera, interdisent l’accès des migrants à leur territoire municipal. Et pour que le message soit clair, elles font contrôler les passagers des autobus par des policiers.
Certes, les anciens de Holot peuvent errer le long des routes de l’Etat hébreu mais il leur est interdit de s’installer à Tel-Aviv et à Eilat, deux villes où ils ont le plus de chance de trouver un emploi mais qui sont déjà surchargées de milliers clandestins.
Cette instruction n’est évidemment pas respectée et c’est parce qu’ils s’attendent à voir déferler une «nouvelle vague noire» sur leur quartier proche de la gare centrale des autobus de Tel-Aviv qu’Orna Zakaï et ses voisins ont décidé de descendre dans la rue. «Tu penses qu’on est racistes ? On s’en fiche, lâche-t-elle. Si tu aimes tant les migrants, accueille-les chez toi.»
(27-08-2015 - Nissim Behar, Libération)
«Ça te plairait, toi, qu’un Noir vienne chier tous les matins devant ta porte ?» Avec sa voix éraillée de grosse fumeuse, son langage cru et son poitrail d’haltérophile soviétique gonflé aux hormones, Orna Zakaï, 59 ans, a ce qu’il faut pour défendre sa cause. A savoir, «l’expulsion immédiate» des dizaines de milliers de migrants sub-sahariens (Erythréens, Soudanais) installés depuis une dizaine d’années dans les quartiers Sud de Tel-Aviv. Dans la zone la plus pauvre de la ville, où les habitants, telle Orna Zakaï, les accusent «d’apporter des maladies et de violer les filles dans la rue».
Officiellement, quelque 35 000 migrants et demandeurs d’asile originaires d’Afrique sont entrés illégalement en Israël depuis le début des années 2000. Mais l’ONU cite le chiffre de 53 000 et les ONG de défense des droits humains estiment qu’ils sont au moins le double.
La plupart ont pénétré en Israël en passant par le désert du Sinaï, jusqu’à ce que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou autorise, en 2012, la construction d’une «barrière de sécurité» de 240 kilomètres le long de la frontière avec l’Egypte. Depuis, le flux de clandestins a dégringolé de plusieurs milliers par an à 71 en 2014. Mais ceux qui se trouvent déjà sur place refusent de s’en aller et le gouvernement ne sait qu’en faire.
Après en avoir enfermé quelques centaines dans une prison «classique», il a ordonné la construction, dans le désert du Néguev, du camp de détention de Holot, susceptible de contenir 3 000 personnes. Or, en septembre 2014, la Cour suprême a ordonné la fermeture immédiate de ce camp ainsi que l’abolition de la loi anti-infiltration qui autorisait l’Etat à y enfermer les migrants durant un an sans jugement. Dans la foulée, Holot s’est transformé en centre semi-ouvert que les migrants pouvaient quitter pendant la journée mais devaient réintégrer pour y passer la nuit.
Au terme d’un long bras de fer politico-juridique entre les ONG et le gouvernement, la Cour suprême a ordonné le 11 août la libération de 1 178 migrants détenus depuis plus d’un an à Holot. 600 d’entre eux ont été lâchés dans la nature le 26 août, et le reste le lendemain. Sans savoir où aller, puisque rien n’a été prévu pour les accueillir et que six familles israéliennes à peine ont répondu à l’appel à l’aide d’associations caritatives…
Désemparés, les ex-pensionnaires de Holot campent dans les parcs publics de Beer Sheva, d’Ashkelon, ou de Natanya. Ceux-là peuvent cependant s’estimer chanceux car d’autres villes, telles Arad et Hadera, interdisent l’accès des migrants à leur territoire municipal. Et pour que le message soit clair, elles font contrôler les passagers des autobus par des policiers.
Certes, les anciens de Holot peuvent errer le long des routes de l’Etat hébreu mais il leur est interdit de s’installer à Tel-Aviv et à Eilat, deux villes où ils ont le plus de chance de trouver un emploi mais qui sont déjà surchargées de milliers clandestins.
Cette instruction n’est évidemment pas respectée et c’est parce qu’ils s’attendent à voir déferler une «nouvelle vague noire» sur leur quartier proche de la gare centrale des autobus de Tel-Aviv qu’Orna Zakaï et ses voisins ont décidé de descendre dans la rue. «Tu penses qu’on est racistes ? On s’en fiche, lâche-t-elle. Si tu aimes tant les migrants, accueille-les chez toi.»
(27-08-2015 - Nissim Behar, Libération)
Syrie : L'EI marque des points dans la province d'Alep
Les djihadistes du groupe État islamique (EI) se sont emparés de cinq
villages tenus par les forces rebelles dans le nord de la Syrie et ont
pénétré dans la périphérie d'un de leurs bastions, a affirmé jeudi
l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ils ont capturé
trois localités près de Marea et sont entrés dans les faubourgs de cette
ville dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils ont également mis la main
sur deux autres villages plus au nord dans la province septentrionale
d'Alep, près de la frontière avec la Turquie.
Ces deux derniers villages étaient contrôlés auparavant par le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, mais ses combattants s'en étaient retirés il y a deux semaines après l'annonce par la Turquie et les États-Unis de leur intention de coopérer pour créer une zone débarrassée de l'EI. Marea est une ville considérée comme stratégique pour les insurgés, car elle se trouve sur une route d'approvisionnement entre la frontière turque et les positions rebelles au nord d'Alep. L'EI l'a visée à plusieurs reprises dans sa tentative d'étendre sa présence dans cette province.
L'OSDH a fait état de « dizaines » de victimes dans les rangs rebelles, mais ne possédait pas de chiffres sur les pertes du côté de l'EI. Il a également fait état de l'explosion d'une voiture piégée dans la périphérie sud de Marea jeudi matin sans plus de détails sur les victimes.
L'avancée djihadiste survient au moment où la Turquie et les États-Unis ont décidé d'agir ensemble pour créer cette zone débarrassée de l'EI dans la province de la province d'Alep. Ce plan est soutenu par plusieurs forces rebelles sur le terrain, notamment la puissante formation d'Ahrar al-Cham. Bien qu'en guerre contre l'EI, le Front Al-Nosra a rejeté ce projet et s'est retiré de certaines de ses positions pour ne pas être impliqué dans ce plan. Il a remis ses positions à d'autres factions rebelles.
Plus de 240 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en mars 2011. Commencé par des manifestations pacifiques durement réprimées par le régime, le conflit est devenu de plus en plus complexe avec la multiplication des fronts où sont impliqués le régime moribond de Bashar, les forces rebelles, les Kurdes et différents groupes djihadistes.
Ces deux derniers villages étaient contrôlés auparavant par le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, mais ses combattants s'en étaient retirés il y a deux semaines après l'annonce par la Turquie et les États-Unis de leur intention de coopérer pour créer une zone débarrassée de l'EI. Marea est une ville considérée comme stratégique pour les insurgés, car elle se trouve sur une route d'approvisionnement entre la frontière turque et les positions rebelles au nord d'Alep. L'EI l'a visée à plusieurs reprises dans sa tentative d'étendre sa présence dans cette province.
L'OSDH a fait état de « dizaines » de victimes dans les rangs rebelles, mais ne possédait pas de chiffres sur les pertes du côté de l'EI. Il a également fait état de l'explosion d'une voiture piégée dans la périphérie sud de Marea jeudi matin sans plus de détails sur les victimes.
L'avancée djihadiste survient au moment où la Turquie et les États-Unis ont décidé d'agir ensemble pour créer cette zone débarrassée de l'EI dans la province de la province d'Alep. Ce plan est soutenu par plusieurs forces rebelles sur le terrain, notamment la puissante formation d'Ahrar al-Cham. Bien qu'en guerre contre l'EI, le Front Al-Nosra a rejeté ce projet et s'est retiré de certaines de ses positions pour ne pas être impliqué dans ce plan. Il a remis ses positions à d'autres factions rebelles.
Plus de 240 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en mars 2011. Commencé par des manifestations pacifiques durement réprimées par le régime, le conflit est devenu de plus en plus complexe avec la multiplication des fronts où sont impliqués le régime moribond de Bashar, les forces rebelles, les Kurdes et différents groupes djihadistes.
Israël/Palestine : Frappe aérienne israélienne sur Gaza après des tirs de roquettes
Une frappe israélienne a touché un objectif du Hamas à Gaza dans la
nuit, après que des Palestiniens ont tiré des roquettes sur le sud
d'Israël, a annoncé l'armée israélienne jeudi.
"En réponse, l'aviation israélienne a visé un site de production d'armes du Hamas dans le centre de la bande de Gaza", selon un communiqué, ne faisant état de victimes ni dans la frappe ni dans les tirs de roquettes.
Il s'agit, selon l'armée, du huitième tir de roquettes en provenance de Gaza depuis le début de l'année 2015.
Israël tient pour responsable de tous les tirs le mouvement islamiste Hamas, de facto au pouvoir dans l'enclave palestinienne.
Le dernier tir, le 7 août, avait été revendiqué par un groupe jihadiste se faisant appeler "les petits-fils des compagnons du prophète".
Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, observent un cessez-le-feu sporadiquement violé par de tels tirs depuis la fin de la guerre de juillet-août 2014 déclenchée par une offensive israélienne qui visait précisément à faire cesser ces tirs. Le conflit avait fait plus de 2.200 morts côté palestinien, et plus de 70 côté israélien.
"En réponse, l'aviation israélienne a visé un site de production d'armes du Hamas dans le centre de la bande de Gaza", selon un communiqué, ne faisant état de victimes ni dans la frappe ni dans les tirs de roquettes.
Il s'agit, selon l'armée, du huitième tir de roquettes en provenance de Gaza depuis le début de l'année 2015.
Israël tient pour responsable de tous les tirs le mouvement islamiste Hamas, de facto au pouvoir dans l'enclave palestinienne.
Le dernier tir, le 7 août, avait été revendiqué par un groupe jihadiste se faisant appeler "les petits-fils des compagnons du prophète".
Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, observent un cessez-le-feu sporadiquement violé par de tels tirs depuis la fin de la guerre de juillet-août 2014 déclenchée par une offensive israélienne qui visait précisément à faire cesser ces tirs. Le conflit avait fait plus de 2.200 morts côté palestinien, et plus de 70 côté israélien.
Irak: Deux généraux tués par un kamikaze à al-Anbar
Deux généraux de l'armée irakienne ont été tués jeudi dans un attentat
suicide à la voiture piégée dans la banlieue de Ramadi, capitale de la
vaste province d'al-Anbar (ouest), a indiqué un porte-parole militaire.
En faisant exploser son véhicule bourré d'explosifs, le kamikaze a tué le général Abdelrahman Abou Raghif, numéro deux du commandement militaire dans la province, et le général de brigade Safin Abdoulmajid, commandant de la 10e division, a précisé Yahya Rassoul à l'AFP.
Un communiqué militaire a confirmé la mort des deux responsable et d'une nombre de "martyrs héroïques", sans plus de précisions.
Selon M. Rassoul, l'attaque a eu lieu dans la banlieue d'Al-Jaraishi, au nord de Ramadi, ville tombée aux mains des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) en mai.
La perte de cette capitale provinciale a été le plus important revers pour les forces armées irakiennes depuis la conquête par l'EI de pans entiers de l'Irak à la faveur de son offensive fulgurante lancée en juin 2014.
Depuis, appuyées par une coalition internationale menée par les Etats-Unis qui bombarde quotidiennement les positions jihadistes en Irak, les militaires ont réussi à reprendre du terrain. Mais la très vaste province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie où l'EI est aussi présent, reste en très large majorité hors de contrôle du gouvernement.
En faisant exploser son véhicule bourré d'explosifs, le kamikaze a tué le général Abdelrahman Abou Raghif, numéro deux du commandement militaire dans la province, et le général de brigade Safin Abdoulmajid, commandant de la 10e division, a précisé Yahya Rassoul à l'AFP.
Un communiqué militaire a confirmé la mort des deux responsable et d'une nombre de "martyrs héroïques", sans plus de précisions.
Selon M. Rassoul, l'attaque a eu lieu dans la banlieue d'Al-Jaraishi, au nord de Ramadi, ville tombée aux mains des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) en mai.
La perte de cette capitale provinciale a été le plus important revers pour les forces armées irakiennes depuis la conquête par l'EI de pans entiers de l'Irak à la faveur de son offensive fulgurante lancée en juin 2014.
Depuis, appuyées par une coalition internationale menée par les Etats-Unis qui bombarde quotidiennement les positions jihadistes en Irak, les militaires ont réussi à reprendre du terrain. Mais la très vaste province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie où l'EI est aussi présent, reste en très large majorité hors de contrôle du gouvernement.
Moyen-Orient : Belgrade accueille à bras ouverts les réfugiés du Moyen-Orient (Katarina Subasic)
Bouleversé après sa rencontre avec une famille de Syriens dans un parc
de Belgrade, Gordan Paunovic s'est décidé à agir, tout comme nombre de
ses concitoyens qui, marqués par les conflits en ex-Yougoslavie, se sont
portés au secours des milliers de migrants en route vers l'Europe
occidentale.
"Je n'ai pas dormi de la nuit, aurais-je dû les inviter chez moi, leur proposer de prendre une douche?", s'était interrogé Gordan Paunovic, un célèbre DJ de musique techno, avant de décider de retourner dans le parc le lendemain, accompagné de sa femme Susanne Simon-Paunovic, une institutrice d'Allemand.
"Nous avons apporté une nappe et un véritable repas, pas du fast-food enveloppé dans du plastique, mais quelque chose qui rappellerait un vrai repas familial, ne serait-ce que l'espace d'un instant. Nous avons mangé en famille, comme des amis", a-t-il raconté.
Son geste n'était qu'un des premiers d'une série d'actes de solidarité dont la capitale serbe a fait preuve ces dernières semaines envers les milliers de migrants de passage, en route pour une destination où ils espèrent avoir une vie meilleure.
Les Belgradois ont eu l'expérience de centaines de milliers de réfugiés issus des guerres sanglantes ayant accompagné l'éclatement de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990. Et ont accueilli avec empathie les migrants, organisant des collectes d'aide en nourriture, médicaments, eaux et vêtements.
La municipalité a ouvert un centre d'information, d'assistance médicale et de soutien psychologique qui fonctionne en trois langues: arabe, ourdou et farsi.
"Les gens nous apportent sans interruption des vêtements, de la nourriture, même de l'argent. Ils jouent avec nos enfants les aidant à oublier un instant les horreurs que nous avons endurées", remarque Hiba, 28 ans, originaire de Syrie.
Elle voyage avec sa soeur et ses trois nièces vers l'Allemagne où vivent déjà ses deux frères. Juriste de profession, Hiba espère, une fois installée, faire venir son époux et ses deux fils restés à Damas.
"Après le cauchemar vécu trois jours à la frontière de la Macédoine, lorsque la police nous a battus, nous nous sentons les bienvenus en Serbie, lorsque nous y sommes entrés la police distribuait des jouets aux enfants", a-t-elle dit.
Hiba, comme des centaines de ses compatriotes sont massés dans les parcs avoisinants la gare, installés tant bien que mal sur la pelouse. Certains ont monté leurs tentes, d'autres procèdent à des toilettes rudimentaires ou se rafraichissent aux rares robinets d'eau potable. Des enfants de tous âges approchent des Belgradois qui leur offrent des bonbons.
De là, ils poursuivront leur périple vers le nord et la frontière avec la Hongrie.
Les réseaux sociaux serbes ont joué un rôle non négligeable dans la mobilisation et la sensibilisation de la population.
- Un brin de normalité -
"Les souvenirs de la guerre ont contribué au réveil de l'empathie chez les gens ici, tous s'efforcent d'aider comme ils peuvent", note Mme Simon-Paunovic.
"Lorsque je vais au marché acheter des fruits pour les réfugiés, les vendeurs ajoutent toujours un kilo ou deux gratuits lorsqu'ils entendent qu'ils leurs sont destinés", assure-t-elle.
Mais, plus que l'aide matérielle, c'est le temps consacré à ces infortunés qui revêt le plus d'importance, selon elle.
"Ce qui revigore leur dignité, c'est de s'asseoir et manger avec eux, de passer du temps avec eux, c'est de cela qu'ils ont le plus besoin, d'une forme de normalité", souligne Susanne Simon-Paunovic.
"Les messages de remerciements qu'ils envoient après être arrivés à bon port n'ont pas de prix", note cette ressortissante allemande qui s'emploie également à donner des leçons de langue allemande aux enfants syriens de passage et à dessiner avec eux.
"Un jour, nous avons offert des roses aux femmes et aux enfants, leur parfum provoque des sourires et de la joie", raconte-t-elle. "Plus tard, alors que je jouais avec une vingtaine d'enfants, des mères sont venues nous couvrir de pétales et l'une m'a confié: +Belgrade est la plus belle ville jusqu'à présent+".
Mais tous ne font pas preuve du même enthousiasme envers les réfugiés. Mme Jelena Milic, qui porte également assistance aux réfugiés, assure avoir reçu des messages xénophobes et de haine, voire des menaces en raison de l'aide qu'elle apporte à ses derniers.
Des groupes et partis politiques d'extrême droite ont même appelé à l'édification d'une clôture à la frontière avec la Macédoine (sud), semblable à celle que la Hongrie a décidé d'ériger pour empêcher les migrants d'entrer sur son territoire.
(26-08-2015 - Par Katarina SUBASIC)
"Je n'ai pas dormi de la nuit, aurais-je dû les inviter chez moi, leur proposer de prendre une douche?", s'était interrogé Gordan Paunovic, un célèbre DJ de musique techno, avant de décider de retourner dans le parc le lendemain, accompagné de sa femme Susanne Simon-Paunovic, une institutrice d'Allemand.
"Nous avons apporté une nappe et un véritable repas, pas du fast-food enveloppé dans du plastique, mais quelque chose qui rappellerait un vrai repas familial, ne serait-ce que l'espace d'un instant. Nous avons mangé en famille, comme des amis", a-t-il raconté.
Son geste n'était qu'un des premiers d'une série d'actes de solidarité dont la capitale serbe a fait preuve ces dernières semaines envers les milliers de migrants de passage, en route pour une destination où ils espèrent avoir une vie meilleure.
Les Belgradois ont eu l'expérience de centaines de milliers de réfugiés issus des guerres sanglantes ayant accompagné l'éclatement de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990. Et ont accueilli avec empathie les migrants, organisant des collectes d'aide en nourriture, médicaments, eaux et vêtements.
La municipalité a ouvert un centre d'information, d'assistance médicale et de soutien psychologique qui fonctionne en trois langues: arabe, ourdou et farsi.
"Les gens nous apportent sans interruption des vêtements, de la nourriture, même de l'argent. Ils jouent avec nos enfants les aidant à oublier un instant les horreurs que nous avons endurées", remarque Hiba, 28 ans, originaire de Syrie.
Elle voyage avec sa soeur et ses trois nièces vers l'Allemagne où vivent déjà ses deux frères. Juriste de profession, Hiba espère, une fois installée, faire venir son époux et ses deux fils restés à Damas.
"Après le cauchemar vécu trois jours à la frontière de la Macédoine, lorsque la police nous a battus, nous nous sentons les bienvenus en Serbie, lorsque nous y sommes entrés la police distribuait des jouets aux enfants", a-t-elle dit.
Hiba, comme des centaines de ses compatriotes sont massés dans les parcs avoisinants la gare, installés tant bien que mal sur la pelouse. Certains ont monté leurs tentes, d'autres procèdent à des toilettes rudimentaires ou se rafraichissent aux rares robinets d'eau potable. Des enfants de tous âges approchent des Belgradois qui leur offrent des bonbons.
De là, ils poursuivront leur périple vers le nord et la frontière avec la Hongrie.
Les réseaux sociaux serbes ont joué un rôle non négligeable dans la mobilisation et la sensibilisation de la population.
- Un brin de normalité -
"Les souvenirs de la guerre ont contribué au réveil de l'empathie chez les gens ici, tous s'efforcent d'aider comme ils peuvent", note Mme Simon-Paunovic.
"Lorsque je vais au marché acheter des fruits pour les réfugiés, les vendeurs ajoutent toujours un kilo ou deux gratuits lorsqu'ils entendent qu'ils leurs sont destinés", assure-t-elle.
Mais, plus que l'aide matérielle, c'est le temps consacré à ces infortunés qui revêt le plus d'importance, selon elle.
"Ce qui revigore leur dignité, c'est de s'asseoir et manger avec eux, de passer du temps avec eux, c'est de cela qu'ils ont le plus besoin, d'une forme de normalité", souligne Susanne Simon-Paunovic.
"Les messages de remerciements qu'ils envoient après être arrivés à bon port n'ont pas de prix", note cette ressortissante allemande qui s'emploie également à donner des leçons de langue allemande aux enfants syriens de passage et à dessiner avec eux.
"Un jour, nous avons offert des roses aux femmes et aux enfants, leur parfum provoque des sourires et de la joie", raconte-t-elle. "Plus tard, alors que je jouais avec une vingtaine d'enfants, des mères sont venues nous couvrir de pétales et l'une m'a confié: +Belgrade est la plus belle ville jusqu'à présent+".
Mais tous ne font pas preuve du même enthousiasme envers les réfugiés. Mme Jelena Milic, qui porte également assistance aux réfugiés, assure avoir reçu des messages xénophobes et de haine, voire des menaces en raison de l'aide qu'elle apporte à ses derniers.
Des groupes et partis politiques d'extrême droite ont même appelé à l'édification d'une clôture à la frontière avec la Macédoine (sud), semblable à celle que la Hongrie a décidé d'ériger pour empêcher les migrants d'entrer sur son territoire.
(26-08-2015 - Par Katarina SUBASIC)
Israël : L'Etat hébreu relâche en plein désert un deuxième groupe de centaines de clandestins africains
Israël a relâché mercredi un deuxième groupe d'environ 600 immigrés
clandestins africains qui étaient détenus dans le centre de rétention de
Holot, dans le désert du Neguev (sud), a indiqué une porte-parole de
l'autorité pénitentiaire.
Après un premier contingent mardi, un total de 1.178 immigrés, en majorité originaires d'Érythrée et du Soudan, ont été libérés à la suite d'un jugement de la Cour suprême.
"C'est fait", a déclaré dans l'après-midi à l'AFP une porte-parole du Service des prisons israéliennes. Elle a indiqué ne pas savoir où iraient désormais toutes ces personnes relâchées.
La Cour suprême avait ordonné le 11 août que les migrants détenus depuis plus d'un an soient relâchés dans les deux semaines. Il s'agissait du troisième coup en deux ans porté par la plus haute instance judiciaire israélienne aux politiques des gouvernements successifs de droite de Benjamin Netanyahu.
Le gouvernement cherche à faire partir ces migrants, dont la présence est à l'origine de tensions locales.
Après les départs de mardi et mercredi, il devrait rester 550 personnes dans le centre, selon l'autorité pénitentiaire.
Ceux qui sont libérés partent avec un document qui, selon les médias, leur interdit de travailler ou de vivre à Tel Aviv, la capitale économique du pays, et à Eilat, station balnéaire sur la mer Rouge avec ses hôtels où les immigrants peuvent espérer trouver du travail.
La présence de ces immigrés dans ces villes, notamment dans les quartiers pauvres du sud de Tel-Aviv, ont provoqué de vives tensions et des manifestations de résidents israéliens exigeant leur expulsion.
Le maire de gauche de Tel-Aviv, Ron Huldaï, a vivement critiqué le gouvernement sur la radio militaire en soulignant que "chaque ministre prône une politique différente et se livre à des déclarations populistes et racistes".
Selon lui, entre 30.000 et 35.000 immigrés africains se trouvent à Tel-Aviv et "chaque année naissent 1.000 enfants de ces immigrés".
M. Huldaï a proposé d'accorder des permis de travail aux migrants afin qu'ils puissent se disperser sur tout le territoire israélien et ne plus se concentrer à Tel-Aviv. "Il faut les traiter comme des êtres humains et ne pas oublier que nos parents et nos grands-parents ont eux aussi été des réfugiés", a-t-il ajouté.
Israël abrite 45.000 personnes entrées illégalement, notamment par le Sinaï égyptien, selon de récents chiffres de l'autorité de la population et de l'immigration. Parmi elles, 33.000 sont venues d'Érythrée, 8.500 du Soudan, 3.000 d'autres pays africains et 500 d'autres pays dans le monde. Israël ne leur accorde le statut de réfugiés qu'au compte-gouttes.
Cette immigration date de plusieurs années. A la différence de l'Europe et compte tenu de sa situation géopolitique, Israël n'est pas confronté à de nouvelles vagues en provenance de Libye ou de Syrie, pourtant toute proche, a souligné Sabin Hadad, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Pratiquement, plus aucun Africain ne s'infiltre d'Egypte en Israël depuis 2013 et la fin de la construction d'une clôture électronique le long des 230 km de frontière.
Holot, principal site de rétention en Israël, est un centre ouvert où les détenus, libres la journée, doivent pointer à 22H00.
(26-08-2015)
Après un premier contingent mardi, un total de 1.178 immigrés, en majorité originaires d'Érythrée et du Soudan, ont été libérés à la suite d'un jugement de la Cour suprême.
"C'est fait", a déclaré dans l'après-midi à l'AFP une porte-parole du Service des prisons israéliennes. Elle a indiqué ne pas savoir où iraient désormais toutes ces personnes relâchées.
La Cour suprême avait ordonné le 11 août que les migrants détenus depuis plus d'un an soient relâchés dans les deux semaines. Il s'agissait du troisième coup en deux ans porté par la plus haute instance judiciaire israélienne aux politiques des gouvernements successifs de droite de Benjamin Netanyahu.
Le gouvernement cherche à faire partir ces migrants, dont la présence est à l'origine de tensions locales.
Après les départs de mardi et mercredi, il devrait rester 550 personnes dans le centre, selon l'autorité pénitentiaire.
Ceux qui sont libérés partent avec un document qui, selon les médias, leur interdit de travailler ou de vivre à Tel Aviv, la capitale économique du pays, et à Eilat, station balnéaire sur la mer Rouge avec ses hôtels où les immigrants peuvent espérer trouver du travail.
La présence de ces immigrés dans ces villes, notamment dans les quartiers pauvres du sud de Tel-Aviv, ont provoqué de vives tensions et des manifestations de résidents israéliens exigeant leur expulsion.
Le maire de gauche de Tel-Aviv, Ron Huldaï, a vivement critiqué le gouvernement sur la radio militaire en soulignant que "chaque ministre prône une politique différente et se livre à des déclarations populistes et racistes".
Selon lui, entre 30.000 et 35.000 immigrés africains se trouvent à Tel-Aviv et "chaque année naissent 1.000 enfants de ces immigrés".
M. Huldaï a proposé d'accorder des permis de travail aux migrants afin qu'ils puissent se disperser sur tout le territoire israélien et ne plus se concentrer à Tel-Aviv. "Il faut les traiter comme des êtres humains et ne pas oublier que nos parents et nos grands-parents ont eux aussi été des réfugiés", a-t-il ajouté.
Israël abrite 45.000 personnes entrées illégalement, notamment par le Sinaï égyptien, selon de récents chiffres de l'autorité de la population et de l'immigration. Parmi elles, 33.000 sont venues d'Érythrée, 8.500 du Soudan, 3.000 d'autres pays africains et 500 d'autres pays dans le monde. Israël ne leur accorde le statut de réfugiés qu'au compte-gouttes.
Cette immigration date de plusieurs années. A la différence de l'Europe et compte tenu de sa situation géopolitique, Israël n'est pas confronté à de nouvelles vagues en provenance de Libye ou de Syrie, pourtant toute proche, a souligné Sabin Hadad, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Pratiquement, plus aucun Africain ne s'infiltre d'Egypte en Israël depuis 2013 et la fin de la construction d'une clôture électronique le long des 230 km de frontière.
Holot, principal site de rétention en Israël, est un centre ouvert où les détenus, libres la journée, doivent pointer à 22H00.
(26-08-2015)
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