Le président palestinien Mahmud Abbas a réclamé vendredi à la tribune
de l'ONU la fin de l'occupation israélienne et "l'indépendance de l'Etat
de Palestine".
Il a aussi accusé Israël d'avoir mené "une nouvelle guerre de génocide" à
Gaza, promettant de tout faire pour châtier les coupables.
M. Abbas n'a cependant pas fixé, contrairement à ce qu'il avait annoncé
lundi, de nouveau calendrier précis pour des négociations de paix, se
contentant de demander une résolution au Conseil de sécurité qui n'a
aucune chance d'être adoptée.
L'entourage du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié
ce discours devant l'Assemblée générale de l'ONU "d'incitation à la
haine truffé de mensonges". "Ce n'est pas comme ça que parle un homme de
paix", a déclaré à l'AFP une source dans l'entourage de Netanyahu.
Dans un communiqué, le ministre israélien des Affaires étrangères
Avigdor Lieberman a accusé M. Abbas de "terrorisme diplomatique".
"Mahmud Abbas ne veut pas et ne peut pas être un partenaire pour un
règlement politique du conflit", a-t-il ajouté. "Tant que Mahmud Abbas
sera président de l'Autorité palestinienne, le conflit continuera".
"Il est grand temps de mettre fin à cette occupation (israélienne)
accompagnée de colonisation, dès maintenant", a martelé le président
palestinien. "L'occupation doit cesser maintenant (...), l'heure de
l'indépendance de l'Etat de Palestine est arrivée".
Affirmant que la récente offensive israélienne à Gaza était "la
troisième guerre en cinq ans menée par l'Etat raciste occupant", il a
ajouté: "La différence cette fois-ci est l'ampleur plus grande de ce
crime génocidaire".
"Au nom de la Palestine et de son peuple, j'affirme que nous
n'oublierons pas, que nous ne pardonnerons pas et que nous ne laisserons
pas des criminels de guerre échapper au châtiment", a-t-il affirmé.
Il
n'a cependant pas fait allusion à une saisine de la Cour pénale
internationale (CPI), une menace souvent brandie par des responsables
palestiniens. La Palestine peut adhérer à la CPI depuis qu'elle a obtenu
en 2012 le statut de pays observateur non membre à l'ONU, et donc
porter plainte contre Israël auprès de la Cour. Celle-ci juge les crimes
de guerre, crimes contre l'humanité et actes de génocide.
La guerre à Gaza en juillet et août a fait plus de 2.100 morts
palestiniens, pour la plupart des civils, et plus de 70 côté israélien,
dont 66 soldats.
Il a réclamé une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui viserait
à "parvenir à la paix en se fixant comme objectifs la fin de
l'occupation israélienne et une solution à deux Etats", Israël et un
Etat palestinien, "avec un calendrier spécifique pour la réalisation de
ces objectifs".
Il n'a pas précisé ce calendrier, alors que des responsables
palestiniens avaient évoqué un délai de trois ans. M. Abbas lui-même
avait annoncé lundi qu'il allait présenter "un nouveau calendrier pour
des négociations de paix".
Une telle résolution à l'ONU permettrait de "reprendre immédiatement les
négociations afin de parvenir à un "traité de paix", a ajouté M.
Abbas.
Mais une telle résolution serait immédiatement contrée par les
Etats-Unis, qui disposent d'un droit de veto au Conseil et l'ont
systématiquement utilisé pour protéger les intérêts d'Israël, selon des
diplomates à l'ONU.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a reconnu vendredi que
"les choses n'avaient pas beaucoup avancé" entre Israéliens et
Palestiniens.
"Le
conflit israélo-palestinien n'a pas été absent de cette session (de
l'Assemblée générale) mais il a été moins présent que certains pouvaient
imaginer", a constaté M. Fabius.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
vendredi 26 septembre 2014
Syrie/Ira : Face aux frappes aériennes, l'Etat islamique change de stratégie
Les djihadistes de l'Etat islamique ont entrepris de changer de
stratégie face aux frappes aériennes américaines dans le nord de l'Irak,
renonçant aux convois de 4x4, trop visibles, pour la moto, et cherchant
à se fondre dans la population civile, rapportent des témoins.
Avec l'intensification des frappes américaines - la France s'est jointe à l'offensive aérienne américaine il y a une semaine - les barrages de djihadistes pour arrêter les "apostats" se font plus rares, de même que l'utilisation des téléphones mobiles. Les djihadistes ont décidé de se scinder en petits groupes pour limiter le nombre de victimes dans leurs rangs.
Un chef tribal d'un village au sud de Kirkouk, grande ville du Nord, raconte que les combattants de l'Etat islamique "ont abandonné une de leurs principales bases dans le village" quand ils ont appris que le secteur serait peut-être pris pour cible par les avions des Etats-Unis et de leurs alliés.
"Ils ont pris leurs meubles, leurs véhicules et leurs armes. Ils ont ensuite planté des mines dans le sol et détruit la base", explique le cheikh qui a refusé de donner son identité.
"Ils ne se déplacent plus en convois militaires comme avant. Ils utilisent à la place des motos, des vélos et, si nécessaire des voitures de camouflage", ajoute-t-il.
Les djihadistes ont aussi entrepris de planter leur célèbre drapeau noir sur les toits des bâtiments résidentiels pratiquement vides pour faire croire à leur présence, tout en pariant sur le fait que les avions américains hésiteront à faire des victimes civiles.
Une frappe aérienne jeudi près de la commune de Bachir, à 20 km au sud de Kirkouk, aurait tué deux chefs locaux de l'Etat islamique alors qu'ils recevaient un groupe de djihadistes de Syrie et de Mossoul, apprend-on auprès des services de renseignements et de source tribale. Les combats en cours rendent impossible la vérification de ces informations.
Dans un autre village près de la ville de Haouidja, toujours dans le nord de l'Irak, on raconte que les hommes de l'EI ont renoncé à l'utilisation de convois de véhicules avec mitrailleuses embarquées. On souligne leur nouvelle préférence pour les deux-roues motorisés.
D'autant que sur le terrain, si l'armée irakienne est peu efficace, les combattants kurdes peshmergas représentent une menace plus importante pour l'EI.
"Ils exécutaient les gens comme on boit de l'eau (...) Maintenant qu'il y a des frappes aériennes très fréquentes, leur capacité est moindre", déclare le cheikh Anouar al Assi al Obeidi, le chef d'une tribu installée à Kirkouk et dans le reste de l'Irak.
"Quel que soit l'endroit où ils se cachent, les gens veulent se débarrasser d'eux parce qu'ils ont peur que leurs maisons soient touchées (par les frappes)", déclare le cheikh Obeidi, qui a fui vers la région autonome du Kurdistan cet été après que l'EI eut fait sauter sa maison.
En Syrie, fief premier des djihadistes - l'EI contrôle des zones agricoles et pétrolières de l'Est syrien depuis plus d'un an - les islamistes sont passés dans la clandestinité depuis la décision des Etats-Unis de lancer des frappes aériennes.
Les combattants de l'EI ont disparu des rues et réduit leur visibilité pour les médias, signalent les habitants.
Les frappes aériennes semblent les avoir galvanisés dans un premier temps. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de 200 combattants ont rejoint l'EI dans la province d'Alep depuis l'annonce de la décision américaine début septembre. Les recrues viennent pour l'essentiel du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda.
Dans la province irakienne de Diyala, située dans l'Est, un témoin raconte que les frappes aériennes ont contraint les combattants islamistes à réduire le nombre de barrages où les voyageurs devaient présenter leurs papiers. Ces barrages servaient à arrêter ceux que les djihadistes sunnites considèrent comme des "apostats" : les chiites, les policiers et les militaires.
"Ils ont aussi augmenté le nombre de leurs bases, raconte le témoin. De deux, elles sont passées à 20, avec seulement trois-quatre personnes dans chacune."
A Djalaoula, une localité de la province, un témoin fait état d'une présence réduite de l'EI sur la ligne de front. Ils n'affrontent plus les soldats de l'armée irakienne en grand nombre, dit-il.
Les djihadistes ont aussi entrepris de creuser des tranchées pour s'y cacher. Ces trous peuvent accueillir à peine deux personnes et sont installés dans les jardins et les arrière-cours des habitants.
Avec l'intensification des frappes américaines - la France s'est jointe à l'offensive aérienne américaine il y a une semaine - les barrages de djihadistes pour arrêter les "apostats" se font plus rares, de même que l'utilisation des téléphones mobiles. Les djihadistes ont décidé de se scinder en petits groupes pour limiter le nombre de victimes dans leurs rangs.
Un chef tribal d'un village au sud de Kirkouk, grande ville du Nord, raconte que les combattants de l'Etat islamique "ont abandonné une de leurs principales bases dans le village" quand ils ont appris que le secteur serait peut-être pris pour cible par les avions des Etats-Unis et de leurs alliés.
"Ils ont pris leurs meubles, leurs véhicules et leurs armes. Ils ont ensuite planté des mines dans le sol et détruit la base", explique le cheikh qui a refusé de donner son identité.
"Ils ne se déplacent plus en convois militaires comme avant. Ils utilisent à la place des motos, des vélos et, si nécessaire des voitures de camouflage", ajoute-t-il.
Les djihadistes ont aussi entrepris de planter leur célèbre drapeau noir sur les toits des bâtiments résidentiels pratiquement vides pour faire croire à leur présence, tout en pariant sur le fait que les avions américains hésiteront à faire des victimes civiles.
Une frappe aérienne jeudi près de la commune de Bachir, à 20 km au sud de Kirkouk, aurait tué deux chefs locaux de l'Etat islamique alors qu'ils recevaient un groupe de djihadistes de Syrie et de Mossoul, apprend-on auprès des services de renseignements et de source tribale. Les combats en cours rendent impossible la vérification de ces informations.
Dans un autre village près de la ville de Haouidja, toujours dans le nord de l'Irak, on raconte que les hommes de l'EI ont renoncé à l'utilisation de convois de véhicules avec mitrailleuses embarquées. On souligne leur nouvelle préférence pour les deux-roues motorisés.
D'autant que sur le terrain, si l'armée irakienne est peu efficace, les combattants kurdes peshmergas représentent une menace plus importante pour l'EI.
"Ils exécutaient les gens comme on boit de l'eau (...) Maintenant qu'il y a des frappes aériennes très fréquentes, leur capacité est moindre", déclare le cheikh Anouar al Assi al Obeidi, le chef d'une tribu installée à Kirkouk et dans le reste de l'Irak.
"Quel que soit l'endroit où ils se cachent, les gens veulent se débarrasser d'eux parce qu'ils ont peur que leurs maisons soient touchées (par les frappes)", déclare le cheikh Obeidi, qui a fui vers la région autonome du Kurdistan cet été après que l'EI eut fait sauter sa maison.
En Syrie, fief premier des djihadistes - l'EI contrôle des zones agricoles et pétrolières de l'Est syrien depuis plus d'un an - les islamistes sont passés dans la clandestinité depuis la décision des Etats-Unis de lancer des frappes aériennes.
Les combattants de l'EI ont disparu des rues et réduit leur visibilité pour les médias, signalent les habitants.
Les frappes aériennes semblent les avoir galvanisés dans un premier temps. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de 200 combattants ont rejoint l'EI dans la province d'Alep depuis l'annonce de la décision américaine début septembre. Les recrues viennent pour l'essentiel du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda.
Dans la province irakienne de Diyala, située dans l'Est, un témoin raconte que les frappes aériennes ont contraint les combattants islamistes à réduire le nombre de barrages où les voyageurs devaient présenter leurs papiers. Ces barrages servaient à arrêter ceux que les djihadistes sunnites considèrent comme des "apostats" : les chiites, les policiers et les militaires.
"Ils ont aussi augmenté le nombre de leurs bases, raconte le témoin. De deux, elles sont passées à 20, avec seulement trois-quatre personnes dans chacune."
A Djalaoula, une localité de la province, un témoin fait état d'une présence réduite de l'EI sur la ligne de front. Ils n'affrontent plus les soldats de l'armée irakienne en grand nombre, dit-il.
A Tikrit, au nord-ouest de Bagdad, les djihadistes ont
déplacé leurs points de contrôle installés dans les principales artères
de la ville pour se replier dans les rues adjacentes, raconte le colonel
de la police, Hassan al Djabouri.
"Ils ont aussi échangé les voitures dans les zones qu'ils contrôlent et,
selon nos renseignements, ils ont tous changé de téléphone mobile. Les
appareils sont toujours éteints et les batteries ôtées, sauf quand ils
ont besoin de les utiliser", ajoute le colonel.Les djihadistes ont aussi entrepris de creuser des tranchées pour s'y cacher. Ces trous peuvent accueillir à peine deux personnes et sont installés dans les jardins et les arrière-cours des habitants.
Moyen-Orient : La guerre contre l'EI coûte un milliard de dollars par mois aux Etats-Unis
La guerre menée des airs par les États-Unis et leurs alliés contre
l'organisation État islamique (EI) en Irak et en Syrie devrait dépasser
le milliard de dollars par mois pour Washington, un montant sans
comparaison avec la campagne en Afghanistan. Le Pentagone a estimé le
mois dernier que l'opération menée en Irak depuis le 8 août coûte en
moyenne 7,5 millions de dollars par jour aux États-Unis. Mais les
responsables de la Défense reconnaissent eux-mêmes que cette estimation
reste dans le bas de la fourchette, d'autant plus qu'elle a été réalisée
avant que le président, Barack Obama, n'ordonne d'étendre la campagne
de frappes aériennes à la Syrie.
Si on prend donc en compte les frappes au-dessus de la Syrie, l'utilisation d'un matériel de défense ultra sophistiqué et le coût de ne serait-ce qu'un petit contingent de soldats américains en Irak, le montant pourrait grimper, selon certains experts, à plus de 10 milliards de dollars par an. "Je pense que l'on peut parler d'un nombre de milliards à deux chiffres", commente Jim Haslik du centre de réflexion Atlantic Council. La première nuit des frappes aériennes contre l'EI en Syrie mardi à l'aube, les États-Unis ont tiré 47 missiles de croisière Tomahawk depuis des navires de surface et déployé plusieurs avions de chasse F-22 Raptor ultras sophistiqués. Chaque missile coûte environ 1,5 million de dollars et les F-22 quelque 68 000 dollars par heure de vol.
Ces montants restent toutefois sans comparaison avec les financements
massifs déployés par les États-Unis dans leurs campagnes en Irak et en
Afghanistan cette dernière décennie. "Ces montants restent faibles
comparé à l'Afghanistan", estime Todd Harrison du Center for Strategic
and Budgetary Assessments. La facture pour la guerre en Afghanistan
s'élève encore aujourd'hui à un milliard de dollars par semaine.
L'invasion d'Irak en 2003 et l'occupation du pays qui a suivi jusqu'en
2011 sont, quant à elles, revenues à plus de 1 000 milliards de dollars
au total, selon des estimations indépendantes.
S'agissant de la nouvelle guerre menée contre l'EI, même si Barack Obama a promis de ne pas envoyer de troupes au sol, quelque 1 600 soldats sont actuellement en Irak pour assurer la protection des diplomates américains, conseiller les forces irakiennes et coordonner les attaques aériennes. La plupart des analystes s'attendent à ce que ce chiffre augmente à mesure que la guerre continue, entraînant dans le même temps une hausse des coûts.
Lors de la campagne aérienne de l'Otan en Libye en 2011, la part des États-Unis pour cette opération de sept mois avait atteint un milliard de dollars. Mais dès les premiers jours, Washington avait décidé de se retirer des frappes et de fournir à la place du soutien à ses alliés de l'Otan à l'aide d'avions ravitailleurs et de surveillance. À la différence de la Libye, dans la campagne contre l'EI, Washington semble prêt à jouer un rôle dominant.
"Je dirais que cela va nous coûter entre 15 et 20 milliards de dollars par an, ou entre 1,25 et 1,75 milliard par mois", indique Gordon Adams, professeur à l'American University et ancien responsable du budget sous la présidence de Bill Clinton. Selon Todd Harrison, la part la plus coûteuse va venir du nombre élevé de vols de surveillance nécessaires pour accompagner les bombardements : "Il s'agit d'une large zone que nous essayons de surveiller en permanence." Le Pentagone a dit conduire soixante vols de surveillance par jour en Irak pour une opération qui pourrait durer, selon la Maison-Blanche, trois ans.
Les financements pour cette campagne devraient provenir du budget de guerre du Pentagone : le fonds pour les opérations d'urgence à l'étranger. Séparé du budget de base de la défense, ce fonds est la carte de crédit utilisée pour couvrir le coût des guerres menées par les États-Unis. Le Congrès l'a accru de 85 milliards pour l'année fiscale en cours, qui se termine ce mois-ci. Mais le Pentagone - qui anticipe la large réduction des troupes en Afghanistan fin 2014 - prévoit une chute importante de son budget pour 2015. Tant que le nombre de troupes au sol restera faible, assurent toutefois les experts, le coût de cette guerre ne devrait pas être catastrophique pour le Pentagone.
Si on prend donc en compte les frappes au-dessus de la Syrie, l'utilisation d'un matériel de défense ultra sophistiqué et le coût de ne serait-ce qu'un petit contingent de soldats américains en Irak, le montant pourrait grimper, selon certains experts, à plus de 10 milliards de dollars par an. "Je pense que l'on peut parler d'un nombre de milliards à deux chiffres", commente Jim Haslik du centre de réflexion Atlantic Council. La première nuit des frappes aériennes contre l'EI en Syrie mardi à l'aube, les États-Unis ont tiré 47 missiles de croisière Tomahawk depuis des navires de surface et déployé plusieurs avions de chasse F-22 Raptor ultras sophistiqués. Chaque missile coûte environ 1,5 million de dollars et les F-22 quelque 68 000 dollars par heure de vol.
S'agissant de la nouvelle guerre menée contre l'EI, même si Barack Obama a promis de ne pas envoyer de troupes au sol, quelque 1 600 soldats sont actuellement en Irak pour assurer la protection des diplomates américains, conseiller les forces irakiennes et coordonner les attaques aériennes. La plupart des analystes s'attendent à ce que ce chiffre augmente à mesure que la guerre continue, entraînant dans le même temps une hausse des coûts.
Lors de la campagne aérienne de l'Otan en Libye en 2011, la part des États-Unis pour cette opération de sept mois avait atteint un milliard de dollars. Mais dès les premiers jours, Washington avait décidé de se retirer des frappes et de fournir à la place du soutien à ses alliés de l'Otan à l'aide d'avions ravitailleurs et de surveillance. À la différence de la Libye, dans la campagne contre l'EI, Washington semble prêt à jouer un rôle dominant.
"Je dirais que cela va nous coûter entre 15 et 20 milliards de dollars par an, ou entre 1,25 et 1,75 milliard par mois", indique Gordon Adams, professeur à l'American University et ancien responsable du budget sous la présidence de Bill Clinton. Selon Todd Harrison, la part la plus coûteuse va venir du nombre élevé de vols de surveillance nécessaires pour accompagner les bombardements : "Il s'agit d'une large zone que nous essayons de surveiller en permanence." Le Pentagone a dit conduire soixante vols de surveillance par jour en Irak pour une opération qui pourrait durer, selon la Maison-Blanche, trois ans.
Les financements pour cette campagne devraient provenir du budget de guerre du Pentagone : le fonds pour les opérations d'urgence à l'étranger. Séparé du budget de base de la défense, ce fonds est la carte de crédit utilisée pour couvrir le coût des guerres menées par les États-Unis. Le Congrès l'a accru de 85 milliards pour l'année fiscale en cours, qui se termine ce mois-ci. Mais le Pentagone - qui anticipe la large réduction des troupes en Afghanistan fin 2014 - prévoit une chute importante de son budget pour 2015. Tant que le nombre de troupes au sol restera faible, assurent toutefois les experts, le coût de cette guerre ne devrait pas être catastrophique pour le Pentagone.
Irak : le Royaume-Uni rejoint la coalition contre l'EI
Les députés britanniques, réunis en session extraordinaire, ont adopté
vendredi après-midi à une très large majorité une motion du gouvernement
autorisant le recours aux frappes aériennes en Irak contre le groupe
État islamique (EI). Le vote de ce texte officialise le ralliement des
Britanniques à la coalition militaire internationale qui lutte, sous la
houlette des Américains, contre le groupe extrémiste sunnite.
Syrie/Irak : Comment Daesh est devenu le groupe terroriste le plus riche de la planète
Si Daesh était un Etat et ses revenus un PIB, il se situerait dans
le groupe du Lesotho et de Saint-Marin. Avec une fortune d’un à
deux milliards de dollars, l’organisation n’a certes pas encore de
quoi rivaliser avec ses voisins, mais elle a tout de même accumulé
un magot qui fait d’elle le plus riche de tous les groupes
terroristes de la planète.
Le pétrole. L’exportation du pétrole syrien est de loin la plus importante source de revenus de Daesh. L’organisation produirait plusieurs dizaines de milliers de barils par jour, revendus ensuite à des intermédiaires. «Même si on peut considérer que personne n’achète le pétrole de Daesh au prix du marché, s’il se vend à ne serait-ce que 20 ou 30% de sa valeur, la somme reste encore énorme», analyse François Heisbourg, président de l'International Institute for Strategic Studies. Le bénéfice tiré de la revente du pétrole serait ainsi d’un à trois millions de dollars par jour.
Les dons étrangers. Le flou règne sur le financement de Daesh par des Etats. En juin, le Premier ministre irakien d’alors accusait l’Arabie saoudite d’avoir favorisé la progression de l’organisation de l’Etat islamique. La Turquie est aussi sur la liste des suspects; les Kurdes lui reprochent d’avoir financé les extrémistes sunnites pour chasser Bachar al-Assad. Mais selon nombre d’experts, ces sources se sont taries. Idem pour les dons individuels, ou presque. Au Qatar et au Koweït, dont le système bancaire est un canal historique des fonds destinés au djihad, la surveillance a été accrue et des arrestations ont eu lieu. Ce qui ne signifie toutefois pas que l’argent a totalement cessé de circuler.
Les pillages. En gagnant du terrain en Irak et en Syrie, Daesh s’est aussi emparé de nombreuses richesses. Le groupe a notamment rempli ses caisses en revendant des antiquités; le seul pillage de la région d’al-Nabuk, en Syrie, aurait ainsi rapporté plus de 36 millions de dollars. «Ses activités de collecte de fonds s’apparentent à celles d’une organisation mafieuse, analyse ainsi une source au sein des renseignements américains citée par AP. Ils sont bien organisés et arrivent à leurs fins par l’intimidation et la violence.» Mais la plus grosse prise de Daesh est celle de la Banque centrale de Mossoul. Le butin amassé là-bas se chiffrerait en millions, voire en centaines de millions de dollars.
L’impôt révolutionnaire. Daesh a mis en place un système de taxes. Les entreprises, les petits commerces et les agriculteurs y sont soumis, mais pas seulement. Les huit millions de personnes qui vivent sous sa coupe doivent aussi apporter leur écot à la constitution de l’Etat islamique. Selon Michel Varton, président de l’ONG Portes ouvertes, les minorités chrétiennes sont mêmes menacées de mort en cas de non-paiement. «Soit les familles se convertissent ou paient une taxe spéciale, soit elles meurent. […]. Aux points de contrôle de Mossoul, l’Etat islamique confisque tous les biens des réfugiés: voitures, alliances, argent…»
Le trafic d’êtres humains. Les enlèvements n’ont pas seulement pour but de terroriser les Occidentaux. Ils peuvent aussi rapporter gros. Si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont assuré qu’ils ne négociaient pas avec les terroristes, des pays européens auraient bien payé une rançon aux djihadistes, selon diverses sources. Luay al-Khatteeb, chercheur au Brookings Institution’s Doha Center, ajoute à cela le trafic d’esclaves. D’après lui, la vente de femmes et d’enfants kidnappés à des marchands d’esclaves aurait rapporté des millions de dollars à Daesh.
Le pétrole. L’exportation du pétrole syrien est de loin la plus importante source de revenus de Daesh. L’organisation produirait plusieurs dizaines de milliers de barils par jour, revendus ensuite à des intermédiaires. «Même si on peut considérer que personne n’achète le pétrole de Daesh au prix du marché, s’il se vend à ne serait-ce que 20 ou 30% de sa valeur, la somme reste encore énorme», analyse François Heisbourg, président de l'International Institute for Strategic Studies. Le bénéfice tiré de la revente du pétrole serait ainsi d’un à trois millions de dollars par jour.
Les dons étrangers. Le flou règne sur le financement de Daesh par des Etats. En juin, le Premier ministre irakien d’alors accusait l’Arabie saoudite d’avoir favorisé la progression de l’organisation de l’Etat islamique. La Turquie est aussi sur la liste des suspects; les Kurdes lui reprochent d’avoir financé les extrémistes sunnites pour chasser Bachar al-Assad. Mais selon nombre d’experts, ces sources se sont taries. Idem pour les dons individuels, ou presque. Au Qatar et au Koweït, dont le système bancaire est un canal historique des fonds destinés au djihad, la surveillance a été accrue et des arrestations ont eu lieu. Ce qui ne signifie toutefois pas que l’argent a totalement cessé de circuler.
Les pillages. En gagnant du terrain en Irak et en Syrie, Daesh s’est aussi emparé de nombreuses richesses. Le groupe a notamment rempli ses caisses en revendant des antiquités; le seul pillage de la région d’al-Nabuk, en Syrie, aurait ainsi rapporté plus de 36 millions de dollars. «Ses activités de collecte de fonds s’apparentent à celles d’une organisation mafieuse, analyse ainsi une source au sein des renseignements américains citée par AP. Ils sont bien organisés et arrivent à leurs fins par l’intimidation et la violence.» Mais la plus grosse prise de Daesh est celle de la Banque centrale de Mossoul. Le butin amassé là-bas se chiffrerait en millions, voire en centaines de millions de dollars.
L’impôt révolutionnaire. Daesh a mis en place un système de taxes. Les entreprises, les petits commerces et les agriculteurs y sont soumis, mais pas seulement. Les huit millions de personnes qui vivent sous sa coupe doivent aussi apporter leur écot à la constitution de l’Etat islamique. Selon Michel Varton, président de l’ONG Portes ouvertes, les minorités chrétiennes sont mêmes menacées de mort en cas de non-paiement. «Soit les familles se convertissent ou paient une taxe spéciale, soit elles meurent. […]. Aux points de contrôle de Mossoul, l’Etat islamique confisque tous les biens des réfugiés: voitures, alliances, argent…»
Le trafic d’êtres humains. Les enlèvements n’ont pas seulement pour but de terroriser les Occidentaux. Ils peuvent aussi rapporter gros. Si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont assuré qu’ils ne négociaient pas avec les terroristes, des pays européens auraient bien payé une rançon aux djihadistes, selon diverses sources. Luay al-Khatteeb, chercheur au Brookings Institution’s Doha Center, ajoute à cela le trafic d’esclaves. D’après lui, la vente de femmes et d’enfants kidnappés à des marchands d’esclaves aurait rapporté des millions de dollars à Daesh.
Middle East : In Washington
Washington, US
CodePink anti-war activists gather outside the White House to protest against US-led military intervention in Syria and Iraq. MPs in the UK will vote on the possibility of British military strikes against the Islamic State (Isis) in Iraq later today.
(Photograph: Nicholas Kamm, 26 sept 14)
CodePink anti-war activists gather outside the White House to protest against US-led military intervention in Syria and Iraq. MPs in the UK will vote on the possibility of British military strikes against the Islamic State (Isis) in Iraq later today.
(Photograph: Nicholas Kamm, 26 sept 14)
Syrie : l'EI ne peut plus pomper de pétrole
Le pompage dans les six champs pétroliers contrôlés par le groupe État
islamique (EI) à Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie, a été stoppé par
peur des frappes américaines, ont indiqué vendredi des militants. Selon
l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG s'appuyant
sur un vaste réseau d'informateurs et de militants, les États-Unis et
leurs alliés arabes ont lancé, jeudi soir et vendredi matin, de
nouvelles frappes contre les installations pétrolières prises par l'EI
dans la province de Deir ez-Zor.
"L'extraction du pétrole a cessé à cause de la situation sécuritaire. Tous les champs sont arrêtés, à l'exception de celui de Coneco qui fournit le gaz nécessaire à la production de l'électricité de six provinces", a affirmé Leith al-Deiri, un militant habitant la ville de Deir ez-Zor.
"L'extraction dans les champs a été stoppée temporairement. Il n'y a plus d'intermédiaires ni de clients allant dans les champs, car ils ont peur des frappes", a assuré un autre militant, Rayan al-Furati, qui a quitté Deir ez-Zor il y a dix jours mais qui reste en contact avec des habitants de la province. "Avant, il y avait plein de monde et il fallait attendre quatre jours pour être servi tant la demande était forte", a-t-il ajouté, précisant qu'"aucun des champs n'a été touché, car les frappes de la coalition se sont concentrées sur les raffineries".
Depuis juillet, l'EI contrôle la majorité de la province pétrolifère de Deir ez-Zor ainsi que l'essentiel des champs pétroliers de la région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'EI produit plus de pétrole que le gouvernement syrien. Le ministère syrien du Pétrole estime que les djihadistes extraient 80 000 barils par jour tandis que la production gouvernementale s'est effondrée à 17 000 barils par jour.
Cependant, selon Valérie Marcel, chercheuse associée à l'institut Chatham House de Londres, l'EI produit seulement 50 000 barils par jour en Irak et en Syrie. Des experts estiment que l'EI contrôle sept champs pétroliers et deux raffineries dans le nord de l'Irak et six des dix champs en Syrie.
"L'extraction du pétrole a cessé à cause de la situation sécuritaire. Tous les champs sont arrêtés, à l'exception de celui de Coneco qui fournit le gaz nécessaire à la production de l'électricité de six provinces", a affirmé Leith al-Deiri, un militant habitant la ville de Deir ez-Zor.
"L'extraction dans les champs a été stoppée temporairement. Il n'y a plus d'intermédiaires ni de clients allant dans les champs, car ils ont peur des frappes", a assuré un autre militant, Rayan al-Furati, qui a quitté Deir ez-Zor il y a dix jours mais qui reste en contact avec des habitants de la province. "Avant, il y avait plein de monde et il fallait attendre quatre jours pour être servi tant la demande était forte", a-t-il ajouté, précisant qu'"aucun des champs n'a été touché, car les frappes de la coalition se sont concentrées sur les raffineries".
Depuis juillet, l'EI contrôle la majorité de la province pétrolifère de Deir ez-Zor ainsi que l'essentiel des champs pétroliers de la région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'EI produit plus de pétrole que le gouvernement syrien. Le ministère syrien du Pétrole estime que les djihadistes extraient 80 000 barils par jour tandis que la production gouvernementale s'est effondrée à 17 000 barils par jour.
Cependant, selon Valérie Marcel, chercheuse associée à l'institut Chatham House de Londres, l'EI produit seulement 50 000 barils par jour en Irak et en Syrie. Des experts estiment que l'EI contrôle sept champs pétroliers et deux raffineries dans le nord de l'Irak et six des dix champs en Syrie.
Syrie/Irak : Ce que cache la menace "État islamique"
L'effroyable assassinat de l'otage Hervé Gourdel au nom de
l'organisation État islamique a définitivement fait entrer ce groupe
djihadiste dans l'esprit des Français, et renforcé la détermination de
François Hollande à frapper ses positions en Irak. Mais qui est vraiment
ce groupe ultra-radical ? Qui a contribué à son essor ? Pourquoi
continue-t-il à faire des émules dans le monde et comment en venir à
bout ? Directeur du projet Égypte-Syrie-Liban du programme Moyen-Orient
de l'International Crisis Group, le chercheur Peter Harling, qui a vécu
et travaillé pendant sept ans en Irak, fait le point.
La détermination de François Hollande à frapper l'organisation EI en Irak est-elle, selon vous, la bonne stratégie ? La question n'est pas le niveau de détermination de François Hollande, mais la nature de cet adversaire et la pertinence des moyens utilisés pour l'affronter. Annoncer qu'on vengera en Irak ou ailleurs un meurtre qui s'est joué en Algérie ressort de la politique spectacle, des relations publiques, et non d'une quelconque stratégie.
Ce groupe a tout de même appelé à tuer les "méchants et sales Français".
En Occident, Daesh (Peter Harling emploie ce terme péjoratif également choisi par le gouvernement français pour désigner le groupe EI, NDLR) réveille tout un imaginaire du terroriste génétiquement programmé pour incarner et commettre le mal. Cela permet de faire l'impasse sur la politique : c'est comme s'il existait un certain type d'individu qu'il fallait détruire pour régler le problème, d'où des solutions militaires prédominantes. Mais, justement, Daesh attire des gens dont on ne peut pas faire une typologie rigide, et surtout voit sa capacité de mobilisation s'accroître à la faveur des frappes occidentales. Daesh est le réceptacle de toutes sortes d'imaginaires.
Qu'entendez-vous par là ?
Certains Européens désorientés, tentés par l'hyper-violence, trouvent dans la mise en scène des crimes du mouvement une sorte d'idéal radical et viril. En Syrie ou en Irak, Daesh peut être perçu comme un simple allié nécessaire face à des agressions nombreuses, venant d'un gouvernement sectaire, vu comme une sorte de force d'occupation à la solde de l'Iran, par exemple. Daesh exprime aussi des frustrations aussi diverses que profondes avec l'ordre existant, à un moment où il n'existe pas d'alternative puisque les élites séculières sont laminées, les courants islamistes "mainstream" ont échoué et des structures étatiques fragiles sont dépecées dans une logique du "chacun pour soi".
Comment les populations sunnites voient-elles cette organisation ? Un groupe terroriste ou un libérateur du joug chiite ?
Les deux ! Le monde arabe sunnite connaît une sorte de crise existentielle. La région a pour l'instant raté, pour ainsi dire, sa sortie de l'ère de régression qui l'avait caractérisée sous la domination de l'Empire ottoman, qui a cédé le pas au colonialisme, à des ingérences occidentales tous azimuts et la création traumatisante d'Israël. Les grands mouvements émancipateurs, qui ont d'abord été d'immenses sources d'inspiration, ont vite dégénéré en coteries autocratiques et cleptomanes. Leurs alternatives islamistes, articulant diverses visions d'avenir séductrices mais utopistes, ont échoué lamentablement dès qu'il s'agissait de les mettre en oeuvre en pratique.
Le Printemps arabe, ce moment fulgurant, splendide, qui devait offrir à la région sa rédemption, sa nouvelle chance, a lui aussi viré au désastre. Il faut imaginer les sentiments de confusion, d'échec, d'amertume, d'injustice et d'humiliation qui en découlent. Ajoutez-y la violence inimaginable pratiquée par le régime syrien, sans aucune réaction sérieuse en Occident. Ajoutez-y l'ampleur de la crise humanitaire qui s'est ensuivie. Ajoutez-y le spectacle navrant des courants réactionnaires en Égypte, dans le Golfe et ailleurs. Ajoutez-y enfin les provocations constantes qui viennent du monde chiite, qui, lui, est dans une phase ascendante générant une forme d'hubris. Au total, très peu de gens aiment Daesh, mais il n'y a que lui.
Comment l'organisation a-t-elle réussi à s'emparer de tels pans de territoires ?
Daesh se glisse dans un vide. Il s'est imposé dans le nord-est de la Syrie principalement parce que le régime syrien s'était retiré de cette zone largement désertique. Il a pu prendre le contrôle de Mossoul, en Irak, parce que les autorités centrales n'y étaient présentes qu'à travers des élites locales vendues à Bagdad et un appareil de sécurité pléthorique mais sectaire, cynique et incompétent. De la même manière, Daesh a récemment pénétré au Nord-Liban, dans une frange particulièrement négligée du pays.
En revanche, Daesh ne consacre pas ses ressources - limitées - à des tentatives d'expansion vouées à l'échec, c'est-à-dire dans des zones où le mouvement peut s'attendre à une vraie résistance. Voilà pourquoi il a toujours été absurde de penser que l'organisation allait marcher sur Bagdad, bien défendue par des milices chiites, ou prendre d'assaut Erbil, fief des factions kurdes. De la même façon, elle ne s'attaque pas non plus sérieusement au régime syrien. Au contraire, il impose son hégémonie dans les zones qu'il domine, éradiquant tout compétiteur potentiel en milieu arabe sunnite.
Qui est coupable, selon vous, de la montée en puissance de cette organisation ?
Tout le monde y a participé : les Iraniens, en soutenant les régimes syrien et irakien dans des politiques qui visaient expressément à la radicalisation des sunnites, de façon à discréditer et combattre toute opposition au nom d'une prétendue "guerre contre le terrorisme", puis en encourageant un djihad chiite qui ne pouvait que renforcer son pendant sunnite. L'Occident, en encourageant un soulèvement syrien auquel on a fait miroiter notre solidarité et notre soutien, mais qu'on a essentiellement laissé livré à lui-même face à des formes et des niveaux de violence extrêmes. La Turquie, qui jusqu'à récemment a ouvert ses frontières en grand à quiconque prétendait aller combattre Bachar el-Assad. Les monarchies du Golfe, qui ont financé l'opposition syrienne de façon velléitaire et désordonnée, ce qui a profité - indirectement pour l'essentiel - aux djihadistes.
Est-ce le massacre des minorités chrétiennes et yazidis en Irak qui a réellement motivé l'intervention américaine ?
Daesh massacre à tour de bras. Mais ses combattants ont également procédé à des exécutions de masse au sein de tribus arabes sunnites, et personne n'a pipé mot. Ils ont aussi décapité bien des combattants alaouites (de Bachar el-Assad, NDLR). Sans compter que d'autres horreurs sont perpétrées par des acteurs qui n'en paient pas le prix : le régime syrien a causé la mort par malnutrition de très nombreux civils, enfants compris, dans des quartiers encerclés à cette fin. Du reste, je ne vois pas très bien comment des frappes aériennes contre Daesh, découplées de toute mesure concernant les autres souffrances, terribles, que connaît la région par ailleurs, vont assurer l'avenir des chrétiens ou des Yazidis.
Comment, alors, venir à bout de l'organisation État islamique ?
La première chose à faire serait de rompre avec la temporalité médiatique. On frappe subitement, de toute urgence, une menace que l'on a vue croître pendant deux ans, dans une indifférence totale. Le vrai tournant qui a précipité l'intervention, c'est l'attention de nos médias, autour de thématiques percutantes : le martyre des chrétiens d'Orient, la barbarie suprême mise en scène dans des décapitations d'Occidentaux et la "guerre contre le terrorisme". C'est cela qui a déclenché une riposte militaire qui, à mon sens, relève d'une "ritualisation" du conflit : tout comme Daesh se donne en spectacle, avec un talent redoutable et pervers de publicitaire, nous nous mettons en scène dans une sorte de lutte eschatologique contre le mal.
Or, Daesh est un adversaire tout à la fois limité en taille, profondément ancré dans la psyché régionale et interconnecté avec des enjeux très sérieux liés aux conflits de la région. Il va falloir du temps, du doigté, des moyens considérables et une vraie réflexion stratégique pour affronter cette organisation. Pourquoi se précipiter et multiplier les erreurs, qui seront autant de facteurs aggravants ? Pour ne prendre qu'un exemple : au moment où l'on vole au secours des chrétiens d'Irak, soi-disant à grand renfort d'armes très coûteuses, l'ONU annonce qu'elle va réduire son aide alimentaire aux réfugiés syriens. Comment cette population brimée, dépossédée de tout va-t-elle comprendre cette décision ?
(26-09-2014 - Propos recueillis par Armin Arefi )
La détermination de François Hollande à frapper l'organisation EI en Irak est-elle, selon vous, la bonne stratégie ? La question n'est pas le niveau de détermination de François Hollande, mais la nature de cet adversaire et la pertinence des moyens utilisés pour l'affronter. Annoncer qu'on vengera en Irak ou ailleurs un meurtre qui s'est joué en Algérie ressort de la politique spectacle, des relations publiques, et non d'une quelconque stratégie.
Ce groupe a tout de même appelé à tuer les "méchants et sales Français".
En Occident, Daesh (Peter Harling emploie ce terme péjoratif également choisi par le gouvernement français pour désigner le groupe EI, NDLR) réveille tout un imaginaire du terroriste génétiquement programmé pour incarner et commettre le mal. Cela permet de faire l'impasse sur la politique : c'est comme s'il existait un certain type d'individu qu'il fallait détruire pour régler le problème, d'où des solutions militaires prédominantes. Mais, justement, Daesh attire des gens dont on ne peut pas faire une typologie rigide, et surtout voit sa capacité de mobilisation s'accroître à la faveur des frappes occidentales. Daesh est le réceptacle de toutes sortes d'imaginaires.
Qu'entendez-vous par là ?
Certains Européens désorientés, tentés par l'hyper-violence, trouvent dans la mise en scène des crimes du mouvement une sorte d'idéal radical et viril. En Syrie ou en Irak, Daesh peut être perçu comme un simple allié nécessaire face à des agressions nombreuses, venant d'un gouvernement sectaire, vu comme une sorte de force d'occupation à la solde de l'Iran, par exemple. Daesh exprime aussi des frustrations aussi diverses que profondes avec l'ordre existant, à un moment où il n'existe pas d'alternative puisque les élites séculières sont laminées, les courants islamistes "mainstream" ont échoué et des structures étatiques fragiles sont dépecées dans une logique du "chacun pour soi".
Comment les populations sunnites voient-elles cette organisation ? Un groupe terroriste ou un libérateur du joug chiite ?
Les deux ! Le monde arabe sunnite connaît une sorte de crise existentielle. La région a pour l'instant raté, pour ainsi dire, sa sortie de l'ère de régression qui l'avait caractérisée sous la domination de l'Empire ottoman, qui a cédé le pas au colonialisme, à des ingérences occidentales tous azimuts et la création traumatisante d'Israël. Les grands mouvements émancipateurs, qui ont d'abord été d'immenses sources d'inspiration, ont vite dégénéré en coteries autocratiques et cleptomanes. Leurs alternatives islamistes, articulant diverses visions d'avenir séductrices mais utopistes, ont échoué lamentablement dès qu'il s'agissait de les mettre en oeuvre en pratique.
Le Printemps arabe, ce moment fulgurant, splendide, qui devait offrir à la région sa rédemption, sa nouvelle chance, a lui aussi viré au désastre. Il faut imaginer les sentiments de confusion, d'échec, d'amertume, d'injustice et d'humiliation qui en découlent. Ajoutez-y la violence inimaginable pratiquée par le régime syrien, sans aucune réaction sérieuse en Occident. Ajoutez-y l'ampleur de la crise humanitaire qui s'est ensuivie. Ajoutez-y le spectacle navrant des courants réactionnaires en Égypte, dans le Golfe et ailleurs. Ajoutez-y enfin les provocations constantes qui viennent du monde chiite, qui, lui, est dans une phase ascendante générant une forme d'hubris. Au total, très peu de gens aiment Daesh, mais il n'y a que lui.
Comment l'organisation a-t-elle réussi à s'emparer de tels pans de territoires ?
Daesh se glisse dans un vide. Il s'est imposé dans le nord-est de la Syrie principalement parce que le régime syrien s'était retiré de cette zone largement désertique. Il a pu prendre le contrôle de Mossoul, en Irak, parce que les autorités centrales n'y étaient présentes qu'à travers des élites locales vendues à Bagdad et un appareil de sécurité pléthorique mais sectaire, cynique et incompétent. De la même manière, Daesh a récemment pénétré au Nord-Liban, dans une frange particulièrement négligée du pays.
En revanche, Daesh ne consacre pas ses ressources - limitées - à des tentatives d'expansion vouées à l'échec, c'est-à-dire dans des zones où le mouvement peut s'attendre à une vraie résistance. Voilà pourquoi il a toujours été absurde de penser que l'organisation allait marcher sur Bagdad, bien défendue par des milices chiites, ou prendre d'assaut Erbil, fief des factions kurdes. De la même façon, elle ne s'attaque pas non plus sérieusement au régime syrien. Au contraire, il impose son hégémonie dans les zones qu'il domine, éradiquant tout compétiteur potentiel en milieu arabe sunnite.
Qui est coupable, selon vous, de la montée en puissance de cette organisation ?
Tout le monde y a participé : les Iraniens, en soutenant les régimes syrien et irakien dans des politiques qui visaient expressément à la radicalisation des sunnites, de façon à discréditer et combattre toute opposition au nom d'une prétendue "guerre contre le terrorisme", puis en encourageant un djihad chiite qui ne pouvait que renforcer son pendant sunnite. L'Occident, en encourageant un soulèvement syrien auquel on a fait miroiter notre solidarité et notre soutien, mais qu'on a essentiellement laissé livré à lui-même face à des formes et des niveaux de violence extrêmes. La Turquie, qui jusqu'à récemment a ouvert ses frontières en grand à quiconque prétendait aller combattre Bachar el-Assad. Les monarchies du Golfe, qui ont financé l'opposition syrienne de façon velléitaire et désordonnée, ce qui a profité - indirectement pour l'essentiel - aux djihadistes.
Est-ce le massacre des minorités chrétiennes et yazidis en Irak qui a réellement motivé l'intervention américaine ?
Daesh massacre à tour de bras. Mais ses combattants ont également procédé à des exécutions de masse au sein de tribus arabes sunnites, et personne n'a pipé mot. Ils ont aussi décapité bien des combattants alaouites (de Bachar el-Assad, NDLR). Sans compter que d'autres horreurs sont perpétrées par des acteurs qui n'en paient pas le prix : le régime syrien a causé la mort par malnutrition de très nombreux civils, enfants compris, dans des quartiers encerclés à cette fin. Du reste, je ne vois pas très bien comment des frappes aériennes contre Daesh, découplées de toute mesure concernant les autres souffrances, terribles, que connaît la région par ailleurs, vont assurer l'avenir des chrétiens ou des Yazidis.
Comment, alors, venir à bout de l'organisation État islamique ?
La première chose à faire serait de rompre avec la temporalité médiatique. On frappe subitement, de toute urgence, une menace que l'on a vue croître pendant deux ans, dans une indifférence totale. Le vrai tournant qui a précipité l'intervention, c'est l'attention de nos médias, autour de thématiques percutantes : le martyre des chrétiens d'Orient, la barbarie suprême mise en scène dans des décapitations d'Occidentaux et la "guerre contre le terrorisme". C'est cela qui a déclenché une riposte militaire qui, à mon sens, relève d'une "ritualisation" du conflit : tout comme Daesh se donne en spectacle, avec un talent redoutable et pervers de publicitaire, nous nous mettons en scène dans une sorte de lutte eschatologique contre le mal.
Or, Daesh est un adversaire tout à la fois limité en taille, profondément ancré dans la psyché régionale et interconnecté avec des enjeux très sérieux liés aux conflits de la région. Il va falloir du temps, du doigté, des moyens considérables et une vraie réflexion stratégique pour affronter cette organisation. Pourquoi se précipiter et multiplier les erreurs, qui seront autant de facteurs aggravants ? Pour ne prendre qu'un exemple : au moment où l'on vole au secours des chrétiens d'Irak, soi-disant à grand renfort d'armes très coûteuses, l'ONU annonce qu'elle va réduire son aide alimentaire aux réfugiés syriens. Comment cette population brimée, dépossédée de tout va-t-elle comprendre cette décision ?
(26-09-2014 - Propos recueillis par Armin Arefi )
Irak : Face aux jihadistes, les chrétiens d'Irak forment leurs propres milices
Menacés par l'avancée du groupe Etat islamique, des chrétiens d'Irak
commencent à former leurs propres milices, estimant que les forces
kurdes ou fédérales ne les ont pas protégés face aux jihadistes qui ont
pris plusieurs villes et villages chrétiens.
Sharafya, dans le nord de la plaine de Ninive (nord). Les jihadistes qui avaient pris ce village en ont été délogés mi-août, mais un mois plus tard, ses rues sont toujours vides. Les combattants de l'EI ne sont qu'à quelques kilomètres, dans le village de Tel Kef, et seuls quelques hommes en uniformes arpentent le secteur.
Au premier abord, ils ressemblent aux peshmergas, les forces kurdes: uniforme kaki et kalachnikov en bandoulière. Mais brodé sur la manche ou porté fièrement sur la poitrine, un écusson les distingue; le drapeau assyrien, barré de deux fusils.
Ces hommes appartiennent à une toute nouvelle brigade assyrienne, un peuple chrétien installé depuis des millénaires dans la plaine de Ninive. Formée le 11 août et baptisée "Dwekh Nawsha" (Futur martyr) dans le dialecte araméen local, elle compte une centaine d'hommes, selon le lieutenant-colonel Odicho.
"Nous ne sommes pas très nombreux mais notre foi est grande", dit-il, avant de retourner travailler à former les nouvelles recrues, pour l'heure loin d'être prêtes.
Selon le Mouvement démocratique assyrien, l'un des partis politiques assyriens de la région, 2.000 hommes se sont déjà portés volontaires pour combattre l'EI, un groupe extrémiste sunnite responsable de multiples exactions contre les minorités notamment chrétienne.
Mais les armes, les uniformes et l'entraînement manquent.
Pour tenter de renforcer les rangs, une délégation d'Assyriens irakiens s'est rendue au Liban rencontrer les Forces libanaises (FL), la principale milice chrétienne durant la guerre civile au Liban (1975-1990), a indiqué une source au sein des FL à l'AFP.
La création de "brigades" chrétiennes en Irak rappelle en outre l'engagement des Assyriens en Syrie voisine, où ils ont formé le Conseil militaire syriaque, qui se bat activement au côté du parti YPG des Kurdes syriens, pour tenter de renverser le régime.
A quelques kilomètres de Sharafya se trouve la ville chrétienne d'Al-Qosh, posée à flanc de montagne, à l'ombre du monastère Rabban Hermizd. Aucun membre de l'EI n'a posé un pied à Al-Qosh, mais la population a fui début août, quand les jihadistes se sont emparés de plusieurs villages en contrebas.
Au milieu des rues désertes, impossible de rater le bâtiment du Mouvement démocratique assyrien. Son violet (la couleur du parti, ndlr) tranche avec la couche de sable qui recouvre une grande partie de la région.
A l'intérieur du bâtiment, des hommes en uniformes, armes au pied, sont assis autour de thés fumants. Ils sont tous chrétiens, civils dans leur immense majorité, et ont décidé de rester pour défendre Al-Qosh.
A peine assis, leurs voix se mêlent les unes aux autres dans une litanie d'où ressort la même chose: si nous sommes là, c'est parce que les forces kurdes nous ont abandonnés.
Le récit est pareil: dans la nuit du 6 au 7 août, quand les jihadistes ont avancé vers les villages, les peshmergas sont partis, sans prévenir la population.
Une centaine d'hommes en tout patrouillent de jour, et restent en alerte la nuit. Pourtant des peshmergas sont revenus, et gardent désormais l'entrée du village.
Mais "peut-être qu'ils vont fuir à nouveau, alors on reste", dit Athra Kado.
Sharafya, dans le nord de la plaine de Ninive (nord). Les jihadistes qui avaient pris ce village en ont été délogés mi-août, mais un mois plus tard, ses rues sont toujours vides. Les combattants de l'EI ne sont qu'à quelques kilomètres, dans le village de Tel Kef, et seuls quelques hommes en uniformes arpentent le secteur.
Au premier abord, ils ressemblent aux peshmergas, les forces kurdes: uniforme kaki et kalachnikov en bandoulière. Mais brodé sur la manche ou porté fièrement sur la poitrine, un écusson les distingue; le drapeau assyrien, barré de deux fusils.
Ces hommes appartiennent à une toute nouvelle brigade assyrienne, un peuple chrétien installé depuis des millénaires dans la plaine de Ninive. Formée le 11 août et baptisée "Dwekh Nawsha" (Futur martyr) dans le dialecte araméen local, elle compte une centaine d'hommes, selon le lieutenant-colonel Odicho.
"Nous ne sommes pas très nombreux mais notre foi est grande", dit-il, avant de retourner travailler à former les nouvelles recrues, pour l'heure loin d'être prêtes.
Selon le Mouvement démocratique assyrien, l'un des partis politiques assyriens de la région, 2.000 hommes se sont déjà portés volontaires pour combattre l'EI, un groupe extrémiste sunnite responsable de multiples exactions contre les minorités notamment chrétienne.
Mais les armes, les uniformes et l'entraînement manquent.
Pour tenter de renforcer les rangs, une délégation d'Assyriens irakiens s'est rendue au Liban rencontrer les Forces libanaises (FL), la principale milice chrétienne durant la guerre civile au Liban (1975-1990), a indiqué une source au sein des FL à l'AFP.
La création de "brigades" chrétiennes en Irak rappelle en outre l'engagement des Assyriens en Syrie voisine, où ils ont formé le Conseil militaire syriaque, qui se bat activement au côté du parti YPG des Kurdes syriens, pour tenter de renverser le régime.
A quelques kilomètres de Sharafya se trouve la ville chrétienne d'Al-Qosh, posée à flanc de montagne, à l'ombre du monastère Rabban Hermizd. Aucun membre de l'EI n'a posé un pied à Al-Qosh, mais la population a fui début août, quand les jihadistes se sont emparés de plusieurs villages en contrebas.
Au milieu des rues désertes, impossible de rater le bâtiment du Mouvement démocratique assyrien. Son violet (la couleur du parti, ndlr) tranche avec la couche de sable qui recouvre une grande partie de la région.
A l'intérieur du bâtiment, des hommes en uniformes, armes au pied, sont assis autour de thés fumants. Ils sont tous chrétiens, civils dans leur immense majorité, et ont décidé de rester pour défendre Al-Qosh.
A peine assis, leurs voix se mêlent les unes aux autres dans une litanie d'où ressort la même chose: si nous sommes là, c'est parce que les forces kurdes nous ont abandonnés.
Le récit est pareil: dans la nuit du 6 au 7 août, quand les jihadistes ont avancé vers les villages, les peshmergas sont partis, sans prévenir la population.
Une centaine d'hommes en tout patrouillent de jour, et restent en alerte la nuit. Pourtant des peshmergas sont revenus, et gardent désormais l'entrée du village.
Mais "peut-être qu'ils vont fuir à nouveau, alors on reste", dit Athra Kado.
Yémen: le président appelle au retrait des rebelles de la capitale
Le président yéménite a pressé vendredi les rebelles chiites de se
retirer de la capitale, qu'ils contrôlent depuis dimanche, et les a
implicitement accusés de ne pas respecter l'accord de paix alors que la
nomination d'un Premier ministre n'a toujours pas eu lieu.
Les rebelles armés d'Ansaruallah, dits houthis, qui encerclaient la capitale depuis le mois dernier, ont réussi dimanche à conquérir Sanaa, sans résistance des forces gouvernementales, mais au prix d'au moins 270 morts dans de violents affrontements avec leurs adversaires sunnites du parti Al-Islah, épaulés par une partie de l'armée.
Ces combats avaient cessé avec la signature le même jour d'un accord parrainé par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar.
"L'application de cet accord passe par la reconnaissance de la pleine autorité de l'Etat sur tout le territoire (...), en premier lieu la capitale Sanaa, et la remise de tous les établissements et de toutes armes pillées", a déclaré le président Abd Rabbo Mansour Hadi dans un discours à l'occasion du 52e anniversaire de la proclamation de République.
En entrant à Sanaa, les rebelles armés ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments publics et de sites militaires. Depuis, des attaques contre des propriétés privées, accompagnées de pillages, attribuées aux rebelles et à leurs partisans, ont eu lieu dans la capitale.
"Les règlements de compte par la force et les actes de vengeance ne peuvent pas édifier un Etat", a rappelé M. Hadi aux rebelles chiites, qui avaient lancé leur mouvement de protestation au nom de la lutte contre la corruption dont ils accusent le gouvernement.
"Est-ce que la lutte contre la corruption (...) passe par le pillage des habitations, des casernes et des établissements de l'Etat ?", s'est-il demandé.
Des milliers de partisans d'Ansaruallah se sont à nouveau rassemblés vendredi pour la prière hebdomadaire dans leur campement principal de la route de l'aéroport à Sanaa, où l'imam a salué la "victoire" de la rébellion chiite, selon un correspondant de l'AFP.
Des rebelles ont également empêché plusieurs religieux sunnites proches de leurs adversaires d'Al-Islah de prêcher dans plusieurs mosquées de la capitale, les remplaçant par des imams qui leur sont favorables, ont rapporté des habitants.
Ce scénario s'est notamment déroulé dans la mosquée où officie habituellement l'influent religieux proche d'Al-Islah, cheikh Abdel Majid al-Zindani, qui demeure caché en raisons des récents événements.
Les rebelles chiites patrouillaient en nombre dans les secteurs nord de Sanaa, où se trouvent la plupart des bâtiments publics et ministères. Ils étaient en revanche peu nombreux dans le sud et totalement absents du secteur du complexe présidentiel.
Dans son discours vendredi, le président Hadi a malgré tout défendu l'accord avec les rebelles, sans expliquer les raisons exactes de la chute sans résistance de la capitale. "Nous avons été lâchés par ceux dont les intérêts personnels priment sur la patrie (...), qui ont renié leurs responsabilités et leurs engagements", a-t-il dit.
Il fait allusion notamment aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui se sont ralliés aux protestations des rebelles.
Si M. Hadi a nommé dès mardi deux conseillers, l'un représentant la rébellion chiite et l'autre le groupe autonomiste du Mouvement sudiste, conformément à l'accord de paix, il n'a en revanche pas encore désigné un nouveau Premier ministre, ce qui devait intervenir mercredi.
L'accord doit être appliqué "sans tergiversations" afin de pouvoir progresser vers "un Etat civil moderne, fondé sur la justice, l'égalité et le partenariat", a-t-il dit.
Les rebelles armés d'Ansaruallah, dits houthis, qui encerclaient la capitale depuis le mois dernier, ont réussi dimanche à conquérir Sanaa, sans résistance des forces gouvernementales, mais au prix d'au moins 270 morts dans de violents affrontements avec leurs adversaires sunnites du parti Al-Islah, épaulés par une partie de l'armée.
Ces combats avaient cessé avec la signature le même jour d'un accord parrainé par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar.
"L'application de cet accord passe par la reconnaissance de la pleine autorité de l'Etat sur tout le territoire (...), en premier lieu la capitale Sanaa, et la remise de tous les établissements et de toutes armes pillées", a déclaré le président Abd Rabbo Mansour Hadi dans un discours à l'occasion du 52e anniversaire de la proclamation de République.
En entrant à Sanaa, les rebelles armés ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments publics et de sites militaires. Depuis, des attaques contre des propriétés privées, accompagnées de pillages, attribuées aux rebelles et à leurs partisans, ont eu lieu dans la capitale.
"Les règlements de compte par la force et les actes de vengeance ne peuvent pas édifier un Etat", a rappelé M. Hadi aux rebelles chiites, qui avaient lancé leur mouvement de protestation au nom de la lutte contre la corruption dont ils accusent le gouvernement.
"Est-ce que la lutte contre la corruption (...) passe par le pillage des habitations, des casernes et des établissements de l'Etat ?", s'est-il demandé.
Des milliers de partisans d'Ansaruallah se sont à nouveau rassemblés vendredi pour la prière hebdomadaire dans leur campement principal de la route de l'aéroport à Sanaa, où l'imam a salué la "victoire" de la rébellion chiite, selon un correspondant de l'AFP.
Des rebelles ont également empêché plusieurs religieux sunnites proches de leurs adversaires d'Al-Islah de prêcher dans plusieurs mosquées de la capitale, les remplaçant par des imams qui leur sont favorables, ont rapporté des habitants.
Ce scénario s'est notamment déroulé dans la mosquée où officie habituellement l'influent religieux proche d'Al-Islah, cheikh Abdel Majid al-Zindani, qui demeure caché en raisons des récents événements.
Les rebelles chiites patrouillaient en nombre dans les secteurs nord de Sanaa, où se trouvent la plupart des bâtiments publics et ministères. Ils étaient en revanche peu nombreux dans le sud et totalement absents du secteur du complexe présidentiel.
Dans son discours vendredi, le président Hadi a malgré tout défendu l'accord avec les rebelles, sans expliquer les raisons exactes de la chute sans résistance de la capitale. "Nous avons été lâchés par ceux dont les intérêts personnels priment sur la patrie (...), qui ont renié leurs responsabilités et leurs engagements", a-t-il dit.
Il fait allusion notamment aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui se sont ralliés aux protestations des rebelles.
Si M. Hadi a nommé dès mardi deux conseillers, l'un représentant la rébellion chiite et l'autre le groupe autonomiste du Mouvement sudiste, conformément à l'accord de paix, il n'a en revanche pas encore désigné un nouveau Premier ministre, ce qui devait intervenir mercredi.
L'accord doit être appliqué "sans tergiversations" afin de pouvoir progresser vers "un Etat civil moderne, fondé sur la justice, l'égalité et le partenariat", a-t-il dit.
Israël/Palestine : A Jérusalem-Est, des jeunes pris dans la spirale de la violence
Les grenades assourdissantes résonnent encore dans la vieille ville de
Jérusalem. Mais Mouaz et Mohammed n'y prêtent pas attention, les deux
adolescents sont trop occupés à invectiver les soldats israéliens venus
disperser d'autres jeunes palestiniens qui leur jetaient des pierres.
A Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël, la violence n'est pas nouvelle, mais son niveau est inédit depuis des années et si rien n'est fait, elle pourrait devenir incontrôlable, affirment observateurs palestiniens et israéliens.
Mouaz a 14 ans et il a déjà été emprisonné deux fois par les Israéliens. "La première fois, j'y ai passé huit jours. Ils m'ont arrêté chez moi à 04H00 du matin, m'ont fouillé et interrogé parce que j'avais jeté des pierres", raconte-t-il à l'AFP.
Les arrestations et les mauvais traitements que subiraient les jeunes Palestiniens en prison ne sont que l'une des causes de cette escalade, déclenchée par l'assassinat d'un Palestinien de 16 ans brûlé vif en juillet.
La guerre à Gaza (8 juillet-26 août), a ensuite jeté de l'huile sur le feu. Comme de nombreux Palestiniens à Jérusalem-Est mais aussi en Cisjordanie occupée, Walid Touffaha, 18 ans, a manifesté contre l'offensive israélienne. Cela lui valut une énième arrestation. En cinq ans, dit-il, il a été interpellé une trentaine de fois.
"Je suis sorti de prison mais je fais mes travaux d'intérêt général à la poste israélienne", dit-il.
Après cette peine, comme beaucoup de jeunes Palestiniens, il ne voit aucun avenir se dessiner. "Quand j'aurai fini, je ne pourrai travailler pour aucune entreprise juive. Je n'arrive pas à trouver d'autre boulot et j'en ai marre", lâche-t-il.
"Les jeunes se disent 'maintenant que mon nom est sur liste noire, pourquoi est-ce que je devrais faire des efforts?'" affirme Nasser Qaws, directeur du Club des prisonniers à Jérusalem. "Donc, ils recommencent à jeter des pierres sur la police ou les colons et sont arrêtés à nouveau".
Ces arrestations sont un choc. "Au milieu de la nuit, 20 soldats israéliens débarquent chez un enfant, l'arrêtent, le bousculent. Il est terrifié. Peut-être qu'il va même uriner sur lui de peur", dit M. Qaws. En prison "se développe une forme d'extrémisme".
Mahmoud Qarayin, du centre communautaire du quartier de Silwan, cite l'exemple d'un jeune incarcéré des dizaines de fois depuis l'âge de neuf ans. "Aujourd'hui, il fume, il est tatoué et il lave des voitures car il a décidé de quitter l'école. Sa vie est détruite".
Selon la police israélienne, plus de 700 Palestiniens ont été arrêtés à Jérusalem-Est, dont au moins 250 mineurs, depuis juillet.
"La violence n'a jamais été aussi répandue et aussi persistante", assure Daniel Seidemann, un influent avocat israélien, fin observateur de Jérusalem. "Aujourd'hui je ne peux plus aller à Jérusalem-Est sans être accompagné d'un Palestinien. Ca n'a jamais été le cas", déplore-t-il.
En fait, "les Palestiniens vivent dans les quartiers palestiniens et ne vont nulle part ailleurs. Pareil pour les Israéliens".
A l'exception près des 2.500 colons juifs installés dans des quartiers majoritairement palestiniens qui, eux, "entrent et sortent de leur maison en convois: ils ne comptent même plus les pierres et les cocktails Molotov" qu'ils reçoivent, dit M. Seidemann.
Ignorer les colons, ou même les éviter, est désormais impossible à Jérusalem-Est où vivent quelque 200.000 Israéliens, explique M. Qarayin. Les 290.000 Palestiniens de Jérusalem "se rendent compte qu'ils sont évincés et que les colons choisissent la violence".
Lassés d'être considérés comme des citoyens de seconde zone -ils ont le statut de résident mais aucune nationalité, ni israélienne ni palestinienne-, les Palestiniens de la Ville Sainte se soulèvent désormais même dans des quartiers jusqu'ici réputés calmes, note Jawa Siyam, directeur du centre de Silwan.
"On a été aussi surpris que les Israéliens de voir exploser Chouafat ou Beit Hanina, des quartiers où d'habitude les Palestiniens essayent de faire abstraction de la situation et de vivre normalement", dit-il à l'AFP.
M. Seidemann dit les choses plus crûment: "Israël leur dit clairement: 'vous ne comptez pour rien, vous ne pouvez pas voter, vous êtes coupés de la Cisjordanie et pas en Israël".
Et M. Qaws prévient: "C'est comme une mine, si Israël appuie trop fort, elle va exploser".
(26-09-2014)
**
A Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël, la violence n'est pas nouvelle, mais son niveau est inédit depuis des années et si rien n'est fait, elle pourrait devenir incontrôlable, affirment observateurs palestiniens et israéliens.
Mouaz a 14 ans et il a déjà été emprisonné deux fois par les Israéliens. "La première fois, j'y ai passé huit jours. Ils m'ont arrêté chez moi à 04H00 du matin, m'ont fouillé et interrogé parce que j'avais jeté des pierres", raconte-t-il à l'AFP.
Les arrestations et les mauvais traitements que subiraient les jeunes Palestiniens en prison ne sont que l'une des causes de cette escalade, déclenchée par l'assassinat d'un Palestinien de 16 ans brûlé vif en juillet.
La guerre à Gaza (8 juillet-26 août), a ensuite jeté de l'huile sur le feu. Comme de nombreux Palestiniens à Jérusalem-Est mais aussi en Cisjordanie occupée, Walid Touffaha, 18 ans, a manifesté contre l'offensive israélienne. Cela lui valut une énième arrestation. En cinq ans, dit-il, il a été interpellé une trentaine de fois.
"Je suis sorti de prison mais je fais mes travaux d'intérêt général à la poste israélienne", dit-il.
Après cette peine, comme beaucoup de jeunes Palestiniens, il ne voit aucun avenir se dessiner. "Quand j'aurai fini, je ne pourrai travailler pour aucune entreprise juive. Je n'arrive pas à trouver d'autre boulot et j'en ai marre", lâche-t-il.
"Les jeunes se disent 'maintenant que mon nom est sur liste noire, pourquoi est-ce que je devrais faire des efforts?'" affirme Nasser Qaws, directeur du Club des prisonniers à Jérusalem. "Donc, ils recommencent à jeter des pierres sur la police ou les colons et sont arrêtés à nouveau".
Ces arrestations sont un choc. "Au milieu de la nuit, 20 soldats israéliens débarquent chez un enfant, l'arrêtent, le bousculent. Il est terrifié. Peut-être qu'il va même uriner sur lui de peur", dit M. Qaws. En prison "se développe une forme d'extrémisme".
Mahmoud Qarayin, du centre communautaire du quartier de Silwan, cite l'exemple d'un jeune incarcéré des dizaines de fois depuis l'âge de neuf ans. "Aujourd'hui, il fume, il est tatoué et il lave des voitures car il a décidé de quitter l'école. Sa vie est détruite".
Selon la police israélienne, plus de 700 Palestiniens ont été arrêtés à Jérusalem-Est, dont au moins 250 mineurs, depuis juillet.
"La violence n'a jamais été aussi répandue et aussi persistante", assure Daniel Seidemann, un influent avocat israélien, fin observateur de Jérusalem. "Aujourd'hui je ne peux plus aller à Jérusalem-Est sans être accompagné d'un Palestinien. Ca n'a jamais été le cas", déplore-t-il.
En fait, "les Palestiniens vivent dans les quartiers palestiniens et ne vont nulle part ailleurs. Pareil pour les Israéliens".
A l'exception près des 2.500 colons juifs installés dans des quartiers majoritairement palestiniens qui, eux, "entrent et sortent de leur maison en convois: ils ne comptent même plus les pierres et les cocktails Molotov" qu'ils reçoivent, dit M. Seidemann.
Ignorer les colons, ou même les éviter, est désormais impossible à Jérusalem-Est où vivent quelque 200.000 Israéliens, explique M. Qarayin. Les 290.000 Palestiniens de Jérusalem "se rendent compte qu'ils sont évincés et que les colons choisissent la violence".
Lassés d'être considérés comme des citoyens de seconde zone -ils ont le statut de résident mais aucune nationalité, ni israélienne ni palestinienne-, les Palestiniens de la Ville Sainte se soulèvent désormais même dans des quartiers jusqu'ici réputés calmes, note Jawa Siyam, directeur du centre de Silwan.
"On a été aussi surpris que les Israéliens de voir exploser Chouafat ou Beit Hanina, des quartiers où d'habitude les Palestiniens essayent de faire abstraction de la situation et de vivre normalement", dit-il à l'AFP.
M. Seidemann dit les choses plus crûment: "Israël leur dit clairement: 'vous ne comptez pour rien, vous ne pouvez pas voter, vous êtes coupés de la Cisjordanie et pas en Israël".
Et M. Qaws prévient: "C'est comme une mine, si Israël appuie trop fort, elle va exploser".
(26-09-2014)
**
540 معتقلاً إدارياً في سجون الاحتلال
فلسطين اليوم - غزة
ارتفع عدد الأسرى الإداريين في سجون الاحتلال خلال الأسابيع الثلاثة الأخيرة لتصل إلى ما يقارب (540) أسير فلسطيني، وذلك بعد تحويل العشرات للاعتقال الادارى، بالإضافة إلى تجديد الادارى لأكثر من 70 أخرين خلال الفترة الماضية، بحسب مركز أسرى فلسطين للدراسات.
وقال الناطق الاعلامي للمركز رياض الأشقر، إن الاحتلال صعد في الثلاثة شهور الأخيرة من اللجوء لاستخدام سياسة الاعتقال الاداري، الأمر الذي رفع أعداد الأسرى الإداريين إلى ما يزيد عن 500 أسير حتى بداية شهر أيلول الحالي، بينما ارتفع هذا العدد في الأسابيع الأخيرة ليصل إلى ما يزيد عن (540) أسيراً.
وأشار الأشقر إلى أن عدد الإداريين يعتبر الأعلى منذ عام 2008، والذي وصل فيه عدد الإداريين حينذاك (800) أسير اداري، وبدأ ينخفض خلال السنوات الستة الأخيرة، إلى أن ارتفع بشكل كبير جدا في النصف الثاني من العام الحالي بمقدار زيادة بلغت 200%.
فلسطين اليوم - غزة
ارتفع عدد الأسرى الإداريين في سجون الاحتلال خلال الأسابيع الثلاثة الأخيرة لتصل إلى ما يقارب (540) أسير فلسطيني، وذلك بعد تحويل العشرات للاعتقال الادارى، بالإضافة إلى تجديد الادارى لأكثر من 70 أخرين خلال الفترة الماضية، بحسب مركز أسرى فلسطين للدراسات.
وقال الناطق الاعلامي للمركز رياض الأشقر، إن الاحتلال صعد في الثلاثة شهور الأخيرة من اللجوء لاستخدام سياسة الاعتقال الاداري، الأمر الذي رفع أعداد الأسرى الإداريين إلى ما يزيد عن 500 أسير حتى بداية شهر أيلول الحالي، بينما ارتفع هذا العدد في الأسابيع الأخيرة ليصل إلى ما يزيد عن (540) أسيراً.
وأشار الأشقر إلى أن عدد الإداريين يعتبر الأعلى منذ عام 2008، والذي وصل فيه عدد الإداريين حينذاك (800) أسير اداري، وبدأ ينخفض خلال السنوات الستة الأخيرة، إلى أن ارتفع بشكل كبير جدا في النصف الثاني من العام الحالي بمقدار زيادة بلغت 200%.
Irak : Cameron prévient que la mission en Irak "va prendre des années"
Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré vendredi que
l'intervention du Royaume-Uni en Irak, si elle est autorisée par le
Parlement britannique, "prendrait des années". "Cela va être une mission
qui ne va pas prendre des mois, mais des années, mais je pense que nous
devons nous préparer pour cet engagement", a dit M. Cameron devant la
Chambre des communes qu'il a rappelée en session extraordinaire pour
voter le ralliement à la coalition contre l'organisation de l'État
islamique (EI).
"Les caractéristiques de cette campagne seront la patience et la persévérance", a-t-il ajouté, martelant qu'il n'y aurait "pas de troupes britanniques ou occidentales qui occuperaient l'Irak". "Je crois que nous devons faire plus en Syrie", a-t-il également appelé de ses voeux, alors que le Parlement se prononce vendredi uniquement sur la possibilité de participer à des frappes aériennes en Irak.
Désavoué il y a 13 mois quand la Chambre des communes a mis son veto à des représailles militaires contre le régime syrien de Bashar el-Assad accusé d'avoir eu recours à des armes chimiques, David Cameron devrait cette fois-ci obtenir une majorité de voix lors d'un vote qui devrait intervenir en fin d'après-midi.
Les frappes des six Tornado britanniques déployés dans la région pourraient intervenir dès vendredi soir. Vendredi matin, les États-Unis et leurs alliés arabes ont lancé de nouvelles frappes aériennes contre les djihadistes de l'EI en Syrie, notamment contre des installations pétrolières sous le contrôle du groupe, selon une ONG syrienne.
"Les caractéristiques de cette campagne seront la patience et la persévérance", a-t-il ajouté, martelant qu'il n'y aurait "pas de troupes britanniques ou occidentales qui occuperaient l'Irak". "Je crois que nous devons faire plus en Syrie", a-t-il également appelé de ses voeux, alors que le Parlement se prononce vendredi uniquement sur la possibilité de participer à des frappes aériennes en Irak.
Désavoué il y a 13 mois quand la Chambre des communes a mis son veto à des représailles militaires contre le régime syrien de Bashar el-Assad accusé d'avoir eu recours à des armes chimiques, David Cameron devrait cette fois-ci obtenir une majorité de voix lors d'un vote qui devrait intervenir en fin d'après-midi.
Les frappes des six Tornado britanniques déployés dans la région pourraient intervenir dès vendredi soir. Vendredi matin, les États-Unis et leurs alliés arabes ont lancé de nouvelles frappes aériennes contre les djihadistes de l'EI en Syrie, notamment contre des installations pétrolières sous le contrôle du groupe, selon une ONG syrienne.
Syrie: nouveaux raids de la coalition contre les raffineries du groupe EI
Les avions de combat américains et arabes ont bombardé vendredi pour le
3e jour consécutif des raffineries contrôlées par les jihadistes de
l'Etat islamique (EI) en Syrie, alors que la Grande-Bretagne est sur le
point de rejoindre la coalition contre ce groupe en Irak.
Dans le même temps, les Etats-Unis et la France ont maintenu la pression en Irak sur ce groupe extrémiste sunnite responsable d'atrocités, en menant des raids jeudi contre ses positions dans ce pays.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG s'appuyant sur un vaste réseau d'informateurs et de militants, les Etats-Unis et leurs alliés arabes ont lancé jeudi soir et vendredi matin de nouvelles frappes contre les installations pétrolières prises par l'EI dans la province de Deir Ezzor (est), près de la frontière avec l'Irak.
Des raids ont en outre visé vendredi un centre de commandement de l'EI dans les environs de la ville d'al-Mayadine dans la même province, ainsi que des installations pétrolières et une base de l'EI dans la province de Hassaka (nord-est), a précisé l'OSDH.
Les Etats-Unis et leurs alliés arabes d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis avaient frappé mercredi soir, pour la première fois, des raffineries contrôlées par l'EI en Syrie, avec l'objectif d'assécher l'une de ses principales sources de revenus.
Les jihadistes, qui contrôlent plusieurs raffineries en Irak et en Syrie, revendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins, tirant selon des experts des bénéfices pouvant aller de 1 à 3 millions de dollars par jour.
Depuis leur début mardi, les frappes de la coalition en Syrie ont tué 141 jihadistes, dont 129 étrangers, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de dire si les frappes de vendredi avaient fait des victimes. Parmi les étrangers, 84 étaient affiliés à l'EI.
Alors que le président américain Barack Obama a appelé mercredi "le monde" à se joindre au combat contre "le réseau de la mort", le Parlement britannique s'apprête à voter en faveur d'une participation à la campagne aérienne en Irak, menée par les Etats-Unis et la France.
Le texte qui sera soumis au vote autorise "l'usage des frappes aériennes" dans le cadre d'un soutien requis par le gouvernement irakien et précise que Londres "ne déploiera aucun soldat britannique dans les zones de combat".
La fille de l'otage britannique David Haines, enlevé en Syrie et décapité par l'EI, a apporté son soutien à la participation des forces britanniques. "L'EI doit être éradiqué", a déclaré Bethany Haines.
Son père avait été exécuté après la décapitation de deux journalistes américains, James Foley et Steven Sotloff, également enlevés en Syrie, dans des vidéos diffusées par le groupe extrémiste sunnite.
Le FBI a annoncé avoir identifié le meurtrier des trois hommes, montré dans la vidéo et qui s'exprimait avec un accent britannique, sans révéler son nom.
Ces exécutions ont révulsé le monde et poussé M. Obama à annoncer le 10 septembre une stratégie pour "détruire" l'EI dans le cadre d'une vaste coalition regroupant une quarantaine de pays.
Mais Paris a refusé de céder au "chantage" et a poursuivi ses frappes en Irak, alors que l'Algérie a mobilisé 3000 militaires pour tenter de retrouver le corps de Hervé Gourdel et de "neutraliser les assassins".
Plusieurs pays européens ont annoncé une plus grande participation à la coalition anti-jihadiste, comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont mis des avions de combat F-16 à sa disposition. L'Australie a aussi déployé 600 militaires aux Emirats et livre du matériel militaire aux Kurdes d'Irak.
Selon les renseignements américains, plus de 15 000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays ont rejoint ces groupes en Irak et en Syrie ces dernières années.
Alors que les pays occidentaux craignent de voir les jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour organiser des attentats, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des groupes extrémistes.
Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité, l'EI est responsable de multiples exactions -viols, rapts, exécutions, crucifixions- dans le "califat" proclamé sur les régions qu'il a conquises en Irak et en Syrie.
Dans le même temps, les Etats-Unis et la France ont maintenu la pression en Irak sur ce groupe extrémiste sunnite responsable d'atrocités, en menant des raids jeudi contre ses positions dans ce pays.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG s'appuyant sur un vaste réseau d'informateurs et de militants, les Etats-Unis et leurs alliés arabes ont lancé jeudi soir et vendredi matin de nouvelles frappes contre les installations pétrolières prises par l'EI dans la province de Deir Ezzor (est), près de la frontière avec l'Irak.
Des raids ont en outre visé vendredi un centre de commandement de l'EI dans les environs de la ville d'al-Mayadine dans la même province, ainsi que des installations pétrolières et une base de l'EI dans la province de Hassaka (nord-est), a précisé l'OSDH.
Les Etats-Unis et leurs alliés arabes d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis avaient frappé mercredi soir, pour la première fois, des raffineries contrôlées par l'EI en Syrie, avec l'objectif d'assécher l'une de ses principales sources de revenus.
Les jihadistes, qui contrôlent plusieurs raffineries en Irak et en Syrie, revendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins, tirant selon des experts des bénéfices pouvant aller de 1 à 3 millions de dollars par jour.
Depuis leur début mardi, les frappes de la coalition en Syrie ont tué 141 jihadistes, dont 129 étrangers, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de dire si les frappes de vendredi avaient fait des victimes. Parmi les étrangers, 84 étaient affiliés à l'EI.
Alors que le président américain Barack Obama a appelé mercredi "le monde" à se joindre au combat contre "le réseau de la mort", le Parlement britannique s'apprête à voter en faveur d'une participation à la campagne aérienne en Irak, menée par les Etats-Unis et la France.
Le texte qui sera soumis au vote autorise "l'usage des frappes aériennes" dans le cadre d'un soutien requis par le gouvernement irakien et précise que Londres "ne déploiera aucun soldat britannique dans les zones de combat".
La fille de l'otage britannique David Haines, enlevé en Syrie et décapité par l'EI, a apporté son soutien à la participation des forces britanniques. "L'EI doit être éradiqué", a déclaré Bethany Haines.
Son père avait été exécuté après la décapitation de deux journalistes américains, James Foley et Steven Sotloff, également enlevés en Syrie, dans des vidéos diffusées par le groupe extrémiste sunnite.
Le FBI a annoncé avoir identifié le meurtrier des trois hommes, montré dans la vidéo et qui s'exprimait avec un accent britannique, sans révéler son nom.
Ces exécutions ont révulsé le monde et poussé M. Obama à annoncer le 10 septembre une stratégie pour "détruire" l'EI dans le cadre d'une vaste coalition regroupant une quarantaine de pays.
Mais Paris a refusé de céder au "chantage" et a poursuivi ses frappes en Irak, alors que l'Algérie a mobilisé 3000 militaires pour tenter de retrouver le corps de Hervé Gourdel et de "neutraliser les assassins".
Plusieurs pays européens ont annoncé une plus grande participation à la coalition anti-jihadiste, comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont mis des avions de combat F-16 à sa disposition. L'Australie a aussi déployé 600 militaires aux Emirats et livre du matériel militaire aux Kurdes d'Irak.
Selon les renseignements américains, plus de 15 000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays ont rejoint ces groupes en Irak et en Syrie ces dernières années.
Alors que les pays occidentaux craignent de voir les jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour organiser des attentats, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des groupes extrémistes.
Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité, l'EI est responsable de multiples exactions -viols, rapts, exécutions, crucifixions- dans le "califat" proclamé sur les régions qu'il a conquises en Irak et en Syrie.
Syrie : Un prince parmi les pilotes saoudiens
Des pilotes saoudiens ayant participé
aux frappes au-dessus de la Syrie ont fait l'objet de menaces de
mort sur les réseaux sociaux de la part de l'EI, après la
publication de leurs photos par des médias. Parmi ces pilotes
figurait le prince Khaled ben Salmane, fils du prince héritier
saoudien, selon des journaux saoudiens.
Syrie: des centaines de réfugiés syriens secourus par un paquebot de croisière au large de Chypre
Des centaines de réfugiés syriens, dont une cinquantaine d'enfants, qui
se trouvaient à bord d'un bateau en difficulté ont été secourus jeudi
par un paquebot de croisière au large de Chypre, un dénouement heureux
après de nombreux naufrages meurtriers.
Leur chalutier, qui naviguait à 50 milles nautiques au sud-ouest de la ville côtière de Paphos, a été secouru après avoir envoyé un signal radio de détresse faisant état de "mauvaises conditions météorologiques", avait indiqué dans la journée le ministère de la Défense.
"Le bateau vient probablement de Syrie avec des réfugiés à bord", avait-il ajouté, précisant que l'ensemble des 345 passagers, dont 52 enfants, avaient été secourus. Une source policière a indiqué plus tard à l'AFP que les réfugiés étaient pour la plupart syriens.
Les migrants sont "en bonne santé" et sont montés à bord du paquebot Salamis Filoxenia, avait pour sa part indiqué George Ppouro, le patron du port de Limassol (sud).
Une fois arrivé à Limassol aux alentours de 20H45 locales (17H45 GMT), les passagers qui se trouvaient à bord, 700 personnes selon la police, sont descendus en premier, suivis un peu plus tard par un petit groupe de réfugiés.
Les autres migrants ont cependant refusé de quitter le paquebot, disant vouloir aller en Italie, selon une source policière.
Une passagère chypriote, Chrystalla Eflatsoumis, 66 ans, a confirmé que les conditions météorologiques étaient très mauvaises.
"La mer était terrible. Nombre d'entre nous vomissait. A 08H45 (05H45 GMT), nous arrivions près de Paphos. Mais le capitaine a reçu un appel pour sauver ces gens. Ils étaient environ 350 de Syrie, beaucoup de femmes enceintes et 20 bébés, raconte Mme Eflatsoumis, qui faisait une croisière de neuf jours dans les îles grecques avec son mari.
"Ces gens étaient sur un petit bateau depuis trois jours. Ils avaient donné de l'argent (pour la traversée). A un moment donné, le capitaine a passé un coup de fil et une vedette est venue le chercher", laissant les réfugiés seuls, a-t-elle encore ajouté. Ses propos n'ont pu être corroborés par d'autres sources.
Les réfugiés, "très fatigués", ont été rassemblés près de la piscine du paquebot, puis on leur a donné à manger et à boire, a dit son mari, Georgios, 66 ans.
"Si nous n'avions pas été là, ils seraient morts", a lancé son épouse.
A Limassol, des médecins, des infirmiers et des membres de la défense civile et de la Croix-Rouge avaient été déployés pour accueillir les rescapés, selon une journaliste de l'AFP.
Selon des responsables de la Croix-Rouge et de la défense civile, seules huit personnes souffriraient de déshydratation.
Les réfugiés devaient être initialement transférés en bus dans un camp à Kokkinotrimithia, à une dizaine de kilomètres de la capitale Nicosie.
Des photos aériennes diffusées par le ministère de la Défense montraient des dizaines de personnes entassées sur le chalutier, en difficulté en haute mer.
Le navire de croisière de 157 mètres est arrivé près du chalutier en milieu de journée, a indiqué le PDG de la compagnie maritime Salamis Cruise, Kikis Vassiliou, à la radio publique.
L'île de Chypre se trouve à peine à une centaine de km des côtes de la Syrie. Elle a jusqu'à présent été globalement épargnée par les flux de réfugiés de ce pays ravagé par la guerre depuis mars 2011.
En août 2012, sept Syriens, dont deux enfants, s'étaient noyés quand le bateau sur lequel ils se trouvaient avait coulé près de la côte nord de Chypre, où ils comptaient se rendre.
Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2500 personnes se sont noyées ou ont été portées disparues depuis le début de 2014 en tentant de traverser la Méditerranée.
Le 10 septembre, quelque 500 personnes ont péri lorsque leur bateau a coulé au large de Malte, le naufrage "le plus grave de ces dernières années" en Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il n'y a eu que 10 survivants.
Leur chalutier, qui naviguait à 50 milles nautiques au sud-ouest de la ville côtière de Paphos, a été secouru après avoir envoyé un signal radio de détresse faisant état de "mauvaises conditions météorologiques", avait indiqué dans la journée le ministère de la Défense.
"Le bateau vient probablement de Syrie avec des réfugiés à bord", avait-il ajouté, précisant que l'ensemble des 345 passagers, dont 52 enfants, avaient été secourus. Une source policière a indiqué plus tard à l'AFP que les réfugiés étaient pour la plupart syriens.
Les migrants sont "en bonne santé" et sont montés à bord du paquebot Salamis Filoxenia, avait pour sa part indiqué George Ppouro, le patron du port de Limassol (sud).
Une fois arrivé à Limassol aux alentours de 20H45 locales (17H45 GMT), les passagers qui se trouvaient à bord, 700 personnes selon la police, sont descendus en premier, suivis un peu plus tard par un petit groupe de réfugiés.
Les autres migrants ont cependant refusé de quitter le paquebot, disant vouloir aller en Italie, selon une source policière.
Une passagère chypriote, Chrystalla Eflatsoumis, 66 ans, a confirmé que les conditions météorologiques étaient très mauvaises.
"La mer était terrible. Nombre d'entre nous vomissait. A 08H45 (05H45 GMT), nous arrivions près de Paphos. Mais le capitaine a reçu un appel pour sauver ces gens. Ils étaient environ 350 de Syrie, beaucoup de femmes enceintes et 20 bébés, raconte Mme Eflatsoumis, qui faisait une croisière de neuf jours dans les îles grecques avec son mari.
"Ces gens étaient sur un petit bateau depuis trois jours. Ils avaient donné de l'argent (pour la traversée). A un moment donné, le capitaine a passé un coup de fil et une vedette est venue le chercher", laissant les réfugiés seuls, a-t-elle encore ajouté. Ses propos n'ont pu être corroborés par d'autres sources.
Les réfugiés, "très fatigués", ont été rassemblés près de la piscine du paquebot, puis on leur a donné à manger et à boire, a dit son mari, Georgios, 66 ans.
"Si nous n'avions pas été là, ils seraient morts", a lancé son épouse.
A Limassol, des médecins, des infirmiers et des membres de la défense civile et de la Croix-Rouge avaient été déployés pour accueillir les rescapés, selon une journaliste de l'AFP.
Selon des responsables de la Croix-Rouge et de la défense civile, seules huit personnes souffriraient de déshydratation.
Les réfugiés devaient être initialement transférés en bus dans un camp à Kokkinotrimithia, à une dizaine de kilomètres de la capitale Nicosie.
Des photos aériennes diffusées par le ministère de la Défense montraient des dizaines de personnes entassées sur le chalutier, en difficulté en haute mer.
Le navire de croisière de 157 mètres est arrivé près du chalutier en milieu de journée, a indiqué le PDG de la compagnie maritime Salamis Cruise, Kikis Vassiliou, à la radio publique.
L'île de Chypre se trouve à peine à une centaine de km des côtes de la Syrie. Elle a jusqu'à présent été globalement épargnée par les flux de réfugiés de ce pays ravagé par la guerre depuis mars 2011.
En août 2012, sept Syriens, dont deux enfants, s'étaient noyés quand le bateau sur lequel ils se trouvaient avait coulé près de la côte nord de Chypre, où ils comptaient se rendre.
Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2500 personnes se sont noyées ou ont été portées disparues depuis le début de 2014 en tentant de traverser la Méditerranée.
Le 10 septembre, quelque 500 personnes ont péri lorsque leur bateau a coulé au large de Malte, le naufrage "le plus grave de ces dernières années" en Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il n'y a eu que 10 survivants.
jeudi 25 septembre 2014
Israël/Palestine : In Gaza
Gaza
Palestinian boys stand behind a cloth barrier at their recently destroyed home.
(Photograph: Mohammed Abed, 25 sept 14)
Palestinian boys stand behind a cloth barrier at their recently destroyed home.
(Photograph: Mohammed Abed, 25 sept 14)
Syrie : La coalition vise le pétrole des jihadistes
Les Etats-Unis et leurs alliés arabes ont étendu leurs frappes aux
installations pétrolières contrôlées par le groupe Etat islamique (UE)
en Syrie, tandis que la France bombardait en Irak au lendemain de la
décapitation d'un otage.
Pour la première fois depuis le début des frappes de la coalition internationale en Syrie mardi, des avions de combat des Etats-Unis, d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis ont frappé dans la nuit 12 raffineries contrôlées par l'EI dans l'est du pays.
Ces installations pétrolières produisent entre 300 et 500 barils de pétrole par jour et apportent environ deux millions de dollars par jour en revenus à l'organisation sunnite extrémiste, selon le Pentagone.
L'objectif de la coalition est ainsi d'assécher la source principale de financement des jihadistes, qui vendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins.
Fait notable, dix des seize avions ayant participé aux frappes venaient des pays arabes engagés dans la coalition, a tenu à faire savoir le Pentagone.
Des raids ont été également menés en Irak, notamment par l'aviation française, qui a frappé pour la seconde fois depuis que la France a rejoint le 18 septembre la campagne aérienne américaine dans ce pays.
L'action française a illustré la détermination de Paris après le choc provoqué par la décapitation d'Hervé Gourdel, l'otage français enlevé dimanche en Algérie par le groupe Jund al-Khilafa ("Les soldats du califat"), lié à l'EI.
En outre, elle "intensifiera son soutien aux forces de l'opposition syrienne qui combattent les groupes jihadistes", a annoncé le gouvernement.
En Algérie, le gouvernement a mobilisé 3.000 militaires pour tenter de retrouver le corps d'Hervé Gourdel, un guide de montagne de 55 ans, et de "neutraliser les assassins".
La mise en scène de la décapitation de l'otage français est similaire à celle récemment utilisée par l'EI pour l'exécution de deux journalistes américains et d'un humanitaire britannique enlevés en Syrie.
Les frappes de la coalition en Syrie ont tué 129 jihadistes étrangers et 12 autres syriens depuis mardi, selon un décompte effectué par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 84 des étrangers, originaires de pays européens ou arabes notamment, étaient affiliés à l'EI tandis que 57 l'étaient au Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) dans les régions du nord et de l'est syrien qui échappent au contrôle du régime.
Selon les renseignements américains, plus de 15.000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays ont rejoint ces groupes en Irak et en Syrie ces dernières années.
La menace jihadiste a continué à dominer les débats à l'Assemblée générale de l'ONU à New York.
Le président iranien Hassan Rohani y a dénoncé "la stratégie erronée" des pays occidentaux au Moyen-Orient, notamment en Syrie où Téhéran est le principal soutien du régime de Bashar al-Assad.
"Les agressions militaires contre l'Afghanistan et l'Irak et les ingérences inappropriées en Syrie sont de clairs exemples de cette approche stratégique erronée au Moyen-Orient", a dénoncé M. Rohani.
Plusieurs pays européens ont annoncé une plus grande participation à la coalition, comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont mis des avions de combats F-16 à sa disposition.
Le Premier ministre britannique David Cameron a convoqué les députés en session extraordinaire vendredi pour voter sur une participation aux raids en Irak.
Il les a appelés à ne pas être "pétrifiés de peur" à l'idée de commettre les mêmes erreurs qu'en 2003 lorsqu'ils avaient approuvé l'engagement dans la guerre en Irak, toujours très controversé onze ans plus tard.
S'exprimant mercredi à l'ONU, le président américain Barack Obama avait appelé "le monde à se joindre" au combat contre les "tueurs" de l'EI.
Sur le terrain, les forces irakiennes continuent de combattre les jihadistes sur plusieurs fronts, notamment dans la province occidentale d'Al-Anbar. L'EI a fait exploser un sanctuaire musulman et piégé une église millénaire à Tikrit, une ville qu'ils contrôlent dans le nord du pays.
Pour la première fois depuis le début des frappes de la coalition internationale en Syrie mardi, des avions de combat des Etats-Unis, d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis ont frappé dans la nuit 12 raffineries contrôlées par l'EI dans l'est du pays.
Ces installations pétrolières produisent entre 300 et 500 barils de pétrole par jour et apportent environ deux millions de dollars par jour en revenus à l'organisation sunnite extrémiste, selon le Pentagone.
L'objectif de la coalition est ainsi d'assécher la source principale de financement des jihadistes, qui vendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins.
Fait notable, dix des seize avions ayant participé aux frappes venaient des pays arabes engagés dans la coalition, a tenu à faire savoir le Pentagone.
Des raids ont été également menés en Irak, notamment par l'aviation française, qui a frappé pour la seconde fois depuis que la France a rejoint le 18 septembre la campagne aérienne américaine dans ce pays.
L'action française a illustré la détermination de Paris après le choc provoqué par la décapitation d'Hervé Gourdel, l'otage français enlevé dimanche en Algérie par le groupe Jund al-Khilafa ("Les soldats du califat"), lié à l'EI.
En outre, elle "intensifiera son soutien aux forces de l'opposition syrienne qui combattent les groupes jihadistes", a annoncé le gouvernement.
En Algérie, le gouvernement a mobilisé 3.000 militaires pour tenter de retrouver le corps d'Hervé Gourdel, un guide de montagne de 55 ans, et de "neutraliser les assassins".
La mise en scène de la décapitation de l'otage français est similaire à celle récemment utilisée par l'EI pour l'exécution de deux journalistes américains et d'un humanitaire britannique enlevés en Syrie.
Les frappes de la coalition en Syrie ont tué 129 jihadistes étrangers et 12 autres syriens depuis mardi, selon un décompte effectué par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 84 des étrangers, originaires de pays européens ou arabes notamment, étaient affiliés à l'EI tandis que 57 l'étaient au Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) dans les régions du nord et de l'est syrien qui échappent au contrôle du régime.
Selon les renseignements américains, plus de 15.000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays ont rejoint ces groupes en Irak et en Syrie ces dernières années.
La menace jihadiste a continué à dominer les débats à l'Assemblée générale de l'ONU à New York.
Le président iranien Hassan Rohani y a dénoncé "la stratégie erronée" des pays occidentaux au Moyen-Orient, notamment en Syrie où Téhéran est le principal soutien du régime de Bashar al-Assad.
"Les agressions militaires contre l'Afghanistan et l'Irak et les ingérences inappropriées en Syrie sont de clairs exemples de cette approche stratégique erronée au Moyen-Orient", a dénoncé M. Rohani.
Plusieurs pays européens ont annoncé une plus grande participation à la coalition, comme les Pays-Bas et la Belgique qui ont mis des avions de combats F-16 à sa disposition.
Le Premier ministre britannique David Cameron a convoqué les députés en session extraordinaire vendredi pour voter sur une participation aux raids en Irak.
Il les a appelés à ne pas être "pétrifiés de peur" à l'idée de commettre les mêmes erreurs qu'en 2003 lorsqu'ils avaient approuvé l'engagement dans la guerre en Irak, toujours très controversé onze ans plus tard.
S'exprimant mercredi à l'ONU, le président américain Barack Obama avait appelé "le monde à se joindre" au combat contre les "tueurs" de l'EI.
Sur le terrain, les forces irakiennes continuent de combattre les jihadistes sur plusieurs fronts, notamment dans la province occidentale d'Al-Anbar. L'EI a fait exploser un sanctuaire musulman et piégé une église millénaire à Tikrit, une ville qu'ils contrôlent dans le nord du pays.
Moyen-Orient : le président iranien critique la stratégie de l'Occident
Le président iranien Hassan Rohani a soufflé le chaud et le froid jeudi à
la tribune de l'ONU critiquant "la stratégie erronée" de l'Occident au
Moyen-Orient tout en promettant de négocier "de bonne foi" un accord sur
le nucléaire.
Le président iranien, qui était l'orateur vedette ce jeudi à la tribune de l'Assemblée générale, est resté fidèle à son image de modéré face à l'extrémisme incarné par les jihadistes en Syrie et en Irak.
Mais il n'a pas répondu clairement aux sollicitations du président français François Hollande et du Premier ministre britannique David Cameron qui l'avaient pressé mercredi de contribuer à régler les conflits en Syrie et en Irak. La rencontre avec M. Cameron était la première à ce niveau entre les deux pays depuis la révolution iranienne de 1979.
"Les extrémistes du monde entier s'unissent mais sommes-nous unis contre les extrémistes?", a-t-il lancé, sans apporter de réponse concrète au-delà des appels à "contrer l'extrémisme et la violence".
Pour le président iranien, les Occidentaux se sont discrédités au Moyen-Orient en menant une "stratégie erronée" et il faut désormais "laisser faire le travail aux gens de la région qui peuvent réussir", c'est-à-dire "les politiciens et les élites modérés".
"Les agressions militaires contre l'Afghanistan et l'Irak et les ingérences inappropriées en Syrie sont de clairs exemples de cette approche stratégique erronée au Moyen-Orient", a déclaré M. Rohani, dont le pays soutient les régimes irakien et syrien. "Nous avons toujours pensé que la démocratie ne pouvait pas être transplantée" de l'étranger.
M. Rohani s'est toutefois gardé de commenter directement les frappes menées par Washington, Paris et leurs alliés arabes contre le groupe Etat islamique (EI).
Mais il a fustigé "ceux qui ont joué un rôle dans la création et le soutien à ces groupes terroristes" --une allusion apparente aux pays du Golfe-- exigeant qu'ils "reconnaissent leurs erreurs" et s'excusent.
Hassan Rohani était aussi très attendu sur le dossier nucléaire, au moment où des tractations sont en cours à New York entre l'Iran et la groupe dit des 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).
Il a affirmé que son pays était "déterminé à poursuivre ces négociations (..) honnêtement et de bonne foi", avec l'espoir de les conclure avant la date limite du 24 novembre.
Mais il n'a pas cédé un pouce de terrain sur l'enrichissement, l'un des points clés des négociations et il a mis en garde contre la tentation de présenter à l'Iran des "exigences excessives".
Les grandes puissances et Israël soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que l'Iran a toujours démenti. L'uranium faiblement enrichi alimente des centrales électriques, mais enrichi à un niveau élevé il peut servir à fabriquer une bombe.
M. Rohani a aussi dénoncé les sanctions internationales "oppressantes" qui pèsent sur son pays et qui pourraient être levées si un accord était trouvé sur le nucléaire.
Les négociateurs se sont donné jusqu'au 24 novembre pour conclure un accord définitif qui garantirait le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.
Ces négociations n'ont pas fait de "progrès notables" depuis près de dix jours, a déclaré jeudi l'un des principaux négociateurs iraniens.
Poursuivant une offensive de charme lancée l'an dernier lors de la précédente session de l'Assemblée générale, M. Rohani doit rencontrer jeudi le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.
Vendredi, il donnera une conférence de presse et se rendra dans une église de Manhattan pour s'adresser à un rassemblement oecuménique.
Aucune rencontre n'est prévue avec le président américain Barack Obama, avec qui M. Rohani avait eu une conversation téléphonique historique l'an dernier.
Le président iranien, qui était l'orateur vedette ce jeudi à la tribune de l'Assemblée générale, est resté fidèle à son image de modéré face à l'extrémisme incarné par les jihadistes en Syrie et en Irak.
Mais il n'a pas répondu clairement aux sollicitations du président français François Hollande et du Premier ministre britannique David Cameron qui l'avaient pressé mercredi de contribuer à régler les conflits en Syrie et en Irak. La rencontre avec M. Cameron était la première à ce niveau entre les deux pays depuis la révolution iranienne de 1979.
"Les extrémistes du monde entier s'unissent mais sommes-nous unis contre les extrémistes?", a-t-il lancé, sans apporter de réponse concrète au-delà des appels à "contrer l'extrémisme et la violence".
Pour le président iranien, les Occidentaux se sont discrédités au Moyen-Orient en menant une "stratégie erronée" et il faut désormais "laisser faire le travail aux gens de la région qui peuvent réussir", c'est-à-dire "les politiciens et les élites modérés".
"Les agressions militaires contre l'Afghanistan et l'Irak et les ingérences inappropriées en Syrie sont de clairs exemples de cette approche stratégique erronée au Moyen-Orient", a déclaré M. Rohani, dont le pays soutient les régimes irakien et syrien. "Nous avons toujours pensé que la démocratie ne pouvait pas être transplantée" de l'étranger.
M. Rohani s'est toutefois gardé de commenter directement les frappes menées par Washington, Paris et leurs alliés arabes contre le groupe Etat islamique (EI).
Mais il a fustigé "ceux qui ont joué un rôle dans la création et le soutien à ces groupes terroristes" --une allusion apparente aux pays du Golfe-- exigeant qu'ils "reconnaissent leurs erreurs" et s'excusent.
Hassan Rohani était aussi très attendu sur le dossier nucléaire, au moment où des tractations sont en cours à New York entre l'Iran et la groupe dit des 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).
Il a affirmé que son pays était "déterminé à poursuivre ces négociations (..) honnêtement et de bonne foi", avec l'espoir de les conclure avant la date limite du 24 novembre.
Mais il n'a pas cédé un pouce de terrain sur l'enrichissement, l'un des points clés des négociations et il a mis en garde contre la tentation de présenter à l'Iran des "exigences excessives".
Les grandes puissances et Israël soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que l'Iran a toujours démenti. L'uranium faiblement enrichi alimente des centrales électriques, mais enrichi à un niveau élevé il peut servir à fabriquer une bombe.
M. Rohani a aussi dénoncé les sanctions internationales "oppressantes" qui pèsent sur son pays et qui pourraient être levées si un accord était trouvé sur le nucléaire.
Les négociateurs se sont donné jusqu'au 24 novembre pour conclure un accord définitif qui garantirait le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.
Ces négociations n'ont pas fait de "progrès notables" depuis près de dix jours, a déclaré jeudi l'un des principaux négociateurs iraniens.
Poursuivant une offensive de charme lancée l'an dernier lors de la précédente session de l'Assemblée générale, M. Rohani doit rencontrer jeudi le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.
Vendredi, il donnera une conférence de presse et se rendra dans une église de Manhattan pour s'adresser à un rassemblement oecuménique.
Aucune rencontre n'est prévue avec le président américain Barack Obama, avec qui M. Rohani avait eu une conversation téléphonique historique l'an dernier.
Israël/Palestine : Fatah et Hamas d'accord pour le retour à Gaza du gouvernement d'union
Le Fatah palestinien et le mouvement islamiste Hamas se sont mis
d'accord jeudi au Caire pour permettre au fragile gouvernement d'union
d'exercer son autorité dans la bande de Gaza, ont affirmé des
responsables des deux camps. Le président palestinien Mahmud Abbas
avait accusé le Hamas de maintenir un "gouvernement parallèle" à Gaza et
d'empêcher un gouvernement d'union nommé en juin d'y exercer son
autorité, malgré des accords de réconciliation signés en avril. "Fatah
et Hamas sont parvenus à un accord complet pour un retour du
gouvernement d'union dans la bande de Gaza", a indiqué un membre de la
délégation du Fatah au Caire, Jibril Rajoub.
L'information a été confirmée par Azzam Al-Ahmad, le chef de la délégation du Fatah, et par Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du Hamas. Après des années de divisions, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Fatah de Mahmud Abbas est la principale composante, avaient signé en avril un accord de réconciliation qui avait donné naissance à ce gouvernement d'union composé de personnalités indépendantes. Mais à la suite de l'offensive israélienne qui a ravagé la bande de Gaza en juillet et août, Mahmud Abbas avait menacé de mettre fin à son partenariat avec le Hamas, l'accusant d'empêcher le gouvernement d'union d'exercer son autorité à Gaza.
L'accord de jeudi est crucial à l'approche d'une conférence des donateurs le 12 octobre au Caire : de nombreuses capitales conditionnent leur aide pour la reconstruction de Gaza à l'exercice de l'autorité du gouvernement d'union dans l'enclave, le Hamas étant considéré comme un groupe "terroriste" par les États-Unis et l'Union européenne. L'annonce intervient après que Palestiniens et Israéliens se sont mis d'accord mardi dans la capitale égyptienne pour reprendre fin octobre leurs négociations indirectes pour une trêve durable dans la bande de Gaza, un mois après un cessez-le-feu ayant mis un terme à 50 jours de conflit meurtrier.
L'information a été confirmée par Azzam Al-Ahmad, le chef de la délégation du Fatah, et par Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du Hamas. Après des années de divisions, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Fatah de Mahmud Abbas est la principale composante, avaient signé en avril un accord de réconciliation qui avait donné naissance à ce gouvernement d'union composé de personnalités indépendantes. Mais à la suite de l'offensive israélienne qui a ravagé la bande de Gaza en juillet et août, Mahmud Abbas avait menacé de mettre fin à son partenariat avec le Hamas, l'accusant d'empêcher le gouvernement d'union d'exercer son autorité à Gaza.
L'accord de jeudi est crucial à l'approche d'une conférence des donateurs le 12 octobre au Caire : de nombreuses capitales conditionnent leur aide pour la reconstruction de Gaza à l'exercice de l'autorité du gouvernement d'union dans l'enclave, le Hamas étant considéré comme un groupe "terroriste" par les États-Unis et l'Union européenne. L'annonce intervient après que Palestiniens et Israéliens se sont mis d'accord mardi dans la capitale égyptienne pour reprendre fin octobre leurs négociations indirectes pour une trêve durable dans la bande de Gaza, un mois après un cessez-le-feu ayant mis un terme à 50 jours de conflit meurtrier.
Syrie: les pays du Golfe visent aussi Assad en bombardant les jihadistes
Les monarchies du Golfe ont décidé de se joindre aux frappes contre les
jihadistes en Syrie après avoir enfin obtenu l'engagement militaire
américain qu'elles réclamaient, espérant qu'il conduira in fine à un
changement de régime à Damas, selon des experts.
A court terme, l'alliance avec les Etats-Unis présente cependant un double risque pour ces monarchies: le possible renforcement du régime de Bashar Al-Assad et l'opposition d'une partie des populations de leurs pays majoritairement sunnites à un alignement sur Washington contre des groupes sunnites comme l'Etat islamique (EI), ajoutent-ils.
Depuis 2011, les pays du Golfe avaient dû faire avec les hésitations du président Barack Obama qui s'est montré indécis, réticent puis opposé à engager militairement Washington contre Bashar Al-Assad. Certains d'entre eux ont été accusés de financer des groupes islamistes sunnites pour arriver à leur fin en Syrie.
Avant de sceller un nouveau partenariat avec Washington, les monarchies du Golfe ont posé "une condition très claire: pas de soutien à la politique américaine (contre) l'EI en Irak sans action militaire en Syrie", explique Mustafa Alani, analyste au Gulf Research Center basé à Genève.
L'alliance est devenue officielle le 11 septembre à Jeddah (Arabie saoudite) où dix ministres arabes ont engagé, en présence de l'Américain John Kerry, leur pays à "prendre part chacun à la lutte globale contre l'EI", y compris dans le cadre d'une "campagne militaire coordonnée".
"La première raison" pour expliquer la participation de pays du Golfe à l'intervention en Syrie "est liée au fait qu'ils ont été accusés d'aider et de financer l'EI et d'autres groupes terroristes", souligne Abdulkhaleq Abdulla, professeur de sciences politiques à l'Université des Emirats.
Mais "l'EI est en fait une menace pour la sécurité (de ces monarchies) et aussi pour la légitimité idéologique de l'Arabie saoudite", berceau du wahhabisme (version rigoriste de l'islam), ajoute M. Abdulla.
Il est aussi "significatif" de voir désormais l'Arabie saoudite et le Qatar dans le même camp après un conflit ouvert où Ryad a longtemps accusé Doha de soutenir la mouvance islamiste et de menacer la sécurité régionale, note Frederic Wehrey, spécialiste du Golfe et de la politique américaine au Moyen-Orient à l'institut Carnegie Endowment for International Peace.
Selon François Heisbourg, de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), la campagne en Syrie est un "remake élargi" de la guerre de 2011 en Libye avec l'intervention d'avions émiratis et qataris.
Mais, comme à l'époque, les actions communes d'aujourd'hui contre l'EI ne signifient pas que les pays impliqués poursuivent les mêmes objectifs, souligne cet expert. "Avec le temps, nous verrons diverger les ordres du jour contrastés des soutiens des Frères musulmans (Qatar, Turquie) et des autres Etats de la région".
Frederic Wehrey note que l'intervention des pays du Golfe pourrait, dans un premier temps, aller dans le sens des intérêts de Damas. "Je pense que le fait que le Golfe serve par inadvertance d'appui aérien à Assad posera un gros problème".
Mustafa Alani estime, au contraire, que l'opération de la coalition réduit de fait les capacités de Damas.
"La présence d'avions américains dans l'espace aérien syrien, particulièrement dans le nord, transforme cette partie de la Syrie en +No Fly zone+ (Zone d'exclusion aérienne, NDLR) pour l'armée de l'air syrienne", dit-il.
Selon M. Abdulla, outre l'élimination des groupes islamistes radicaux, l'objectif ultime des pays du Golfe est "d'amener Assad à un nouveau cycle de négociations +Genève III+ avec l'espoir de le voir partir in fine, comme cela a été cas pour (Nouri) al-Maliki", l'ex-Premier ministre irakien.
Parallèlement à la campagne aérienne, Ryad a décidé d'entraîner des rebelles de l'opposition syrienne modérée.
Dans l'intervalle, estime M. Wehrey, les Etats du Golfe pourraient être confrontés à "une agitation en raison de leur participation à une coalition dirigée par les Etats-Unis".
En Arabie saoudite, "les bombardements contre l'EI sont impopulaires parmi un segment de la population". Il y a "aussi la perception dans le Golfe que les Etats-Unis attaquent des sunnites tout en privilégiant des minorités comme les Kurdes ou les Yazidis, et plus particulièrement les chiites", ajoute M. Wehrey.
A court terme, l'alliance avec les Etats-Unis présente cependant un double risque pour ces monarchies: le possible renforcement du régime de Bashar Al-Assad et l'opposition d'une partie des populations de leurs pays majoritairement sunnites à un alignement sur Washington contre des groupes sunnites comme l'Etat islamique (EI), ajoutent-ils.
Depuis 2011, les pays du Golfe avaient dû faire avec les hésitations du président Barack Obama qui s'est montré indécis, réticent puis opposé à engager militairement Washington contre Bashar Al-Assad. Certains d'entre eux ont été accusés de financer des groupes islamistes sunnites pour arriver à leur fin en Syrie.
Avant de sceller un nouveau partenariat avec Washington, les monarchies du Golfe ont posé "une condition très claire: pas de soutien à la politique américaine (contre) l'EI en Irak sans action militaire en Syrie", explique Mustafa Alani, analyste au Gulf Research Center basé à Genève.
L'alliance est devenue officielle le 11 septembre à Jeddah (Arabie saoudite) où dix ministres arabes ont engagé, en présence de l'Américain John Kerry, leur pays à "prendre part chacun à la lutte globale contre l'EI", y compris dans le cadre d'une "campagne militaire coordonnée".
"La première raison" pour expliquer la participation de pays du Golfe à l'intervention en Syrie "est liée au fait qu'ils ont été accusés d'aider et de financer l'EI et d'autres groupes terroristes", souligne Abdulkhaleq Abdulla, professeur de sciences politiques à l'Université des Emirats.
Mais "l'EI est en fait une menace pour la sécurité (de ces monarchies) et aussi pour la légitimité idéologique de l'Arabie saoudite", berceau du wahhabisme (version rigoriste de l'islam), ajoute M. Abdulla.
Il est aussi "significatif" de voir désormais l'Arabie saoudite et le Qatar dans le même camp après un conflit ouvert où Ryad a longtemps accusé Doha de soutenir la mouvance islamiste et de menacer la sécurité régionale, note Frederic Wehrey, spécialiste du Golfe et de la politique américaine au Moyen-Orient à l'institut Carnegie Endowment for International Peace.
Selon François Heisbourg, de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), la campagne en Syrie est un "remake élargi" de la guerre de 2011 en Libye avec l'intervention d'avions émiratis et qataris.
Mais, comme à l'époque, les actions communes d'aujourd'hui contre l'EI ne signifient pas que les pays impliqués poursuivent les mêmes objectifs, souligne cet expert. "Avec le temps, nous verrons diverger les ordres du jour contrastés des soutiens des Frères musulmans (Qatar, Turquie) et des autres Etats de la région".
Frederic Wehrey note que l'intervention des pays du Golfe pourrait, dans un premier temps, aller dans le sens des intérêts de Damas. "Je pense que le fait que le Golfe serve par inadvertance d'appui aérien à Assad posera un gros problème".
Mustafa Alani estime, au contraire, que l'opération de la coalition réduit de fait les capacités de Damas.
"La présence d'avions américains dans l'espace aérien syrien, particulièrement dans le nord, transforme cette partie de la Syrie en +No Fly zone+ (Zone d'exclusion aérienne, NDLR) pour l'armée de l'air syrienne", dit-il.
Selon M. Abdulla, outre l'élimination des groupes islamistes radicaux, l'objectif ultime des pays du Golfe est "d'amener Assad à un nouveau cycle de négociations +Genève III+ avec l'espoir de le voir partir in fine, comme cela a été cas pour (Nouri) al-Maliki", l'ex-Premier ministre irakien.
Parallèlement à la campagne aérienne, Ryad a décidé d'entraîner des rebelles de l'opposition syrienne modérée.
Dans l'intervalle, estime M. Wehrey, les Etats du Golfe pourraient être confrontés à "une agitation en raison de leur participation à une coalition dirigée par les Etats-Unis".
En Arabie saoudite, "les bombardements contre l'EI sont impopulaires parmi un segment de la population". Il y a "aussi la perception dans le Golfe que les Etats-Unis attaquent des sunnites tout en privilégiant des minorités comme les Kurdes ou les Yazidis, et plus particulièrement les chiites", ajoute M. Wehrey.
Égypte : nouvelles lourdes peines pour près de 100 partisans de Morsi
Près de 100 partisans de l'ex-président islamiste destitué Mohamed Morsi
ont été condamnés jeudi à de lourdes peines de prison en Égypte dans
trois procès pour des violences en marge de manifestations.
Depuis que Mohamed Morsi a été destitué et arrêté en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, ses partisans sont la cible d'une implacable répression qui a fait près de 1 400 morts, des manifestants islamistes pour la quasi-totalité, et plus de 15 000 ont été emprisonnés.
Jeudi, deux partisans de Mohamed Morsi ont été condamnés à la prison à vie pour des violences ayant causé la mort de deux personnes à Qalioub, dans le delta du Nil. Ils avaient été condamnés à mort par contumace en première instance mais avaient eu droit à un nouveau procès après leur arrestation. Dans un procès pour les mêmes faits, Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, avait été condamné à la prison à perpétuité, accusé d'avoir incité à la violence.
Dans la province de Kafr al-Sheikh (nord), un tribunal a condamné par contumace 73 accusés à quinze ans de prison et neuf autres, présents au procès, à dix ans de prison après avoir été reconnus coupables de "rassemblement illégal troublant l'ordre public", "tentative de meurtre", "vandalisme", "possession d'armes illégale" et "vol du pistolet d'un policier". Quatre mineurs ont également été condamnés à un an avec sursis, pour ces violences qui n'ont pas fait de victimes. Dans un autre procès, quatre prévenus ont été condamnés à dix ans de prison, six accusés ont écopé de sept ans et un mineur d'un an avec sursis pour des violences similaires en décembre 2013.
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, des centaines de Frères musulmans et de leurs sympathisants ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, pour des violences en marge de manifestations d'ordinaire très durement réprimées par la police. L'ONU a qualifié ces procès de masse de "sans précédent dans l'histoire récente" du monde.
Mohamed Morsi lui-même, comme la quasi-totalité des leaders des Frères musulmans, risque la peine de mort dans plusieurs procès.
Depuis que Mohamed Morsi a été destitué et arrêté en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, ses partisans sont la cible d'une implacable répression qui a fait près de 1 400 morts, des manifestants islamistes pour la quasi-totalité, et plus de 15 000 ont été emprisonnés.
Jeudi, deux partisans de Mohamed Morsi ont été condamnés à la prison à vie pour des violences ayant causé la mort de deux personnes à Qalioub, dans le delta du Nil. Ils avaient été condamnés à mort par contumace en première instance mais avaient eu droit à un nouveau procès après leur arrestation. Dans un procès pour les mêmes faits, Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, avait été condamné à la prison à perpétuité, accusé d'avoir incité à la violence.
Dans la province de Kafr al-Sheikh (nord), un tribunal a condamné par contumace 73 accusés à quinze ans de prison et neuf autres, présents au procès, à dix ans de prison après avoir été reconnus coupables de "rassemblement illégal troublant l'ordre public", "tentative de meurtre", "vandalisme", "possession d'armes illégale" et "vol du pistolet d'un policier". Quatre mineurs ont également été condamnés à un an avec sursis, pour ces violences qui n'ont pas fait de victimes. Dans un autre procès, quatre prévenus ont été condamnés à dix ans de prison, six accusés ont écopé de sept ans et un mineur d'un an avec sursis pour des violences similaires en décembre 2013.
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, des centaines de Frères musulmans et de leurs sympathisants ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, pour des violences en marge de manifestations d'ordinaire très durement réprimées par la police. L'ONU a qualifié ces procès de masse de "sans précédent dans l'histoire récente" du monde.
Mohamed Morsi lui-même, comme la quasi-totalité des leaders des Frères musulmans, risque la peine de mort dans plusieurs procès.
Syrie : la cimenterie du groupe français Lafarge aux mains de l'EI
La cimenterie du producteur français de matériaux de construction
Lafarge en Syrie est tombée en fin de semaine aux mains des djihadistes
de l'État islamique (EI), qui l'ont en partie brûlée, a affirmé jeudi à
l'AFP une ONG.
"Lors de son avance sur la localité kurde d'Ain al-Arab, près de la frontière avec la Turquie, ils se sont emparés de l'usine Lagarge et l'ont partiellement brûlée", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Assurée d'abord par l'armée, la sécurité de l'usine était assurée depuis août 2013 par le PYD, la branche militaire du Parti kurde de l'Union démocratique (PUD), majoritaire dans la région.
Selon une porte-parole du groupe à Paris, Lafarge a évacué le personnel de sa cimenterie en Syrie, située dans la province septentrionale d'Alep (nord), par mesure de sécurité. Lafarge "a pris la décision de faire évacuer l'usine", située à 150 kilomètres au nord-est d'Alep, entre le 18 et 19 septembre et de "suspendre l'activité tant que la sécurité ne peut pas être assurée" dans la région, a affirmé la porte-parole. "L'instruction a été donnée aux employés de l'usine de ne pas se rendre sur le site tant que la situation sécuritaire ne le permet pas", a précisé la porte-parole de Lafarge. "Il n'y a plus de personnel sur le site" mis en service en 2011 et dont l'activité était d'ores et déjà réduite, a-t-elle dit.
Cette usine d'une capacité annuelle de 2,6 millions de tonnes de ciment représente le plus important investissement étranger jamais consenti en Syrie en dehors du secteur pétrolier. Au moment de son lancement, le projet avait été chiffré à 600 millions d'euros. La construction de l'usine avait été engagée par le groupe égyptien Orascom, racheté par Lafarge en 2007. La production avait commencé en 2010. Lafarge compte 250 collaborateurs en Syrie, pour la quasi-totalité des travailleurs locaux, mais la porte-parole n'a pas pu déterminer exactement combien travaillaient dans la cimenterie.
"Lors de son avance sur la localité kurde d'Ain al-Arab, près de la frontière avec la Turquie, ils se sont emparés de l'usine Lagarge et l'ont partiellement brûlée", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Assurée d'abord par l'armée, la sécurité de l'usine était assurée depuis août 2013 par le PYD, la branche militaire du Parti kurde de l'Union démocratique (PUD), majoritaire dans la région.
Selon une porte-parole du groupe à Paris, Lafarge a évacué le personnel de sa cimenterie en Syrie, située dans la province septentrionale d'Alep (nord), par mesure de sécurité. Lafarge "a pris la décision de faire évacuer l'usine", située à 150 kilomètres au nord-est d'Alep, entre le 18 et 19 septembre et de "suspendre l'activité tant que la sécurité ne peut pas être assurée" dans la région, a affirmé la porte-parole. "L'instruction a été donnée aux employés de l'usine de ne pas se rendre sur le site tant que la situation sécuritaire ne le permet pas", a précisé la porte-parole de Lafarge. "Il n'y a plus de personnel sur le site" mis en service en 2011 et dont l'activité était d'ores et déjà réduite, a-t-elle dit.
Cette usine d'une capacité annuelle de 2,6 millions de tonnes de ciment représente le plus important investissement étranger jamais consenti en Syrie en dehors du secteur pétrolier. Au moment de son lancement, le projet avait été chiffré à 600 millions d'euros. La construction de l'usine avait été engagée par le groupe égyptien Orascom, racheté par Lafarge en 2007. La production avait commencé en 2010. Lafarge compte 250 collaborateurs en Syrie, pour la quasi-totalité des travailleurs locaux, mais la porte-parole n'a pas pu déterminer exactement combien travaillaient dans la cimenterie.
Tunisie : les malédictions de Kasserine (Benoît Delmas)
Il pleut malgré un beau soleil. On nomme ce paradoxe le mariage du loup.
Kasserine, ville plus de 80 000 habitants, a payé le prix du sang lors
de la révolution. Le 9 janvier 2014, la police commet un massacre à
balles réelles. Des dizaines de morts, des blessés graves devenus
"martyrs de la révolution". Les images, relayées par les télévisions
internationales, ont amplifié la colère contre le régime de Ben Ali.
Cinq jours plus tard, le despote s'enfuyait en Boeing pour Jeddah, en
Arabie saoudite. À cinq semaines des élections législatives, l'amertume
le dispute à la colère. Moncef, gardien du musée archéologique, explique
que "les jeunes n'ont que le gazon pour dormir". Le taux de chômage
dépasse les 50 % et les perspectives de développement économique de la
ville tiennent sur un pétale de jasmin. L'administration est aux abonnés
absents, le gouvernorat est une forteresse située à l'extérieur de la
ville, des aides sont disséminées pour tempérer la rancoeur à l'égard de
l'État. Certains touchent 200 dinars par mois. "Ils fument, ils boivent
de l'alcool, mais ne causent pas de problème à Tunis", analyse un
jeune de père de famille, son bébé dans les bras. L'échec des
gouvernements postrévolution est patent. "Rien n'a changé, explique un
entraîneur sportif, rien." "Il n'y a rien à faire ici, dit un serveur,
j'ai un jour de congé par semaine, mais rien pour me distraire." "Il n'y
a même pas un jardin pour les enfants", témoigne un groupe d'hommes
qui jouent au "kharbaga", des pierres en guise de jetons sur un damier
tracé dans la terre. En arrière-plan, un feu de poubelles démarre. À
défaut de ramassage efficace des ordures, on procède ainsi.
La cité Ezzouhour, dans le centre de la ville, est le résumé visuel de
cinquante années de marginalisation. Rues défoncées, foyers sans
électricité ni eau potable, délinquance endémique, lycée en mauvais
état. Dans un café, il est 19 heures. La nuit ne va pas tarder. Le
serveur s'affaire à encaisser capucins et eau minérale, à ranger tables
et chaises. Il a la quarantaine, des cicatrices sur le visage, une force
physique apparente. Mais il craint le soir. "Les jeunes vont boire et
se droguer, c'est pour ça qu'on ferme si tôt", explique-t-il. Les "yeux
rouges" sont cohorte, rougis par les stupéfiants de contrebande. "Mon
corps est là, mais pas mon esprit", raconte un jeune chômeur. Beaucoup
"prennent leur sac" et vont tenter de trouver un boulot de jardinier, de
gardien, à Sousse où à Tunis. Quitter la ville semble le seul espoir.
L'usine de papeterie Silos, l'un des rares poumons économiques de la
ville, est à l'arrêt depuis deux mois. Près de mille emplois sont en
jeu, mille qui font vivre des centaines de familles. "On a voté X, Y en
2011, mais ils ne pensent qu'à leurs chaises à Tunis", explique un
employé. Les élections législatives du 26 octobre nourrissent les
conversations et le mépris. On pointe du doigt les élites de Tunis, on
accuse les Sahéliens de gouverner le pays depuis Bourguiba et d'ignorer
les régions intérieures. La tête de liste de Nidaa Tounes, l'homme
d'affaires Hamzaoui, mise sur le club de foot pour drainer les voix en
sa faveur. Il a racheté l'équipe et fait campagne à travers elle. Après
la victoire 2-0 ce dimanche, il vient saluer les joueurs et le public.
Une technique éprouvée en Europe, de Silvio Berlusconi à Bernard Tapie.
Mais ce qui ronge Kasserine et engendre un climat de paranoïa se nomme
terrorisme.
Hôtel Sfeir. Il est 22 h 20 le vendredi 14 septembre. Une, deux puis
trois explosions retentissent. Un bruit sourd qui projette dans la rue
les habitants et provoque la fermeture hâtive des rideaux de fer des
épiceries. Une radio de Monastir annonce que la caserne militaire,
implantée sur l'avenue Bourguiba qui traverse la ville, est victime
d'une attaque terroriste. Sur place, calme plat. Un commandant de
l'armée, gilet pare-balles dernier cri et fusil en bandoulière, rassure
les inquiets. La police, mélange d'officiels et de civils, fume des
cigarettes tout en demandant aux journalistes de quitter les lieux. L'un
d'entre eux dit tout de go que "tout va bien à Kasserine". L'origine de
ces déflagrations serait liée à un nouvel équipement militaire turc
afin de lutter contre les groupes armés que l'armée tente d'éradiquer
sur le mont Chaambi et à Jebel Semoun, les petites montagnes qui
entourent Kasserine. Depuis dix-huit mois, des accrochages se produisent
régulièrement. Près de trente soldats y ont trouvé la mort. Neuf le 29
juillet 2013 (dont deux égorgés), quatorze le 16 juillet dernier lors de
l'iftar, la rupture du jeûne. Bombardements, patrouilles terrestres et
aériennes : rien n'y fait. Le 28 mai, le domicile familial du ministre
de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, subissait une attaque de groupes armés
venus en 4x4 au centre de la ville. Bilan : quatre policiers tués. Le
poste de police est à cent mètres de cette maison. Depuis, ce juge
devenu ministre a été contraint de faire déménager sa famille. Ansar
el-Charia a revendiqué l'opération. Difficile pourtant de s'informer sur
cette zone trouble de Chaambi, devenue zone militaire. S'agit-il de
groupes terroristes qui veulent frapper les forces de l'ordre afin de
les désorganiser ? Aucun civil n'a été visé par ces groupes armés. À une
poignée de semaines des législatives, le terrorisme agit comme un
poison. Il monopolise les conversations, associe Kasserine aux supposés
djihadistes. Un argument qui ne risque pas de favoriser le développement
économique de cette ville que la partie côtière de la Tunisie ignore
avec dédain depuis toujours.
Les 480 000 habitants du gouvernorat de Kasserine font partie d'une
Tunisie qu'on dissimilait sous Ben Ali. Le village Potemkine dressé par
le régime du RCD - le parti créé pour soutenir le dictateur -
privilégiait Tunis, Nabeul, Hammamet, Sousse et Sfax. On y vantait la
réussite économique, la liberté des femmes, un cocktail à base de thé à
la menthe et de mer bleutée. Le FMI et la Banque mondiale adoubaient
cette situation. Cette dernière institution vient néanmoins d'écrire son
mea culpa dans un rapport intitulé "La Révolution inachevée". Elle y
indique avoir fermé les yeux sur le manque de transparence, la
marginalisation des régions intérieures, l'absence de libertés. Un
signal fort alors que cinq membres de l'ancien régime postulent aux
élections présidentielles du 23 novembre. L'un d'entre eux, Abderrahim
Zouari, est natif de Kasserine. Six fois ministre sous Ben Ali. Malgré
le bilan social catastrophique du dictateur, certains disent préférer
l'ancien régime. Non par idéologie, mais pour le prix du couffin, le
panier de la ménagère tunisienne. L'inflation étrangle la vie
quotidienne, multiplie par trois-quatre le prix des légumes, du
mouton... Ce gouvernorat enverra sept élus au sein de la nouvelle
Assemblée nationale. "Nous sommes des gens durs, car la vie est dure",
dit un vieil homme qui mendie pour se payer ses médicaments. "Nous
sommes le miroir de la nature", dit-il. Et de poursuivre : "À Kasserine,
nous sommes entre la vie et la mort."
(25-09-2014 - Benoît Delmas)
Egypte/Palestine : Rencontre à New York
Rencontre entre les présidents palestiniens et égyptiens
à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies au cours
de laquelle Mahmud Abbas doit intervenir le vendredi 26 septembre.
(Photo Reuters prise le 24 septembre 2014)
Algérie : Avec l'assassinat d'Hervé Gourdel, la presse algérienne est "sous le choc"
Les journaux algériens se disaient "sous le choc" jeudi après "l'odieux"
assassinat d'Hervé Gourdel, otage français enlevé en Algérie par un
groupuscule djihadiste lié à l'organisation État islamique (EI). "Les
Algériens sous le choc", titre ainsi en une le quotidien francophone El Watan
avec une image du guide français prise lors d'une escalade. "Le choc
psychologique est immense, l'impact médiatique l'est tout autant",
souligne l'éditorialiste d'El Watan.
El Moudjahid, quotidien gouvernemental, écrit que l'assassinat d'Hervé Gourdel "a horrifié et choqué les Algériens. Du plus humble des Algériens au plus haut sommet de l'État, ce crime a complètement bouleversé les Algériens". Le quotidien francophone Liberté titre en une "Odieux !" avec la même photo du guide lors d'une escalade. Sous le titre "Lâche", l'éditorialiste de ce journal souligne que "l'exécution du touriste français (...) est un acte odieux qui nous renvoie à une décennie qu'on a du mal à oublier et dont les plaies peinent à se cicatriser". Il fait référence à la guerre civile qui a opposé dans les années 1990 l'armée à des groupes islamistes extrémistes, faisant 200 000 morts en Algérie.
Les principaux quotidiens arabophones ont illustré l'information avec une photo tirée de la vidéo diffusée par le groupuscule Jund al-Khilafa, quand l'otage était agenouillé, les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés. "Jund al-Khilafa signe de manière sanglante son acte de naissance", titre El Khabar. "Exécution à la mode Daesh" (acronyme arabe de l'EI), affirme Echourouk.
Le chroniqueur politique de la radio publique chaîne III, qui est également son directeur, Chadly Boufaroua a commencé sa chronique de jeudi avec : "Aujourd'hui, nous sommes tous Hervé Gourdel." "Le peuple algérien a vaincu le terrorisme et il ne peut en être autrement aujourd'hui", a-t-il assuré. Le randonneur français avait été enlevé dimanche au lieu-dit Tizi N'kouilal, un carrefour routier au coeur du parc national du Djurdjura, un haut lieu du tourisme, devenu sanctuaire des groupes armés islamistes dans les années 1990.
Il a été décapité par Jund al-Khilafa en représailles à l'engagement de la France dans la campagne aérienne américaine contre l'EI en Irak. Les recherches se poursuivaient jeudi pour retrouver son corps et arrêter ses ravisseurs.
El Moudjahid, quotidien gouvernemental, écrit que l'assassinat d'Hervé Gourdel "a horrifié et choqué les Algériens. Du plus humble des Algériens au plus haut sommet de l'État, ce crime a complètement bouleversé les Algériens". Le quotidien francophone Liberté titre en une "Odieux !" avec la même photo du guide lors d'une escalade. Sous le titre "Lâche", l'éditorialiste de ce journal souligne que "l'exécution du touriste français (...) est un acte odieux qui nous renvoie à une décennie qu'on a du mal à oublier et dont les plaies peinent à se cicatriser". Il fait référence à la guerre civile qui a opposé dans les années 1990 l'armée à des groupes islamistes extrémistes, faisant 200 000 morts en Algérie.
Les principaux quotidiens arabophones ont illustré l'information avec une photo tirée de la vidéo diffusée par le groupuscule Jund al-Khilafa, quand l'otage était agenouillé, les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés. "Jund al-Khilafa signe de manière sanglante son acte de naissance", titre El Khabar. "Exécution à la mode Daesh" (acronyme arabe de l'EI), affirme Echourouk.
Le chroniqueur politique de la radio publique chaîne III, qui est également son directeur, Chadly Boufaroua a commencé sa chronique de jeudi avec : "Aujourd'hui, nous sommes tous Hervé Gourdel." "Le peuple algérien a vaincu le terrorisme et il ne peut en être autrement aujourd'hui", a-t-il assuré. Le randonneur français avait été enlevé dimanche au lieu-dit Tizi N'kouilal, un carrefour routier au coeur du parc national du Djurdjura, un haut lieu du tourisme, devenu sanctuaire des groupes armés islamistes dans les années 1990.
Il a été décapité par Jund al-Khilafa en représailles à l'engagement de la France dans la campagne aérienne américaine contre l'EI en Irak. Les recherches se poursuivaient jeudi pour retrouver son corps et arrêter ses ravisseurs.
Syrie : pourquoi l'intervention américaine réhabilite Bachar el-Assad (Armin Arefi)
(Le président syrien Bachar el-Assad
recevant, le 11 septembre à Damas, l'envoyé spécial des Nations unies
sur la crise syrienne, l'Italien Staffan de Mistura - AFP)
Les frappes américaines menées en Syrie contre l'organisation État islamique (EI) ont beau être illégales au regard du droit international, elles n'ont pas provoqué la fureur de Bachar el-Assad. Bien au contraire. Au lendemain des premiers bombardements, mardi, le président syrien a déclaré que son pays soutenait tout "effort international" visant à lutter contre le terrorisme. "Le succès de cet effort n'est pas seulement lié à l'action militaire - qui est importante -, mais aussi à l'engagement des États à [appliquer] les résolutions internationales", s'est satisfait le maître de Damas.
Ironie du sort, l'intervention américaine se fait au mépris total des principes onusiens qui précisent que les États-Unis ont le droit d'agir en Syrie uniquement s'ils sont attaqués ou si Damas appelle Washington à l'aide. Pour contourner cet obstacle, l'ambassadrice américaine aux Nations unies Samantha Power a adressé mardi une lettre au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans laquelle elle explique que les frappes sont légales invoquant l'article 51 de la charte de l'ONU sur la légitime défense. D'après elle, les États-Unis ont le droit de frapper en Syrie afin de venir en aide à l'Irak, attaquée par l'organisation État islamique depuis son fief syrien de Raqa.
Une interprétation "pour le moins curieuse" des règles internationales, estime François Heisbourg, président de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS), d'autant qu'"il ne s'agit pas ici d'un bombardement à chaud contre une colonne de djihadistes qui se seraient réfugiés de l'autre côté de la frontière, mais de frappes préméditées sur une vaste zone appartenant à un État souverain", souligne l'expert. En effet, les bombes américaines ont arrosé un large territoire allant du nord-ouest à l'est de la Syrie. Une contradiction qui ne semble avoir dérangé ni Ban Ki-moon, qui a justifié les bombardements par le fait qu'ils étaient menés dans des "zones hors du contrôle effectif du gouvernement syrien", ni le régime de Bachar el-Assad.
Il faut dire que ce dernier a indiqué qu'il avait été informé au préalable. "Les Américains ont informé le représentant de la Syrie auprès des Nations unies que des frappes allaient être menées contre l'organisation terroriste État islamique à Raqa (Nord)", a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères. Une information démentie par le département d'État américain, qui a assuré "ne pas avoir demandé la permission au régime syrien" pour frapper. Mais Washington a toutefois admis avoir "informé directement" Damas par le biais de l'ONU de son intention d'agir, depuis l'annonce le 10 septembre de Barack Obama d'étendre ses frappes en Syrie, sans pour autant apporter de précisions quant à la date.
"C'est une manière de reconnaître la légitimité du gouvernement syrien, ce qui constitue une victoire politique pour Bachar el-Assad, dont les États-Unis réclament pourtant officiellement le départ", estime François Heisbourg. Ainsi, la présence dans le ciel syrien d'avions de chasse, de bombardiers et de drones américains, mais aussi d'appareils saoudiens, jordaniens, émiratis, bahreïnis et qataris - des pays réclamant depuis trois ans la chute de Bachar el-Assad -, n'a, semble-t-il, pas dérangé Damas.
"Il est troublant que le très solide réseau de défense aérienne syrien n'ait pas ciblé ces avions entrés largement dans l'espace aérien de la Syrie, et qui, semble-t-il, n'ont subi aucune perte", pointe Joseph Henrotin, chargé de recherches à l'Institut de stratégie et des conflits et rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationale. "Cela pourrait indiquer que les Syriens ont laissé faire, ce qui en soi est déjà une forme de collaboration avec les États-Unis."
Après avoir contribué à l'essor des mouvements djihadistes en Syrie - en libérant, en 2011, des centaines d'islamistes de prison, puis en épargnant relativement les positions de l'EI -, pour mieux disqualifier ses opposants démocratiques de la première heure et diviser le clan rebelle, Bachar el-Assad voit le "monstre" État islamique, qui contrôle désormais le quart du territoire syrien et 60 % du pétrole, lui échapper. Quoi de mieux, dès lors, qu'une coalition internationale de pays "ennemis" pour effectuer la sale besogne à sa place ?
Est-ce donc un hasard si la télévision d'État syrienne, si prompte à dénoncer les massacres des extrémistes financés par l'étranger, s'est félicitée mardi que des "avions américains ont commencé à mener des frappes contre des positions de l'organisation terroriste EI à Raqa" ? D'autant que, pendant que les avions américains les bombardent, Bachar el-Assad conserve toute latitude pour poursuivre sa reconquête des territoires aux mains des rebelles, déjà affaiblis par leur lutte contre les djihadistes.
Ainsi, en dépit des postures diplomatiques occidentales réclamant toujours la tête du président syrien, et d'un curieux plan américain visant à financer des "rebelles modérés" pourtant inexistants sur le terrain, Bachar el-Assad semble pour l'heure avoir réussi son pari de rester au pouvoir, coûte que coûte. "En se débarrassant de Bachar el-Assad, c'est tout un système avec ses institutions qui tomberait, ce dont profiteraient justement des groupes radicaux comme l'EI pour s'implanter et administrer les territoires vacants", estime l'expert Joseph Henrotin. "Nonobstant les milliers de morts qu'il a causés, l'élimination de Bachar el-Assad est devenue quelque peu accessoire aux yeux des chancelleries occidentales."
(25-09-2014 - Armin Arefi)
Les frappes américaines menées en Syrie contre l'organisation État islamique (EI) ont beau être illégales au regard du droit international, elles n'ont pas provoqué la fureur de Bachar el-Assad. Bien au contraire. Au lendemain des premiers bombardements, mardi, le président syrien a déclaré que son pays soutenait tout "effort international" visant à lutter contre le terrorisme. "Le succès de cet effort n'est pas seulement lié à l'action militaire - qui est importante -, mais aussi à l'engagement des États à [appliquer] les résolutions internationales", s'est satisfait le maître de Damas.
Ironie du sort, l'intervention américaine se fait au mépris total des principes onusiens qui précisent que les États-Unis ont le droit d'agir en Syrie uniquement s'ils sont attaqués ou si Damas appelle Washington à l'aide. Pour contourner cet obstacle, l'ambassadrice américaine aux Nations unies Samantha Power a adressé mardi une lettre au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans laquelle elle explique que les frappes sont légales invoquant l'article 51 de la charte de l'ONU sur la légitime défense. D'après elle, les États-Unis ont le droit de frapper en Syrie afin de venir en aide à l'Irak, attaquée par l'organisation État islamique depuis son fief syrien de Raqa.
Une interprétation "pour le moins curieuse" des règles internationales, estime François Heisbourg, président de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS), d'autant qu'"il ne s'agit pas ici d'un bombardement à chaud contre une colonne de djihadistes qui se seraient réfugiés de l'autre côté de la frontière, mais de frappes préméditées sur une vaste zone appartenant à un État souverain", souligne l'expert. En effet, les bombes américaines ont arrosé un large territoire allant du nord-ouest à l'est de la Syrie. Une contradiction qui ne semble avoir dérangé ni Ban Ki-moon, qui a justifié les bombardements par le fait qu'ils étaient menés dans des "zones hors du contrôle effectif du gouvernement syrien", ni le régime de Bachar el-Assad.
Il faut dire que ce dernier a indiqué qu'il avait été informé au préalable. "Les Américains ont informé le représentant de la Syrie auprès des Nations unies que des frappes allaient être menées contre l'organisation terroriste État islamique à Raqa (Nord)", a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères. Une information démentie par le département d'État américain, qui a assuré "ne pas avoir demandé la permission au régime syrien" pour frapper. Mais Washington a toutefois admis avoir "informé directement" Damas par le biais de l'ONU de son intention d'agir, depuis l'annonce le 10 septembre de Barack Obama d'étendre ses frappes en Syrie, sans pour autant apporter de précisions quant à la date.
"C'est une manière de reconnaître la légitimité du gouvernement syrien, ce qui constitue une victoire politique pour Bachar el-Assad, dont les États-Unis réclament pourtant officiellement le départ", estime François Heisbourg. Ainsi, la présence dans le ciel syrien d'avions de chasse, de bombardiers et de drones américains, mais aussi d'appareils saoudiens, jordaniens, émiratis, bahreïnis et qataris - des pays réclamant depuis trois ans la chute de Bachar el-Assad -, n'a, semble-t-il, pas dérangé Damas.
"Il est troublant que le très solide réseau de défense aérienne syrien n'ait pas ciblé ces avions entrés largement dans l'espace aérien de la Syrie, et qui, semble-t-il, n'ont subi aucune perte", pointe Joseph Henrotin, chargé de recherches à l'Institut de stratégie et des conflits et rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationale. "Cela pourrait indiquer que les Syriens ont laissé faire, ce qui en soi est déjà une forme de collaboration avec les États-Unis."
Après avoir contribué à l'essor des mouvements djihadistes en Syrie - en libérant, en 2011, des centaines d'islamistes de prison, puis en épargnant relativement les positions de l'EI -, pour mieux disqualifier ses opposants démocratiques de la première heure et diviser le clan rebelle, Bachar el-Assad voit le "monstre" État islamique, qui contrôle désormais le quart du territoire syrien et 60 % du pétrole, lui échapper. Quoi de mieux, dès lors, qu'une coalition internationale de pays "ennemis" pour effectuer la sale besogne à sa place ?
Est-ce donc un hasard si la télévision d'État syrienne, si prompte à dénoncer les massacres des extrémistes financés par l'étranger, s'est félicitée mardi que des "avions américains ont commencé à mener des frappes contre des positions de l'organisation terroriste EI à Raqa" ? D'autant que, pendant que les avions américains les bombardent, Bachar el-Assad conserve toute latitude pour poursuivre sa reconquête des territoires aux mains des rebelles, déjà affaiblis par leur lutte contre les djihadistes.
Ainsi, en dépit des postures diplomatiques occidentales réclamant toujours la tête du président syrien, et d'un curieux plan américain visant à financer des "rebelles modérés" pourtant inexistants sur le terrain, Bachar el-Assad semble pour l'heure avoir réussi son pari de rester au pouvoir, coûte que coûte. "En se débarrassant de Bachar el-Assad, c'est tout un système avec ses institutions qui tomberait, ce dont profiteraient justement des groupes radicaux comme l'EI pour s'implanter et administrer les territoires vacants", estime l'expert Joseph Henrotin. "Nonobstant les milliers de morts qu'il a causés, l'élimination de Bachar el-Assad est devenue quelque peu accessoire aux yeux des chancelleries occidentales."
(25-09-2014 - Armin Arefi)
Syrie/Irak : Obama appelle à l'unité et à l'action face aux jihadistes de l'EI
Le président américain Barack Obama a appelé mercredi à New York le
monde à s'unir pour "détruire" le groupe de l'Etat islamique (EI), au
moment où les ravisseurs de l'otage français en Algérie diffusaient une
vidéo de sa décapitation.
"Le seul langage que des tueurs comme ceux-là comprennent est celui de la force", a lancé M. Obama à la tribune de l'ONU avant de présider un Conseil de sécurité extraordinaire qui a adopté une résolution pour endiguer le flot des jihadistes étrangers en Syrie et Irak.
"Aujourd'hui, j'appelle le monde à se joindre" à ce combat, a poursuivi M. Obama, après le début mardi à l'aube des premières frappes contre les jihadistes ultra-radicaux sur le sol syrien conduites par Washington et ses alliés arabes.
Le président américain a affiché sa détermination à travailler avec une vaste coalition pour "démanteler ce réseau de la mort" qui a proclamé fin juin un "califat" sur les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie.
Au même moment, le groupe Jund al-Khilafa, lié à l'EI, diffusait une vidéo montrant la décapitation d'Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans. Le groupe avait menacé de l'exécuter si la France ne renonçait pas à ses frappes aériennes en Irak.
Le président François Hollande a dénoncé depuis New York "un crime odieux dont les auteurs devront être châtiés". "Ma détermination est totale et cette agression ne fait que la renforcer", a-t-il déclaré.
M. Obama, tout comme le Conseil de sécurité dans son ensemble, a assuré la France de son soutien face à ce "meurtre brutal".
La vidéo, postée sur des sites jihadistes et intitulée "Message de sang pour le gouvernement français", montre l'otage, agenouillé et les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés et le visage dissimulé.
Le gouvernement algérien a dénoncé un acte "odieux" tandis que l'Union européenne parlait d'un "assassinat barbare".
La mise en scène de sa décapitation ressemble à celles des deux journalistes américains enlevés en Syrie James Foley et Steven Sotloff et du travailleur humanitaire britannique David Haines par des membres de l'EI, diffusées ces dernières semaines.
A la tribune de l'ONU, le roi Abdallah II de Jordanie a lui aussi appelé à mener une "stratégie collective" pour venir à bout de "ces terroristes et criminels qui visent la Syrie, l'Irak et d'autres pays".
La Jordanie fait partie de la coalition mobilisée par Washington contre les jihadistes en Irak et en Syrie et elle a pris part, selon des responsables américains, aux raids aériens en Syrie contre des positions de l'EI mardi et mercredi.
Mercredi soir, la coalition a encore mené des raids aériens, selon le Pentagone, avec des frappes visant notamment des champs pétroliers qui permettent à l'Etat islamique de se financer.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des avions de la coalition avaient visé "des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI" dans les environs de la ville kurde d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), complètement encerclée par le groupe extrémiste, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le gouvernement néerlandais a annoncé qu'il mettrait six avions de combats F-16 et un maximum de 250 militaires à disposition de la coalition internationale.
Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré sur Twitter avoir obtenu le rappel du parlement vendredi afin de débattre de la demande d'aide irakienne de frappes aériennes contre les jihadistes ultra-radicaux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'Ankara pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération.
Lors d'une réunion au sommet présidée - fait rare - par M. Obama, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'Etat islamique.
Le texte stipule que tous les Etats membres doivent s'assurer que "leurs lois et règles nationales instaurent de lourdes sanctions pénales" à l'encontre des jihadistes étrangers et des responsables de leur recrutement et de leur financement.
A l'ouverture des débats, M. Obama a souligné que, selon les services de renseignement, plus de 15 000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays avaient rejoint ces dernières années les organisations extrémistes en Irak et en Syrie.
Plusieurs pays européens, dont la France et le Royaume-Uni, ont déjà pris ou annoncé des mesures dans ce domaine. Ils craignent de voir les jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour organiser des attentats.
La Turquie, régulièrement accusée de complaisance envers les jihadistes qui transitent sur son territoire, a assuré mardi avoir au total repéré et expulsé plus de 1.000 combattants étrangers de 75 pays depuis le début du conflit syrien en 2011.
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, M. Obama a salué la "vision" du nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi jugeant que, depuis son arrivée au pouvoir, il s'était adressé "à toutes les composantes de la société irakienne".
Nommé mi-août à la tête du gouvernement irakien, M. Abadi a succédé à Nouri al-Maliki, chiite comme lui, dont les politiques ont été jugées en partie responsables de l'avancée des insurgés sunnites en Irak.
(25-09-2014)
"Le seul langage que des tueurs comme ceux-là comprennent est celui de la force", a lancé M. Obama à la tribune de l'ONU avant de présider un Conseil de sécurité extraordinaire qui a adopté une résolution pour endiguer le flot des jihadistes étrangers en Syrie et Irak.
"Aujourd'hui, j'appelle le monde à se joindre" à ce combat, a poursuivi M. Obama, après le début mardi à l'aube des premières frappes contre les jihadistes ultra-radicaux sur le sol syrien conduites par Washington et ses alliés arabes.
Le président américain a affiché sa détermination à travailler avec une vaste coalition pour "démanteler ce réseau de la mort" qui a proclamé fin juin un "califat" sur les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie.
Au même moment, le groupe Jund al-Khilafa, lié à l'EI, diffusait une vidéo montrant la décapitation d'Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans. Le groupe avait menacé de l'exécuter si la France ne renonçait pas à ses frappes aériennes en Irak.
Le président François Hollande a dénoncé depuis New York "un crime odieux dont les auteurs devront être châtiés". "Ma détermination est totale et cette agression ne fait que la renforcer", a-t-il déclaré.
M. Obama, tout comme le Conseil de sécurité dans son ensemble, a assuré la France de son soutien face à ce "meurtre brutal".
La vidéo, postée sur des sites jihadistes et intitulée "Message de sang pour le gouvernement français", montre l'otage, agenouillé et les mains derrière le dos, entouré de quatre hommes armés et le visage dissimulé.
Le gouvernement algérien a dénoncé un acte "odieux" tandis que l'Union européenne parlait d'un "assassinat barbare".
La mise en scène de sa décapitation ressemble à celles des deux journalistes américains enlevés en Syrie James Foley et Steven Sotloff et du travailleur humanitaire britannique David Haines par des membres de l'EI, diffusées ces dernières semaines.
A la tribune de l'ONU, le roi Abdallah II de Jordanie a lui aussi appelé à mener une "stratégie collective" pour venir à bout de "ces terroristes et criminels qui visent la Syrie, l'Irak et d'autres pays".
La Jordanie fait partie de la coalition mobilisée par Washington contre les jihadistes en Irak et en Syrie et elle a pris part, selon des responsables américains, aux raids aériens en Syrie contre des positions de l'EI mardi et mercredi.
Mercredi soir, la coalition a encore mené des raids aériens, selon le Pentagone, avec des frappes visant notamment des champs pétroliers qui permettent à l'Etat islamique de se financer.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des avions de la coalition avaient visé "des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI" dans les environs de la ville kurde d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), complètement encerclée par le groupe extrémiste, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le gouvernement néerlandais a annoncé qu'il mettrait six avions de combats F-16 et un maximum de 250 militaires à disposition de la coalition internationale.
Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré sur Twitter avoir obtenu le rappel du parlement vendredi afin de débattre de la demande d'aide irakienne de frappes aériennes contre les jihadistes ultra-radicaux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'Ankara pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération.
Lors d'une réunion au sommet présidée - fait rare - par M. Obama, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'Etat islamique.
Le texte stipule que tous les Etats membres doivent s'assurer que "leurs lois et règles nationales instaurent de lourdes sanctions pénales" à l'encontre des jihadistes étrangers et des responsables de leur recrutement et de leur financement.
A l'ouverture des débats, M. Obama a souligné que, selon les services de renseignement, plus de 15 000 combattants étrangers venus de plus de 80 pays avaient rejoint ces dernières années les organisations extrémistes en Irak et en Syrie.
Plusieurs pays européens, dont la France et le Royaume-Uni, ont déjà pris ou annoncé des mesures dans ce domaine. Ils craignent de voir les jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour organiser des attentats.
La Turquie, régulièrement accusée de complaisance envers les jihadistes qui transitent sur son territoire, a assuré mardi avoir au total repéré et expulsé plus de 1.000 combattants étrangers de 75 pays depuis le début du conflit syrien en 2011.
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, M. Obama a salué la "vision" du nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi jugeant que, depuis son arrivée au pouvoir, il s'était adressé "à toutes les composantes de la société irakienne".
Nommé mi-août à la tête du gouvernement irakien, M. Abadi a succédé à Nouri al-Maliki, chiite comme lui, dont les politiques ont été jugées en partie responsables de l'avancée des insurgés sunnites en Irak.
(25-09-2014)
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