Comment arrêter un kamikaze ? Face aux attentats qui frappent
quotidiennement l’Irak, les forces de sécurité ont décidé d’organiser un
séminaire pour aider les propriétaires de cafés, particulièrement visés
par les violences, à répondre à la question.
Employer un garde de sécurité privé, réduire le nombre d’entrées... une
centaine de commerçants ont écouté samedi les conseils dispensés par les
policiers, sans toutefois être toujours convaincus.
"Nos affaires ont beaucoup diminué après les attaques de ces derniers
mois", explique Moussa Mohammed, propriétaire d’un café dans le quartier
d’Amil, visé par un double attentat qui a fait 40 morts le 20 octobre.
Mais, "si on met des gardes à l’entrée et que l’on ferme toutes les
entrées sauf une, cela ne donnera pas envie aux clients de venir dans
nos établissements", explique ce participant.
Le pays tout entier est frappé par des attaques et des attentats qui ont
coûté la vie à 6.000 personnes depuis le début de l’année. Et les
cafés, où les Irakiens se retrouvent régulièrement pour regarder les
derniers matchs de football européens, sont particulièrement ciblés.
Près de 50 bombes y ont explosé depuis le mois d’avril, dont 25 à
Bagdad. Le 21 novembre, un kamikaze a tué 15 personnes dans un
établissement de Bayaa.
"Les cafés doivent embaucher un ou deux gardes, et fermer toutes les
entrées sauf une, pour contrôler le va-et-vient et arrêter les
terroristes qui portent des ceintures d’explosifs et viennent tuer des
gens de sang froid", explique le directeur adjoint du centre de commande
de la sécurité dans la capitale irakienne, le général Saad Jafar.
M. Jafar suggère également l’installation de caméras de surveillance.
"Les forces de sécurité ont besoin de l’aide des citoyens irakiens",
explique-t-il, ajoutant dans la seconde : "ce qui ne veut pas dire que
les forces de sécurité ne peuvent pas protéger les citoyens".
Mais malgré les promesses du général, la population irakienne souffre
des attaques qui visent aussi bien les forces de sécurité que les
responsables politiques, les civils, les cafés, les mosquées, le terrain
de football....
En novembre, près de 950 personnes sont mortes dans des attaques, dont
852 civils, selon des chiffres officiels. A peine moins qu’au mois
d’octobre, le plus meurtrier depuis avril 2008, avec 964 personnes
tuées.
Plusieurs mesures ont été mises en place pour tenter de lutter contre ce
bain de sang. La circulation a notamment été limitée à Bagdad, et le
gouvernement a lancé des opérations contre les insurgés qui ont mené,
selon les autorités, à l’arrestation de centaines d’hommes et la mort de
dizaines d’autres.
Mais les violences continuent. Et elles sont mauvaises pour les affaires
des cafetiers, dont les établissements font régulièrement salle comble,
en particulier lors des matches de la Premier League anglaise ou de la
Liga espagnole.
Et quand les organisateurs du séminaire ont suggéré de fermer les
établissements à 20H00, les participants au séminaire ont refusé net.
"Après les attentats dans notre quartier, les forces de sécurité nous
ont demandé de fermer, en particulier les jours où le Real Madrid
affronte le Barça, parce que ces jours là, les cafés sont remplis",
explique Abdelaziz Youssef, dont l’établissement est situé dans le
quartier de Jamiyah.
Le Clasico espagnol est en effet particulièrement suivi en Irak.
"Mais, y a-t-il un seul café au monde qui ferme quand le Real et le Barça joue ?", demande-t-il, incrédule.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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