lundi 2 décembre 2013

Irak : "comment arrêter un kamikaze", le séminaire des cafetiers à Bagdad

Comment arrêter un kamikaze ? Face aux attentats qui frappent quotidiennement l’Irak, les forces de sécurité ont décidé d’organiser un séminaire pour aider les propriétaires de cafés, particulièrement visés par les violences, à répondre à la question.
Employer un garde de sécurité privé, réduire le nombre d’entrées... une centaine de commerçants ont écouté samedi les conseils dispensés par les policiers, sans toutefois être toujours convaincus.
"Nos affaires ont beaucoup diminué après les attaques de ces derniers mois", explique Moussa Mohammed, propriétaire d’un café dans le quartier d’Amil, visé par un double attentat qui a fait 40 morts le 20 octobre.
Mais, "si on met des gardes à l’entrée et que l’on ferme toutes les entrées sauf une, cela ne donnera pas envie aux clients de venir dans nos établissements", explique ce participant.
Le pays tout entier est frappé par des attaques et des attentats qui ont coûté la vie à 6.000 personnes depuis le début de l’année. Et les cafés, où les Irakiens se retrouvent régulièrement pour regarder les derniers matchs de football européens, sont particulièrement ciblés.
Près de 50 bombes y ont explosé depuis le mois d’avril, dont 25 à Bagdad. Le 21 novembre, un kamikaze a tué 15 personnes dans un établissement de Bayaa.
"Les cafés doivent embaucher un ou deux gardes, et fermer toutes les entrées sauf une, pour contrôler le va-et-vient et arrêter les terroristes qui portent des ceintures d’explosifs et viennent tuer des gens de sang froid", explique le directeur adjoint du centre de commande de la sécurité dans la capitale irakienne, le général Saad Jafar.
M. Jafar suggère également l’installation de caméras de surveillance.
"Les forces de sécurité ont besoin de l’aide des citoyens irakiens", explique-t-il, ajoutant dans la seconde : "ce qui ne veut pas dire que les forces de sécurité ne peuvent pas protéger les citoyens".
Mais malgré les promesses du général, la population irakienne souffre des attaques qui visent aussi bien les forces de sécurité que les responsables politiques, les civils, les cafés, les mosquées, le terrain de football....
En novembre, près de 950 personnes sont mortes dans des attaques, dont 852 civils, selon des chiffres officiels. A peine moins qu’au mois d’octobre, le plus meurtrier depuis avril 2008, avec 964 personnes tuées.
Plusieurs mesures ont été mises en place pour tenter de lutter contre ce bain de sang. La circulation a notamment été limitée à Bagdad, et le gouvernement a lancé des opérations contre les insurgés qui ont mené, selon les autorités, à l’arrestation de centaines d’hommes et la mort de dizaines d’autres.
Mais les violences continuent. Et elles sont mauvaises pour les affaires des cafetiers, dont les établissements font régulièrement salle comble, en particulier lors des matches de la Premier League anglaise ou de la Liga espagnole.
Et quand les organisateurs du séminaire ont suggéré de fermer les établissements à 20H00, les participants au séminaire ont refusé net.
"Après les attentats dans notre quartier, les forces de sécurité nous ont demandé de fermer, en particulier les jours où le Real Madrid affronte le Barça, parce que ces jours là, les cafés sont remplis", explique Abdelaziz Youssef, dont l’établissement est situé dans le quartier de Jamiyah.
Le Clasico espagnol est en effet particulièrement suivi en Irak.
"Mais, y a-t-il un seul café au monde qui ferme quand le Real et le Barça joue ?", demande-t-il, incrédule.

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