Les partisans islamistes du président destitué Mohamed Morsi vont
boycotter le référendum sur une nouvelle Constitution prévu en janvier
et lancer une campagne contre ce scrutin, a indiqué lundi un de leurs
porte-parole. "Nous rejetons tout vote organisé sous le régime
militaire", a déclaré lundi Hamza al-Farawi, un porte-parole de
l’Alliance anti-coup d’État qui réclame le retour du président islamiste
destitué par l’armée en juillet et détenu depuis. L’Alliance anti-coup
d’État, dominée par les Frères musulmans, avait initialement envisagé
d’appeler ses partisans à voter contre la nouvelle loi fondamentale.
Mais les nouvelles autorités désignées par l’armée ont mené une
répression féroce qui a décimé le puissant réseau de la confrérie, dont
les principaux cadres sont en prison, et diminué sa chance de parvenir à
battre les partisans de la Constitution dans les urnes.
Le référendum prévu les 14 et 15 janvier doit permettre de ratifier la
nouvelle Constitution, qui doit remplacer celle suspendue par l’armée
lorsqu’elle a écarté Mohamed Morsi en juillet. L’Alliance va lancer une
campagne en faveur d’un boycott du scrutin, a ajouté Hamza al-Farawy. Il
n’a pas précisé comment serait organisée cette campagne, reconnaissant
que la police a arrêté les principaux cadres de cette coalition de
groupes islamistes qui organise des manifestations quasi quotidiennes.
La répression a fait un millier de morts et entraîné des milliers
d’arrestations. Le ministère de l’Intérieur a prévu de déployer 200 000
policiers durant ces deux journées, selon l’agence officielle Mena.
Le référendum est la première étape de la transition démocratique
promise par l’armée et doit être suivi à l’été 2014 des élections
présidentielle et législatives, dans un ordre qui n’a pas encore été
défini. Le nouveau pouvoir dirigé de facto par l’armée avait nommé une
commission constituante qui a rendu début décembre un projet de loi
fondamentale consolidant le pouvoir de la puissante armée et renforçant
son poids dans la vie politique du plus peuplé des pays arabes.
Des experts s’attendent à ce que cette Constitution révisée soit adoptée
lors du référendum, dans un contexte de ressentiment contre les
islamistes et d’aspirations à un retour de la stabilité. "La
Constitution sera approuvée, car voter pour ce texte revient à voter
pour la stabilité politique", a estimé Moustapha Kamel Al-Sayyid,
professeur de sciences politiques au Caire. Les Frères musulmans
"peuvent créer quelques troubles mais pas saboter tout le scrutin. Ils
ne sont pas en position de changer le cours des choses," selon lui. Les
autorités ont déjà annoncé qu’elles autorisaient six ONG étrangères à
observer le déroulement du référendum de janvier. Dans les rues
d’Égypte, fleurissent depuis début décembre des panneaux appelant à
participer à ce premier scrutin depuis la destitution de Mohamed Morsi.
Alors que plusieurs partis et organisations de la société civile ont
déjà appelé à voter en faveur de ce texte, les islamistes sont divisés
sur la question. Contrairement aux Frères musulmans, le parti salafiste
Al-Nour, qui a soutenu le coup de force contre Mohamed Morsi et dont un
dirigeant siégeait au sein de la commission constituante, a ainsi appelé
début décembre à voter en faveur du projet. La Constitution suspendue
en juillet avait été révisée à marche forcée par une commission dominée
par les islamistes, puis adoptée par référendum en 2012, sous la
présidence de Mohamed Morsi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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