De violents bombardements secouaient mercredi Alep, épicentre du conflit
syrien, un raid ayant notamment tué quatre infirmiers et ambulanciers,
alors qu'une relance de la trêve en Syrie est empoisonnée par les
désaccords entre Russes et Américains.
"Tout peut basculer d'un côté comme de l'autre", a prévenu mercredi le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité,
réuni pour une session de crise sur la Syrie après l'échec d'un énième
accord de cessez-le-feu décrété le 9 septembre sous le parrainage des
chefs de la diplomatie américaine et russe John Kerry et Sergueï Lavrov.
L'armée russe a annoncé le déploiement de son porte-avion en
Méditerranée pour renforcer ses capacités militaires alors que les
violences en Syrie ont repris de plus belle lundi soir.
Mardi soir, 24 heures après un raid meurtrier contre un convoi
humanitaire de l'ONU, une frappe aérienne a visé deux ambulances à Khan
Toumane, au sud d'Alep, qui venaient évacuer les blessées d'un premier
raid.
Deux ambulanciers et deux infirmiers ont été tués et un troisième se
trouve dans un état critique, a indiqué l'Union des organisations de
secours et soins médicaux (UOSSM).
Dans un premier temps, en raison d'une "confusion", cette ONG qui opère à
travers la Syrie, avait affirmé que le raid avait dévasté un de ses
centres médicaux, ce qui n'est pas le cas.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le premier
raid visait un dispensaire de l'Armée de la Conquête, coalition
regroupant des rebelles et des jihadistes du Front Fateh al Cham (ex
Front al-Nosra). C'est en évacuant les blessés que les deux ambulances
ont été prises pour cible.
Khan Toumane est une localité rebelle qui a changé plusieurs fois de mains et que le régime tente de reprendre.
La nationalité des avions ayant mené ce raid n'a pas été déterminée dans
l'immédiat, mais les forces aériennes du régime et de son allié russe
frappent fréquemment dans la province d'Alep.
Selon l'Organisation mondiale de la Santé, la Syrie est le pays le plus
dangereux pour les personnels soignants avec 135 attaques contre des
centres médicaux en 2015.
Des dizaines de frappes ont visé Alep et ses environs, deux jours après
l'annonce par l'armée de la fin de la trêve dans le pays.
Le journaliste de l'AFP dans la partie rebelle de la deuxième ville de
Syrie a compté "au moins 100" explosions de minuit jusqu'à 05H00 du
matin (02H00 GMT).
Un immeuble de six étages s'est effondré dans le quartier rebelle de
Soukkari. "Il n'y avait dans l'immeuble que deux frères", a indiqué à
l'AFP Abou Ahmad, qui vit dans un bâtiment voisin, en dégageant les
gravats sur le trottoir.
"Je leur avais rendu visite une heure avant la frappe, on a bu du thé ensemble et maintenant ils sont morts", s'est-il désolé.
Dans un autre quartier rebelle, celui de Qadi Askar, plusieurs immeubles
se sont effondrés, selon une vidéo obtenue par l'AFP. Les images
montrent un volontaire de la Défense civile tentant de se frayer un
chemin parmi les gravats au premier étage d'un bâtiment tandis que des
enfants marchent au milieu des ruines.
Dans la partie gouvernementale, deux personnes ont été tuées et sept blessées par des obus tirés des quartier rebelles.
Par ailleurs, au moins sept personnes ont perdu la vie et 35 ont été
blessées par huit missiles tirés sur la localité rebelle de Khan
Cheikhoun, dans la province d'Idleb (nord-ouest).
A New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le ton est encore
monté mardi entre Russes et Américains à propos de la frappe aérienne
menée la veille sur un convoi humanitaire organisé par l'ONU près
d'Alep.
La Maison Blanche a affirmé qu'elle tenait "le gouvernement russe pour
responsable" de ce bombardement, soulignant que seuls Moscou ou le
régime syrien pouvaient en être à l'origine.
Un responsable américain anonyme a même confié que selon "notre
meilleure estimation (...) ce sont les Russes qui ont mené cette frappe"
et que deux bombardiers russes SU-24 étaient sur la zone au même
moment.
La diplomatie russe a aussitôt condamné "avec indignation et colère" des
allégations "sans fondement et hâtives", faites par des "protecteurs de
terroristes et de bandits".
Environ 20 personnes, dont un responsable du Croissant-Rouge, ont trouvé
la mort dans cette attaque, la plus meurtrière en Syrie contre un
convoi humanitaire depuis 2011. Le raid a entraîné la suspension de
l'acheminement par camions de l'aide de l'ONU qui avait à peine démarré.
Présent à New York, un des principaux dirigeants de l'opposition
syrienne, Riad Hijab, a dénoncé "la faiblesse totale" de la communauté
internationale, qui "n'a pas eu de gestion de la crise à la hauteur de
la gravité de la situation".
A l'image de John Kerry, pour qui "le cessez-le-feu n'est pas mort", la
diplomatie américaine veut à tout prix maintenir le dialogue avec Moscou
pour trouver une porte de sortie diplomatique.
L'accord américano-russe de Genève prévoyait une cessation des
hostilités pendant sept jours à compter du 12 septembre, de l'aide
humanitaire et une collaboration militaire Washington-Moscou contre les
jihadistes via un centre de coordination.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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