Des habitants de la ville syrienne rebelle d'Idleb recherchent des
victimes après des raids aériens du régime, le 10 septembre 2016 (Afp)
L'accord de trêve, annoncé par la Russie et les Etats-Unis vendredi soir, vise à favoriser une réduction immédiate des violences et une reprise des négociations en vue d'une transition politique. Il pourrait déboucher sur une coopération militaire inédite contre les jihadistes de la part de Washington et de Moscou, qui soutiennent des camps adverses dans le conflit syrien.
"Les gens effectuaient leurs emplettes avant l'Aïd el-Adha la semaine prochaine, ce qui explique pourquoi les victimes sont si nombreuses", a précisé le responsable de l'OSDH, Rami Abdel Rahman.
Des raids ont aussi tué 12 civils dans les quartiers insurgés d'Alep (nord) et 18 personnes dans d'autres localités de la province du même nom.
La trêve négociée par les Américains, qui soutiennent des rebelles dits modérés, et les Russes, alliés du dictateur Bashar al-Assad, doit débuter lundi, pour coïncider avec l'Aïd el-Adha, la fête musulmane du sacrifice.
"Le gouvernement syrien a eu connaissance de l'ensemble de l'accord et l'a approuvé", a indiqué samedi l'agence officielle Sana, citant des "sources informées".
En soirée, les groupes rebelles n'avaient pas encore fait part de leur position mais l'émissaire américain pour la Syrie les a appelés à respecter l'accord de cessez-le-feu, qu'il décrit comme "le meilleur moyen" de sauver des vies.
"Cette trêve peut être plus efficace que la précédente car elle peut arrêter les frappes syriennes contre les civils et l'opposition", a plaidé Michael Ratney, en référence à un premier accord russo-américain conclu fin février qui avait volé en éclat au bout de quelques semaines.
Selon l'émissaire américain pour la Syrie, les combats doivent cesser lundi à 19H00 (16H00 GMT) pour une première trêve de 48 heures.
Le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, a de son côté indiqué n'avoir pas encore reçu "une copie officielle" du texte.
Une membre du HCN, Bassma Kodmani, avait réagi avec circonspection à l'annonce de l'accord dont l'application dépend, selon elle, avant tout de la Russie.
"Nous voulons que la Russie persuade le régime d'appliquer l'accord. Nous ne nous attendons pas à ce que le régime le fasse de plein gré", a-t-elle indiqué à l'AFP.
Russes et Américains affirment que ce plan était la meilleure chance d'en finir avec un conflit qui a fait plus de 290.000 morts et provoqué l'exode de millions de Syriens.
Un des points de l'accord concerne Alep, la grande ville du nord divisée entre secteurs tenus par les forces du régime dans l'ouest et quartiers contrôlés par les rebelles dans l'est.
L'accord prévoit la "démilitarisation" de la route du Castello au nord d'Alep, qui était un axe de ravitaillement pour les rebelles avant que le régime n'en reprenne le contrôle le 17 juillet, les assiégeant de facto.
Il stipule que c'est par cette route que sera acheminée l'aide humanitaire à la métropole.
L'accord a été salué par la Turquie - qui a lancé fin août une offensive dans le nord de la Syrie contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les Kurdes-, par la Grande-Bretagne, la France et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
Alors que Moscou doit faire pression sur le régime, Washington doit convaincre les rebelles de se dissocier des jihadistes avec lesquels ils sont notamment alliés dans les provinces d'Alep et Idleb.
Le principal groupe jihadiste concerné est le Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda mais reste considéré comme un groupe "terroriste" par Moscou et Washington.
A ce sujet, M. Lavrov a annoncé la création d'un "centre conjoint" russo-américain destiné à coordonner d'éventuelles frappes contre les jihadistes.
Selon Bassma Kodmani, les rebelles rompront leurs liens avec les groupes jihadistes si la trêve tient.
"Les groupes modérés vont se réorganiser et prendre leurs distances avec les groupes radicaux", a-t-elle estimé.
Mais selon Charles Lister, chercheur au Middle East Institute, les principaux combattants de l'opposition n'ont jusque-là pas montré de volonté de rompre leurs alliances avec des groupes jihadistes, considérées comme "une nécessité militaire".
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