Le président palestinien, Mahmoud Abbas, devant la 71e Assemblée générale de l'ONU, le 22 septembre 2016 à New York (Afp)
Le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu ont croisé le fer jeudi sur la colonisation
israélienne en Cisjordanie devant l'Assemblée générale de l'ONU, sur
fond d'impasse diplomatique au Proche-Orient.
Les deux dirigeants aux styles opposés -- ferme mais posé pour l'un,
assuré et cinglant pour l'autre -- sont montés à la tribune à quelques
minutes d'intervalle.
Ils n'étaient séparés sur la liste des orateurs que par la Première
ministre norvégienne Erna Solberg, une réminiscence ironique des accords
d'Oslo qui avaient lancé un processus de paix désormais bloqué.
Mme Solberg en a profité pour les inviter à "appliquer les
recommandations du Quartette" sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Union
européenne, ONU et Russie).
Celui-ci a exigé d'Israël qu'il cesse de coloniser et des Palestiniens
qu'ils mettent fin à la violence, mais les deux camps ont critiqué ses
conclusions.
Premier à s'exprimer, Mahmoud Abbas a fustigé l'accélération de la
colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, affirmant
qu'elle allait tuer tout espoir d'une solution à deux Etats, Israël et
un Etat palestinien coexistant en paix.
Les Nations unies fondent leurs espoirs d'un règlement du conflit sur
cette solution et considèrent la colonisation comme un obstacle à la
paix.
"Ce que le gouvernement israélien fait en poursuivant sa colonisation
expansionniste détruira ce qu'il reste de possibilités d'appliquer la
solution à deux Etats selon les frontières de 1967", a expliqué M.
Abbas.
"Les colonies sont illégales dans tous leurs aspects", a-t-il martelé.
Les Palestiniens, a-t-il dit, vont poursuivre l'offensive diplomatique
qu'ils ont lancée depuis que la Palestine est devenue Etat observateur
aux Nations unies.
Ils vont en particulier s'efforcer de faire adopter au Conseil de
sécurité une résolution condamnant la colonisation et les attaques
"terroristes" des colons contre des familles palestiniennes.
"Nous sommes engagés en ce moment dans des consultations intensives avec
des pays arabes et d'autres pays amis sur cette question", a indiqué M.
Abbas.
Une mission quasi-impossible tant que les Etats-Unis bloqueront, en
utilisant leur veto de membre permanent du Conseil, tout texte onusien
stigmatisant leur allié israélien.
Autre piste; la conférence internationale que la France veut convoquer
pour tenter de relancer le processus de paix, au point mort depuis avril
2014.
M. Abbas a souhaité que "tous les Etats du monde soutiennent la
convocation de cette conférence internationale de paix avant la fin de
l'année".
Israël rejette toute ingérence de l'ONU ou d'une tierce partie et réclame des négociations directes avec les Palestiniens.
Netanyahu a balayé d'un revers de main l'argument de la colonisation.
"Ce conflit ne porte pas sur les colonies, cela n'a jamais été le cas",
a-t-il affirmé. Ce conflit "a toujours porté sur l'existence d'un Etat
juif, un Etat juif quelles que soient ses frontières".
Citant Haïfa, Jaffa et Tel-Aviv, des localités situées en Israël, il a
ajouté: "voilà vraiment les colonies auxquelles ils (les Palestiniens)
s'opposent".
Il a reconnu que la colonisation était "un vrai sujet" mais qu'il "peut
et doit être résolu dans le cadre de négociations sur le statut final"
des Territoires palestiniens.
Il a raillé la volonté "absurde" de M. Abbas d'obtenir du Royaume-Uni
"des excuses" pour la Déclaration Balfour qui il y a près de cent ans a
ouvert la voie à la création de l'Etat d'Israël. "Voila ce qui s'appelle
vivre dans le passé !", a-t-il lancé.
Brillant orateur, le Premier ministre israélien a consacré la première
partie de son exposé à expliquer, à grand renfort d'anecdotes, que
malgré la "partialité" de l'ONU envers son pays -- "une véritable farce"
-- celui-ci tissait des liens avec de plus en plus de pays en Afrique,
Asie et Amérique latine qui le considèrent comme un géant de la
technologie et un rempart contre le terrorisme.
Avant de revenir à ses thèmes de prédilection, comme "l'Etat islamique
militant d'Iran, principale menace" pour Israël et "l'endoctrinement"
des jeunes Palestiniens à la haine des Juifs et à la violence, "une
forme de maltraitance".
Il a aussi rendu un hommage appuyé aux Etats-Unis, "pays le plus
puissant et le plus généreux de la planète", qui vient d'accorder à
l'Etat hébreu une aide militaire d'une ampleur sans précédent (38
milliards de dollars sur 10 ans).
(22-09-2016)
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