Une Jordanienne vote aux législatives, le 20 septembre 2016 à Amman (Afp)
Le roi de Jordanie Abdallah II s'est félicité de la bonne tenue des élections législatives, dont les résultats préliminaires, attendus mercredi, devraient confirmer le retour des Frères musulmans au Parlement.
S'exprimant à New York devant l'Assemblée générale de l'ONU, Abdallah II a qualifié de "véritable victoire" l'organisation de ce scrutin dans le contexte que connait son pays situé en plein coeur d'un Moyen-Orient bouleversé par les conflits.
"C'est un processus dans lequel nous nous sommes engagés malgré les troubles dans la région et le fardeau des réfugiés", a-t-il déclaré, en qualifiant l'élection de "nouveau pas dans (notre) processus vers le changement".
La Commission électorale a indiqué qu'elle commencerait à annoncer les résultats préliminaires mercredi après-midi. Selon son porte-parole, Jihad Momani, les opérations de dépouillement étaient toujours en cours "dans la grande majorité des circonscriptions".
La Commission a précisé que près de 1,5 million d'électeurs, sur 4,1 millions d'inscrits sur les listes électorales, avaient voté mardi pour renouveler le Parlement.
Ils avaient été 1,2 million lors du dernier scrutin de 2013.
Les experts ne prévoient pas de grands changements dans la composition du Parlement, qui jouit de pouvoirs limités. La majorité des sièges de députés devraient rester occupés par des hommes d'affaires et des responsables de tribus loyaux à la monarchie.
La seule nouveauté est le retour des Frères musulmans qui avaient boudé les élections en 2010 et 2013 pour dénoncer des scrutins entachés d'irrégularités et une loi électorale qui comprenait un système controversé de "voix unique" avantageant les candidats des tribus.
Les islamistes critiquaient également le découpage des circonscriptions électorales, jugé injuste, et exigeaient l'instauration d'un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait issu de la majorité du Parlement, et non plus nommé par le roi.
Or les autorités ont amendé récemment la loi électorale, affirmant avoir entamé des réformes pour "consolider la démocratie" dans le royaume.
Même si les réformes sont jugées insuffisantes par les islamistes, ces derniers, affaiblis par des divisions internes et une répression des autorités, ont décidé en juin de participer au scrutin pour retrouver leur "légitimité" et améliorer leur rapport avec le pouvoir, selon des analystes.
La Coalition nationale pour la réforme, formée par le Front de l'action islamique (FAI), bras politique des Frères musulmans, s'est félicitée de la mobilisation de ses partisans.
Elle a parallèlement dénoncé "plusieurs" irrégularités, notamment des tentatives d'influencer les électeurs et l'achat de voix devant des centres de vote.
L'un de ses principaux dirigeants, Zaki ben Rsheid, a estimé mercredi que, "sauf surprise", le nombre de sièges qui devraient être remportés par la Coalition tournerait autour des "prévisions" qui leur attribuent une vingtaine de siège.
La Commission électorale a annoncé mardi soir l'annulation du scrutin dans la circonscription d'Al-Badya al-Wosta (au sud d'Amman) où une dizaines d'urnes ont été détruites par des casseurs. Il sera organisé de nouveau à une date ultérieure.
Le ministère de l'Intérieur a déploré de son côté des "petits incidents" dans certaines régions, tandis que les observateurs de l'Union européenne ont fait état de "transport organisé" d'électeurs ainsi que "de la présence d'affiches et de bannières" de candidats dans certains bureaux de vote.
Le scrutin se déroule dans un contexte délicat car l'économie est sévèrement affectée par les conflits faisant rage dans les pays voisins, en Irak et en Syrie, et par l'accueil de centaines de milliers de réfugiés, qui pèse lourdement sur les finances du pays.
"Nous sommes fiers en Jordanie de dialoguer grâce aux élections alors que dans plusieurs pays de la région, on n'entend que le bruit des canons", s'était félicité mardi Mohamad Momani, le porte-parole du gouvernement.
Membre actif de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, qui combat Daesh en Irak et en Syrie, la Jordanie craint depuis plusieurs années une contagion de la menace jihadiste sur son territoire.
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